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Dolisie, poumon vert du Niari CONGO +

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À peine les roues de notre avion effleurent-elles le tarmac brûlant de Brazzaville que l’excitation nous saisit. La chaleur humide de l’Afrique centrale nous enveloppe instantanément, tandis que déjà, en filigrane, se dessine l’idée de notre prochaine escale : Dolisie, promesse d’horizons neufs et de rencontres inattendues. Les formalités s’enchaînent sans encombre : valises récupérées, portiques franchis, regards échangés — puis, au-delà des grilles, le cœur se serre un instant à la vue de notre fidèle Raptor, patientant là où nous l’avions laissé, dans un garage de confiance, le temps d’un changement de disques de frein et d’un contrôle général. Sous le soleil vertical, ses portières rayonnent de chaleur, comme si lui aussi brûlait d’impatience de reprendre la route.

Le moteur vrombit doucement. Nous quittons l’agitation de la capitale, et déjà le ruban de la nationale se déploie devant nous, sinuant au rythme du fleuve Congo, immense et solennel. Ses eaux aux reflets gris-verts semblent capter la lumière du matin dans un éclat silencieux. Par endroits, le bitume fatigue : nids-de-poule, fissures, cicatrices du temps. Mais notre véhicule avance, imperturbable. De part et d’autre, les villages se succèdent : quelques cases en tôle, des échoppes de fortune, des visages attentifs. Les enfants agitent la main, les femmes sourient en silence. La route est vivante, elle parle, elle accueille.

Nous suivons sans méfiance les indications de notre GPS, qui semble insister sur un itinéraire secondaire. Nous l’ignorons encore, mais il existe désormais une autoroute flambant neuve, à deux voies, qui relie Brazzaville à Dolisie d’un seul tenant. Nous, sans le savoir, empruntons une voie oubliée, celle que seuls les locaux ou les nostalgiques arpentent encore : l’ancienne route de Dolisie, redoutée en saison des pluies, transformée alors en bourbier. En cette saison sèche, elle semble accessible — du moins en apparence. Très vite, les promesses se délitent : ornières profondes, piste bosselée, ravinements creusés par les eaux passées. C’est un enchaînement de secousses et de vigilance, mais aussi de beauté brute.

Au fil des kilomètres, la savane s’efface. Elle cède peu à peu la place à des champs de canne à sucre à perte de vue, aux tiges d’un vert tendre agitées par le vent. L’air s’emplit d’un parfum doux, presque enivrant, mêlé de poussière et de chaleur. À l’horizon, les montagnes de Ngoma se découpent sur le ciel, leurs lignes bleutées tamisées par une brume légère. La route, elle, n’est plus qu’un ruban rouge, terreux, où chaque mètre conquis demande sa part d’attention. Le silence du lieu est rompu seulement par le cri lointain d’un calao, le bourdonnement d’insectes ou le bruit feutré de la poussière sous les pneus. Par endroits, des feuilles mortes couvrent la piste, comme si la forêt cherchait à refermer le passage.

Nous croisons quelques silhouettes : des paysans marchant en file, un sac de manioc sur la tête, un enfant somnolent attaché dans le dos. Un hochement de tête, un sourire, un instant suspendu. Le voyage prend alors une autre dimension : le temps se dilate, le paysage s’épaissit.

Aux alentours de treize heures, nous atteignons enfin Nkayi, fière et bruyante, capitale sucrière du Niari. La ville nous accueille dans un vacarme de moteurs et de klaxons, entre camions bondés de tiges de canne et vendeurs à la criée. Le marché central, foisonnant et coloré, regorge de visages, de voix, de senteurs : le maïs grille sur des braises noires, les bananes mûres côtoient les mangues encore vertes, et le poisson séché dégage son arôme puissant. À l’ombre d’un manguier, des brochettes fument sur un grill de fortune, entourées de rires et de conversations animées.

