Nous quittons Yaoundé tôt ce matin, cap au sud-est, en direction de Lomié et du Parc National du Dja, notre destination finale avant le passage vers le Congo. Le trajet Yaoundé – Lomié est long : officiellement six heures, mais il faut plutôt compter sur sept à huit heures de route, parfois plus selon l’état de la chaussée et les arrêts imprévus.
Sur notre itinéraire, nous traversons les petites villes d’Ayos et d’Abong-Mbang, deux haltes possibles si la fatigue ou la curiosité nous pousse à faire une pause. Juste avant d’atteindre Abong-Mbang, il y aurait un complexe hôtelier nommé « Sun City Bagofit », mais nous ignorons dans quel état il se trouve aujourd’hui. À l’entrée d’Abong-Mbang, nous repérons l’Hôtel Godwin. Il dispose d’un petit restaurant et d’une terrasse en balcon qui donne sur la ville, idéal pour un arrêt rapide. Une station Total juste à côté offre un peu de ravitaillement, un café et quelques produits de base.
C’est à partir d’Abong-Mbang que tout change. Le bitume s’arrête net, laissant place à une piste de latérite rouge, si rouge qu’elle semble avoir teinté tout ce qu’elle touche — des murs des maisons aux troncs des arbres, en passant par les vêtements des enfants qui nous saluent au passage.
La route serpente à travers une forêt dense, profonde, parsemée de hameaux paisibles où la vie suit son cours au rythme des cultures, des lessives étendues et des enfants jouant pieds nus. Le long de la piste, des étals improvisés proposent de la viande de brousse : antilope, singe, pangolin, et surtout porc-épic, que nous aurons l’occasion de goûter ce soir. L’ambiance est à la fois rude et vivante, empreinte d’une authenticité désarmante.
Nous franchissons plusieurs ponts de fortune, faits de planches posées à même des pontons métalliques rouillés. Leur apparence fragile contraste avec le passage régulier de lourds semi-remorques transportant d’imposantes grumes. Leur simple présence nous rassure : si eux passent, alors nous aussi.
À la mi-journée, nous faisons une pause pique-nique au bord d’une rivière. L’endroit est magique. Des papillons multicolores voltigent autour de nous, tandis que de fines libellules glissent au ras de l’eau, créant des reflets de lumière dans le silence de la forêt. Un moment suspendu, paisible, loin du tumulte de Yaoundé.
C’est près de ce cours d’eau ombragé, que notre regard a été attiré par le vol vif et élégant d’un Orthetrum chrysostigma. Cet odonate aux ailes translucides flottait avec aisance au-dessus de l’eau calme, tantôt se posant sur une branchette surplombant la rivière, tantôt reprenant son vol saccadé pour chasser de petits insectes en plein vol. Nous l’avions déjà rencontré, il y a quelques mois, dans la chaleur plus sèche des plateaux togolais : la symmetry des habitats changeait, mais la grâce de l’espèce restait intacte.
Nous avons été émerveillés par le vol gracieux du Graphium antheus, également connu sous le nom de porte-épée rayé grand.Ce papillon majestueux, appartenant à la famille des Papilionidae, est une espèce emblématique des forêts tropicales d’Afrique subsaharienne. L’envergure du Graphium antheus varie de 65 à 75 mm selon le sexe. Les mâles ont des ailes antérieures avec des barres transversales distinctes, tandis que la tache apicale de la cellule de l’aile postérieure est nettement séparée de la bande médiane sur un fond noir. En dessous, la cellule médiane de l’aile postérieure présente une tache noire et rouge foncée. Les larves, brunes à brun-vert avec une ceinture jaune sur le troisième segment, se nourrissent de plantes du genre Artabotrys (Anonaceae).
Mais le retour à la réalité ne tarde pas : un poste de contrôle nous oblige à stopper. Des gendarmes, visiblement frustrés par notre refus de « petits cadeaux », deviennent pointilleux. Ils exigent que nous vidions le hard-top pour vérifier notre matériel. Nous résistons poliment, mais fermement. Après quelques longues minutes, ils finissent par nous laisser passer, satisfaits de nous avoir fait perdre du temps, et nous, contents d’avoir tenu bon face à une demande abusive de bakchichs. Une victoire discrète, mais significative.
Enfin, après plusieurs heures de piste, nous arrivons à Lomié, où nous attend Pepijn Koops, notre contact pour l’enregistrement auprès des Guides de la Réserve du Dja. 📞 Tél. (+237) 651 79 50 28 📱 WhatsApp : +31 6 22 67 48 81
Nous posons nos sacs à l’hôtel Raphia. Les chambres sont simples, mais propres et confortables, parfaites pour une bonne nuit de repos avant notre immersion en pleine nature. Ce soir, nous dînerons sur place. Au menu : porc-épic — une recette typique que nous avons hâte de découvrir, curieux de ce que nous réserve cette première soirée à la lisière de l’une des dernières grandes forêts primaires d’Afrique centrale.
