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Bafoussam, Fussep  » La Ville des Marchands » CAMEROUN +

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Nous quittons Ikom à l’aube, impatients et un peu fébriles, sachant que la prochaine étape nous mène à Ekok puis vers la frontière camerounaise pour rejoindre Bafoussam notre première étape. La route, d’abord sinueuse au cœur de la forêt luxuriante, se redresse peu à peu, laissant apparaître de petits villages endormis, leurs maisons de bois et de torchis faisant face aux champs de cacao et d’huile de palme. À l’approche d’Ekok, les panneaux « Frontière » se multiplient et la présence militaire devient plus tangible : postes de contrôle, vérifications de papiers, véhicules blindés discrètement postés sous les arbres.

Arrivés au poste-frontière nigérian, nous passons sans encombre la douane dans une bâtisse récente, peinte en blanc et vert, où l’on nous accueille avec courtoisie. Quelques formalités plus loin, nous franchissons un no man’s land de quelques centaines de mètres avant d’atteindre le terminal camerounais, vaste complexe bâti il y a quelques années grâce à un financement conjoint de Yaoundé et d’Abuja. Les guichets sont dotés de scanners, les bureaux de l’immigration climatisés invitent à souffler un instant, et la signalétique est bilingue, anglais-français, rappel des deux moitiés linguistiques qui se côtoient ici.

Mais dès nos premières questions, l’atmosphère se teinte de gravité : la région est secouée depuis plusieurs saisons par les affrontements entre forces gouvernementales et groupes séparatistes anglophones, connus sous le nom « Ambazonie ».

Les incidents sporadiques, parfois meurtriers, dans les collines du Sud-Ouest, ont contraint l’armée camerounaise à multiplier les patrouilles et à organiser, les mercredis et samedis, un convoi militaire obligatoirement réquisitionné pour escorter les civils jusqu’à Buea. Nous apprenons que ce convoi part précisément à 10 h, délai limite pour embarquer avant la fermeture des bureaux de coordination.

Conscients que contourner ce dispositif nous obligerait à emprunter un long détour par l’est, via des pistes de montagne souvent boueuses en saison des pluies et peu recommandées la nuit, nous décidons de nous présenter dès le samedi matin pour observer le mouvement. Les douaniers nous confirment la nécessité d’intégrer le convoi : sans cette escorte, nul ne peut passer, disent-ils, tant la situation demeure tendue. Nous replions nos plans initiaux, acceptons de patienter et de suivre en file indienne le convoi

Le départ se fait dans une ambiance solennelle : 2 véhicules blindés, des soldats en treillis, casques vissés, parfois cagoulés mais surtout lourdement armés, deux bus de ligne, un couple de francais avec ses enfants (Yannick et Stéphanie) avec qui nous avons eu le plaisir de partager quelques moments, deux ou trios autres véhicules civils et notre Raptor chargé de nos bagages.

Le soleil est déjà bien  haut dans le cielquand le cortège s’ébranle vers 11h, remontant la piste goudronnée partiellement vers Buea. De longues portions de pistes coupent le trajet. Mais les paysages sont époustouflants et nous laissent entrevoir toute la richesse de la biodiversité camerounaise. Les villages que nous traversons se dotent de regards curieux, parfois inquiets, ponctués d’habitations aux murs colorés et de marchés de rue, comme pour rappeler que la vie continue malgré les tensions.

Huit heures plus tard, après 300 km et plusieurs haltes de sécurité – contrôle d’identité, vérification des cargaisons, briefing rapide sur les zones à éviter –, nous atteignons enfin Buea, capitale du Sud-Ouest camerounais. La ville, lovée au pied du mont Cameroun, nous accueille avec un mélange d’effervescence du samedi soir, et d’air frais venu des hauteurs. Nous remercions nos escorteurs, soulagés d’avoir traversé sans incident ce corridor parfois perçu comme périlleux.

Avant de nous atteler à la dernière portion de route vers Bafoussam, nous prenons le temps de nous remémorer chaque instant de cette traversée : l’attente sous la chaleur, l’adrénaline au départ du convoi, les paysages changeant du littoral forestier aux plateaux volcaniques, et la certitude, désormais ancrée, que la prudence et la préparation restent nos meilleures alliées face aux imprévus de l’Afrique de l’Ouest.

De Buéa à Bafoussam

Nous quittons Buea tôt le matin, nous opérons quelques retraits au distributeur Ecobank puis faisons le plein de gasoil. Ici le litre est à 875 FCFA soit environ 1.30 €, un bel écart avec le Nigéria. Puis nous prenons la route et dès les premières pentes, la route se faufile entre des forêts d’eucalyptus et de bananiers plantains, leurs troncs lisses dessinant de longues ombres sur l’asphalte encore humide de la bruine nocturne.

Les collines se succèdent, rythmées par des clairières bordées de fougères géantes, où parfois s’insinuent des ruisseaux cristallins. Au loin, les monts s’arrondissent, drapés d’une végétation dense, tandis que le soleil perce enfin la brume, baignant le paysage d’une lumière dorée.

Peu à peu, les premiers étals improvisés surgissent sur le bas-côté : des huttes de branchages surmontées de tôles ondulées, plantées dans la boue fraîche des fossés. À l’ombre d’un palmier à huile, des femmes courbées confectionnent de fines brochettes d’escargots géants — ces Achatina que l’on nomme ici « nyamangoro » ou « congo meat ». Chaque escargot, méticuleusement vidé et nettoyé, est embroché coupé en deux sur un bâtonnet de bambou, puis badigeonné d’une marinade d’ail pilé, de gingembre frais, de piment ardent et d’un soupçon de feuilles d’utazi séchées, cueillies dans les jardins voisins. Nous nous arrêtons, attirés par le crépitement discret du grill artisanal — une simple tôle posée sur des braises vives — et l’arôme fumé, presque iodé, qui se mêle au parfum de la terre humide.

Assis sur des troncs sciés, nous portons les brochettes à nos lèvres : la chair se détache sans résistance, glissant sur la langue en une caresse moelleuse, relevée par la chaleur du piment et la pointe amère de l’utazi. Les vendeuses nous sourient, fières de ce trésor nutritif qu’elles récoltent après les premières pluies, expliquant que ces escargots sont riches en protéines et en fer, et constituent une source de revenu essentielle pour leurs familles. Elles nous confient leur petit secret : un filet d’huile de palme rouge apporte la brillance, et quelques feuilles de basilic africain — cueillies au lever du jour — offrent une fraîcheur inattendue.

Plus loin, la route s’élargit et, sous de vieux cacaoyers, nous découvrons des vergers de safou, la prune d’Afrique. Les arbres ploient sous des grappes de fruits violacés, presque noirs, dont la peau fine craque sous la pression du pouce. Nous achetons quelques poignées de ces Dacryodes edulis directement aux cueilleuses : elles ramassent les fruits tombés à terre, les trient, puis les empilent le long de la piste. La première bouchée, crue, nous surprend par sa chair beurrée, mi-olive, mi-avocat, qui fond instantanément, mêlant acidité subtile et douceur crémeuse.

En discutant avec les agricultrices, nous apprenons que la pulpe peut contenir jusqu’à 35 % d’huile — un trésor mono‑insaturé que l’on presse pour la cuisine ou la cosmétique. Les graines, elles, sont séchées, broyées et pressées pour en extraire une huile utilisée dans la médecine traditionnelle, tandis que l’écorce et les feuilles soignent plaies et fièvres. Nombre de femmes rurales transforment l’excédent en pâte ou en conserves, prolongeant ainsi la saison de vente et assurant un revenu stable.

Alors que l’horizon s’ouvre sur les plaines plus basses, les étals de brousse apparaissent : de petites cabanes où la viande sauvage se vend sans fard. Des singes suspendus à des crochets, des agoutis — ces fameux « grasscutters » — embrochés deux par deux sur des tiges fines, et des genettes exposées entière dévoilant leur peau tachetée témoignent d’un commerce ancestral. Les vendeurs, souvent venus des villages alentours, achètent ces gibiers à bas prix et les proposent aux routiers et aux chauffeurs de camions, entre deux chargements de ciment. Nous observons avec une certaine retenue : ce commerce, bien que vital pour de nombreuses familles rurales, met à mal la faune locale et soulève d’indispensables questions sanitaires.

