Cichladuse à queue rousse Cichladusa ruficauda +

C’est dans les jardins paisibles du Mess CAPS de Dolisie, au Congo entre palmiers ornementaux, pelouses soignées et bosquets touffus, que nous avons fait une belle découverte ornithologique : celle de la Cichladuse à queue rousse (Cichladusa ruficauda), un oiseau aussi modeste qu’attachant, emblématique des zones boisées de l’Afrique subsaharienne.
Une beauté discrète aux yeux rouges
Membre de la famille des Muscicapidés, cette espèce est parfois qualifiée de « grive ordinaire », mais elle recèle bien des particularités qui méritent qu’on s’y attarde. Nous avons rapidement remarqué son dos brun chaud, sa queue rousse caractéristique fréquemment agitée, et surtout ses yeux rouge vif, saisissants dans la lumière filtrée du jardin. Sa gorge chamoisée lui donne une allure douce et veloutée, tandis que l’ensemble de son plumage reste sobre et sans contraste marqué.
Elle peut rappeler, au premier regard, le Traquet familier, mais s’en distingue aisément par sa taille plus importante, l’absence du motif noir en « T » sur la queue, et bien sûr par l’intensité remarquable de son regard rougeoyant.
Un chant varié et plein de surprises
C’est d’abord par le chant que nous avons repéré la Cichladuse. Installée dans un bosquet près des allées du jardin, elle laissait échapper une suite fluide de sifflements doux, de notes râpeuses et de modulations variées, formant une mélodie à la fois complexe et captivante. Ce qui frappe, c’est la capacité de l’oiseau à imiter d’autres espèces, comme s’il tissait un patchwork sonore tiré du paysage sonore environnant.
Son chant, jamais tout à fait le même, semble évoluer en fonction du moment de la journée, rendant chaque rencontre unique.
Une préférence pour les fourrés et les palmiers
Les jardins du Mess CAPS, avec leurs haies denses, palmiers adultes et massifs semi-sauvages, offrent un habitat parfaitement adapté à l’espèce. La Cichladuse à queue rousse affectionne les zones boisées ouvertes, les friches arbustives, les plantations ombragées, et même les jardins urbains riches en végétation basse, pourvu qu’elle puisse y trouver insectes, fruits et abris. Elle évolue souvent à faible hauteur, à l’abri des regards, se déplaçant furtivement entre les branches basses.
Répartition : où peut-on l’observer en Afrique ?
Malgré sa discrétion, Cichladusa ruficauda possède une aire de répartition assez large en Afrique centrale et occidentale, bien que morcelée :
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Sud et centre du Nigeria, notamment dans les zones boisées de la vallée du Niger ;
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Sud du Cameroun, dans les lisières forestières et les savanes boisées ;
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Nord de l’Angola, jusqu’au plateau central ;
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Sud et ouest de la République démocratique du Congo ;
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Sud du Congo-Brazzaville, où elle est présente autour de Dolisie et dans d’autres localités boisées du Niari ;
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Nord de la Zambie et nord-ouest du Mozambique, dans des habitats similaires.
Elle reste fidèle aux zones de transition entre forêts sèches et savanes arborées, là où poussent palmiers, acacias et grands fourrés.
Une grive encore peu connue, à observer avec patience
Peu mentionnée dans les guides ornithologiques grand public, la Cichladuse à queue rousse est pourtant une espèce passionnante à observer, tant pour la richesse de son comportement vocal que pour son adaptation aux milieux semi-perturbés. Elle incarne cette faune africaine subtile mais omniprésente, qu’il faut apprendre à écouter et à contempler avec attention.
Un moment privilégié dans un jardin congolais
Notre observation à Dolisie restera comme un moment suspendu, un instant où l’ordinaire devient merveilleux. Entourée des allées tranquilles du Mess CAPS, cette grive énigmatique nous a offert une parenthèse poétique, faite de chants fluides et de jeux d’ombres dans le feuillage. Un rappel simple mais précieux que la biodiversité peut se révéler même là où on ne l’attend pas, à quelques pas des bâtiments, dans les coins calmes d’un jardin bien entretenu.