
Nous quittons Douz à l’aube, la lumière blême filtrant à travers les palmiers, pleins d’enthousiasme pour rejoindre Tozeur, cœur battant du désert tunisien ; mais très vite, le vent se lève : un nuage ocre se met à onduler à l’horizon, s’élançant vers nous comme une vague de poussière vivante. Notre 4×4 ralentit, piégé dans cette tempête de sable qui déferle en grondant, griffant le pare‑brise et noyant l’horizon dans un voile jauni. Les phares percent à peine la poussière, et chaque virage devient une épreuve de patience et de confiance dans le guide mrazig qui, calme, suit les repères gravés dans la roche.
Lorsque la tempête se dissipe enfin — une quarantaine de minutes qui nous paraissent un siècle — le paysage a changé : des rides de dunes ponctuent maintenant la plaine, et la route se transforme en une ligne droite fuyante vers l’ocre lointain. Nous retrouvons notre souffle et reprenons la route vers Tozeur. La cité apparaît doucement, arrimée à la palmeraie : un labyrinthe de murs couleur terre, interrompus çà et là par les palmiers centenaires, dont les palmes bruissent comme un océan de feuilles sous la brise.
À l’arrivée, nous sommes accueillis par le chant si particulier de l’eau qui coule dans les canaux d’irrigation : un clapotis régulier, presque musical, car c’est grâce à ces ruisseaux que Tozeur, située au bord du Chott el‑Djerid, la plus vaste étendue salée d’Afrique, peut se réclamer d’une oasis florissante. Nous pénétrons dans l’ancienne médina, où les façades du quartier des briques révèlent un art architectural unique : des motifs géométriques sculptés dans la terre cuite, alternant cercles, carrés et losanges, comme un mandala vivant en hommage au soleil et à la poussière. Chaque maison, chaque porte, chaque ruelle y est une œuvre d’art vernissée, étonnamment fraîche et accueillante malgré la chaleur écrasante.
Nous déambulons jusqu’au souk, où se tissent les mêmes parfums que précédemment : épices, henné, poteries vernissées et bijoux en argent. Puis, attirés par l’appel d’une terrasse ombragée, nous goûtons un thé au romarin sauvage, cueilli dans les oueds alentour, et observons les passants : les femmes en robes brodées aux couleurs vives, les hommes en gandouras blanches, les enfants au regard vif courant après un ballon improvisé.
Plus loin, le musée Dar Chrait, ancienne demeure ottomane, nous ouvre ses portes : fresques d’époque, briques vernissées, étoffes tissées à la main et objets anciens dressent le portrait d’un Tozeur riche d’histoire ; depuis les caravanes romaines qui cherchaient le sel du chott jusqu’aux caravanes de dattes qui sillonnaient les routes vers la Méditerranée.
En fin d’après‑midi, nous prenons la direction du Chott el‑Djerid, là où le désert se fait miroir : le sel blanc fissuré reflète le ciel, offrant des mirages spectaculaires — des lacs imaginaires, des troupeaux de chameaux qui disparaissent en un éclair. Un point de vue surélevé nous permet d’admirer ce spectacle : le soleil couchant embrase l’horizon de pourpre et d’or, tandis qu’une brise légère soulève à nouveau de fines volutes de poussière.
Lorsque nous regagnons notre hôtel, repus de beauté et de silence, nous savons que Tozeur nous a offert plus qu’une étape : une plongée au cœur du Sahara, faite de tempêtes de sable, de jardin suspendu et de pierres vernissées, où chaque souffle de vent raconte l’histoire vive d’un peuple qui a appris à fleurir dans l’aridité.
ZOO DE TOZEUR
Le lendemain matin, après le petit‑déjeuner aux dattes et au miel local, nous grimpons dans notre véhicule en direction du zoo de Tozeur, installé à la lisière de la palmeraie, entre les canaux d’irrigation et les palmiers centenaires. Dès l’entrée, l’allée bordée de bougainvilliers éclate de couleurs, et l’air – frais, teinté de poussière et de sève – nous rappelle tout le charme singulier de cette oasis saharienne.
À l’intérieur, les enclos sont organisés autour d’un bassin central, dont les berges accueillent des flamants roses venus du Chott el‑Djerid tout proche. Nous admirons les ailes pâles comme un souffle de nuage, leurs pattes fines semblant danser sur la vase. Plus loin, un groupe de gazelles dorcas s’ébroue sous l’ombre des acacias, tandis qu’un petit troupeau de chèvres naines parvient à se percher sur un rocher taillé pour elles, défiant l’équilibre.
C’est alors que, derrière un grillage discret, un dromadaire attire notre regard : non pas en train de brouter ou de s’abreuver à l’abreuvoir traditionnel, mais en train de boire – avec une déconcertante application – du Coca !
La bouteille plastique posée sur son enclos, ouverte entre ses lèvres épaisses, disparaît peu à peu sous le souffle humide. L’animal, concentré, incline la tête pour laisser couler la boisson gazeuse le long de sa gorge, tandis qu’un soigne‑chien, hilare, ajuste la bouteille pour éviter qu’elle ne glisse.
Surpris et amusés, nous nous approchons, et le dromadaire nous offre même un regard placide avant de reprendre sa dégustation pétillante. Les bulles résonnent comme un rire inattendu dans cet écrin de sable et de palmiers. L’animal finit par poser la bouteille vide à même la pierre, tourne lentement la tête et brame un petit râle satisfait, comme pour dire : « Merci pour cette fantaisie sucrée ! »
Nous repartons, le sourire aux lèvres, vers les enclos plus classiques : muflons d’Arabie, hyènes rayées, chacals à flancs dorés et tortues du désert. Partout, le soin apporté à la végétation – palmiers, tamaris, bougainvilliers – recrée un habitat qui rappelle, sous un autre jour, la beauté de la steppe tunisienne.