Lorsque la silhouette de Batié, notre première étape, se dessine enfin devant nous, lovée sur plusieurs collines, c’est le cœur plein de saveurs et d’images fortes. Nous reprenons la route, emportant en mémoire le crépitement des braises, la douceur beurrée du safou et l’intensité du ndolé fumé, conscients d’avoir traversé un monde vivant où chaque halte, chaque rencontre fait vibrer un lien profond entre nature, culture et survie quotidienne.

BAFOUSSAM une ville vibrante et authentique

Arrivés à Bafoussam, nous sommes immédiatement frappés par l’énergie qui émane de cette ville, considérée comme le 4e centre urbain du Cameroun après Douala, Yaoundé et Garoua. Nichée dans une région vallonnée, Bafoussam est entourée de collines recouvertes de savane herbacée, offrant un cadre naturel apaisant malgré l’effervescence urbaine. Dès les premiers instants, nous sentons que cette ville a une âme, un mélange unique de tradition et de modernité.

Bafoussam tire son nom des Bafoussam, l’un des trois groupes ethniques qui formaient à l’origine la population de la ville, aux côtés des Baleng et des Bamougoum. Ces communautés, bien que distinctes, partagent des traditions et une histoire communes, ce qui donne à la ville une identité culturelle riche et harmonieuse. Nous apprenons que Bafoussam est un carrefour historique, tant sur le plan géographique que culturel, et cela se ressent dans l’atmosphère qui y règne.

Bafoussam est une ville qui bouge. Grâce à sa situation stratégique, elle a connu un développement économique rapide, devenant un pôle commercial et industriel important dans la région de l’Ouest du Cameroun. Cependant, nous remarquons que les infrastructures n’ont pas toujours suivi ce développement. Les routes principales, notamment celles menant à Douala et Yaoundé, sont bien bitumées et en bon état, mais certaines rues secondaires montrent des signes de négligence. Malgré cela, la ville est bien desservie, et nous trouvons sans difficulté les produits et services dont nous avons besoin.

Le cœur battant de Bafoussam se trouve sans conteste autour de son marché central. Dès que nous nous en approchons, nous sommes happés par une ambiance électrique. Les rues sont bondées, les étals débordent de fruits, de légumes, d’épices et d’artisanat local. Les couleurs vives et les odeurs enivrantes créent une atmosphère unique, un mélange de chaos organisé et de vie intense. Nous nous perdons dans les allées, échangeant quelques mots avec les vendeurs, toujours souriants et prêts à partager une anecdote ou une plaisanterie.

Les épiceries et les petits restaurants restent ouverts tard dans la nuit, ce qui nous permet de goûter à la cuisine locale à toute heure. Nous nous laissons tenter par un plat de poulet DG ou de ndolé, accompagné de plantains frits, le tout arrosé d’un verre de vin de raphia, une spécialité de la région. Les habitants de Bafoussam, réputés pour leur hospitalité, nous accueillent chaleureusement, et nous sentons que nous pourrions passer des heures à discuter avec eux.

Au petit matin, avant même l’ouverture des magasins et des banques, nous sommes surpris de voir des files d’attente de plusieurs dizaines de mètres se former dans les rues. C’est un spectacle impressionnant qui témoigne de la vitalité économique de la ville. Les gens sont pressés, mais toujours polis et souriants, prêts à aider un étranger qui semble un peu perdu.

Si Bafoussam elle-même ne compte pas de nombreux sites touristiques majeurs, ses environs regorgent de surprises. Nous apprenons que les chefferies traditionnelles des Bafoussam, Baleng et Bamougoum sont des lieux chargés d’histoire et de spiritualité. Les collines verdoyantes et les paysages de savane invitent à la randonnée et à la contemplation. Nous nous promettons de revenir pour explorer ces trésors cachés, qui semblent offrir une autre facette de cette région fascinante

Bafoussam est une ville qui ne laisse pas indifférent. Entre son effervescence urbaine, son riche patrimoine culturel et la chaleur de ses habitants, elle incarne parfaitement l’esprit de l’Ouest camerounais. Bien qu’elle ne soit pas une destination touristique classique, elle est un passage incontournable pour quiconque souhaite comprendre cette région et ses traditions. En quittant Bafoussam, nous emportons avec nous des souvenirs vivaces et l’envie de revenir explorer davantage cette ville et ses environs, qui ont tant à offrir.

PALAIS ROYAL DE BAFOUSSAM

Un plongeon au cœur de 800 ans d’histoire de la royauté bamiléké et de son fondateur Fom Njouvoum. Nous franchissons un porche sculpté, ouvrant le chemin vers les domaines royaux, un ensemble impressionnant de cases, de la chefferie, du palais et de la forêt sacrée. Chaque pas nous rapproche d’un passé riche et complexe, où tradition et modernité se côtoient avec harmonie.

BANDJOUN

Le lendemain, nous partons à la découverte de Bandjoun, une localité riche en histoire et en culture, située à une trentaine de kilomètres de Bafoussam. Notre journée est rythmée par la visite de trois lieux emblématiques : la Chefferie de Bandjoun, le Musée Bandjoun Station et le Musée Communautaire de Bandjoun / Case Patrimoniale de l’artiste Barthélemy Toguo. Chacun de ces sites nous offre une plongée unique dans l’héritage culturel et artistique de la région.

FOUMBAN

Immaculée et calme, à l’image de la mosquée qui marque son entrée, Foumban, capitale du royaume bamoun, respire quiétude et sagesse. Comme si sa longue vie, depuis sa fondation au XVe siècle par Ncharé Yen, lui avait apporté une sérénité que seuls quelques matchs de football peuvent perturber. Où est-ce plutôt la domination toujours présente du Sultan qui lisse la vie de la cité ? Garant de la tradition des ancêtres, le Sultan règne sur tout le pays Noun, quand le pays bamiléké se divise en de multiples chefferies autonomes.

Depuis six cents ans et l’établissement de la lignée, jamais son autorité ne s’est démentie ou ne fut contestée, et surtout pas par le peuple. Organisée tout entière autour du palais des Sultans, que le célébrissime roi Njoya Ibrahim fit élever à partir de 1917, Foumban ne vit qu’à travers la dynastie bamoun. Aucun taxi, nombreux dans la ville, ne manque de conter sa filiation royale, son rang princier, ou même, de revendiquer sa part d’héritage.

La ville est parsemée des vestiges de sa grandeur passée. Outre le palais des Sultans, la statue d’Ibrahim Njoya, le musée du Palais royal, la grande mosquée, le musée des Arts et Traditions témoignent de l’histoire bamoun. Marché et centre artisanal se contentent, eux, de perpétuer une culture célébrée tous les deux ans, lors du Ngouon. Tous les Bamoun du Cameroun et de l’extérieur se pressent à cette fête pour magnifier leur héritage.

Foumban, construite sur les hauteurs de quelques collines, est une ville africaine où il fait bon vivre. Le centre-ville, organisé autour du marché, est perpétuellement agité. On y découvre la culture de la rue et le commerce sauvage qui y règne. Dès que l’on s’éloigne, les rues deviennent plus calmes, et l’on ne cesse de monter et descendre au gré des collines. Certains quartiers se révèlent d’une réelle beauté et la nature est partout présente. Tout comme les enfants qui regardent  » l’homme blanc « , tantôt intrigués, tantôt effrayés… Et, dès lors que le soleil inonde les collines de la ville, ses bruns chemins de terre se teintent de rouge. Et Foumban devient féerique.

Une ville à part au Cameroun où le passé semble avoir trop souvent disparu derrière les milliers d’habitations précaires. Ici, l’histoire du continent noir n’a pas été oubliée ; elle est présente dans les monuments comme le palais des Sultans, elle est surtout la fierté des habitants. L’un de ces endroits où le temps s’évade, sans qu’on veuille le retenir.

LE PALAIS ROYAL

Dans les provinces reculées à l’ouest du Cameroun se cache un trésor historique d’une valeur inestimable : le palais royal de Foumban.

MUSÉE DES ARTS ET TRADITIONS BAMOUN

Nous sommes partis du palais royal, franchissant la grande porte qui ouvre sur la rue des artisans,

Après avoir longé cette artère vibrante de vie pendant environ un kilomètre, nous avons aperçu, à l’ombre d’un baobab majestueux, le petit bâtiment blanc coiffé d’un toit de tôles ondulées qui abrite le Musée des Arts et Traditions Bamoun.

L’escalier étroit, aux marches usées par les pas des visiteurs, nous a conduits à l’entrée sobre, où la façade immaculée contraste avec la poussière rouge du sol environnant.