Nous faisons halte devant une station-service où étrangement nous n’observons pas de file de véhicules attendant leur tour. La pénurie de carburant, contrairement à Brazzaville, ne fait pas partie du quotidien. Le  sort nous sourit : la pompe est alimentée. Tandis que le plein se fait lentement, nous en profitons pour souffler, observer, écouter. Nkayi ne se donne pas, elle se dévoile, par fragments, par regards croisés.

Une heure plus tard, le pare-brise dépoussiéré et le moteur tiède, nous quittons la ville. Direction : Dolisie, encore une centaine de kilomètres plus au sud-est. Le long de la route, les paysages défilent, marqués par des brasiers allumés volontairement, dont les lueurs rougeoyantes tranchent avec la clarté du jour. Par endroits, le vent tourbillonne, soulevant des cendres fines et noires qui retombent en volutes sur notre passage, noircissant les bas-côtés, dansant autour du véhicule, troublant parfois la visibilité. L’air se charge d’une odeur âcre de végétation brûlée. À mesure que nous progressons, les foyers se font plus nombreux, comme autant de balises inquiétantes signalant une présence humaine fragmentée au cœur d’un territoire que la forêt peine à reprendre. Le Congo s’offre à nous dans une lumière trouble, entre incendies maîtrisés et nature qui résiste.

Lorsque les premiers panneaux annoncent l’approche de Dolisie, une fatigue douce nous gagne. Le cœur est calme, l’esprit un peu ailleurs. Car, nous le savons déjà, c’est entre Brazzaville et Nkayi que le voyage a réellement commencé : sur ces pistes oubliées, dans cette poussière rouge, ces saluts furtifs, ces senteurs de canne et de feu de bois. C’est là, dans l’imperfection vibrante de la route, que nous avons senti le Congo battre. Demain, Dolisie nous offrira d’autres visages. Mais ce soir, Nkayi résonne encore en nous, comme un prologue dense, rugueux et magnifique à cette nouvelle traversée.

DOLISIE

ITINERAIRE

Entourée de collines verdoyantes et blottie aux lisières de la grande forêt du Mayombe, Dolisie — anciennement appelée Loubomo — déploie une énergie tranquille, presque insaisissable. Vue depuis les hauteurs, elle semble à la fois contenue et vaste, une ville-charnière entre le monde forestier et les grandes plaines du Niari.

C’est en milieu de matinée que nous quittons notre hébergement aux Mess Caps, attirés par l’envie de sentir battre le pouls de la ville. La lumière douce du matin caresse les façades patinées du centre-ville, vestiges d’une architecture coloniale où l’on perçoit encore le souci d’alignement et d’aération d’une ancienne station climatique. Dolisie n’est pas immense, mais elle respire, elle palpite — dans ses avenues plantées d’arbres, dans ses places animées, dans ses marchés débordants d’activité.

À pied, nous nous dirigeons vers le sud, en direction de la rivière Nkodo. Pour cela, nous laissons la voiture à proximité du marché Passi Ngolo, vaste labyrinthe où se mêlent odeurs de gingembre frais, éclats de voix, couleurs chatoyantes de pagnes et cliquetis de casseroles. Des femmes souriantes vendent des régimes de bananes, du poisson fumé, des cossettes de manioc, tandis que des hommes chargent des sacs de charbon ou de farine sur des charrettes brinquebalantes.

Nous quittons l’agitation du marché pour emprunter un sentier de latérite qui serpente vers la rivière. Les passants nous saluent avec chaleur — grands sourires, « bonjour le blanc ! », mains levées —, nous indiquant le chemin d’un geste avenant. Au détour d’un carrefour, nous faisons la rencontre d’Armand, un homme affable d’une cinquantaine d’années. Ancien instituteur, puis journaliste, il est désormais responsable d’un service social local. Curieux de notre présence, il nous interroge d’abord avec prudence : que faisons-nous ici ? Sommes-nous venus pour une ONG, pour un reportage ? Très vite, notre sincérité désarme sa méfiance. Il comprend que nous ne sommes ni enquêteurs ni humanitaires, juste des voyageurs désireux de comprendre ce pays de l’intérieur.