Au cœur de la jungle : immersion dans la Réserve de faune du Dja
En fin d’après-midi, à Lomié, Pepijn nous présente Luc, notre guide local pour cette aventure hors du temps. D’un regard franc et discret, Luc inspire immédiatement confiance. Originaire d’un village riverain du Dja, il connaît cette forêt mieux que personne : ses sentiers invisibles, ses sons mystérieux, ses dangers, mais aussi sa beauté sauvage et sa richesse insoupçonnée. C’est avec lui que nous allons nous enfoncer dans l’une des dernières grandes forêts primaires d’Afrique centrale, inscrite au Patrimoine mondial de l’UNESCO.
Nous passons la soirée à préparer notre expéditionavec soin. Le véhicule est méthodiquement chargé : tentes, matelas en mousse, ustensiles de cuisine, marmites, nourriture sèche, bidons d’eau, réchaud, sacs étanches, lampes frontales, moustiquaire imprégnée, trousse de secours… tout est pensé pour une autonomie totale, loin de tout réseau et de tout confort moderne. Nous savons que nous allons vivre trois jours et deux nuits en totale immersion dans l’univers impitoyable mais fascinant de la forêt équatoriale.
Le lendemain matin, les premières lueurs du jour filtrent à peine à travers les rideaux que nous sommes déjà prêts. Un petit-déjeuner rapide avalé, nous prenons la piste vers le dernier village avant la réserve.
Là, nous rencontrons les porteurs, hommes discrets aux gestes précis, dont le rôle est essentiel pour cette expédition. À notre arrivée, la femme du chef du village nous accueille avec une dignité touchante. Nous lui remettons un sac rempli d’objets utiles — vêtements, chaussures, couvertures, savon — ainsi que quelques peluches et cahiers destinés aux enfants. Elle nous bénit avec des paroles empreintes de spiritualité et remercie les ancêtres de veiller sur notre traversée.
Pendant ce temps, les porteurs s’activent avec efficacité. Leurs paniers d’osier ou de raphia, solides et souples à la fois, sont harnachés avec des bretelles taillées dans de l’écorce de bambou ou de ronce. Ces outils, simples en apparence, sont parfaitement adaptés aux conditions extrêmes de la forêt. Chacun sait exactement quoi porter, où placer les objets pour équilibrer le poids. C’est une mécanique bien rodée.
De notre côté, nous terminons les derniers ajustements. Chacun prépare son sac à dos individuel : vêtements de rechange, poncho, bottes montantes, lingettes, batteries de secours, jumelles, carnet de notes, et bien sûr l’indispensable appareil photo, protégé dans une housse étanche.
Et puis, c’est le grand départ.
Une réserve unique en Afrique centrale
La Réserve de faune du Dja, joyau écologique niché au sud-est du Cameroun, est l’une des plus vastes et des mieux préservées de toute l’Afrique tropicale. Elle s’étend sur plus de 526 000 hectares de forêt dense, soit l’équivalent de la moitié de la superficie du Liban. Créée en 1950, elle est d’abord reconnue comme réserve de biosphère par l’UNESCO en 1981, avant d’obtenir le statut de réserve de faune en 1982, et enfin d’être inscrite au Patrimoine mondial de l’humanité en 1987, en raison de sa biodiversité remarquable et de son caractère encore largement intact. Aujourd’hui, plus de 90 % de sa superficie reste vierge de toute activité humaine.
Véritable sanctuaire naturel, la réserve est un refuge pour une multitude d’espèces animales et végétales, certaines endémiques et d’autres gravement menacées. Les gorilles de plaine de l’Ouest, les chimpanzés, les éléphants de forêt, mais aussi les pangolins géants, les léopards, les calaos, ou encore de très rares espèces de grenouilles, d’orchidées et de palmiers sauvages y trouvent un habitat stable. La densité et la diversité de la faune en font un site d’observation unique pour les biologistes, primatologues et passionnés de nature. Certains groupes de grands singes, notamment, sont encore peu habitués à la présence humaine, ce qui permet d’étudier leurs comportements dans un environnement presque totalement préservé.
Le parasolier (Musanga cecropioides)est un arbre emblématique des forêts humides d’Afrique, particulièrement présent dans les forêts secondaires du bassin du CongoLe parasolier (Musanga cecropioides) est un arbre emblématique des forêts humides d’Afrique, particulièrement présent dans les forêts secondaires du bassin du Congo. Espèce pionnière, il colonise rapidement les zones perturbées telles que les clairières ou les anciennes zones agricoles, grâce à sa croissance rapide et sa préférence pour les milieux ensoleillés, Espèce pionnière, il colonise rapidement les zones perturbées telles que les clairières ou les anciennes zones agricoles, grâce à sa croissance rapide et sa préférence pour les milieux ensoleillés .