À l’intérieur, la modestie des lieux enchante le visiteur : pas de cloisons impersonnelles ni de vitrines trop hautes, mais des étagères et des socles à portée de main, permettant d’admirer de près chaque pièce, selon la méthode initiée par Mose Yepap lors de la création du musée en 1930 Nous avons découvert plus de trois mille objets, certains remontant à plus de six cents ans, qui se déploient en une scénographie claire et intime  Les murs, peints en blanc, font écho à la simplicité des constructions bamoun, tandis que le sol en terre cuite rappelle les cours intérieures des cases traditionnelles.

La première salle nous a plongés dans l’artisanat des forgerons bamoun, avec des gongs gravés de motifs circulaires et de scènes de guerre, jadis offerts par le roi aux guerriers les plus vaillants  À côté, de hautes jarres en terre cuite, destinées à la chauffe du vin de palme et de raphia, portent encore les traces des écorces et des fibres qui servaient à leur calfeutrage . Les masques en terre, aux expressions puissantes, nous ont semblé figer les esprits protecteurs des ancêtres, tandis que des pipes géantes, certaines atteignant deux mètres de long, étalaient leur envergure impressionnante en bronze poli ou en céramique tamisée

Entre les vitrines, de petites fresques sculptées racontent les conflits anciens contre les Foulbé, les alliances scellées et les grandes cérémonies royales, offrant un panorama complet de l’histoire bamoun avant même d’avoir tourné la tête Le guide, un ancien élève de l’école du palais, nous a décrypté la symbolique des crapauds gravés sur certains fourreaux—emblèmes de fertilité—et des araignées, figures de patience et de sagesse, nous transportant dans un récit oral dont chaque détail semblait retrouver vie sous nos yeux

Dans les salles annexes, la reconstitution d’une cuisine bamoun, avec ses marmites en argile, ses paniers de fibres et ses ustensiles en fer forgé, nous a rappelé les repas communautaires qui rythmaient les saisons

Plus loin, la chambre d’un notable, dotée d’un lit monté sur roulettes et couverte d’un drap en écorce, évoquait l’ingéniosité de ces sociétés où l’art de vivre s’alliait au savoir-faire local

 Nous avons senti, à travers ces pièces, la force d’un peuple ancré dans sa terre et résolu à transmettre sa mémoire.

 Les quelques boutiques extérieures, où s’exposent trônes miniatures en bronze, tables finement décorées et perles colorées, témoignent de la vitalité de l’art bamoun, toujours en pleine ébullition sous les doigts de maîtres artisans

 Nous avons quitté ce lieu empreint de dignité et de savoir, conscients d’emporter avec nous non seulement des images, mais un morceau vivant de l’âme bamoun.

LES SCULPTEURS DE BRONZE

Dès notre arrivée à Foumban, nous avons été immédiatement happés par l’atmosphère vibrante de cette ville chargée d’histoire et de savoir-faire.​

Ici, chaque rue, chaque maison, chaque regard porte l’empreinte d’un artisanat ancestral, transmis de génération en génération avec une fierté inébranlable.​

Au cœur de cette effervescence, la fonderie et la rue des artisans nous ont offert une plongée fascinante dans l’âme créative et industrieuse du peuple Bamoun.​

L’odeur du métal en fusion et le son du martèlement résonnaient dans l’air chaud lorsque nous avons franchi le seuil d’un atelier de fonderie.​

Là, sous nos yeux, des artisans manipulaient avec une dextérité impressionnante le cuivre, le bronze et le laiton, façonnant patiemment des objets d’une finesse remarquable.​

La technique de la cire perdue, héritée d’un savoir-faire plusieurs fois centenaire, permettait aux sculpteurs de créer des figures d’une précision et d’un raffinement saisissants.

En tout premier lieu, une ébauche de modèle est façonnée à partir d’un mélange de terre cuite, de bouse de vache et d’eau, puis laissée à sécher au soleil hors saison de pluies pour accélérer le processus

Ce modèle primitif, brut et vivant, sert de fondation à toute la création à venir

Vient ensuite le processus méticuleux qui transforme cette simple ébauche : elle est recouverte d’une fine couche de cire d’abeille d’environ 2 mm d’épaisseur, soigneusement sculptée pour donner naissance aux moindres détails de l’objet.​

Puis le moule, entouré d’une enveloppe d’argile réfractaire, est chauffé doucement jusqu’à ce que la cire s’échappe, laissant place à un vide prêt à recevoir le métal.​

 Lorsque vient l’instant magique de la coulée, le métal en fusion, incandescent comme un filet d’or liquide, est versé dans le moule, créant un spectacle hypnotisant où se mêlent feu et création

Une fois refroidie, l’armure d’argile est brisée pour libérer la pièce, qui apparaît alors dans toute sa singularité.​

Chaque pièce est ensuite minutieusement polie, les aspérités limées, les détails affinés, jusqu’à obtenir une surface lisse et vivante, prête à raconter son histoire.​

En sortant de la fonderie, nos pas nous ont conduits vers la rue des artisans, véritable galerie à ciel ouvert où les œuvres de bronze côtoient masques, sculptures sur bois et objets en cuir.​

Les pièces y sont exceptionnelles et de toutes tailles : du simple décapsuleur à la statue imposante d’un cheval, en passant par des bracelets royaux, des cruches délicatement ouvragées et des têtes de bronze finement ciselées.​

Il est important de perpétuer cette tradition, même si la tâche est ardue et que les revenus restent modestes.

Aussi, nous choisissons d’acheter quelques objets, convaincus que notre soutien contribue à maintenir vivant ce patrimoine unique.

Foumban est bien plus qu’un simple centre artisanal : c’est une cité où le temps semble suspendu entre passé et présent, où l’artisanat n’est pas seulement un métier, mais un héritage, un langage, une identité

Nous avons quitté la ville le cœur gonflé d’admiration, conscients d’avoir touché du doigt un pan du génie créatif africain, et emporté avec nous le souvenir vibrant de chaque éclat de métal et de chaque sourire d’artisan.

LES PRODUITS SUIVANTS SONT DISPONIBLES A LA VENTE ET EXXPEDIES A VOTRE DOMICILE

MARCHE

Le grand marché de Foumban, le deuxième plus grand marché de l’Ouest du Cameroun, est un véritable carrefour commercial où se mêlent traditions et échanges intenses. Il se tient tous les samedis près de la mosquée et dispose de deux entrées principales : l’une face à la station Mobil, l’autre face au Café Royal. Chaque semaine, ce vaste espace devient une ruche bourdonnante, où se pressent acheteurs et vendeurs venus de toute la région pour proposer une diversité impressionnante de marchandises.

Dès notre arrivée, nous sommes frappés par l’immensité du choix qui s’offre à nous. Des statuettes minutieusement sculptées aux masques rituels patinés par le temps, en passant par des tissus chatoyants et une profusion de fruits provenant des quatre coins du pays, le marché est une véritable caverne d’Ali Baba. Faute de place dans les baraquements en dur – que les commerçants peuvent acheter ou louer à l’année –, de nombreux vendeurs ont installé leurs étals à l’extérieur, débordant largement dans les rues avoisinantes et prolongeant ainsi le marché bien au-delà de ses limites officielles.

L’ambiance est vibrante, rythmée par les cris des vendeuses qui rivalisent d’énergie pour attirer les clients, les éclats de rire qui fusent entre deux négociations animées, et les disputes éphémères qui pimentent les échanges avant de se dissiper aussi vite qu’elles sont apparues. Ce sont principalement des femmes qui tiennent les échoppes, véritables piliers de ce commerce foisonnant, orchestrant avec une dextérité impressionnante la vente de leurs marchandises. Nous nous laissons porter par cette effervescence, déambulant d’un stand à l’autre, attirés tantôt par les couleurs éclatantes des pagnes exposés au soleil, tantôt par l’odeur alléchante du poisson fumé et des épices qui flottent dans l’air.

Au détour d’une allée, nous tombons sur des objets rares qui racontent l’histoire et les traditions des Bamoun. Parmi eux, les fameux masques-passeports, de petites sculptures jadis utilisées en guise d’identification pour traverser les territoires, bien avant l’introduction des papiers d’identité. Plus loin, des artisans proposent du mobilier en bois sculpté : tables, chaises, portes et coffrets aux motifs complexes, mais aussi des tabourets finement décorés de perles et de cauris. Certains stands dévoilent des poteries élégantes, des pipes en terre cuite, des statues représentant des guerriers au visage menaçant ou encore des personnages importants de la royauté bamoun. Nous nous attardons devant une collection impressionnante de dents d’hippopotame sculptées, de cornes de buffle gravées et de calebasses en terre cuite finement décorées, témoins d’un savoir-faire ancestral.