Lors de notre ballade  nous avons observé un cordonbleu d’Angola Uraeginthus angolensis ,une espèce de passereau appartenant à la famille des Estrildidae. Cet oiseau mesure environ 11,5 cm de longueur. Il ressemble beaucoup au Cordonbleu à joues rouges que nous avions observé au Sénégal mais sans la coloration rouge caractéristique de cette espèce et d’un bleu beaucoup plus vif. La femelle avec les parties inférieures beiges ressemble beaucoup aux autres femelles de ce genre mais présente un bec rose plus vif. Celui du mâle est rouge avec l’extrémité noire. Les yeux sont marron et les pattes brun clair.

Il nous conduit jusqu’à la berge de la rivière Nkodo, étroite mais vive, bordée d’herbes hautes, de papayers et de manguiers. Là, Armand nous parle à cœur ouvert. Il évoque la vie quotidienne à Dolisie, les difficultés économiques, le chômage massif, la jeunesse livrée à elle-même, les ravages silencieux de l’alcool et de la drogue, surtout chez les adolescents. Il parle aussi des routes défoncées, des écoles en manque de matériel, du rêve toujours lointain d’un avenir meilleur. Il nous dit tout cela sans plainte, mais avec lucidité. C’est une fenêtre franche, sans fard, sur le Congo d’aujourd’hui.

Nous le remercions longuement avant de reprendre la route du centre. Sur notre chemin, nous faisons halte au grand marché couvert, un bâtiment à étages aussi démesuré qu’inachevé. À l’intérieur, les étals s’enchevêtrent sous des toits de tôle, les vendeurs crient leurs prix au-dessus du brouhaha. On y trouve de tout : légumes, viande, savon artisanal, appareils électroniques, ustensiles de cuisine, bottes en plastique. C’est un monde en soi, grouillant, dense, labyrinthique. On s’y perd facilement, mais on y découvre mille petites scènes de vie.

Plus loin, une halte s’impose à l’église Notre-Dame, imposante silhouette blanche qui surplombe une place poussiéreuse. Dans le calme de son enceinte, quelques fidèles viennent prier ou se reposer sur les bancs en bois. L’ambiance contraste fortement avec l’agitation extérieure. La lumière filtrée par les vitraux donne aux murs un éclat doré, presque surnaturel.

Avant le déjeuner, pris d’une envie d’explorer plus loin, nous prenons la route vers un lieu emblématique de la région : le Lac Bleu, situé à quelques kilomètres de la ville. La piste qui y mène traverse des collines boisées, où apparaissent parfois des scieries, témoins de l’exploitation forestière qui a valu à Dolisie son surnom de « capitale de l’or vert ». Le lac, lové dans un cratère, est célèbre pour ses reflets turquoise intenses par temps clair. Mais aujourd’hui, le soleil joue à cache-cache derrière une couverture nuageuse, et les couleurs du lac, bien que belles, n’atteignent pas leur splendeur habituelle. Le paysage reste néanmoins spectaculaire, apaisant, avec le chant des oiseaux et le bruissement du vent dans les arbres.

Cascade de Madiaba, cascade oubliée du grand Niari

ITINERAIRE

Le lendemain, un dimanche matin baigné de lumière, nous quittons Dolisie avec l’envie d’explorer les alentours. Notre objectif du jour : rejoindre les chutes de Madiaba, nichées quelque part dans les profondeurs du département du Niari.

Pleins d’enthousiasme, nous suivons les indications de Google Maps qui, une fois de plus, se révèlent capricieuses. Après Mikokoti, la route goudronnée s’efface, remplacée par une piste poussiéreuse, sinueuse, qui s’enfonce dans une savane broussailleuse. D’abord praticable, la voie devient bientôt trop étroite, envahie par les herbes hautes, les termitières et des fourrés épais. Les arbres paraissent s’être concertés pour barrer le passage. L’illusion de pouvoir continuer s’évanouit au détour d’un virage, et nous rebroussons chemin, quelque peu frustrés.

