Brachythemis leucosticta, le solanum à bandes ou solanum à bandes du Sud +

Lors de notre passage au Parc National d’Arusha, sur les rives des lacs Momella, une petite silhouette aérienne a attiré notre regard. Cette libellule, aux ailes marquées d’une bande sombre caractéristique, n’était autre que Brachythemis leucosticta, communément appelée soliste à bandes ou soliste à bandes du Sud. Elle appartient à la grande famille des Libellulidae et compte parmi les odonates les plus fréquents des zones humides d’Afrique subsaharienne.

Taxonomie

L’espèce fut décrite pour la première fois en 1839 par l’entomologiste allemand Hermann Burmeister sous le nom de Libellula leucosticta, avec Port Natal comme localité type. Longtemps, une seule espèce était reconnue sous le nom de « soliste à bandes ». Mais en 2009, les études morphologiques et génétiques ont révélé l’existence de deux espèces proches :

• Brachythemis leucosticta → le soliste à bandes du Sud, présent surtout en Afrique orientale et australe.

• Brachythemis impartita → le soliste à bandes du Nord, davantage lié à l’Afrique de l’Ouest, au Sahel et à une partie de l’Afrique centrale.

Ces deux espèces présentent une zone de chevauchement en Afrique centrale, ce qui a longtemps entretenu la confusion.

Description

B. leucosticta est une petite libellule (longueur jusqu’à 33 mm, envergure d’environ 57 mm).

• Mâles : thorax et abdomen entièrement noirs, yeux et face sombres, ailes transparentes ornées d’une large bande brun foncé à noirâtre aux trois quarts de leur longueur. Les ptérostigmata (petites cellules colorées sur les ailes) sont bicolores avec une touche de jaune.

• Femelles : thorax et abdomen jaunes et noirs, devenant plus ternes avec l’âge. Leurs yeux présentent une teinte brun cerclée.

Cette bande sombre est une marque typique, qui attire immédiatement l’attention en vol rasant au-dessus de l’eau. Elle pourrait jouer un rôle dans le camouflage mais aussi dans la thermorégulation, en absorbant la chaleur du soleil.

Répartition et habitat

Brachythemis leucosticta est largement répandue en Afrique de l’Est et australe, avec des populations confirmées en Tanzanie, Kenya, Ouganda, Angola, Namibie, Afrique du Sud et Madagascar.

Notre observation au PN d’Arusha illustre bien ses préférences :

• présence au bord des mares, étangs et lacs de savane ;

• habitats ouverts, parfois même dépourvus de végétation aquatique ;

• comportement territorial des mâles, qui se posent au sol ou sur de petites branches basses pour surveiller leur domaine.

Les femelles et les jeunes mâles peuvent s’aventurer plus loin de l’eau, mais toujours dans des milieux dégagés.

Espèces proches

⚠️ B. leucosticta est aujourd’hui considérée comme monotypique, sans sous-espèces reconnues. Cependant :

• B. leucosticta (soliste à bandes du Sud) → Afrique de l’Est et australe, incluant la Tanzanie.

• B. impartita (soliste à bandes du Nord) → Afrique de l’Ouest, du Sahel et une partie de l’Afrique centrale.

La distinction repose principalement sur la morphologie et l’aire de distribution.

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📍 observations et identification probable

🔍 Différences clés entre les deux espèces

• Mâles :
  • B. leucosticta → bande sombre sur l’aile plus étroite et moins nette, ptérostigma bicolore (jaune et brun)
  • B. impartita → bande sombre plus large et contrastée, ptérostigma souvent plus sombre
• Femelles : distinctions plus subtiles, souvent nécessitant un examen rapproché
• Répartition : impartita domine en Afrique de l’Ouest, leucosticta en Afrique de l’Est et australe, avec chevauchement en Afrique centrale

Biologie et comportement

Brachythemis leucosticta préfère rester près du sol et s’installer dans des zones découvertes. Contrairement à d’autres libellules qui se perchent sur des tiges ou des feuilles, cette espèce choisit fréquemment des surfaces dégagées pour se poser.

Elle est également connue pour être une espèce sociable, formant souvent des groupes mixtes. Un comportement particulièrement intéressant que nous avons pu observer est sa tendance à suivre les animaux plus gros, y compris les humains. En marchant dans l’herbe, nous avons peut-être involontairement déplacé de petits insectes, que cette libellule a aussitôt saisis au vol, profitant de cette opportunité de chasse.

Dans les zones tropicales, les adultes sont actifs toute l’année, tandis qu’en Afrique du Sud, leur période d’activité se concentre entre septembre et mai.