Cercopithèque Mona Cercopithecus mona
Lors de notre visite au village d’Atome Tafi, niché dans la région Volta au Ghana, nous avons eu l’occasion de rencontrer les singes Mona (Cercopithecus mona), une espèce fascinante de primates de l’Ancien Monde. Originaires d’Afrique de l’Ouest, ces singes vivent naturellement entre le Ghana et le Cameroun, mais ils ont également été introduits dans des régions éloignées, comme l’île de la Grenade. Cela s’est produit au XVIIIe siècle, lorsqu’ils ont été transportés involontairement à bord de bateaux d’esclaves dirigés vers le Nouveau Monde.
Ces singes, reconnaissables à leur pelage brun agouti, leur croupion blanc, et leurs pattes et queue noirs, ont un visage gris-bleu marqué d’une ligne sombre. La couronne de leur tête est brune, barrée d’une large bande blanchâtre sur le front, tandis que leurs parties inférieures sont blanc-crème. Les mâles mesurent entre 41 et 60 cm, sans compter leur queue qui peut atteindre jusqu’à 73 cm. Les femelles, légèrement plus petites, mesurent entre 34 et 45,7 cm. Une caractéristique fascinante de cette espèce est leur capacité à transporter de la nourriture dans leurs abajoues, une adaptation qui les aide à gérer efficacement leurs ressources alimentaires.
Ces singes vivent en groupes pouvant atteindre jusqu’à 35 individus, bien que les groupes plus typiques comptent une douzaine de membres avec un mâle dominant. Leur alimentation se compose principalement de fruits, mais inclut aussi des insectes, des feuilles, des fleurs et des graines. Nous avons pu observer leur comportement social : les singes se déplaçaient avec agilité dans la canopée, utilisant leur queue préhensile pour s’accrocher et leurs membres pour bondir d’arbre en arbre. Leur voix expressive résonnait à travers la forêt, avec des appels variés : un « ooer » caractéristique en guise d’alarme, des gémissements, et des grognements lors des copulations. Il est également courant que le Cercopithecus mona s’associe à d’autres espèces de singes, comme le cercopithèque de Lowe (Cercopithecus lowei) ou le cercopithèque pogonias (Cercopithecus pogonias).
Le sanctuaire d’Atome Tafi, où ces singes sont protégés, témoigne de l’harmonie entre la communauté locale et la faune. Cette cohabitation trouve ses racines dans des croyances traditionnelles qui considéraient les singes comme des messagers spirituels. Aujourd’hui, le sanctuaire sert non seulement de refuge pour ces primates, mais également de moteur économique pour le village grâce à l’écotourisme. Les revenus générés permettent de financer des projets locaux tels que l’éducation, l’accès à l’eau potable et la préservation des forêts.
Le Cercopithecus mona est une espèce adaptable, capable de vivre dans divers habitats : des forêts de plaine, des galeries forestières en région de savane, et même des mangroves. Par exemple, dans le delta du Niger, il est souvent l’espèce la plus courante près des rivières. Sa capacité à s’adapter à des environnements dégradés a permis à sa population de rester stable, bien qu’il soit parfois menacé par la déforestation et la chasse pour sa viande.
Nous avons également appris que dans certains pays comme le Bénin, les forêts sacrées dédiées aux divinités vodoun jouent un rôle crucial dans la préservation de son habitat. Ces sanctuaires spirituels, protégés par des traditions culturelles plutôt que par l’intervention étatique, offrent un refuge où les singes Mona peuvent vivre en sécurité.
Malgré ces défis, l’UICN classe le singe Mona parmi les espèces de « préoccupation mineure », témoignant de sa résilience. Cependant, à Atome Tafi comme ailleurs, il reste vital de poursuivre les efforts de conservation pour garantir la coexistence durable entre ces primates uniques et les populations humaines. Quitter le sanctuaire après avoir observé de si près ces animaux sociaux et dynamiques fut une expérience inoubliable. Leur présence enrichit non seulement l’écosystème, mais aussi le patrimoine culturel et naturel de cette région exceptionnelle.
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