Merle africain Turdus pelios +

Dans les allées paisibles et ombragées du parc botanique de Limbé, au Cameroun nous marchions entre les bambous géants, les arbres tropicaux et les plantes médicinales. Soudain, un chant clair et mélodieux attira notre attention. Là, au cœur d’un bosquet, niché sur une branche basse, un oiseau au plumage sombre se détachait nettement du feuillage éclatant. C’était un merle africain, Turdus pelios, une espèce que l’on retrouve communément dans les zones boisées et les jardins d’Afrique subsaharienne.
Son allure avait quelque chose de familier et d’exotique à la fois. Son plumage brun foncé, légèrement irisé, contrastait avec son bec jaune orangé éclatant. Un fin anneau entourait discrètement son œil, lui donnant une expression vive et curieuse. Il sautillait entre les feuilles mortes, fouillant le sol à la recherche de vers ou de fruits tombés, s’arrêtant parfois pour entonner un chant flûté aux tonalités douces et profondes. Il évoquait les merles que l’on croise en Europe, mais avec une prestance plus affirmée et une aisance moins craintive.
Nous l’avons observé longuement, fascinés par sa tranquillité et sa beauté discrète, avant qu’il ne prenne son envol d’un battement d’ailes souple vers les hauteurs d’un fromager. Ce parc constitue un véritable sanctuaire pour les oiseaux locaux. Ici, à l’abri de l’agitation de la ville, entre les arbres centenaires et les plantes endémiques, le merle africain trouve un habitat idéal pour se nourrir, se reproduire et chanter en toute liberté.
Quelques semaines auparavant, lors de notre visite à la Maison des Esclaves d’Agbodrafo, au TOGO— un lieu chargé d’histoire et d’émotion — nous avions également croisé plusieurs merles africains (Turdus pelios), que l’on appelle aussi merles à ventre clair. Leur présence dans ce site empreint de mémoire nous avait émus. Comme une touche de vie, presque symbolique, ces passereaux élégants apportaient une forme de légèreté face à la gravité du lieu. Un rappel sensible de la continuité de la vie malgré les épreuves du passé.
Ce merle se distingue par un plumage aux nuances subtiles. Le dos est gris olive foncé, la gorge blanchâtre est finement striée de brun, la poitrine brun grisâtre, tandis que les flancs affichent un chamois orangé pâle contrastant avec le blanc pur du ventre et de l’évent. Le bec jaune-orange vif et le regard perçant complètent l’élégance de l’ensemble. Il mesure entre 21 et 23 cm pour un poids allant de 46 à 78 grammes. Un équilibre harmonieux entre grâce et robustesse.
On le rencontre à travers une grande partie de l’Afrique subsaharienne, dans des habitats très variés : lisières de forêts, broussailles, forêts riveraines, parcs urbains ou jardins privés. À Agbodrafo comme à Limbé, ces oiseaux témoignent d’une formidable capacité d’adaptation, s’accommodant aussi bien des zones naturelles que des milieux façonnés par l’homme.
Généralement solitaires ou en couples, ils préfèrent la discrétion de la végétation dense. Mais lorsqu’ils trouvent un arbre fruitier, ils sortent à découvert, parfois en petits groupes. Omnivores, ils consomment fruits (figues, papayes, baies), graines, insectes et parfois même de petits poissons. Au crépuscule, ils deviennent plus actifs, explorant davantage les zones dégagées.
Lorsqu’ils se sentent en sécurité ou sont habitués à la présence humaine, ils se montrent étonnamment confiants. Leurs chants, variés et mélodieux, accompagnent souvent leurs déplacements. À la Maison des Esclaves, leur présence nous avait touchés, tant elle contrastait avec la solennité du lieu. À Limbé, elle nous avait enchantés, dans ce havre végétal où la nature se donne à voir sans artifices.
Dans les deux cas, leur apparition ajoutait une dimension vivante à notre découverte, comme une respiration discrète et pleine de sens, un murmure poétique qui relie l’histoire, la nature et le présent.
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