Sous l’écorce du temps : l’arbre de Brazza, géant silencieux de Dolisie

À huit kilomètres au sud du centre-ville de Dolisie, juste avant le poste de péage sur la route de Pointe-Noire, un géant paisible attire le regard des voyageurs. Immobile depuis des siècles, il semble veiller sur la route et ses passants. Il ne s’agit pas d’un monument construit par la main de l’homme, mais d’un arbre — un baobab colossal, surnommé l’arbre de Brazza, dont la silhouette majestueuse tranche sur le paysage verdoyant.

Ce baobab, emblématique et mystérieux, tient sa renommée d’un épisode légendaire, à la frontière entre l’histoire et le mythe. On raconte que Pierre Savorgnan de Brazza, explorateur français et figure controversée de la colonisation en Afrique centrale, s’y serait un jour arrêté, épuisé, pour y trouver un peu d’ombre et de répit. À cette époque, la région n’était encore qu’un vaste territoire de forêts, de pistes et de villages. La légende dit que c’est sous ce baobab, dont le tronc immense forme presque un abri naturel, que l’explorateur aurait fait une sieste réparatrice.

Vrai ou non, cet épisode a suffi à ancrer ce baobab dans l’imaginaire collectif. Il est devenu un lieu de mémoire, de passage et d’expression. En s’en approchant, on est frappé par sa hauteur impressionnante et par la puissance tranquille qu’il dégage. Son tronc, large de plusieurs mètres, porte les traces visibles de son lien avec les hommes. L’écorce est marquée de centaines de gravures, des noms, des dates, des messages d’amour ou de revendication, certains anciens et presque effacés, d’autres plus récents, encore nets. C’est un palimpseste vivant, une sorte de livre ouvert où plusieurs générations ont laissé leur trace.

Parmi les inscriptions les plus anciennes, on peut lire les noms de fonctionnaires coloniaux, de soldats français ou encore de voyageurs européens passés par là à la fin du XIXe siècle ou au début du XXe. Certains y ont inscrit leurs noms, leurs initiales, et la date de leur passage – « G. Dumont – 1897 », « Lieutenant B. – 1903 » –, parfois accompagnés d’une mention brève comme « arrivé à pied de Loango » ou « mission jusqu’à Brazzaville ». Ces traces témoignent des premiers contacts européens avec l’intérieur du pays, à une époque où la route entre la côte et les terres centrales était encore un long périple à pied ou à cheval.

D’autres gravures, plus touchantes ou intrigantes, semblent venir de soldats africains enrôlés de force, ou d’anciens cheminots qui travaillaient sur la ligne du chemin de fer Congo-Océan. On peut y lire des prénoms, des proverbes, des dates, parfois même des mots en langues locales ou des symboles mystérieux. Certains messages sont plus récents, gravés dans les années 1960 ou 1970, période d’intenses déplacements entre Pointe-Noire et l’intérieur, à l’époque de la construction des grands axes routiers.

Sous ses branches épaisses, l’air est plus frais, presque silencieux. Des oiseaux s’y réfugient, des enfants viennent y jouer, des anciens s’y retrouvent parfois pour discuter à l’ombre. Des visiteurs de passage s’arrêtent pour prendre des photos, poser la main sur son écorce rugueuse, ressentir le poids du temps. Car ce baobab n’est pas seulement un arbre. Il est un témoin. Témoin des changements de la région, des mouvements de population, du bitume qui a remplacé la piste, du va-et-vient incessant entre Pointe-Noire et Dolisie.