Mais ce havre de biodiversité est aujourd’hui sous menace croissante. Malgré son statut protégé, la Réserve du Dja subit les assauts de multiples pressions humaines. Le braconnage, en premier lieu, alimente des réseaux de trafic d’animaux sauvages, en particulier de viande de brousse ou d’ivoire. Les exploitations minières, souvent illégales, rongent ses marges en quête d’or ou de coltan, provoquant pollutions et perturbations écologiques. La plus grande menace reste cependant l’expansion des plantations industrielles, notamment celles de Sud-Cameroun Hévéa, une société responsable depuis 2011 du défrichement de plus de 6 000 hectares de forêt en périphérie de la réserve pour la culture d’hévéas (caoutchouc). Des couloirs de biodiversité se trouvent ainsi fragmentés, isolant les espèces et perturbant leurs déplacements.
La construction d’infrastructures — routes, ponts, pipelines — dans les environs de la réserve amplifie encore ce phénomène en facilitant l’accès des braconniers, des trafiquants et des engins d’exploitation forestière à des zones autrefois inaccessibles.
Pourtant, les communautés locales, les peuples Baka et autres groupes forestiers, qui vivent en lisière ou parfois à l’intérieur même de la réserve, jouent un rôle crucial dans la préservation de cet écosystème. Leur connaissance intime de la forêt et leur mode de vie respectueux de ses ressources en font des alliés précieux dans les efforts de conservation. Mais pour que cette cohabitation harmonieuse perdure, il est urgent de renforcer les mécanismes de protection, de valoriser les alternatives durables pour les populations locales, et surtout de freiner l’industrialisation aveugle de la périphérie.
Le Dja, par sa beauté brute et sa richesse biologique, nous rappelle ce que le monde pourrait perdre si nous ne réconcilions pas développement humain et respect du vivant.
En forêt avec Luc
Nous progressons en file indienne, guidés par Luc, sur un sentier à peine marqué que la forêt semble avaler. Des racines traîtresses et des mousses glissantes nous obligent à lever les pieds plus haut que d’ordinaire, tandis que les troncs d’ arbres tombés font office de passerelle au-dessus de petits cours d’eau ou d’obstacle à notre marche rythmée. La chaleur est présente, mais la canopée dense filtre les rayons du soleil, baignant le sous-bois d’une lumière tamisée. Nos vêtements, choisis épais, sombres et couvrants, nous protègent des ronces, des moustiques et de ce sentiment de vulnérabilité face à cette nature immense mais pas de la sueur générée par un taux d’humidité extrémement élevé
À chaque halte, Luc nous fait découvrir un pan de ce monde végétal : là, un moabi gigantesque au tronc lisse et rougeoyant, dont la graine donne une huile rare, utilisée pour nourrir et soigner les populations locales ; plus loin, un grand arbre à caoutchouc dont l’écorce, entaillée avec précaution, libère une sève blanche. Une décoction utilisée pour combattre le paludisme associé à du miel, du gingembre et du citron Il nous montre comment prélever, sans danger, l’eau claire emprisonnée dans certaines lianes rigides ; un geste salvateur quand la soif se fait sentir.
Au cœur de la réserve, nous avons eu le privilège d’observer une plante fascinante : Pollia condensata.Cette herbacée vivace, appartenant à la famille des Commelinaceae, se distingue par ses fruits d’un bleu métallique éclatant, considérés comme les plus brillants du règne végétal .
Le Pollia condensata pousse généralement à l’ombre du sous-bois, atteignant jusqu’à un mètre de hauteur.Ses feuilles étroites et lisses encadrent des tiges florales portant de petites fleurs blanchâtres ou rose pâle.Cependant, ce sont ses fruits sphériques, d’environ 4 mm de diamètre, qui captivent l’attention.Leur couleur bleu intense ne provient pas de pigments, mais d’une coloration structurelle : des microstructures cellulaires qui réfléchissent la lumière de manière à produire cet éclat métallique unique .
Il suffit d’un regard attentif pour dénicher un champignon comestible ou une feuille aux vertus antiseptiques, le tout expliqué avec la précision et la bienveillance d’un homme qui vit au rythme de la forêt. Luc nous enseigne aussi à reconnaître les traces des mammifères : empreintes de pachydermes lourds, crottes de singes, terriers de porcs-épics. Mais c’est aux empreintes laissées par l’homme, vestiges de braconnage — douilles usagées, cartouches vides — que notre attention se fait plus grave. Ces indices nous rappellent que, malgré la présence des écogardes, la forêt est convoitée et menacée.
Lors de notre immersion nous avons eu le privilège d’observer le Mylothris schumanni, également connu sous le nom de Schumann’s Dotted Border.Ce papillon élégant, appartenant à la famille des Pieridae, est caractéristique des forêts denses d’Afrique centrale, notamment au Cameroun, en République du Congo et dans plusieurs autres pays de la région.
Le Mylothris schumanni se distingue par ses ailes délicatement bordées de motifs subtils, bien que les détails précis de sa coloration varient selon les sous-espèces.Les mâles adultes sont souvent observés en train de mud-puddling, une activité consistant à absorber des minéraux sur les rives humides des rivières, un comportement typique dans les forêts denses.
