À Tacheddirt, au cœur du massif du Toubkal, nous avons choisi d’organiser la distribution de 50 kg de vêtements chauds. Notre décision était motivée par plusieurs raisons.

Tout d’abord, nous voulions apporter notre aide aux populations affectées par le séisme qui a frappé la région.

De plus, nous souhaitions éviter de nous approcher trop près de l’épicentre, où les dons étaient déjà massivement concentrés.

La route reliant Imlil à Tacheddirt était déjà difficile, comme en témoignent les photos ci-dessous. Malheureusement, la situation ne s’est pas améliorée plusieurs semaines après le séisme. Il faut toujours près de 45 minutes pour parcourir les quelques kilomètres séparant les deux villages. Les travaux de déblaiement persistent à certains endroits, mais la présence de rochers et de pierres le long de la route témoigne de l’ampleur des éboulements qui ont dévalé les pentes de la montagne.

Le village est niché sur le versant nord de la vallée, descendant des pentes inférieures de la montagne Angour. Les maisons, principalement construites en briques crues, offrent un aspect traditionnel à cet environnement. Se démarquant des habitations locales, le Refuge français, érigé dans les années 90, se distingue par son architecture. Environ une centaine de maisons parsèment le village, la plupart concentrées du côté est près du ruisseau, tandis qu’une ligne d’autres s’étire vers l’ouest le long d’une pente escarpée d’éboulis. Au nord-ouest du village, un petit réservoir alimente en électricité pendant une heure chaque jour, témoignant des défis logistiques de la vie en montagne.

La principale attraction pour les voyageurs est l’opportunité de randonner dans les montagnes environnantes, où de majestueuses crêtes enneigées s’élèvent dans toutes les directions. Certains visiteurs choisissent de passer la nuit au village avant de poursuivre leur voyage, tandis que d’autres établissent un camp de base pour explorer les environs lors de randonnées à la journée. Toutefois, l’immensité des montagnes rend parfois la navigation difficile.

Notre objectif, différent de celui des randonneurs habituels, était d’organiser une distribution de vêtements chauds en prévision de l’hiver à venir. Pour faciliter votre séjour sur place, nous vous recommandons de contacter Lahssen via WhatsApp au +212618135704. Il se fera un plaisir d’organiser vos excursions. Aujourd’hui, nous avons été chaleureusement accueillis par sa famille, qui nous a offert thé, noix, pop-corn, un délicieux tajine de poulet et des fruits.

voir les photos : repas chez Lahcen

Pendant que le repas se prépare, Lahssen nous invite à explorer son village. Nous entamons alors une ascension, grimpant, escaladant, et marchant sur des cailloux instables pour atteindre le sommet du village. De là-haut, la vue sur la vallée et le Parc Naturel du Toubkal est tout simplement époustouflante.

Cette saison automnale nous offre un spectacle visuel incomparable. Les couleurs chatoyantes des feuilles, mêlant le rouge et l’or, contrastent avec la pierre sombre des flancs du Toubkal. C’est une expérience saisissante de voir la nature se parer de ses plus belles teintes dans ce paysage montagneux.

Toutes les photos disponibles  : J 499 LE MASSIF DU TOUBKAL après le tremblement de terre

Alors que nous poursuivons notre conversation avec Lahssen, il nous éclaire sur la vie dans son village. Il nous apprend qu’environ une centaine de personnes y résident, dont un tiers sont de jeunes enfants. Malgré cela, la population reste stable, sans déclin apparent. Il nous explique que personne ici ne ressent le besoin de partir. La migration vers les villes exigerait des ressources financières et des opportunités d’emploi, qui font défaut ici. Chacun vit de ses propres moyens, tirant profit de l’élevage, de l’agriculture et, dans une moindre mesure, du tourisme, bien que ce dernier ait été impacté par le tremblement de terre.

Les habitants vendent leurs produits sur le marché d’Asni pour subvenir aux besoins de leur famille, notamment pour financer l’éducation de leurs enfants. Les études nécessitent souvent de déménager à Asni pour les classes moyennes en semaine, voire à Marrakech pendant plusieurs mois pour les études supérieures. Cependant, l’accès à l’éducation devient de plus en plus coûteux, avec des frais de scolarité et de transport en hausse.

La production agricole du village comprend du maïs, des pommes de terre, des pommes, des noix et un peu de cerises. Cependant, l’espace disponible est limité, car une partie du territoire est protégée en tant que parc naturel. Malgré ces défis, la communauté apprécie sa vie rurale, préférant ses avantages à ceux de la vie citadine, où tout a un prix. En conséquence, on assiste à un renouveau dans la construction de nouvelles habitations, signe que les jeunes générations restent ou reviennent au village pour y construire leur avenir avec leur famille.

Distribution de vêtements

Nous avons accumulé de nombreux dons lors de nos séjours précédents en France. À plusieurs reprises, nous avons rempli nos valises et stocké les articles temporairement à Marrakech ou sur le toit de la voiture.

Le massif de l’Atlas est probablement le dernier endroit où nous pouvions distribuer les vêtements chauds de manière utile. Notre voyage en Afrique nous conduira désormais à travers des régions plus tempérées, voire plus chaudes, et nous devrons attendre l’Angola ou la Namibie pour retrouver des températures froides.

Bien que les températures restent élevées en journée, les nuits deviennent de plus en plus fraîches et le gel ne tardera pas à arriver. Nous sommes à 2400 mètres d’altitude !

Naturellement, la distribution des vêtements fait l’objet d’un partage dans le village. La solidarité y est forte. Même si la famille de Lahssen dispose de peu de ressources, elle donne généreusement à des familles encore plus démunies, comme cette femme qui vit seule avec sa petite fille…

TOUTES LES PHOTOS SUR LE VILLAGE TACCHEDIRT : PLUS DE 50 KG DE VETEMENTS CHAUDS DISTRIBUES DANS LE TOUBKAL

La route de retour entre Tacheddirt et Asni met en lumière la fragilité des habitations, mais surtout la détresse des habitants, qui ont été doublement touchés : par la perte de leurs proches et de leurs maisons, et par le dénuement dans lequel ils vivent depuis. Et l’hiver ne fait que commencer… Les couleurs automnales, d’ici quelques semaines, seront remplacées par un manteau de neige, qui peut atteindre entre 1 et 2 mètres selon les années.

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