L’arbre de Brazza suscite aussi des débats : certains questionnent la véracité de l’anecdote liée à l’explorateur. Aucun document officiel ne confirme qu’il s’y soit vraiment arrêté. Pourtant, ce détail importe peu. Ce que les habitants racontent et ce que les visiteurs ressentent suffisent à nourrir l’aura du lieu. Ce baobab incarne à la fois la mémoire coloniale, la résilience des traditions orales, et la relation intime entre l’homme et la nature en Afrique centrale.

Avec le développement de la région, le site gagnerait à être mieux protégé et mis en valeur. Une signalisation touristique, une mise en sécurité des abords, voire un panneau explicatif, permettraient de préserver ce patrimoine vivant sans le figer. Car si l’arbre de Brazza appartient à tous, il reste d’abord l’enfant d’une terre — celle du Niari, riche en légendes, en forêts, en récits oubliés.

ITINERAIRE

 

FAUNE ET FLORE

J 1108 CORDONBLEU D’ANGOLA Uraeginthus angolensis DOLISIE NIARI CONGO

J 1108 Belonogaster juncea RESTAURANT PK150 DOLISIE NIARI CONGO

J 1109 Cichladuse à queue rousse Cichladusa ruficauda MESS CAPS DOLISIE NIARI CONGO

VIDEOS  

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La Cuisine 

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Dolisie recèle quelques adresses où poser ses valises pour un repas, du petit creux matinal au dîner plus copieux, chacune offrant un registre de tarifs adapté à toutes les envies et tous les budgets.

LE RESTAURANT DU MESS CAPS – DOLISIE

BEIGNETS DE MISSALA

Au cœur du quartier Gaïa, le Mess CAPS Dolisie (parfois appelé Mess Gaps) séduit par son cadre épuré et sa carte cosmopolite. Comptez environ 4 000 à 6 000 FCFA pour un tajine parfumé, 5 000 à 7 000 FCFA pour un curry relevé, et 2 000 FCFA le café gourmand en dessert. L’atmosphère y est chaleureuse, et l’on repartira rassasié pour explorer la ville.

Le soir venu, nous nous installons au restaurant du Mess Gaps, une adresse bien connue à Brazzaville pour l’excellence de sa cuisine. L’ambiance y est feutrée, élégante sans être prétentieuse, avec un service attentionné et une carte qui met à l’honneur les produits du terroir et la gastronomie congolaise revisitée.

ANTILOPE BRAISEE

La grande spécialité de la maison, ce sont les missala, des écrevisses d’eau douce que l’on trouve dans les rivières et affluents du Congo.

Leur chair ferme et délicate, rappelant celle des gambas, en fait un mets recherché, très apprécié des amateurs de crustacés. Ces écrevisses sont préparées ici de multiples façons, toutes plus savoureuses les unes que les autres : à la diable, relevées d’une sauce pimentée et parfumée aux herbes locales ; nature, simplement grillées pour faire ressortir la finesse de leur chair ; flambées au pastis, pour une touche anisée originale ; à l’américaine, dans une sauce onctueuse à la tomate et au cognac ; ou encore en brochettes, saisies au feu de bois et servies avec une garniture de légumes sautés.

MISSALA A LA DIABLE

Nous commençons le repas par des beignets de missala, servis avec une sauce cocktail légèrement relevée.

Croustillants à l’extérieur et tendres à l’intérieur, ces beignets constituent une mise en bouche raffinée qui annonce avec brio la suite du repas.

En plat principal, je choisis les missala à la diable, relevées juste ce qu’il faut pour en exalter la saveur sans masquer leur goût délicat. Les enfants optent pour une version nature, accompagnée de riz parfumé et de légumes croquants.

Nadège, quant à elle, se laisse tenter par une magnifique pièce d’antilope braisée, cuite à point, fondante et subtilement marinée aux épices locales.

Pour finir ce dîner tout en finesse, nous nous laissons séduire par des bananes flambées, servies avec une touche de rhum brun et de vanille, qui viennent clôturer ce repas sur une note douce et généreuse. Un vrai moment de plaisir culinaire dans ce havre de paix gastronomique qu’est le Mess Gaps.