En milieu d’après-midi, nous atteignons notre campement. Les toiles s’élèvent avec célérité, et un déjeuner frugal — tranches de pain, pâte à tartiner, confiture — nous redonne des forces. Bientôt, nous repartons pour une boucle de huit kilomètres. Chaque pas nous révèle de nouveaux trésors : un groupe de singes hocheurs bondissant de branche en branche sef ait entendre mais sans qu’il ne soit possible de les apercevoir, l’éclat métallique d’un oiseau qu’on n’aperçoit qu’une fraction de seconde, un écureuil volant glissant entre deux troncs.
Au crépuscule, nous rallumons un feu au pied de la tente. La salade d’avocat et de tomates, assaisonnée d’oignons frais, précède un riz parfumé nappé d’une sauce d’arachide, agrémentée de morceaux de poisson fumé. Autour de la flamme, le crépitement du bois se mêle bientôt au concert de la nuit : criquets, rainettes, hiboux lointains et mayos (ou oiseaux-mouches) invisibles. Une tension douce-amère nous étreint : peur et émerveillement se répondent comme les battements d’un même cœur.
Alors que nous installions notre campement en lisière de forêt, notre attention fut captée par le vol gracieux d’un papillon aux ailes sombres et veloutées.Il s’agissait de Junonia stygia, également connu sous le nom de « pensée brune » ou « pensée d’Aurivillius » .
Junonia stygia appartient à la grande famille des Nymphalidae, réputée pour ses papillons robustes aux couleurs souvent vives. Ce papillon est présent dans de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre, notamment au Sénégal, en Guinée-Bissau, en Guinée, en Sierra Leone, au Libéria, en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Togo, au Nigeria, au Cameroun, au Gabon, en République du Congo, en République centrafricaine, en Angola et en République démocratique du Congo. Il trouve son habitat de prédilection dans les forêts tropicales, qu’elles soient primaires, secondaires ou perturbées.
À la première lueur de l’aube, nous replions nos sacs pour un long trek matinal. Le silence y est presque palpable, et c’est d’abord un souffle, un craquement, qui nous fait lever les yeux vers un groupe de chimpanzés dont les cris sont portés par le vent, restant invisibles tant la végétation est dense Luc nomme avec fierté quelques-unes des plus de quatre-vingt-dix espèces d’oiseaux recensées ici — oisillons aux chants cristallins et rapaces nocturnes dont les hululements résonnent dans l’air frais.
À chaque instant, cette immersion avec Luc nous rappelle que la Réserve du Dja n’est pas un simple décor : c’est un monde vivant, complexe et fragile, dont nous sommes à la fois les témoins privilégiés et les gardiens éventuels
Retour à Lomié : le marché et la fabrication du beurre de Moabi
De retour à Lomié, Pepijn nous propose de découvrir les richesses locales.Première étape : le marché.On y trouve des produits traditionnels, des fruits tropicaux, des herbes médicinales et de l’artisanat.Rapidement, nous sommes entourés de jeunes enfants qui nous accostent pour nous saluer et demandent à se faire photographier.Les marchandes aux étals colorés sont toutes souriantes et nous expliquent les produits mis en vente.
Le marché de Lomié est un véritable carrefour de la culture camerounaise.Parmi les étals, on découvre une abondance de fruits tropicaux tels que les mangues émeraudes, les ananas cayenne lisses orangés, les papayes solo et les fruits de la passion.Ces produits, souvent issus de l’agriculture biologique, sont prisés pour leur qualité gastronomique et leurs bienfaits pour la santé
Les herbes médicinales occupent également une place importante sur le marché.Des vendeurs proposent une variété de plantes utilisées dans la pharmacopée traditionnelle camerounaise.Ces remèdes naturels, transmis de génération en génération, sont employés pour traiter diverses affections et témoignent de la richesse des connaissances ancestrales en matière de santé .
Cette immersion au marché de Lomié offre une expérience authentique et enrichissante, permettant de découvrir les traditions locales et d’échanger avec les habitants dans une ambiance chaleureuse et conviviale.
Puis, nous visitons un petit atelier traditionnel, niché dans les anciens locaux de la mairie. Mais pour des raisons de sécurité le matériel les produits sont stockés dans la maison d’Yvonne, responsable de la coopérative fminine COOP-CA COTRAMO.Elle nous accueille dans sa demeure, pour nous expliquer le cycle de fabrication et le spropriétés de l’huile de MOABI
Ici les femmes du village fabriquent à la main le beurre de moabi. L’endroit embaume un mélange subtil de bois, de fruits secs et de chaleur végétale. Des bassines métalliques, des mortiers en bois et des feux à foyer ouvert composent l’essentiel de l’équipement. Tout se fait ici selon des savoir-faire ancestraux, transmis de mère en fille.
