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Colobe rouge d’Ouganda – Piliocolobus tephrosceles +

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Nous observons, au sommet des grands arbres de la forêt, un petit groupe de colobes rouges : silhouettes fines, longues queues, mouvements sûrs entre les branches. Il s’agit de Piliocolobus tephrosceles — souvent appelé Ugandan (ou ashy) red colobus — une espèce de primate qui incarne à la fois la fragilité des forêts d’Afrique orientale et la complexité de la taxonomie des colobes rouges. Nous allons décrire ici ses traits essentiels, son écologie, son statut de conservation, puis préciser en quoi il diffère des autres formes « nominales » du complexe des colobes rouges (notamment Piliocolobus rufomitratus / anciennement Procolobus rufomitratus), en restant attentifs aux incertitudes scientifiques.


Qui est Piliocolobus tephrosceles ? Caractéristiques principales

  • Apparence générale : P. tephrosceles présente une calotte plutôt roux-fauve à roux-cendré (d’où l’appellation « ashy » — cendré), des flancs et membres plus grisâtres, et un visage sombre. Les juvéniles peuvent naître avec des teintes plus sombres et changer progressivement. La queue est longue et sert d’équilibre dans les bonds arboricoles.

  • Taille et dimorphisme : comme chez la plupart des colobes rouges, le dimorphisme sexuel est modéré ; les groupes comptent souvent plusieurs dizaines d’individus, avec des réseaux sociaux complexes basés sur la coopération et la vigilance collective.

  • Régime alimentaire : folivore spécialisé : jeunes feuilles, bourgeons, parfois fleurs et fruits mûrs. Leur tube digestif est adapté à la digestion des feuilles (estomac multi-chambres, fermentation microbienne), ce qui conditionne leur écologie (dépendance aux arbres fruitiers et foliaires clés du sous-étage).

  • Habitat et répartition : populations connues en Ouganda (notamment Kibale) et en Tanzanie (Ufipa Plateau et forêts disséminées). Les populations sont fragmentées, vivant dans des forêts humides anciennes ou des îlots forestiers de montagne/plateau.

  • Comportement : très arboricoles, peu ou pas de descente au sol ; locomotion sautée et quadrupédie dans les branches ; fort usage des hauts estrats pour se nourrir et se déplacer. Ils émettent des cris d’alarme et divers chants sociaux qui structurent la dynamique de groupe.

  • Statut de conservation : évalué comme Endangered (EN) sur la Liste rouge de l’IUCN (2020/2019 assessment), avec un déclin notable de la population dû à la perte d’habitat, à la fragmentation et aux pressions humaines. Les évaluations recommandent une protection urgente des forêts clés et des actions communautaires.

Écologie et enjeux (résumé naturaliste)

En nous approchant silencieusement, nous remarquons l’importance des arbres dominants — ce sont eux qui fournissent les jeunes feuilles nutritives en saison sèche. Les colobes influencent la dynamique forestière : en consommant sélectivement certaines feuilles et fleurs, ils participent indirectement à la régénération et à la composition floristique. Leur dépendance à des habitats forestiers continus rend ces primates très sensibles à la déforestation et à l’isolement des îlots forestiers.

« Espèce nominale » vs Piliocolobus tephrosceles : la question de la taxonomie

Le groupe des colobes rouges a connu des révisions taxonomiques répétées. Pendant longtemps, P. tephrosceles a été traité comme sous-espèce d’autres formes (p.ex. Procolobus rufomitratus dans certains schémas), puis re-élevé au rang d’espèce par des auteurs à partir de 2001. Aujourd’hui, la littérature signale encore des désaccords : certains auteurs et bases de données conservent des rapprochements avec P. rufomitratus (ou anciens complexes de Procolobus), d’autres considèrent P. tephrosceles comme une espèce distincte sur la base de critères morphologiques, vocales et génétiques.

Concrètement, quelles différences noter (morphologie, distribution, écologie) ?

  1. Coloration et pelage

    • P. tephrosceles : calotte roux-cendré / tons « ashy » sur le corps selon les populations ; flancs et membres plus grisâtres.

    • Espèce nominale (p.ex. formes associées à P. rufomitratus et ses sous-taxons) : peuvent présenter d’autres motifs (plus roux, plus sombre, ou avec des variations régionales marquées). La couleur de la calotte, l’intensité du roux et la nuance des flancs sont souvent utilisées pour discriminer les formes.

  2. Distribution géographique

    • P. tephrosceles : populations fragmentées en Ouganda (Kibale notamment) et sur certains plateaux tanzaniens (Ufipa) — localisations relativement restreintes.

    • Formes nominales du complexe rufomitratus : aire souvent différente et parfois plus orientale/sud-orientale; la séparation géographique est un argument clé pour distinguer taxons.