SAUTE DE GAZELLE

Pour le dîner de notre second jour à Dolisie, nous décidons de revenir au restaurant du Mess Caps. L’accueil est toujours aussi chaleureux, le cadre feutré, et les nappes impeccablement dressées sous la lumière douce des appliques murales. Cette fois-ci, nos choix culinaires s’orientent vers deux plats très différents mais tout aussi prometteurs : un poulet au curry, généreusement nappé de sauce dorée aux parfums épicés, et une assiette plus rare, plus typique aussi – de la gazelle sautée.

La viande de gazelle, bien que soumise à des régulations strictes, reste consommée dans certaines régions du Congo, en particulier dans les zones où la chasse traditionnelle est encore pratiquée. Elle est réputée pour sa chair tendre, maigre, au goût subtil rappelant parfois celui du veau ou du gibier doux. Cette viande, souvent obtenue auprès de chasseurs locaux ou de marchés villageois en périphérie des grandes villes, est préparée selon diverses méthodes. On la fait mariner longuement dans un mélange d’ail, d’oignons, de piment et d’herbes locales, avant de la cuire à l’étouffée, en brochettes ou, comme ici, sautée à feu vif.

MISSALA FLAMBEES AU PASTIS

Au Mess Caps, la gazelle nous est servie découpée en fines tranches, dorées dans une poêle, accompagnée d’une sauce légèrement relevée et de légumes sautés. Le plat est à la fois rustique et raffiné, respectueux de la texture délicate de cette viande peu grasse. À chaque bouchée, c’est un pan du terroir congolais qui s’exprime, entre tradition forestière et adaptation urbaine.

Si la consommation de viande de brousse, dont fait partie la gazelle, soulève aujourd’hui des questions éthiques et environnementales, elle reste ancrée dans certaines habitudes alimentaires, en particulier dans les zones où les ressources agricoles sont limitées et où la chasse constitue encore un complément de revenus ou de subsistance. Goûter ce plat, c’est donc aussi approcher une part de la complexité des rapports entre nature, culture et alimentation en Afrique centrale.

BROCHETTES DE MISSALA

Pour notre dernier dîner à Dolisie, nous retournons une fois encore au restaurant du Mess Caps, devenu en quelques jours notre point de repère chaleureux. Cette fois, nous nous laissons tenter par de nouvelles saveurs. Bastien opte pour les brochettes de missala, spécialité locale qu’il affectionne particulièrement : croustillantes à souhait, parfaitement grillées, elles dégagent un parfum alléchant dès leur arrivée à table. Quant à moi, je choisis les missala flambées au pastis, une variation audacieuse et très réussie qui apporte une note anisée originale à cette délicatesse congolaise. Nadège, de son côté, se régale d’une saucisse de Toulouse accompagnée d’un sauté de légumes, un clin d’œil rassurant aux traditions culinaires françaises, tandis que Margot savoure deux généreux pics à brochettes de poulet tendre et juteux.

SAUCISSES DE TOULOUSE

La veille déjà, nous avions apprécié un repas plus simple mais tout aussi agréable, partagé dans la bonne humeur après notre longue marche vers la cascade de Madiaba : une salade de thon et tomates pour Margot et Nadège, un croque-madame pour Bastien, et pour ma part, un bar grillé à la chair ferme et parfumée.

Un moment marquant a précédé ce dîner : à notre retour au Mess Caps, une belle surprise nous attendait. Smith Elo, l’un de nos fidèles abonnés congolais, avait vu sur nos pages que nous étions à Dolisie et tenait absolument à nous rencontrer. Son enthousiasme nous touche. Smith est lui-même créateur de contenu, passionné par la mise en valeur de son pays : il tient un site internet et des comptes sur les réseaux sociaux où il partage ses découvertes, ses bonnes adresses et les trésors cachés du Congo. Son objectif, comme le nôtre, est de démocratiser le voyage, en valorisant les savoir-faire locaux, les sites naturels, les restaurants, les hôtels, et en encourageant ainsi un tourisme respectueux et porteur de sens. Ce genre d’initiative, en tissant des liens entre voyageurs et populations locales, contribue à un cercle vertueux : plus de visiteurs, c’est plus de fierté, de transmission, et d’efforts pour préserver les richesses naturelles.