Loin de se limiter à l’artisanat, le marché est aussi un haut lieu du commerce alimentaire. Mercredi, il revêt un tout autre visage, devenant essentiellement un marché de produits frais. Les étals croulent alors sous des pyramides de fruits exotiques – mangues dorées, ananas juteux, papayes sucrées –, tandis que de larges bassines débordent de poissons fumés et de viandes séchées. Les marchands d’épices vantent les vertus de leurs mélanges parfumés, et des vendeurs ambulants proposent des collations locales : beignets de manioc dorés à point, bâtons de canne à sucre fraîchement coupés et arachides grillées. Malgré la prédominance des denrées alimentaires ce jour-là, il reste toujours possible de dénicher quelques trésors artisanaux au gré des allées.

En quittant le marché, les bras chargés de souvenirs – étoffes colorées, sculptures raffinées et épices aux parfums enivrants –, nous avons la sensation d’avoir plongé au cœur d’un univers à part, où le commerce est bien plus qu’un simple échange économique : c’est un rituel social, un spectacle vivant, une immersion totale dans la culture locale. Foumban, avec son marché vibrant et son artisanat d’exception, nous aura offert un moment unique, gravé à jamais dans nos mémoires.

 

BATIE

Nous traversons Batié, lovée à 5°17′N 10°17′E le long de la Nationale 5, unique axe pavé qui relie les Hauts‑Plateaux à Bafoussam, sous un climat doux où la saison des pluies dure de mars à octobre et le marché local s’anime tous les huit jours

Nous roulons lentement, et bientôt, sur le bord de la route, c’est une véritable galerie à ciel ouvert qui s’offre à nos regards : des échoppes de fortune, protégées par des tôles rouillées ou des feuilles de palme tressées, où s’activent des mains œuvrant avec une minutie étonnante. Chaque atelier est une ruche de gestes répétés, un rituel ancestral : on façonne les gourdes, poli-on leur surface lisse jusqu’à ce qu’elle brille comme un miroir vieilli, puis on y fixe, point par point, des perles de verre coloré, des graines d’arachide enduites de cire, des cauris nacrés venus de terres lointaines.

Autour de nous résonne le cliquetis des perles qui s’entrechoquent, le froissement des fibres tressées lorsque l’on ajuste une lanière de cuir, et le souffle régulier de l’artisan concentré, qui semble presque méditer à chacun de ses points. Nous nous arrêtons à un stand où un vieux maître pose, sur un petit tabouret en hévéa, une statuette de bois dur. À l’aide d’une fine aiguille plantée dans une poignée de rotin, il enserre chaque graine dans un écrin de tendresse, dessinant un motif évoquant le chant du vent dans les palmiers ou la danse des ancêtres autour du feu.

Les motifs parlent : un cercle concentrique qui symbolise le puits de sagesse d’un ancien chef, un triangle inversé rappelant la pluie bienfaitrice qui irrigue les champs de maïs et de manioc, une arabesque sinueuse qui représente le chemin sinueux de la vie. Chacune de ces sculptures, vendues en bord de route pour quelques billets locaux, est bien plus qu’un souvenir : c’est un fragment d’histoire, un écho des légendes que se transmettent les familles depuis des générations.

Les habitations révèlent à elles seules la mémoire du lieu : des cases traditionnelles en terre battue, élevées sur une structure de poteaux en eucalyptus et en cyprès, s’élèvent sur un socle carré avant de s’ouvrir sur un plafond circulaire, lui‑même coiffé d’un toit conique ou pyramidal 

Nous avançons lentement parmi ces habitations qui semblent surgir de la terre rouge, comme si elles en étaient une prolongation naturelle. Chaque case, posée sur son socle carré, raconte à elle seule une histoire millénaire. Nous nous arrêtons devant l’une d’elles, ses murs en terre battue polis par le temps, infiniment lisses sous nos doigts curieux. Les poteaux d’eucalyptus, encore marqués des traces de l’outil, portent fièrement la toiture conique, dressée telle une flèche vers le ciel, tandis qu’à l’intérieur, le plafond circulaire dessine un dôme apaisant, presque sacré.

Nous avons appris que, autrefois, on utilisait exclusivement des feuilles de raffia pour tresser ces toits, les changeant chaque année après la saison des pluies. La paille disposée en chevrons permettait à l’eau de ruisseler rapidement, protégeant la maison et ses habitants de l’humidité ambiante. Aujourd’hui, beaucoup ont adopté la tôle ondulée, plus durable, mais gardent la forme élancée qui confère à chaque toit une silhouette en pyramide — un clin d’œil assumé aux origines égyptiennes que certains aînés aiment évoquer, comme pour rappeler que leur peuple, tout comme ceux du Nil, a élevé des monuments vers le divin.

À l’entrée de chacune de ces concessions, nous remarquons une rangée de petits cônes de terre cuite, plantés face à la grande case. Trois cônes signifient qu’un notable y habite, sept qu’il s’agit du chef de fondom, et neuf que la maison appartient à un souverain autonome. Selon la croyance, ces pointes canalisent l’énergie du cosmos, reliant l’âme du foyer aux ancêtres. Lorsque le vent souffle,  on entend parait-il  murmurer les voix des anciens, portées vers la terre et le ciel par ces toits acérés.

En observant de plus près, nous distinguons les fines incrustations de motifs géométriques gravés à la base des murs : virgules, zigzags, cercles concentriques. Chacun symbolise un élément important — l’eau, le souffle, la force de la terre — et rappelle la sujétion de l’homme aux rythmes de la nature. Sous ces fresques minérales, de petits cabochons de couleur — morceaux de pierre, éclats de céramique ou même perles de verre — captent la lumière, comme pour illuminer le seuil du foyer et chasser les mauvais esprits.

Plus loin, nous découvrons une maison plus récente, bâtie en parpaings, mais qui n’a pas renoncé à cette ossature traditionnelle. Les murs sont simplement habillés d’un enduit ocré, et la toiture, bien que faite de tôle galvanisée, reprend fidèlement la forme pyramidale. À l’intérieur, la pièce centrale est bordée de banquettes en terre cuite, dont la disposition circulaire invite à la convivialité. Au sol, un tapis tressé sert de décor, et dans un coin, une petite estrade surélevée accueille les objets sacrés et les masques de cérémonie.

Lorsque nous quittons ces lieux, un sentiment d’harmonie nous accompagne. Nous avons compris que ces habitations ne sont pas de simples abris, mais des témoins vivants d’une architecture pensée pour unir la terre, le clan et le divin. À chaque trace de main sur la terre battue, à chaque pan de toit dressé vers les étoiles, c’est la mémoire d’un peuple qui s’exprime, fragile et puissante à la fois, enracinée dans le sol et tournée vers l’infini.

BAHAM

Nous poursuivons notre découverte du sud de Bafoussam avec un arrêt à Baham, une ville chargée d’histoire et de traditions, nichée au cœur des terres bamiléké. Fondée au XVIIe siècle par trois chasseurs répondant aux noms de Tamdja, Kameugne et Bussu, Baham est aujourd’hui un important centre culturel et historique où se mêlent héritage royal, art ancestral et paysages enchanteurs.

Les Secrets de la Chefferie de Baham : Fierté du Peuple Bamiléké

Dès notre arrivée, nous sommes frappés par l’atmosphère unique qui y règne : un savant équilibre entre modernité et traditions séculaires. La route sinueuse qui mène à Baham traverse des collines verdoyantes et fertiles, où se dressent des cases traditionnelles aux toits de chaume et de vastes plantations, témoins de la richesse agricole de la région.

Chaque étape de notre visite nous plonge plus profondément dans l’âme de cette ville fascinante, où les récits du passé se racontent à travers des monuments, des rites et des objets précieux.

