Troodos, le toit de Chypre : Entre nature et patrimoine +

Nous explorons les pentes douces et les crêtes rocheuses du massif du Troodos sur l’ile de Chypre en laissant nos pas tracer un chemin entre forêts de pins sylvestres et chênes verts, là où l’air se fait plus frais et chargé du parfum résineux des conifères. Sous nos yeux se dévoile une nappe d’arbres centenaires, parfois couronnée de plaquages de neige en hiver, et nous prenons le temps d’observer la contrastante présence des cèdres endémiques, dont les silhouettes majestueuses s’élèvent vers un ciel d’un bleu profond. Notre regard embrasse une géologie exceptionnelle : le massif se révèle être une vaste coupe de la croûte terrestre, un véritable ophiolite parfaitement préservé, témoignage d’un magma ancien qui, il y a plus de quatre-vingt-dix millions d’années, reposait au fond de l’océan avant de jaillir pour façonner l’île.
En nous imprégnant de l’histoire de ces montagnes, nous apprenons que la région fut dès l’Antiquité un immense gisement de cuivre, métal convoité qui a fait la richesse de Chypre et donné son nom même à l’île. Des vestiges de mines à ciel ouvert parsèment encore les ravins, et les terrasses abandonnées invitent notre imagination à reconstituer les forges fumantes et les caravanes désertant la montagne vers les ports de Famagouste ou de Paphos. Plus tard, pour échapper aux tumultes côtiers, des moines et des paysans se sont réfugiés au creux des vallons, y édifiant des monastères et des églises isolées, d’où surgissent, à notre grande surprise, des fresques byzantines éclatantes malgré le passage du temps et l’usure du calcaire.
Nous arpentons les villages qui s’accrochent aux pentes escarpées : Kakopetria, Kalopanayiotis, Omodos et leurs ruelles pavées de pierres polies par les sabots des bêtes et les roues des charrettes anciennes. Chacun possède son église blanchie à la chaux, souvent dotée d’une coupole ou de petites chapelles latérales, aux toits de tuiles rouges qui s’intègrent harmonieusement au paysage. Les iconostases ouvragées en bois doré nous racontent l’ardeur de la foi orthodoxe, tandis que les clochettes guident nos pas vers des tavernes accueillantes où l’on déguste le fruit succulent des vergers plantés en terrasse : cerises, fraises et figues exhalent leurs saveurs sous le soleil d’avril.
Plus loin, perdus dans un village perché, nous découvrons des fûts de chêne alignés sur une terrasse ensoleillée, vestiges d’une petite cave familiale. Les tonneaux, patinés par les années, portent encore l’empreinte des vendanges d’antan, quand le vin rouge épais et épicé coulait généreusement dans les cuves de pierre. Nous goûtons un velouté local, parfumé à la grenade et à la cannelle, et nous discutons avec le vigneron qui nous confie que certains cépages anciens, aujourd’hui préservés, proviennent des voyageurs byzantins et se sont acclimatés aux pentes escarpées.
Nous retrouvons aussi la teinte turquoise d’un lac de retenue niché entre les collines sèches, ses rives découpées en terrasses érodées où s’accrochent quelques oliviers et vergers en contrebas. L’étendue d’eau, comme un miroir paisible, tranche avec la roselière aride et semble suspendue dans le temps, rappelant l’ingénieux ouvrage hydraulique construit au XXᵉ siècle pour irriguer les champs de la plaine : vestige discret d’une modernité venue compléter l’ancien savoir-faire minier.
Poursuivant notre route, nous nous enfonçons dans la forêt dense où l’on entend bientôt le fracas joyeux d’une cascade. Ici, la Kaledonia jaillit de la roche, projetant ses gouttes contre les parois sombres et luisantes de mousse. Nous nous arrêtons sous le auvent de feuillages, laissant l’eau fraîche éclabousser nos visages, et nous prenons conscience de la dualité du massif : à la fois sec et minéral, et d’une vigueur presque tropicale dès que la source perce la roche.
Côté tourisme, nous trouvons des sentiers balisés qui serpentent à travers les vallées de la Kaledonia, puis montent vers le mont Olympus où nous grattons la brise glacée des derniers névés. Les plus sportifs s’équipent pour le VTT, le parapente ou la tyrolienne, tandis que d’autres profitent des maisons d’hôtes rustiques, perchées à flanc de falaise, pour s’évader en toute tranquillité. Aux terrasses des cafés, nous partageons un café frappé en observant les vautours fauves planer au-dessus des gorges, et nous laissons nos regards vagabonder vers l’horizon, qui mêle le vert des forêts à l’éclat lointain de la mer.
En remontant vers les crêtes, chaque virage dévoile un contraste saisissant : d’un côté la blancheur des églises rurales aux toits rouges et aux coupoles discrètes, de l’autre la profondeur sombre des vallons où s’accumulent l’ombre et l’humidité. Nous franchissons le seuil d’une chapelle rupestre, dont l’entrée basse et la pierre brute portent encore la trace des premières cellules monastiques du XIᵉ siècle, et nous imaginons les moines en austère méditation, seuls face au vent et aux chants d’olivier. Les sentiers, parfois à peine marqués, nous conduisent vers de petits ermitages nichés dans les gorges, où des fresques à demi-effacées racontent la vie des saints locaux et suscitent notre émotion. Au détour d’un rocher, une inscription grecque gravée nous rappelle que ce massif fut, à la fin du Moyen Âge, un refuge pour les résistants et les ermites en recherche de retraite spirituelle.
Nous ne manquons pas de nous attarder sur les anecdotes locales : on nous raconte que la célèbre peintre Elie Seferis y trouvait l’inspiration au point de perdre parfois le sommeil, bercé par le chant des rossignols dans les tavernes de Platres. Plus étonnant, nous découvrons que, perché à 1 200 m d’altitude, un poste d’écoute discret a longtemps servi les services de renseignement britannique et américain, profitant de l’isolement et de la hauteur stratégique pour capter les ondes en Méditerranée orientale.
Au crépuscule, nous gravissons un dernier sentier de pierre pour atteindre un vieil ermitage isolé, et nous laissons les derniers rayons dorés caresser les murs ombragés. Dans le silence retrouvé, seulement troublé par le bruissement du vent dans les aiguilles de pin, nous emportons avec nous le souvenir d’un massif à la fois sauvage et chargé d’histoire, où chaque tournant révèle une nouvelle parcelle de légende, de pierre ou de mystère.
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