Alors amis congolais, si vous souhaitez suivre un passionné qui valorise avec fierté vos terres, retrouvez-le sur Facebook, sur Instagram Evasion Natpic ou encore sur sa chaîne YouTube. Un beau moment d’échange entre enfants du monde, unis par le désir de découvrir et de faire découvrir.

Demain, nous quittons Dolisie et le Mess Caps avec un petit pincement au cœur, reconnaissants pour ces rencontres inattendues, ces tables savoureuses et ces moments partagés qui resteront longtemps gravés dans notre mémoire.

RESTAURANT PK 150

BOUILLON D’ANTILOPE

Pour le déjeuner, après notre promenade à Dolisie et notre halte au bord de la rivière, nous prenons la direction du restaurant PK150, un établissement réputé de l’entrée sud de la ville, le long de la Route Nationale 1. Dès notre arrivée, nous sommes séduits par l’ambiance chaleureuse du lieu : un décor moderne et cosy, baigné de lumière grâce à de vastes baies vitrées qui donnent sur une végétation luxuriante typique du Niari. Des touches de bois brut et de rotin apportent une touche locale à l’élégance épurée du mobilier, et quelques tableaux colorés inspirés de la faune congolaise décorent les murs.

Le service est un peu long, mais le patron — affable et passionné — vient à notre rencontre pour s’en excuser. Il nous explique que tous les plats sont préparés à partir de produits frais, en circuit court : viandes locales, légumes du marché, poissons de rivière… Une philosophie qui nous parle immédiatement.

Margot commande un burger maison, juteux et bien garni, accompagné de frites dorées et croustillantes. Bastien opte pour une salade César généreuse, avec du poulet grillé encore tiède et une sauce relevée juste comme il faut. Nad se laisse tenter par une pizza veggie garnie de légumes du jardin, fondante et colorée.

SALADE CESAR

Quant à moi, je ne peux résister à la tentation d’un bouillon d’antilope, une spécialité rare et typiquement congolaise. La viande, cuite longuement dans un bouillon aromatique aux herbes locales, est d’une tendreté remarquable. Elle se détache toute seule de l’os, libérant une saveur à la fois fine et sauvage, rappelant celle du gibier. L’arôme du plat est rehaussé par des éclats de gingembre, d’ail, d’oignons frais et de feuilles d’oseille pays, parfois remplacées par du basilic africain ou du poivre sauvage selon les saisons.

Consommée principalement dans les régions forestières, la viande d’antilope est très prisée pour son goût subtil et sa faible teneur en graisse. Elle peut se préparer braisée sur feu de bois, en sauce tomate pimentée, en brochettes, ou comme ici, en bouillon, une méthode de cuisson qui permet de conserver toute sa tendreté et ses arômes. Dans certaines zones rurales, l’antilope est fumée avant d’être cuisinée, ce qui confère à sa chair une dimension rustique et boisée particulièrement appréciée.

Notre repas est arrosé de deux grandes bières Ngok, une boisson bien fraîche qui accompagne à merveille les plats épicés. Une grande bouteille de soda et une autre d’eau complètent notre commande. L’ensemble nous revient à 25 000 FCFA, un prix tout à fait raisonnable au vu de la qualité des mets et du moment passé ensemble.

Alors que nous étions confortablement installés un visiteur inattendu fit son apparition. Une guêpe la Belonogaster juncea, fine et nerveuse, surgit dans le calme ambiant, dessinant dans les airs des trajectoires précises, presque géométriques. Elle voletait au-dessus de notre table, attirée sans doute par les effluves mêlés de viande, de sauce et de sucre.