Nous arrivons à Baham en traversant d’abord les collines verdoyantes des Hauts‑Plateaux, où l’air frais caresse doucement notre visage et où les torrents de la saison des pluies ont creusé de profondes gorges aux parois couvertes de fougères arborescentes et de lianes entrelacées. Sous nos pas, la terre ocre, riche en minéraux, s’écrase en un léger crissement, et au loin, les huttes dispersées des seize villages qui composent la chefferie s’impriment comme autant de souvenirs gravés dans le paysage

Nous apprenons que Baham a été fondée par un groupe de chasseurs venus des vagues migratoires bamiléké, attirés par la promesse d’une terre généreuse et d’un climat tempéré, et c’est ici, autour du lieu-dit “Sim Kaing”, que le fondateur Tamdja posa la première case du royaume, appelée Nto’o . Au fil des siècles, les dynasties se sont succédé — de Moudjo à Zudom, de Zudie à Dendji — jusqu’à ce que s’affirme la dynastie de Baham, construite par fusion sous l’impulsion du descendant venu d’outre‑Noun  ; ce “Fo” incarne à la fois l’autorité mystico‑religieuse et le garant de la justice coutumière, héritier d’un système de gouvernance où chaque jour de la semaine, au nombre de huit, correspond à une fonction spécifique — marché, pluie, chants rituels — dans le calendrier bamiléké

BAMENDJOU Bamendjou, un joyau méconnu des Hauts-Plateaux

Nous poursuivons notre exploration des chefferies bamiléké en nous plongeant plus profondément dans l’âme de Bamendjou, là où l’histoire d’un peuple se mêle aux récits légendaires, où chaque pierre, chaque arbre, chaque rituel porte la marque d’une identité unique.

LE MARCHE DE BAMENDJOU

Le marché de Bamendjou, niché au cœur des Hauts-Plateaux de l’Ouest Cameroun, est bien plus qu’un simple lieu d’échange commercial. Il incarne l’âme de la communauté, un carrefour où se rencontrent traditions ancestrales, savoir-faire locaux et vie quotidienne.

Chaque jour de marché, les ruelles s’animent dès l’aube. Les étals colorés débordent de produits frais : ignames, bananes plantains, arachides, et bien sûr, le taro, tubercule emblématique de la région. Les vendeurs, souvent des femmes vêtues de pagnes aux motifs éclatants, interpellent les passants avec des chants rythmés, perpétuant une tradition orale vivace.

L’architecture environnante reflète l’histoire riche de Bamendjou. Les cases traditionnelles, construites en adobe et coiffées de toits en chaume, bordent le marché, témoignant d’un savoir-faire ancestral. Certaines arborent des frises en raphia coloré, symboles de statut social et de l’appartenance à des lignées spécifiques. Non loin, la chefferie se dresse majestueusement, avec ses piliers sculptés représentant des masques rituels, rappelant le rôle central du Fo’o dans la vie communautaire.

La faune et la flore environnantes ajoutent une dimension particulière à l’expérience du marché. Les singes colobes, considérés comme des messagers des esprits, s’aventurent parfois jusqu’aux abords, attirés par les fruits mûrs. Les habitants, respectueux de ces créatures, partagent volontiers une portion de banane ou de manioc avec eux. La forêt sacrée, à proximité, abrite des espèces endémiques comme le palmier Mbokkor, dont les fruits sont consommés lors des fêtes des semailles, symbolisant l’abondance et la prospérité.

Les interactions sociales au marché sont empreintes de respect et de convivialité. Les anciens, assis à l’ombre des arbres, partagent des récits du passé, transmettant aux plus jeunes les valeurs et les enseignements des ancêtres. Les griots, véritables bibliothèques vivantes, déclament des épopées au son du balafon, rappelant les exploits des héros locaux et les leçons de vie.

Une anecdote souvent racontée concerne un forgeron qui, grâce à la qualité exceptionnelle de ses outils, fut invité à la chefferie pour une nuit, un honneur rare. Ce geste symbolisait la reconnaissance du mérite individuel et la possibilité de mobilité sociale, même dans une société structurée par des hiérarchies traditionnelles.

En parcourant le marché de Bamendjou, on ne peut s’empêcher de ressentir la vitalité d’une culture qui, tout en honorant ses racines, s’adapte aux évolutions du monde moderne. C’est un lieu où chaque échange, chaque sourire, chaque produit vendu raconte une histoire, celle d’un peuple fier, résilient et profondément attaché à ses traditions.

MUR DES HONNEURS A BAHOUAN 


Nous sommes arrivés à Bahouan par une route sinueuse bordée de collines verdoyantes, à quelques encablures de Bafoussam. Le village s’étend paisiblement sur les hauteurs, entre champs de maïs, bananeraies et bosquets d’eucalyptus, dans cette région de l’Ouest camerounais où chaque recoin semble chargé de récits anciens. Nous venions voir un lieu dont nous avions entendu parler, presque chuchoté par ceux qui savent : le Mur des Honneurs. À notre arrivée, nous ne savions pas exactement à quoi nous attendre. Était-ce un monument ? Un musée en plein air ? Un pan de mémoire ? Nous avons vite compris que c’était tout cela à la fois.

Le Mur se dresse au cœur du village, à la lisière d’une esplanade discrète mais empreinte de solennité. Il ne s’agit pas d’un simple mur de pierres ou de béton. C’est une fresque vivante, construite à la main, pierre après pierre, par la communauté, pour honorer ceux et celles qui ont marqué l’histoire de Bahouan. Ce sont les noms gravés, les photos encadrées, les plaques soigneusement calligraphiées qui nous ont d’abord saisis. Nous avons reconnu, en marchant lentement le long du mur, des figures connues de la région, mais aussi des visages inconnus, jeunes et âgés, femmes et hommes, issus de divers horizons : enseignants, artisans, chefs traditionnels, soignants, entrepreneurs, artistes, cultivateurs.

Chaque nom ici est une histoire. Nous avons écouté les récits racontés par un habitant du village, gardien officieux du lieu. Il nous a parlé de Madame T., une institutrice qui, dans les années 1960, parcourait les hameaux à pied pour donner des cours sous les manguiers. Ou encore de Monsieur D., vétéran de la Seconde Guerre mondiale revenu au pays pour fonder une coopérative agricole, et dont la photo trône fièrement au centre du mur. Chaque hommage inscrit sur les pierres semble ouvrir une fenêtre sur le passé de Bahouan, un passé tissé de courage, d’abnégation et de solidarité.

L’architecture du site épouse le relief. Le mur serpente légèrement, suivant la courbe du terrain, presque comme s’il voulait embrasser la mémoire collective. Il est fait de pierres locales, liées par un mortier rouge ocre, en harmonie avec la terre environnante. De part et d’autre, des plantes ornementales ont été plantées : des hibiscus rouges, des crotons aux feuilles tachetées, et quelques touffes de citronnelle. Non loin, de vieux jacarandas étendent leur ombre violette sur les bancs de pierre, invitant à la contemplation.

Autour du mur, la vie du village continue. Des enfants jouent au ballon plus bas sur la place. Une femme passe, portant un seau d’eau sur la tête, saluant au passage une aînée assise sous un manguier. Les coqs chantent, les chèvres bêlent, et un lézard traverse nonchalamment notre champ de vision. Le lieu n’est pas figé, il respire. Il est vivant parce qu’il est habité, traversé par les générations qui s’y retrouvent, qui s’y reconnaissent.

Un peu plus loin, nous avons croisé un jeune homme qui nous a parlé d’un projet d’extension du Mur, pour accueillir d’autres figures méritantes. Il nous a dit que le Mur n’était pas qu’un hommage au passé, mais un rappel constant des valeurs que les habitants veulent transmettre : le travail, la transmission du savoir, le respect de l’autre, et surtout, l’ancrage dans la terre natale. Il nous a confié que les élèves du collège du village viennent parfois ici avec leurs enseignants pour des séances de discussion, de récit, voire de méditation silencieuse. Nous avons trouvé cela profondément émouvant.

En quittant Bahouan, nous avons emporté avec nous bien plus que des images. Le Mur des Honneurs, loin d’être un simple monument, nous a donné une leçon de dignité. Il nous a rappelé que chaque village, aussi discret soit-il sur la carte, abrite en ses pierres et ses mémoires une richesse humaine infinie. Et que parfois, les véritables héros ne sont pas ceux que l’on voit dans les livres d’histoire, mais ceux dont les noms sont gravés dans la pierre d’un mur, quelque part sur les hauteurs tranquilles de l’Ouest camerounais.

Les Joyaux Cachés du Nord de Bafoussam : À la Découverte des Chutes d’Eau

Au cœur du Cameroun, à quelques kilomètres au nord de Bafoussam, se cachent des merveilles naturelles encore méconnues. Ces chutes d’eau majestueuses, nichées dans un écrin de verdure, offrent un spectacle saisissant où la puissance et la sérénité de la nature s’entrelacent. Embarquons pour une exploration de ces cascades spectaculaires, entre légendes locales, biodiversité et opportunités écotouristiques.