En quittant le zoo, nous réalisons que ce dromadaire buveur de Coca restera notre souvenir le plus insolite : un clin d’œil joyeux à l’adaptation surprenante des animaux, même au cœur du Sahara, et un épisode dont nous rirons encore longtemps, chaque fois que nous évoquerons la magie de Tozeur.
LES OASIS DU DESERT
Dès le petit‑déjeuner avalé sous la fraîcheur des orangers de l’El Mouradi, nous reprenons la route vers les oasis du désert qui ceinturent Tozeur, véritables havres de verdure sculptés dans la roche ocre.
Notre première halte est Chebika, l’oasis des Pignons. En gravissant la piste escarpée, nous laissons éclore soudain devant nous une cascade cristalline, jaillie du flanc de la montagne, entourée de palmiers et de mûriers sauvages. Les vasques d’eau claire recueillent le flot sous une roche basculée ; dans l’air pur, le murmure de la chute se mêle au chant des oiseaux, tandis que nos pas crissent sur le sable mêlé de gravier poli par le torrent. Des sentiers taillés à même la roche nous mènent à des terrasses plantées de palmiers-dattiers, où l’on cultive encore quelques dattes Deglet Nour et des figues du désert.
Un peu plus loin, Tamerza, la grande oasis suspendue, s’étire le long d’un canyon profond. Les ruines d’un ancien village, en partie englouti par les torrents, laissent deviner des murs de terre sèche et des voûtes effondrées — vestiges d’un temps où l’eau, plus généreuse, irrigait pleinement ces lieux. Aujourd’hui, le sentier serpente entre des bassins successifs où l’on peut tremper les pieds, sous l’ombre bienfaisante de palmes gigantesques. Là, un vieil olivier millénaire étend ses racines comme un emblème de la résistance au temps, et nous nous installons pour un thé à la menthe, partagé avec un guide local qui nous conte la légende des djinns protecteurs de l’oasis, veillant à ce que jamais la vie ne se tarisse totalement.
Au retour vers Tozeur, notre dernière étape nous conduit à Mides, joyau suspendu où le canyon, plus étroit, s’enchaîne en cascades de falaise. Les palmeraies se lovent dans ces entonnoirs naturels, et l’on y cultive encore le blé, la luzerne et quelques orangers. Nous empruntons la passerelle suspendue, vertigineuse, jetée au‑dessus d’un abîme de cent mètres, et dominons un tapis de verdure nourri par les eaux limpides. L’écho de nos voix, capté par les parois abruptes, revient comme un appel ancien, souvenir des caravanes qui, jadis, s’y abritaient du soleil ardent.
Chaque oasis, de Chebika à Mides, en passant par Tamerza, nous révèle l’art de vivre saharien : la maîtrise de l’eau, la patience de la palmeraie, la ténacité des cultures en terrasses. Et quand, au crépuscule, nous regagnons Tozeur, c’est le parfum puissant du désert mélangé à celui de la datte fraîche qui nous accompagne, souvenir vivant d’une incursion dans les plus belles émeraudes de sable et de pierre de cette porte du Sahara.
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LES LOGEMENTS
HOTEL EL MOURADI
Nous arrivons à Tozeur en fin d’après-midi, le soleil bas dessinant des ombres allongées sur la palmeraie, et c’est à l’Hôtel El Mouradi que nous prenons nos quartiers pour quelques jours. Dès le portail franchi, nous sommes saisis par la fraîcheur du jardin : larges bassins bordés de bougainvilliers, allées ombragées de palmiers dattiers et massifs de jasmin qui embaument l’air d’un parfum suave.
Le hall d’accueil, spacieux et baigné de lumière jaune filtrée par des moucharabias, marie subtilement carreaux vernissés et meubles en bois foncé, tandis qu’un tapis berbère nous invite à poser nos sacs. Un thé à la menthe est servi dans de fins verres, et déjà se dessine la promesse d’un séjour empreint de calme et de confort.
Notre chambre, au deuxième étage, s’ouvre sur un balcon privatif. Sous nos yeux, la palmeraie se découpe en jardins géométriques, tandis que, tout au fond, se devine le Chott el-Djerid, vaste étendue blanche qui miroite au coucher du soleil. Le lit, drapé de lin immaculé, nous tend les bras, et la salle de bains en marbre clair, dotée d’une grande douche à l’italienne, offre un luxe discret idéal pour se rafraîchir après les promenades dans la médina.
Nous prenons ensuite le temps de découvrir les installations : une piscine à débordement où l’eau turquoise contraste avec la terre ocre du désert, un spa proposant hammam traditionnel et massages aux huiles d’argan et d’amande, et un court de paddle-tennis protégé du vent. Un salon de thé, aménagé sous une verrière, nous donne envie de revenir plus tard pour un café saharien accompagné de pâtisseries aux amandes.
Le soir venu, nous dînons au restaurant de l’hôtel, où le buffet mêle spécialités tunisiennes et cuisine internationale : couscous royal, tajine d’agneau aux pruneaux, pastas tressées aux épices du sud et, en dessert, baklava croustillant au miel. Le service, attentif et souriant, contribue à rendre ce moment à la fois chaleureux et raffiné.
Installés à l’El Mouradi de Tozeur, nous avons l’impression d’être les acteurs d’une parenthèse enchantée : un oasis de tranquillité et de bien-être, où chaque détail — du verre gravé de henné à la fraîcheur d’un linge de bain — se fait écho du désert tout proche, nous préparant à explorer demain les merveilles de cette cité saharienne.
LES LIENS VERS LES PHOTOS
FAUNE ET FLORE
LES LIENS
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