Canard musqué Cairina moschata
En nous promenant tranquillement dans le grand parc de Tirana, en Albanie un lieu de calme et de verdure au cœur de la ville, nous avons eu la chance de croiser un Canard musqué (Cairina moschata), parfois appelé canard muet, une espèce d’oiseau originaire des Amériques. Ce canard, tout de blanc et de noir, se baignait joyeusement dans l’étang, loin de l’agitation urbaine. Il était en train de se livrer à un rituel quotidien que l’on peut observer chez beaucoup d’animaux aquatiques : le nettoyage de ses plumes.
Le Canard musqué, une espèce de canard pêcheur, est la seule du genre Cairina. Il est naturellement présent de l’Amérique du Sud jusqu’au Mexique, et on le trouve également en Guyane. Une petite population a atteint le Texas et il est semi-sauvage en Floride, vivant près des habitations. Sa domestication est aisée, et il a donné naissance à la race domestique des « canards de Barbarie ». Bien que son plumage soit clair chez les canards domestiques, le Canard musqué à l’état sauvage se distingue par un plumage principalement noir, parsemé de taches blanches sur les ailes, une caractéristique que nous avons pu observer sur celui que nous avons rencontré.
Nous nous sommes arrêtés, fascinés par son calme et son attention envers chaque détail. Il plongeait son bec dans l’eau avec une précision étonnante, comme s’il cherchait à en retirer chaque particule de saleté. Puis, d’un mouvement fluide et méthodique, il peignait ses plumes, les lissant pour les rendre aussi soyeuses et luisantes qu’il se pouvait. Il n’était pas pressé, chaque geste semblait empreint de douceur, presque comme une danse.
Le Canard musqué se reconnaît facilement à sa caroncule, cette peau rouge qu’il porte sur la tête, de la base du bec jusqu’au cou, une caractéristique particulièrement visible chez le mâle. Ce détail distinctif était clairement visible sur l’animal que nous observions. Le mâle, de taille imposante, mesure en moyenne 86 cm de long et pèse entre 2,1 et 3,2 kg. Son plumage foncé, orné de belles irisations vertes et roses sur le dos et la poitrine, contrastait parfaitement avec les reflets lumineux de l’eau.
Le canard se frottait parfois l’estomac avec ses pattes, un geste presque comique, mais qui avait sûrement pour but de répartir de l’huile naturelle sécrétée par sa glande uropygienne pour imperméabiliser ses plumes. Ce rituel de nettoyage, aussi naturel qu’indispensable, devenait un véritable acte de préservation, un petit miracle de la nature. Lorsque le canard était en colère ou se sentait menacé, nous avons appris qu’il hérissait une crête de plumes en haut de la tête, une défense qu’il n’a pas eu besoin d’adopter durant notre rencontre.
Après plusieurs minutes, le canard, visiblement satisfait de son travail, quitta l’eau pour s’installer sur la rive. Ses plumes, maintenant parfaitement lisses et éclatantes, semblaient presque irréelles, capturant les derniers rayons du soleil de l’après-midi. Il s’installa confortablement, repliant ses ailes contre son corps, et se laissa aller à un moment de repos bien mérité. Ses yeux mi-clos et sa posture détendue témoignaient de la tranquillité du moment.
Nous avons repris notre marche, mais cette rencontre nous a profondément marqués. Nous avions été témoins d’un acte aussi simple que beau, un moment de paix et de connexion avec la nature, en plein cœur d’un parc urbain. Le Canard musqué, par sa beauté et sa grâce, nous rappelait combien il est important de préserver ces espaces naturels au sein des villes, permettant à la faune de s’épanouir et aux citadins de se reconnecter à la nature, même pour quelques instants.