Les graines du moabi (Baillonella toxisperma), récoltées une à une dans la forêt, sont d’abord bouillies, puis séchées au soleil pendant plusieurs jours. Ensuite, elles sont concassées manuellement à l’aide de pierres ou de pilons, et réduites en une pâte brune, épaisse et légèrement collante. Cette pâte est ensuite chauffée longuement dans de grands récipients, jusqu’à ce que l’huile se sépare naturellement du résidu solide. Après filtration, on obtient une huile onctueuse, d’un beige doré, au parfum discret de noisette. En refroidissant, elle prend une consistance proche de celle du beurre de karité.
Les femmes nous expliquent que le beurre de moabi est un trésor de la forêt équatoriale. Riche en acides gras essentiels (notamment oléique et stéarique), en antioxydants naturels et en vitamines A et E, il est réputé pour ses propriétés nourrissantes, assouplissantes et cicatrisantes. Appliqué sur la peau, il hydrate en profondeur, répare les gerçures, apaise les irritations et favorise la régénération des tissus. Sur les cheveux, il renforce la fibre capillaire, lutte contre les pointes sèches et redonne brillance et souplesse, notamment aux cheveux crépus ou abîmés.
Contrairement à certaines huiles végétales plus connues, le beurre de moabi est particulièrement adapté aux climats chauds et humides : il pénètre rapidement sans laisser de film gras, et sa texture reste stable même à haute température. C’est un produit rare, difficile à extraire, dont la production demeure essentiellement locale.
Au-delà de ses vertus cosmétiques, l’huile de moabi est parfois utilisée en cuisine, notamment pour la friture ou comme huile de finition, grâce à sa saveur douce et sa stabilité à la chaleur. Mais dans la région, on préfère la réserver aux usages médicinaux et esthétiques, tant sa valeur symbolique et économique est élevée.
Assis dans le salon d’Yvonne, nous écoutons les rires et les récits de ces femmes dont le travail rythme la vie du village. Chacune tient un rôle dans le processus, et toutes partagent une même fierté : celle de valoriser une ressource forestière durable, tout en perpétuant une tradition profondément enracinée dans la culture locale.
Sous les grumes : voyage au cœur de la déforestation camerounaise
Nous nous rendons ensuite à une scierie locale, dans l’espoir de mieux comprendre les coulisses de l’industrie du bois au Cameroun. Mais à notre arrivée, une barrière solidement gardée nous bloque l’accès. Les vigiles, peu enclins à discuter, nous informent qu’aucune visite n’est autorisée. Déçus mais curieux, nous restons à l’extérieur, tentant d’observer ce qui se passe derrière les hauts murs de béton. À travers les grilles, nous distinguons d’immenses piles de planches : du moabi au grain sombre, du sapelli à la teinte cuivrée, de l’azobé aux nuances brun-rouge profond. Ces bois précieux, extraits de la forêt primaire, témoignent d’un déboisement massif. Chaque planche semble porter l’empreinte d’un arbre centenaire abattu, un fragment de forêt disparue.
En sillonnant les pistes de terre de la région, nous avons observé les traces profondes laissées par les camions transportant les grumes. Autrefois relativement intactes, simplement ravinées par les pluies saisonnières, ces pistes sont désormais constellées de crevasses larges et profondes, où la latérite s’effrite. Les « grumiers », comme on les appelle ici, roulent avec leurs chargements imposants, creusant la route, provoquant glissements de terrain et affaissements. À leur passage, un nuage de poussière rouge s’élève, s’infiltrant dans les habitations et ternissant l’air respiré par les villageois. Par endroits, la chaussée s’effondre, formant des ornières capables d’immobiliser même les véhicules les plus puissants.
Derrière ce spectacle, on mesure l’importance de l’industrie du bois pour l’économie camerounaise. Le pays compte parmi les principaux exportateurs mondiaux de grumes et de placages tropicaux. Le moabi est utilisé pour la fabrication de meubles haut de gamme et d’instruments de musique, le sapelli pour les boiseries fines et la menuiserie, l’azobé, pour sa résistance à l’eau et aux insectes, dans la construction de ponts, de quais ou de sols extérieurs. Les scieries, réparties le long des routes forestières, tournent à plein régime pour transformer les troncs en planches ou contreplaqués destinés à l’exportation vers l’Europe, la Chine ou le Moyen-Orient.
Chaque matin, de lourds camions chargés de grumes fraîchement coupées quittent la scierie dès l’aube. Nous les voyons s’élancer sur les pistes, moteurs rugissants, sous le regard résigné des habitants. Pour de nombreux jeunes, cette filière constitue la seule source de revenu stable : bûcherons, chauffeurs, employés de scierie ou ouvriers forestiers. Pourtant, les salaires restent modestes au regard des profits tirés de l’exportation, et les conditions de travail sont éprouvantes et dangereuses : manipulation de grumes instables, exposition à la poussière de bois toxique, utilisation de scies à ruban acérées, et crainte permanente des accidents sur des routes étroites et sinueuses.