DSCHANG

Après avoir quitté Bafoussam, nous empruntons la chaussée nationale qui relie la capitale régionale à Dschang, un trajet de près de cinquante kilomètres au cœur des hauts plateaux ouest-camerounais.

FAUNE ET FLORE

ISMENE FESTALIS BLANCHE – Chutes de Tchélépi BAFOUSSAM REGION OUESt CAMEROUN

FEMELLE CORDON-BLEU A JOUES ROUGES – CHUTES DE LA METCHE – BAFOUSSAM – CAMEROUN

VIDEOS sur Bafoussam et  environs

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La Cuisine a Bafoussam

Toutes les informations, par région sur la gastronomie camerounaise en suivant ce lien : La Cuisine camerounaise

RESTAURANT LA TERRASSE BAFOUSSAM

Nous faisons halte à La Terrasse juste en face du grand marché aux fruits, là où l’effervescence des étals colorés se mêle à l’odeur sucrée des mangues et des papayes. Nous franchissons une porte rustique encadrée de verdure grimpante, des lianes retombant paresseusement sur la façade recouverte de street art camerounais aux teintes vives, hommage à la créativité locale. À l’intérieur, le bois de récupération, les coussins en wax bariolé et les plantes suspendues créent un cocon si chaleureux qu’on oublie presque le tumulte extérieur, seul un filet de musique douce nous rappelle qu’il est encore midi.

Installés sur des bancs en bois brut, nous dominons les allées du marché, où les passants s’arrêtent parfois pour nous saluer en un sourire échangé par-delà les vitres ouvertes. Nous plongeons dans le menu : chaque jour, une spécialité régionale différente met à l’honneur un produit du terroir, et les jus de fruits frais – bissap vif et yuzu délicat – nous rafraîchissent avant même que nos plats n’arrivent. Nous optons pour un couscous aux légumes généreux, des filets de poulet panés accompagnés de frites dorées et d’alloco fondant, puis un émincé de tripes parfumé posé sur un lit de riz blanc, parfumé aux épices.

Lorsque les assiettes se posent devant nous, c’est un festival de couleurs et de senteurs : le couscous, orangé de carottes et de patates douces, exhale un doux fumet de coriandre, le poulet croustille sous une chapelure épicée, et le riz de tripes joue de note piquante et de tendresse surprenante. Nous trinquons avec deux bières locales au goût malté, admirant la danse des clients et le ballet incessant des vendeurs de fruits dans la rue. Le rythme est jeune, presque festif, même si la serveuse manque parfois de chaleur dans son sourire ; ce détail, loin de nous gâcher le repas, ajoute une pointe de réalisme à ce décor presque idyllique.

Le total s’affiche sur l’ardoise : 11 000 FCFA pour ce festin simple mais délicieux, un tarif qui semble défiant toute concurrence. Nous repartons le pas léger, porteurs de goût et de couleurs, convaincus d’avoir trouvé ici un refuge où la tradition culinaire camerounaise se savoure dans un écrin de convivialité et d’authenticité.

ndolé

De retour au restaurant La Terrasse de Bafoussam pour le déjeuner, nous avons retrouvé avec plaisir l’ambiance chaleureuse et l’accueil attentionné qui nous avaient séduits la veille. L’offre culinaire étant limitée dans les environs, ce choix s’est imposé naturellement.

Les enfants et Nadège ont opté pour un émincé de viande accompagné de frites ou de riz. Les lamelles de viande, nappées d’une sauce tomatée parfumée, ont ravi les papilles, bien que quelques morceaux plus gras aient moins plu aux enfants.

Pour ma part, j’ai choisi de découvrir le ndolé, une spécialité camerounaise emblématique. Ce plat, originaire du peuple Sawa, est traditionnellement réservé aux grandes occasions et cérémonies. Il se compose de feuilles de Vernonia amygdalina, appelées feuilles de ndolé, connues pour leur légère amertume. Ces feuilles sont soigneusement blanchies pour atténuer leur amertume, puis mijotées avec de la pâte d’arachide, des oignons, de l’ail, et souvent agrémentées de viande, de crevettes ou de poisson fumé. Dans mon assiette, le goût prononcé du poisson fumé dominait légèrement, mais l’ensemble était savoureux et bien équilibré.

Le ndolé est généralement accompagné de bananes plantain frites, de riz ou de bâtons de manioc, appelés miondo. Ce plat riche en saveurs offre une expérience culinaire authentique, témoignant de la diversité et de la richesse de la gastronomie camerounaise

 

RESTAURANT CHEZ TATAMI A FOUMBAN

couscous japchae

Dès que nous avons franchi le seuil de la belle demeure reconvertie en restaurant, nous avons eu la sensation délicieuse de déjeuner chez l’habitant, comme si chaque détail avait été pensé pour nous envelopper de chaleur et de simplicité. La grande table est dressée avec soin, nappée d’un tissu aux motifs discrets, chaque couvert aligné avec justesse, chaque assiette de présentation attendant patiemment son heure. Notre guide du jour, un large sourire aux lèvres, nous a accueillis avec tant de générosité que nous nous sommes immédiatement sentis chez nous. Une télévision discrète diffuse en fond un programme léger, évoquant un agréable sentiment de familiarité, tandis que le menu, complet et varié, promettait d’éveiller nos papilles à chaque page tournée.

ROGNONS SAUTES A L’AIL ET TOMATE

Le service, chez Tatami, un peu contemplatif dans son rythme, nous a laissé le temps d’apprécier l’atmosphère paisible : on devine que chaque plat est préparé à la demande, un à un, comme une promesse de fraîcheur et d’authenticité. Lorsque l’on nous a servi les rognons sautés à l’ail et aux tomates, accompagnés du couscous japchae, nous avons tout de suite senti que ce repas allait rompre avec nos habitudes françaises. Les petits morceaux de rognon, tendres et délicatement relevés, se mariaient à merveille à l’onctuosité des tomates confites et à l’arôme puissant de l’ail frais ; chaque bouchée offrait cette vibration rustique propre aux viandes cuites à point, tout en gardant une surprenante légèreté.

POULET DG

Ce couscous japchae, loin des semoules que nous connaissons, se présente comme une pâte de maïs aux grains plus généreux, sublimée par une sauce feuille parfumée d’herbes locales. Sa texture étonnante, à la fois fondante et légèrement granuleuse, a éveillé en nous un plaisir primitif, celui d’un aliment simple, nourricier et profondément ancré dans la terre camerounaise. Chaque fourchetée nous rappelait la force minérale de la région, tout en offrant une douceur rassurante, comme un écho aux collines verdoyantes qui entourent Foumban.

Nadège et les enfants, quant à eux, ont choisi de se laisser tenter par le poulet DG nappé de sa sauce tomate-crème. Les légumes y apportaient une touche colorée, croquante et fraîche, tandis que la sauce, douce et légèrement acidulée, caressait les palais. Si le repas souffrait parfois d’une viande un peu parcellaire autour des os, la générosité de la présentation et la qualité des ingrédients compensaient largement cette petite réserve. Nous avons tous partagé un sentiment de satisfaction collective, un accord tacite sur le fait que ce poulet, malgré son allure modeste, était parfaitement en harmonie avec l’esprit de la maison : authentique, chaleureux, et résolument dépaysant.

Au moment de quitter ce havre de convivialité, nous avons ressenti un pincement d’émotion à l’idée de retourner en France, d’autant plus impatients de faire découvrir à nos proches ces saveurs nouvelles qui bousculent les habitudes. Nous savions déjà que, de retour chez nous, le souvenir de ces plats – rognons délicatement relevés, couscous de maïs parfumé, poulet DG raffiné – continuerait de chatouiller nos palais et d’égayer nos conversations, nous rappelant à quel point la cuisine est un voyage, un lien indéfectible entre les cultures et les hommes.

RESTAURANT ZANZIBAR – DSCHANG

POULET D.G.

