Mangabey à collier blanc Cercocebus torquatus Cercocèbe à collier blanc, Mangabey à collier +

Lors de notre passage au Limbé Wildlife Centre, nous avons eu l’extraordinaire opportunité d’observer le cercopithèque à collier blanc, couramment appelé red-capped mangabey. Nous l’avons vu évoluer avec élégance dans son enclos, son corps élancé revêtu d’un pelage gris anthracite, rehaussé d’un capuchon roux vif sur la tête. Autour de son visage, de larges favoris blancs soulignent son expression tandis que ses paupières, également d’un blanc immaculé, clignotent comme deux phares à chaque battement. Sa longue queue, d’un gris foncé uniforme, se termine par une pointe blanche éclatante qu’il tient souvent arquée au-dessus de son dos, telle une bannière lui permettant de rester visible au sein du groupe et de communiquer subtilement sa position.
Ce primate appartient à l’espèce monotypique Cercocebus torquatus, autrefois confondue avec le sooty mangabey. On le rencontre depuis l’est du Nigeria jusqu’au sud du Cameroun, en passant par la Guinée équatoriale et le Gabon, où il évolue dans des forêts côtières, marécageuses, de mangrove et dans les vallées fluviales. S’il préfère les forêts primaires denses, il s’adapte aussi aux milieux secondaires et même aux cultures en lisière, jusqu’à 300 m d’altitude, tirant profit des palmiers à huile et des raphias qui jalonnent le sous-bois.
Les mâles peuvent atteindre 10 kg, les femelles restant légèrement plus petites, autour de 7 kg. Leur tête massive, surmontée de ce capuchon roux, se prolonge par un cou court et musclé. La mâchoire puissante renferme des incisives robustes capables de fendre des gousses et des graines coriaces que d’autres primates laissent intactes, conférant à l’espèce un rôle écologique précieux : il disperse ainsi les graines de nombreuses plantes et contribue à la régénération de la forêt.
Vivant en grandes troupes de 10 à 35 individus, avec plusieurs mâles dominants, le red-capped mangabey se distingue par une palette riche de comportements sociaux et vocaux. Nous avons observé les animations rituelles de la queue : dressée verticalement, celle-ci sert de signal visuel lors des déplacements. Les individus se livrent aussi à de légers balancements de tête et à des clignements ostentatoires de paupières, renforçant la cohésion du groupe et dissuadant les intrus. Les mâles poussent parfois de profonds gloussements ou de bruyants aboiements qui résonnent dans la canopée, tandis que les femelles entonnent des chœurs modulés en appel — un véritable concert particulièrement utile quand la troupe se disperse pour explorer la futaie à la recherche de fruits.
Omnivore, ce mangabey se nourrit avant tout de fruits pulpeux, de graines et de jeunes pousses qu’il cueille dans la canopée. Il complète son régime avec des feuilles tendres, des champignons, des insectes et de petits invertébrés, montrant une grande dextérité lorsqu’il prélève sa pitance sur les branches les plus fines. Cette flexibilité alimentaire lui confère un avantage dans les écosystèmes fragilisés et fait de lui un maillon indispensable du réseau forestier.
La maturité sexuelle intervient tardivement, vers 5 à 7 ans, sans saison de reproduction fixée. Après une gestation d’environ 170 jours, la femelle donne naissance à un unique petit, extrêmement attaché à sa mère et très vite choyé par l’ensemble du groupe. Les mâles participent parfois à l’alimentation des mères et protègent les jeunes, illustrant la solidarité de la troupe.
Malgré une aire de répartition relativement étendue, Cercocebus torquatus est aujourd’hui classé « En danger » sur la Liste rouge de l’UICN en raison de la chasse pour la viande de brousse et de la destruction accélérée de son habitat forestier. Environ plusieurs milliers d’individus sont capturés chaque année dans la région Cross-Sanaga-Bioko, notamment au Cameroun où la chasse n’est autorisée qu’avec permis. La conservation de cette espèce repose sur la protection de ses forêts, la lutte contre le braconnage et la sensibilisation des populations locales à la valeur inestimable du mangabey à collier blanc.
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