Arantia fasciata (Walker, 1869) +

Lors de notre séjour à l’hôtel Sainte Brigitte à Kara, au Togo nous avons fait une découverte fascinante parmi les feuillages. En nous approchant de la végétation, un petit mouvement a attiré notre attention : un Arantia fasciata, un orthoptère de grande taille, parfaitement camouflé dans l’environnement. Sa couleur verte intense se fondait si bien avec les feuilles autour de lui qu’il était presque impossible de le repérer à première vue. Il possédait des tegmina larges, et ses ailes postérieures dépassaient légèrement les apex tegminaux.
Ce qui a vraiment capté notre regard, ce sont ses yeux. D’un blanc éclatant, striés verticalement de rouge, ils contrastaient vivement avec le reste de son corps vert. Ces yeux, si distinctifs, semblaient presque irréels, ajoutant une touche étrange à l’insecte tout en restant parfaitement en harmonie avec l’ensemble de son apparence. Malgré son camouflage, ces yeux donnaient une impression de vigilance, comme si l’insecte nous observait attentivement tout en étant parfaitement immobile.
L’Arantia fasciata se distingue d’une espèce similaire, A. tanzanica, par une tache claire, souvent blanche, sur la métazone du pronotum, bordée d’une bande noire. Cette espèce est également remarquable par son cercus mâle, légèrement sinusoïdal lorsqu’il est vu de profil, avec un disque foncé fortement sclérotisé à l’apex. Les stylets de la plaque sous-génitale sont petits mais clairement visibles.
Cette espèce est largement répandue dans toute l’Afrique subsaharienne, de la Guinée et du Ghana à la République Démocratique du Congo, au Soudan, à la Somalie, ainsi qu’en Afrique de l’Est et du Sud. On la trouve principalement dans des habitats boisés, comme les forêts de miombo et de mopane, et elle est fréquente dans les canopées. À Gorongosa, les adultes peuvent être vus toute l’année. Cependant, l’Arantia fasciata est rarement observée au niveau du sol, ce qui a rendu notre rencontre d’autant plus spéciale.
Enfin, en ce qui concerne la bioacoustique, les mâles émettent leur cri depuis la cime des arbres après la tombée de la nuit. Ce cri est constitué de courts échèmes de 3 à 4 syllabes, avec une fréquence maximale de 15,2 à 16,9 kHz, qui est facilement perçue par l’oreille humaine. Les mâles et les femelles émettent également des cris de libération lorsqu’ils sont capturés.
Cette rencontre avec l’Arantia fasciata a été un véritable moment de fascination, nous rappelant à quel point la nature, avec ses espèces incroyablement bien adaptées à leur environnement, peut offrir des surprises et des spectacles saisissants.