Cette richesse économique a toutefois un lourd coût écologique. Le déboisement, parfois illégal ou non accompagné de replantation, réduit chaque année la surface de forêt intacte. Des zones jadis densément boisées se transforment en friches ou en plantations industrielles : palmiers à huile, hévéas, ou parasoliers à croissance rapide. L’absence de corridors forestiers fragilise la faune : les primates se retrouvent isolés, les éléphants voient leurs couloirs de migration se réduire, les espèces endémiques perdent leur habitat. À brève échéance, cette fragmentation menace l’équilibre écologique : l’humidité régulée par les arbres géants diminue, l’érosion s’aggrave, et le cycle de l’eau est perturbé, rendant certaines sources moins abondantes.
Nous faisons halte un instant, contemplant la silhouette d’un camion dont les roues soulèvent des volutes de poussière ocre. Nous prenons la mesure du dilemme : favoriser le développement économique local grâce à l’exploitation forestière, tout en préservant un écosystème vital. Des efforts de reboisement existent, portés par des ONG et certaines entreprises certifiées, mais ils peinent à compenser le rythme effréné de la déforestation. Les labels internationaux exigent une traçabilité stricte, fixent des quotas et encouragent une gestion durable des forêts, mais la corruption, le manque de contrôle et la concurrence internationale compliquent leur mise en œuvre.
Alors que nous reprenons notre marche en longeant la scierie interdite, nous entendons au loin le vrombissement d’une tronçonneuse et le claquement sec de planches empilées. Ce bruit nous rappelle brutalement qu’à chaque planche de bois précieux correspond un arbre abattu, un fragment de forêt ancienne disparu — et, quelque part, l’avenir incertain des forêts du Dja et d’ailleurs. Nous espérons que les autorités renforceront les contrôles, que les opérateurs adopteront des pratiques plus responsables, et que, peu à peu, un équilibre sera trouvé entre les besoins humains et la préservation de l’environnement. En levant les yeux vers la canopée encore intacte, nous prenons conscience qu’il reste une chance pour que la forêt primaire du Dja survive, respire, et abrite encore longtemps ses trésors vivants.
Un projet d’avenir pour le tourisme écologique à Pouyempoum
En fin de séjour, Pepijn nous conduit sur un site enchanteur, niché en bord de rivière, aux abords de Lomié. Le lieu, récemment acquis par un groupe dynamique d’entrepreneuses locales – déjà reconnues pour leur production artisanale d’huile de Moabi –, incarne les prémices d’un ambitieux projet d’éco-tourisme.
Leur vision ? Créer un éco-lodge touristique respectueux de l’environnement et des savoir-faire locaux. Le site naturel, encore sauvage, regorge de bassins d’eau cristalline, de petites plages de sable blond et d’îlots rocheux bordés de végétation. Les premières esquisses du projet prévoient l’aménagement de huttes d’accueil traditionnelles, un restaurant servant des produits locaux, et des espaces de détente et de jeux sur les îlots. Un pont en bois, à la fois pratique et esthétique, permettra de relier les différentes zones, invitant les visiteurs à une immersion totale dans la nature.
Actuellement, l’accès se fait par un pont de fortune, constitué de planches et de grumes disposées à la main – une traversée instable mais amusante, qui met à l’épreuve notre équilibre ! Ce passage rustique accentue le charme du lieu, et rappelle l’intimité encore préservée du site.
Dans cette région de l’est camerounais, encore largement délaissée par les circuits touristiques traditionnels, ce projet fait figure de pionnier. Il s’inscrit dans une logique de développement durable, en valorisant les ressources naturelles sans les exploiter à outrance, tout en soutenant l’économie locale et l’entrepreneuriat féminin. Avec ses rivières limpides, sa biodiversité foisonnante et ses paysages paisibles, Lomié a tout pour devenir une destination de référence pour les amateurs d’écotourisme.
Ce projet naissant est donc porteur d’espoir : celui d’un tourisme plus respectueux, plus équitable et enraciné dans les réalités locales, où l’on vient non seulement se détendre, mais aussi apprendre, rencontrer, et s’émerveiller.
Il devrait voir le jour en fin d’année 2025 pour le début de la saison sèche !
De Lomié à la frontière Congolaise
Nous quittons Lomié à l’aube, la route encore baignée d’une lumière douce qui caresse les toits en tôle ondulée. Aussitôt, le bitume cède la place à une piste de latérite rouge, couleur de la terre qui nous entoure. La poussière, soulevée par nos roues, se mêle à l’humidité ambiante, évoquant au loin l’odeur caractéristique de la forêt tropicale. Chaque bosse et chaque ornière nous rappellent combien cette région reste sauvage et isolée.
Au fil des kilomètres, nous traversons de petits villages aux habitations en bois et terre crue, presque sculptées dans la même teinte ocre que la piste. Les toits de chaume ou de tôle vieillie reposent sur des pilotis fragiles, dégageant une impression de simplicité authentique. Des enfants jouent à l’ombre d’un manguier, immobiles pendant un instant lorsque notre véhicule passe, puis reprennent leur activité avec insouciance. Avec quelques morceaux de bois, des roues de récupération et un volant bricolé, certains ont réussi à fabriquer de petites voitures artisanales. Ils les font glisser sur le sol argileux en riant, célébrant la joie de transformer l’ordinaire en un jeu infini.