Nous quittons le PK150 repus et heureux, avec la sensation d’avoir goûté, au-delà des plats, un peu de l’âme du Niari.

LES LOGEMENTS  

MESS CAPS

À notre arrivée à Dolisie, après avoir roulé depuis Brazzaville à bord de notre Raptor, puis fait escale à Nkayi, nous découvrons le Mess CAPS, dissimulé derrière une façade sobre mais soignée. L’endroit ne paie pas de mine au premier regard, mais il suffit de franchir le seuil pour pénétrer dans un petit havre de paix niché au cœur de la ville.

La réception, baignée de lumière, s’ouvre d’un côté sur une salle de restaurant conviviale, et de l’autre sur un espace détente inattendu : une piscine de taille modeste mais d’une propreté irréprochable, entourée de carrelage clair et de quelques transats. À proximité, un baby-foot invite à des parties endiablées, tandis qu’un petit salon lounge, meublé de fauteuils en osier, prolonge l’atmosphère de repos. Une cabane surélevée en bois, au toit de tôle ondulée, trône au fond du jardin : les enfants l’adoptent aussitôt comme base d’observation, tandis que les adultes y voient un perchoir agréable pour lire ou discuter à l’ombre.

Nos deux chambres, réservées pour trois nuits (120 000 FCFA au total), se trouvent dans un bâtiment voisin, à quelques pas du parking. À l’ouverture de la porte, une sensation immédiate de fraîcheur et de confort nous enveloppe. Les lits king-size, impeccablement faits, trônent au centre de la pièce. Les draps , repassés avec soin, contrastent avec les boiseries sombres de l’armoire spacieuse. Chaque chambre est équipée d’un coin bureau discret mais fonctionnel, idéal pour étudier cartes ou récits de voyage. La climatisation, silencieuse et efficace, promet des nuits paisibles.

Dans la salle de bains, le carrelage clair reflète la lumière naturelle. La douche à l’italienne offre une pression d’eau généreuse – un luxe que nous n’apprécions que mieux après la chaleur de la route. Les serviettes, épaisses et moelleuses, sont accompagnées de petits savons artisanaux à base d’huiles locales. Un large miroir au cadre en bois complète cet espace simple mais soigné, pensé pour le confort sans excès.

Le rez-de-chaussée du Mess CAPS réserve d’autres agréments. Un patio ombragé, au mobilier de rotin patiné par les ans, accueille nos fins d’après-midi. Nous y sirotons des jus de bissap ou des sodas locaux tout en laissant filer le temps, bercés par le bruissement lointain de la ville.

Les murs sont décorés de photographies anciennes de Dolisie, et de portraits en noir et blanc de l’ancien propriétaire des lieux – autant de clins d’œil à l’histoire congolaise qui donnent à l’endroit une âme discrète mais bien présente.

Grâce à son emplacement central, le Mess CAPS nous permet de partir à pied explorer les rues de Dolisie. Entre les échoppes de tailleurs, les vendeurs de fruits installés sous des parasols en toile délavée, et les petits marchés couverts, chaque promenade devient un prétexte à la découverte. Le soir, nous retrouvons toujours avec plaisir notre paisible retraite, ravis de savourer un dîner servi avec simplicité mais préparé avec soin, à base de produits locaux.

Ce logement, pratique sans être impersonnel, confortable sans être ostentatoire, et sincèrement accueillant, s’impose comme le point de chute parfait pour goûter les charmes discrets de Dolisie, au rythme tranquille et chaleureux de la vie congolaise.

LES LIENS VERS LES PHOTOS  

J 1107 Piste de Dolisie, poumon vert du Niari CONGO

TENTATIVE DE REPARATION DE NOTRE SYSTEME DE FREINS A BRAZZAVILLE

J 1108 INSTALLATION AU MESS GAPS DOLISIE NIARI CONGO

J 1108 RESTAURANT DU MESS CAPS DOLISIE NIARI CONGO

LES LIENS