  3. Écologie et habitat

    • P. tephrosceles est typiquement associée aux forêts humides d’altitude et aux forêts anciennes denses ; certaines formes nominales tolèrent des forêts légèrement différents (selon la sous-espèce). Les préférences alimentaires (espèces d’arbres clés) peuvent aussi varier localement.

  4. Données génétiques et comportementales

    • Les études génétiques et les analyses acoustiques récentes montrent des divergences entre populations, soutenant parfois l’élévation au statut d’espèce pour P. tephrosceles. Toutefois, le signal n’est pas uniformément clair pour tous les groupes de colobes rouges : la recombinaison historique, les barrières géographiques et les petites populations isolées compliquent l’interprétation. C’est pourquoi la taxonomie reste active et sujette à révision.

Pourquoi ces distinctions importent-elles pour la conservation ?

Quand une population est reconnue comme espèce plutôt que comme sous-espèce, elle attire souvent plus d’attention politique et financière pour sa protection. Reconnaître P. tephrosceles comme espèce distincte met en lumière son statut critique et la nécessité de protéger les forêts isolées où il survit — chacune de ces forêts abrite des caractéristiques écologiques uniques et parfois des sous-populations génétiquement distinctes. Les plans d’action de conservation pour les colobes rouges insistent sur la protection des corridors forestiers, la réduction des pertes d’habitat et l’engagement communautaire.

Conclusion naturaliste

Le colobe rouge d’Ouganda, Piliocolobus tephrosceles, est un témoin vivant de l’histoire des forêts d’Afrique orientale : spécialisé, discret et vulnérable. Ses traits — pelage cendré, régime folivore, vie de groupe arboricole — le distinguent, mais la ligne qui le sépare d’autres « colobes rouges » est autant génétique que géographique et morphologique. Pour nous, naturalistes, l’enjeu est clair : documenter, surveiller et protéger ces populations fragmentées, tout en restant humbles face aux complexités taxonomiques. Préserver une forêt, c’est préserver une évolution locale, un chant, une couleur de pelage — et la mémoire d’une espèce.

 

🐒 Tableau des colobes rouges (Piliocolobus) — Espèces, sous-espèces, répartition et observations de terrain

Espèce Sous-espèce Nom commun Répartition principale Nos observations
Piliocolobus badius P. b. badius Colobe bai Côte d’Ivoire, Liberia parc national de Taï individus perchés en canopée, déplacements arboricoles silencieux
  P. b. waldroni Colobe de Waldron Sud-est Côte d’Ivoire, Ghana — (non observé directement)
Piliocolobus pennantii P. p. pennantii Colobe de Pennant Île de Bioko (Guinée équatoriale) — (non observé directement)
  P. p. epieni Colobe d’Epieni Delta du Niger (Nigeria) — (non observé directement)
  P. p. bouvieri Colobe de Bouvier Nord-est du Congo — (non observé directement)
Piliocolobus rufomitratus P. r. rufomitratus Colobe rouge d’Afrique de l’Est Kenya (Arabuko-Sokoke) — (non observé directement)
  P. r. langi Colobe rouge de Langi Est de la RDC — (non observé directement)
  P. r. johnstoni Colobe rouge de Johnston Sud-est de la RDC — (non observé directement)
Piliocolobus tephrosceles Colobe rouge d’Ouganda Ouganda (Kibale Forest) ✅ Bigodi Swamp à proximité de la Forêt e Kibale — groupe arboricole, cris nasaux, alimentation folivore
Piliocolobus kirkii Colobe rouge de Zanzibar Zanzibar (île d’Unguja) Jozani Forest individus visibles en lisière, bondissants, cris doux
Piliocolobus tholloni Colobe rouge du Congo Bassin du Congo (RDC) — (non observé directement)
Piliocolobus semlikiensis Colobe rouge du Semliki RDC (vallée du Semliki) — (non observé directement)
Piliocolobus oustaleti Colobe rouge d’Oustalet RDC, Congo, zones forestières du centre-ouest — (non observé directement)
Piliocolobus parmentieri Colobe rouge de Parmentier Nord-ouest de la RDC — (non observé directement)
Piliocolobus foai Colobe rouge de Foà Sud-est de la RDC — (non observé directement)
Piliocolobus temminckii Colobe rouge de Temminck Gambie, Sénégal, Guinée-Bissau Bijilo Forest (Gambie) — groupe visible en fin d’après-midi, cris puissants ✅ Wassadou Parc du Niokolo Koba (Sénégal) — groupe arboricole en bord de fleuve, cris graves, déplacements lents ✅ Abéné (Casamance) — groupe observé dans le fromager sacré, cris graves et déplacements lents |

 

 

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