Après plusieurs heures de piste, nous approchons du Fleuve Dja, barre naturelle formée par la rivière qui sculpte la forêt. Là, un bac rudimentaire est installé pour assurer le passage des véhicules.
La plateforme en bois, soutenue par des câbles et propulsée à la force du courant ou parfois à l’aide d’un petit moteur, offre un spectacle singulier : nos portières ouvertes, nous voyons le reflet des frondaisons se mêler à l’eau sombre. Deux imposants camions grumiers nous accompagnent. Le vrombissement des moteurs se fond dans le clapotis de l’eau et le froissement d’une brise légère.
Une fois la rive opposée atteinte, le bac décharge les véhicules sur une nouvelle piste de latérite, parfois à peine plus carrossable qu’un sentier. Elle s’enfonce à nouveau dans l’ombre dense de la forêt équatoriale. Les arbres, gigantesques, forment un tunnel végétal où la lumière zèbre la piste en faisceaux mouvants. Des lianes pendent en guirlandes, des fougères luxuriantes recouvrent les moindres touffes de sol et des fougères arborescentes s’élèvent comme des parasols géants.
Sur la route sinueuse alors que la végétation devient de plus en plus dense et luxuriante, un mouvement rapide dans la canopée attire soudain notre attention. En levant les yeux, nous avons la chance d’apercevoir, furtivement perché sur une branche, un coucou jacobin (Clamator jacobinus),oiseau discret mais remarquable tant par son plumage que par ses mœurs.
Tout à coup, un grondement sourd s’élève devant nous : un énième grumier déboule à toute vitesse, ses pneus énormes projetant des gerbes de latérite sur les essieux du camion. Sa cargaison de troncs interminables le positionne dangereusement sur la piste étroite. Son chauffeur, concentré, évite habilement les embûches, fusant dans un nuage de poussière
Nous nous tenons à bonne distance, conscients du risque mais fascinés par cette mécanique imposante qui tranche contre l’écrin vert de la forêt.
À mesure que nous nous enfonçons, la piste, parfois bordée de racines saillantes et de racines apparentes, semble mener vers une autre époque, où l’homme n’était qu’un visiteur audacieux dans ce cœur battant de la jungle. Les camions grumiers, symboles d’une exploitation économique intense, contrastent avec la quiétude des petits villages reculés et la grâce éphémère des enfants aux voitures de bois. Cette route, rude et éprouvante, tisse le lien fragile entre deux mondes : la civilisation naissante au cœur de la brousse et l’immensité intacte de la forêt primaire. C’est dans cette dualité fascinante que nous poursuivons notre périple, entre espoir de découverte et respect de l’inconnu.
Vous trouverez sur ce site de nombreux articles qui traitent des lieux à ne pas manquer au Cameroun .
vous pouvez faire une recherche par nom de ville en utilisant la loupe en haut à droite ou retrouver la liste complète en suivant ce lien : ARTICLES VILLES DU CAMEROUN
La Cuisine
Toutes les informations, par région sur la gastronomie camerounaise en suivant ce lien : La Cuisine camerounaise
LES SUPERMARCHES ET HYPERMARCHES
À Yaoundé, Cameroun, vous trouverez plusieurs supermarchés et hypermarchés pour vos besoins quotidiens. Voici quelques options populaires :
DAB BANQUES
LES LOGEMENTS
HOTEL LE RAPHIA – LOMIE
Durant notre séjour au Dja, nous avons passé nos nuits à l’hôtel Le Raphia, à Lomié : la première avant de nous enfoncer en forêt, la seconde à notre retour. Cet établissement, qui a connu des années prospères, montre aujourd’hui les marques du temps et appelle à une rénovation en profondeur. Les climatiseurs, autrefois si efficaces, ne fonctionnent plus que par intermittence, et l’alimentation en eau manque de régularité. Il manque également quelques touches modernes : de l’eau chaude dans les chambres, un réseau Wi-Fi fiable et notamment dans les chambres pour rester connecté.
Malgré ces faiblesses, Le Raphia conserve un charme indéniable. Géré de longue date par la patronne, qui veille avec dévouement à l’entretien de la propriété depuis le décès récent de son mari, l’hôtel garde une atmosphère chaleureuse et sincère. Son fils, ingénieur de formation, l’assiste dans la gestion quotidienne : nous avons particulièrement apprécié les discussions avec lui
Les jardins de l’hôtel offrent un véritable havre de paix : de magnifiques essences locales jalonnent les allées ombragées, où les oiseaux s’ébattent en toute quiétude et où les papillons voltigent en nuées multicolores. À l’heure douce du crépuscule, le chant des oiseaux se mêle au bruissement des feuilles, créant une ambiance presque magique. La terrasse, adossée à ces verdures, invite à la contemplation, profiter du paysage ou du coucher de soleil
Nous avons été captivés par le tumulte joyeux de choucador à oreillons bleus.Leurs cris nasillards et métalliques, semblables à un « skweer » prolongé, résonnaient à travers la canopée, formant une symphonie naturelle qui animait la forêt environnante.Ces oiseaux, reconnaissables à leur plumage bleu-vert irisé et à leurs oreillons bleus distinctifs, se déplaçaient en groupes bruyants d’un arbre fruitier à l’autre, ajoutant une touche vibrante au paysage verdoyant.