Nous nous installons à l’intérieur, lovés dans les larges fauteuils en velours anthracite, sous la lumière tamisée qui fait scintiller les luminaires géométriques et réchauffe le décor moderne. La carte, volontairement restreinte, nous invite à choisir entre hamburgers, poulet frit, grillé ou DG. Margot et Nadège opèrent un changement radical de nos habitudes en optant pour le hamburger de poulet : deux vraies escalopes, tendres et juteuses, posées dans un bun moelleux, accompagnées d’une fine tranche de tomate et d’un lit de salade croquante. Nous les voyons savourer chaque bouchée, appréciant le contraste inattendu entre le croustillant léger de l’escalope panée et la douceur du pain, un plaisir simple et réconfortant qui, de retour en France, nous fera redécouvrir le sandwich sous un jour nouveau.

Bastien, de son côté, choisit un poulet rôti en sauce, enrichi de plantains mûrs. Les morceaux, dorés à souhait, sont baignés dans une sauce épicée à la tomate, dont les reflets carmin se reflètent sur les plantains fondants. Chaque tranche de plantain, doucement confite, apporte une note sucrée qui adoucit la puissance de la sauce, tandis que la peau du poulet, croustillante, libère un parfum fumé qui emplit l’air.

Pour ma part, je reviens  au Poulet DG, où les frites de pomme de terre, mêlées à la sauce rouge profonde et aux quartiers de volaille, créent une nouvelle expérience sensorielle : les bâtonnets, d’abord croquants, s’assouplissent sous l’onctuosité du jus épicé et deviennent le compagnon idéal de chaque morceau de poulet. Cette association, si éloignée de nos standards français, nous surprend agréablement et nous convainc que le mariage de textures peut révéler des saveurs insoupçonnées.

Autour de nous, les conversations s’animent, le cliquetis des couverts rythme l’atmosphère chaleureuse, et nous regrettons seulement que les bières servies ne soient pas plus fraîches. Lorsque vient l’addition — 12 500 FCFA pour quatre — nous sourions, conscients d’avoir vécu un véritable moment de partage et de découverte. De retour en France, l’idée de reproduire ces instants gourmands nous enchante : réinventer le burger avec de vraies escalopes, associer plantains et sauce épicée, mêler frites et jus de poulet rôti… autant de pistes qui promettent de bousculer nos habitudes culinaires et de prolonger l’esprit créatif de Zanzibar à Dschang.

EPICERIES SUPERMARCHES

MARCHE  A

FCMP+93Q, Bafoussam, Cameroun

Nous arrivons en plein matin au cœur de Bafoussam, attirés par le grand porche en béton brut qui s’ouvre sur le labyrinthe du marché central. Dès le seuil franchi, c’est un tumulte organisé qui nous saisit : l’écho des cris des vendeurs, la rumeur des clients négociant en medumba, en français ou en pidgin, et les pestaillons colorés des échoppes installées sur deux niveaux. Autour de nous, des sourires de femmes en pagnes bariolés, des gestes vifs d’hommes portant des fagots de bois ou de longues tiges de bananiers, tout concourt à cette cadence frénétique propre aux marchés bamiléké.

Sous la grande toiture en tôles ondulées, percée de lanterneaux pour laisser filtrer la lumière, s’étagent des allées étroites : à notre droite, les étals de légumes racines débordent de manioc blanc, d’ignames lisses et de taros à la peau sombre ; à gauche, des pyramides de plantains verts côtoient des paniers de bananes mûres, leur parfum sucré se mêlant à celui plus âcre des arachides encore en coque. Plus loin, des maraîchers déploient des feuilles d’oseille africaine et de chou local sur de larges nattes tressées, tandis que, derrière eux, les marchandes de feuilles de bananier soigneusement empilées nous rappellent les repas traditionnels préparés sous ces mêmes toits.

Nous foulons le sol poussiéreux, humide par endroit des eaux de lavage, et la chaleur monte doucement, portée par un souffle de vent chargé de senteurs : gingembre frais, piment rouge, coriandre et, derrière tout cela, une note poivrée qui rappelle le poivre de Penja. Parmi les étals, des enfants courent, vendant quelques grains de maïs grillé ou un sac plastique d’eau fraîche ; leur appel nasillard, traversé de rires, ponctue notre progression tandis que nous saluons un vieux commerçant sénégalais qui nous tend une brochette de boeuf épicé à grignoter.

Nous arpentons les allées du marché de Bafoussam, enveloppés par le tumulte des vendeurs et l’odeur entêtante des épices, quand nos yeux sont attirés par un panier de fruits aux formes fuselées, verts aux reflets jaunes, presque identiques à de petites mangues. Intrigués, nous approchons et apprenons qu’il s’agit du quinqueliba, ce « fruit magique » dont on dit qu’il soigne tout, du diabète au paludisme en passant par la typhoïde.

Au centre du marché, une vaste esplanade découvre un alignement de blocs en béton où sont installés les bouchers. Nous nous approchons, sentant monter à nos narines l’odeur métallique du sang mêlée à celle plus douce de l’huile de palme chauffée. Les quartiers de viande, soigneusement étiquetés en fonction de leur origine – chevreau local, boeuf en provenance de l’Adamaoua – sont prêts à être pesés. Un boucher-réparateur de haches nous fait cadeau d’une blague sur la meilleure façon de trancher un kilo de viande, et nous l’écoutons tout en admirant la précision de son geste.

Le premier étage du marché est réservé aux produits secs et aux épices : sacs de haricots niébé, fils d’arachides, grains de mil et de sorgho, l’ensemble tapissé de plastic translucide sous lequel se détache chaque couleur comme une mosaïque. Nous repérons les femmes Fulani, drapées de voiles légers, qui viennent remplir des sachets de lait en poudre et de bicarbonate de soude ; non loin, un vendeur de poisson séché fait craquer un gros morceau de mulet fumé sous nos yeux, tandis qu’un client en choisit un morceau pour son futur ndolé familial.

Entre les travées, quelques manguiers centenaires percent le toit, leurs troncs noueux supportant les ficelles de balançoires improvisées par des enfants qui jouent à cache-cache entre les caisses de tomates. Des colombes picorent les miettes de pain tombées des snacks où l’on sert bâtonnets de manioc frit et beignets sucrés, tandis que, au-dessus de nos têtes, un vautour silencieux plane, à l’affût des restes. Nous assistons à un échange vif entre un producteur de miel et un pharmacien local qui discute des vertus antiseptiques du miel forestier, cueilli dans la vallée voisine.

À l’heure où le marché bat son plein, nous nous arrêtons chez une marchande de jus de gingembre et tamarin, préparés dans de grandes marmites de métal. Elle nous offre une gorgée de son breuvage épicé et doux à la fois, tandis qu’un accordéoniste avance parmi les étals en jouant un air entraînant. Nous partageons ce moment, posés sur un banc de pierre, entourés des sacs pleins de légumes, d’épices et de tissus aux motifs géométriques, échangeant anecdotes et rires avec les habitués qui nous invitent à revenir lors du grand marché hebdomadaire, quand tout Bafoussam se retrouve ici.

En quittant ce microcosme vibrant, nous emportons avec nous le souvenir des couleurs vives, des conversations mêlées et de la danse perpétuelle des commerçants : un chant animé où se mêlent histoire, vie sociale, nature généreuse et traditions artisanales, tout ce qui fait du marché central de Bafoussam le cœur palpitant de la région de l’Ouest.

LE REPERE

FCHF+WH Bafoussam, Cameroun +237695385804

SUPERMARCHE SIM

FC8F+3M5, Av. Pachong Adolf, Bafoussam, Cameroun

Supermarché Kilimandjaro :

Situé à Nkongsamba, ce supermarché est une option populaire pour acheter des produits alimentaires et autres articles essentiels

LES BANQUES

Voici quelques options pour trouver une banque avec distributeur de billets à Bafoussam, Cameroun :

  1. Société Générale Cameroun : Située sur la N6, cette banque dispose de distributeurs automatiques.
  2. Union Bank of Cameroon Plc – Bafoussam Branch : Localisée sur la Rue Commerciale à Bafoussam, elle offre également des services de retrait.
  3. La Régionale Bank – Ouest : Située à l’entrée du marché A, cette banque propose des distributeurs automatiques accessibles 24h/24.
  4. CCA Bank : Avec un réseau de distributeurs automatiques, cette banque est une autre option fiable à Bafoussam

À Nkongsamba, vous pouvez trouver des distributeurs automatiques dans plusieurs banques et agences financières. Voici quelques options :

    1. Western Union – Campost : Situé au centre-ville de Nkongsamba, cette agence propose des services financiers et des distributeurs automatiques.
    2. La Régionale d’Épargne et de Crédit : Une autre option fiable pour accéder à des distributeurs automatiques dans la région.
    3. Western Union – Sofina Nkongsamba : Localisé sur l’avenue commerciale, cette agence dispose également de distributeurs.

