Ismène festalis Blanche – Hymenocallis, Lis araignée blanc +

Nous sommes arrivés au cœur de la forêt tropicale qui entoure les chutes de Tchélépi, près de Bafoussam au CAMEROUN, un lieu sacré vénéré depuis des générations par les communautés bamougong. Dans cette atmosphère humide, où le murmurant de l’eau se mêle aux chants d’oiseaux et au froissement des feuilles, nous avons été émerveillés par la rencontre de l’ Ismène festalis blanche, cette fleur sculpturale née d’un bulbe tendre venu des Andes, qui éclaire la pénombre de ses grandes ombelles blanches.
Caractéristiques de l’Ismène festalis
L’Ismène × festalis se présente sous la forme d’un bulbe frileux, que l’on installe idéalement dans un sol riche et bien drainé, à mi-ombre ou en plein soleil doux. De la mi-printemps à la fin de l’été, chaque plante d’environ 50 à 60 cm de haut porte une ou deux tiges florales rigides, surmontées d’une ombelle de six grandes fleurs de 10 à 15 cm de diamètre, dont les pétales fins et recourbés évoquent les pattes d’une araignée blanche et gracile . Au centre, une trompette staminale orne chaque fleur, renfermant six étamines soudées à la base par une membrane translucide, détail botanique frappant qui lui vaut son nom de « lis araignée ». Son parfum délicat, à la fois doux et légèrement citronné, se diffuse dès le matin, invitant les insectes pollinisateurs à la fête.
Anecdotes locales
La tradition veut que les familles bamougong se rendent aux chutes de Tchélépi en pèlerinage lors des premières pluies, pour offrir en offrandes des bulbes d’Ismène et des rameaux de fougères sacrées. On raconte qu’en plaçant un bouquet d’Ismène à l’entrée de la case, on attire la prospérité et on apaise les esprits de la rivière sacrée qui coule au pied des chutes . Nous avons partagé le récit d’une grand-mère, qui gardait précieusement un bulbe depuis son adolescence, lui assurant protection et guidance lors de ses voyages vers d’autres villages.
Faune aux abords de la cascade
Sous le crépitement des chutes, nous avons observé plusieurs espèces d’amphibiens, trésors endémiques du massif des Bamboutos. Le cri discret du crapaud Sclerophrys villiersi retentit entre les rochers, espèce vulnérable qui se plaît dans les mares temporaires formées par les embruns Plus rares, mais tout aussi fascinants, les petits Léptodactylodon axillaris, grenouilles d’aspect robuste classées en danger critique, tressaillaient sous nos pas dans la mousse verte des berges . Dans les torrents, le petit crapaud Werneria bambutensis s’accrochait aux pierres glissantes, tandis que le toadlet Wolterstorffina mirei sautillait entre les feuilles en décomposition, tous deux en péril à cause de la déforestation et des maladies amphibiennes
Flore environnante
La végétation sous la canopée est tout aussi remarquable. Nous avons reconnu le Crassocephalum bougheyanum, plante herbacée aux capitules d’un jaune doux, rare et menacée sur ces pentes. Non loin, le petit arbre Eugenia gilgii, à feuilles brillantes et fleurs discrètement parfumées, joue un rôle clé dans l’écosystème en attirant les papillons et les oiseaux frugivores Parmi les herbes des sentiers détrempés s’épanouit la Succisa trichotocephala, inféodée aux prairies montagnardes, ses têtes florales délicates offrant un contraste subtil avec le vert profond de la forêt . À la lisière de l’eau, fougères arborescentes et mousses tapissent les rochers, formant un écrin vert tendre pour nos découvertes.
En refermant ce chapitre de notre voyage, nous emportons en nous l’image de ces fleurs d’orphée, de ces grenouilles endémiques et de ces plantes rares, témoins silencieux d’un équilibre fragile. Les chutes de Tchélépi restent pour nous le théâtre d’une symphonie où l’eau, les pierres, la flore et la faune se répondent, invite à la contemplation et à la préservation.
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