Lors de notre séjour nous avons eu le plaisir de découvrir le cassamangue, un fruit tropical également connu sous les noms de de cassimango, prune de Cythère ou pomme de Cythère. Ce fruit, très répandu dans le sud du Cameroun, est apprécié pour sa saveur sucrée et acidulée, ainsi que pour le jus rafraîchissant qu’on en extrait
Le cassamangue, également connu sous le nom de cassimango ou pomme de Cythère, est le fruit du prunier de Cythère, scientifiquement désigné sous le nom de Spondias dulcis.Originaire de Polynésie, cet arbre fruitier s’est largement répandu dans les régions tropicales, notamment en Afrique centrale et au Cameroun, où il est apprécié tant pour ses fruits que pour ses qualités ornementales.
Côté repas, la patronne met un point d’honneur à nous régaler. Le premier soir, nous avons dégusté une macédoine de légumes fraîche et savoureuse, suivie d’un plat de porc-épic aux épices locales (pour moi) et de poulet grillé (pour Nadège et les enfants). Le dessert, un ananas juteux découpé sur place, a conclu le repas avec légèreté. Au retour, pour notre dernier dîner, elle nous a servi une salade copieuse de tomates, concombres et œufs durs, suivie d’une saucisse maison délicatement épicée : une simplicité généreuse qui ravit autant le palais que le cœur.
Même si Le Raphia rêve à sa renaissance – climatiseurs repris en état, chauffe-eaux et Wi-Fi installés, chambres remises à neuf – l’adresse reste attachante. Elle incarne l’hospitalité authentique de Lomié et donne un avant-goût de la forêt environnante. Nous repartons le matin de notre deuxième nuit avec la gratitude de visiteurs choyés et la certitude qu’avec un peu d’investissement, ce petit havre pourra retrouver ses années fastes et continuer d’accueillir ceux qui, comme nous, cherchent une parenthèse sereine au cœur de la forêt équatoriale
MOTEL FORESTIERE PLAZA NTAM
Après plus de quatre heures sur une piste chaotique, nous atteignons enfin Ntam, épuisés mais soulagés. Nous nous dirigeons vers le Motel Forestière Plaza, une bâtisse modeste située à quelques centaines de mètres de la frontière. L’endroit, discret, propose quelques chambres semblables à de petites cahutes : murs crépis à la chaux, lit sommaire, une étroite fenêtre sans volet. À l’intérieur, pas d’eau chaude ni de climatisation, et le vieux ventilateur suspendu au plafond ne fonctionne plus — il ne bouge même pas lorsqu’on l’allume. L’électricité, fournie par un générateur, n’est disponible que de 18h30 à minuit.
Les tarifs sont simples : 10 000 FCFA la nuit, 3 000 FCFA pour le dîner (plat et dessert), et 1 500 FCFA pour le petit déjeuner.
Et pourtant… l’atmosphère, elle, est chaleureuse. La patronne, une femme à la voix chantante et au sourire lumineux, nous accueille comme si nous étions de vieux amis. Elle éclate de rire en nous félicitant pour notre traversée, les yeux écarquillés de curiosité à l’écoute de notre périple africain. Elle nous guide jusqu’à nos chambres avec de grands gestes bienveillants, nous invite à poser nos bagages, puis à revenir dans la cour.
Très vite, des effluves épicés envahissent l’air du soir : dans sa petite cuisine, elle mijote un poulet en sauce aux parfums relevés, accompagné de riz blanc, fumant et parfaitement cuit. Nous nous attablons autour d’une table rustique, affamés, et chaque bouchée nous ramène à l’essentiel : malgré le confort spartiate, l’instant est parfait. En dessert, elle nous offre une pastèque fraîchement coupée, juteuse et sucrée, dont le jus coule entre nos doigts en arrosant nos lèvres fatiguées. Entre rires et remerciements, la nuit s’installe doucement.
Repus et apaisés, nous regagnons nos chambres. Le silence de la frontière, rythmé par le bruissement des palmes et le cri lointain d’un oiseau nocturne, nous enveloppe. Le sommeil vient presque aussitôt, porté par la fatigue du voyage et la chaleur de l’accueil. Car au fond, ce que nous retiendrons de cette étape, ce ne sont ni l’eau chaude absente ni le ventilateur récalcitrant, mais la générosité sincère de notre hôtesse. Et c’est elle, bien plus que le confort moderne, qui restera gravée dans nos mémoires.
10 thoughts on “Réserve de Biosphère et de faune du Dja CAMEROUN +”