LES LOGEMENTS à Bafoussam

 LA MAISON BLANCHE BAFOUSSAM

Nous arrivons enfin à Bafoussam, au terme d’un long périple marqué par un retard imprévu, imposé par un convoi militaire. Ce contretemps nous a malheureusement fait perdre une nuit de réservation à La Maison Blanche, sans possibilité d’annulation ni de report. Mais qu’importe. Fatigués, certes, nous sommes surtout impatients de découvrir notre lieu de repos.

Lovée dans une ruelle tranquille derrière la station Tradex de Kamkop, à seulement trois cents mètres du tumulte de la Nationale, La Maison Blanche se dévoile peu à peu. L’allée en terre, crevassée par les intempéries, nous mène jusqu’à une grille sobrement gardée de nuit par un veilleur discret.

La villa, d’un blanc immaculé, tranche élégamment avec les nuances poussiéreuses du chemin. Ses volumes simples sont rythmés par de larges baies vitrées laissant filtrer la lumière douce du soir. Sous nos pieds, un dallage en pierre claire contraste avec les fauteuils profonds en cuir noir qui nous tendent les bras — promesse d’un premier moment de repos.

À l’intérieur, Michel nous accueille avec une chaleur feutrée. Il nous guide jusqu’au salon, vaste pièce baignée de lumière, aux murs blancs épurés. Attenante, la cuisine séduit au premier regard : plan de travail en granit sombre, plaque de cuisson moderne, réfrigérateur généreux. Déjà, nous rêvons d’y préparer un ndolé fumant ou un couscous manioc-maïs… Mais un inventaire rapide tempère nos élans : une seule poêle un peu cabossée, pas de louche, et trop peu de plats de service. Il faudra improviser.

À l’étage, deux chambres avec salles de bains attenantes nous attendent. L’eau chaude y coule avec une pression plus que satisfaisante, et chaque pièce respire le confort discret. Une troisième chambre au rez-de chaussée comble nos attentes

 

Mais c’est la terrasse du premier étage qui nous séduit le plus. Face à la chaîne bleutée des Bamboutos, nous nous penchons sur la balustrade, respirons à pleins poumons l’air vif des montagnes et écoutons le murmure lointain de la ville, étouffé par l’altitude.

Dès la première soirée, le service de conciergerie se montre d’une réactivité exemplaire : un simple coup de fil, et Michel intervient suite à une fuite sous l’évier — le tuyau de vidange n’était pas raccordé. Après avoir épongé l’eau, nous cherchons en vain la clé de la porte arrière de la cuisine. Là encore, un mot suffit : le problème est rapidement résolu.

La présence calme du gardien de nuit ajoute un sentiment de sécurité, presque domestique. Le Wi-Fi, d’une stabilité remarquable, nous permet de télécharger guides et cartes en un clin d’œil, planifiant sereinement les étapes à venir. Le parking privé complète cette impression que chaque détail a été pensé pour conjuguer confort moderne et sérénité.

Seul véritable bémol : l’absence de machine à laver. Nos vêtements, étendus entre deux chaises sur la terrasse, sèchent au gré du vent des plateaux — un inconvénient transformé, presque, en anecdote charmante.

Malgré les couacs initiaux et le manque de quelques ustensiles, nous réalisons, en refermant doucement la porte de La Maison Blanche derrière nous, que notre séjour à Bafoussam commence sous les meilleurs auspices : dans un écrin de calme, de propreté et de convivialité. Ici, chaque rideau entrouvert semble révéler un atout caché, et chaque sourire croisé nous rappelle que l’accueil, au Cameroun, est souvent plus vaste que les murs qui l’abritent.

SAMS HOTEL NKONGSAMBA

Le SAM’S HOTEL Nkongsamba est un établissement situé à Ekangté Mbeng, dans la ville de Nkongsamba, Cameroun. Cet hôtel offre un cadre chic et confortable pour les voyageurs souhaitant séjourner dans la région. Bien que les informations détaillées sur les services et les commodités de l’hôtel soient limitées, il est recommandé de contacter directement l’établissement pour obtenir des détails spécifiques sur les chambres, les tarifs et les services proposés.

Nkongsamba, située dans la région du Littoral, est une ville connue pour ses paysages pittoresques et ses attractions naturelles, telles que les chutes d’Ekom-Nkam. Séjourner au SAM’S HOTEL Nkongsamba peut offrir une base idéale pour explorer ces sites et découvrir la culture locale.

LES LIENS VERS LES PHOTOS de Bafoussam et  environs

CONVOI MILITAIRE DE IKOK A BUEA – Entre Paysages Éblouissants et Enjeux Sécuritaires – REGION OUEST CAMEROUN

LES BROCHETTES D’ESCARGOTS EN BORD DE CHEMIN – ROUTE DE BAFOUSSAM

J 1018 DE BUEA A BAFOUSSAM REGION DE L’OUEST CAMEROUN

J 1018 BATIE – BAFOUSSAM REGION DE L’OUEST CAMEROUN

J 1018 BAHAM MUSEE PRIVE D’ERNEST DJOKO NOTABLE SOUP- BAFOUSSAM REGION DE L’OUEST CAMEROUN

J 1018 BAHAM MUSEE ROYAL- BAFOUSSAM REGION DE L’OUEST CAMEROUN

J 1018 BAHAM PALAIS ROYAL- BAFOUSSAM REGION DE L’OUEST CAMEROUN

J 1018 LA VILLA BLANCHE – BOOKING – BAFOUSSAM REGION DE L’OUEST CAMEROUN

J 1019 CHEFFERIE DE BAFOUSSAM REGION DE L’OUEST CAMEROUN

J 1019 MUSEE DE LA CHEFFERIE DE BAFOUSSAM REGION DE L’OUEST CAMEROUN

J 1019 MARCHE A DE BAFOUSSAM REGION DE L’OUEST CAMEROUN

J 1019 LE KINKELIBA – MARCHE A DE BAFOUSSAM REGION DE L’OUEST CAMEROUN

J 1019-20 RESTAURANT LA TERRASSE BAFOUSSAM REGION DE L’OUEST CAMEROUN

J 1019 le YOUZOU RESTAURANT LA TERRASSE BAFOUSSAM REGION DE L’OUEST CAMEROUN

J 1019 LA KADJI-BEER RESTAURANT LA TERRASSE BAFOUSSAM REGION DE L’OUEST CAMEROUN

J 1020 MARCHE de BAMENDJOU – BAFOUSSAM REGION DE L’OUEST CAMEROUN

J 1020 CHEFFERIE de BAMENDJOU – BAFOUSSAM REGION DE L’OUEST CAMEROUN

J 1020 CHEFFERIE de BANDJOUN- BAFOUSSAM REGION DE L’OUEST CAMEROUN

J 1020 MUSEE BANDJOUN STATION- BAFOUSSAM REGION DE L’OUEST CAMEROUN

J 1020 MUR DES HONNEURS A BAHOUAN- BAFOUSSAM REGION DE L’OUEST CAMEROUN

J 1021 MUSÉE DES ARTS ET TRADITIONS BAMOUN – FOUMBAN REGION OUEST CAMEROUN

J 1021 LE PALAIS DES ROIS DE FOUMBAN REGION OUEST CAMEROUN

J 1021 LES SCULPTEURS DE BRONZE DE FOUMBAN REGION OUEST CAMEROUN

J 1021 LE GRAND MARCHE DE FOUMBAN REGION OUEST CAMEROUN

J 1021 RESTAURANT CHEZ TATAMI FOUMBAN REGION DE L’OUEST CAMEROUN

J 1022 LES CHUTES DE TCHELEPI BAMOUGONG BAFOUSSAM REGION OUEST CAMEROUN

J 1022 LE CHAMPIGNON DES TERMITES – CHUTES DE TCHELEPI BAMOUGONG BAFOUSSAM REGION OUEST CAMEROUN

J 1022 LES CHUTES DE LA METCHE BAFOUSSAM REGION OUEST CAMEROUN

LA CARTE ROSE AFRIQUE CENTRALE

J 1023 LES CHUTES DE MAMI WATA DSCHANG REGION OUEST CAMEROUN

J 1023 DSCHANG REGION OUEST CAMEROUN

J 1023 RESTAURANT ZANZIBAR DSCHANG REGION OUEST CAMEROUN

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