Cordonbleu à joues rouges Uraeginthus bengalus – Red-cheeked Cordon-bleu +

Nous avions déjà aperçu le CORDONBLEU A JOUES ROUGES lors de notre circuit pédestre entre PODOR et NGWALE, au Sénégal évoluant en petits groupes dans les herbes hautes au bord des champs de mil, et c’est avec autant d’attention que nous avons repéré cette femelle cordon-bleu à joues rouges près des chutes de la Metché. Son corps élancé, long d’à peine dix à douze centimètres du bec à la queue, pèse moins de quinze grammes ; sur ses fines pattes rosées, elle arbore un plumage d’un brun chaud sur le dos, tandis que ses flancs et son ventre se parent d’un bleu pâle, presque laiteux, qui s’estompe en gris-bleu chez les plus timides des juvéniles.
L’absence de la tache rouge ovale sur les couvertures auriculaires, qui orne le mâle, fait de la femelle une créature aux nuances discrètes ; son bec court et pointu, d’un rose délicat, se termine parfois d’un gris sombre à l’extrémité. Les rectrices, plus soutenues en bleu, contrastent avec le croupion et les couvertures sus-caudales, où le bleu se fait plus doux.
Son chant, que nous avons entendu tant à Podor qu’à la Mantché, mêle des « tsit-tsit » brefs, sortes de cris de contact, et un chant riche en trilles et modulations. Face au tumulte de la cascade, ses notes aiguës percent le bruit de l’eau, témoignant d’une plasticité vocale voisine de celle du cordon-bleu de l’Angola.
Nous l’avons observée se nourrir dans une savane parsemée d’acacias et de buissons épineux, jusqu’à 1 800 m d’altitude : elle glanait des graines de sorgho et de mil au sol, alternant avec quelques captures de termites et de fourmis volantes en vol stationnaire. Son envol, rapide et droit, se ponctuait d’ondulations rapides, chaque battement d’aile semblant calculé pour économiser son énergie minuscule.
À la fin de la saison des pluies, nous avions repéré à Podor le nid-dôme classique : un amas de fibres végétales, d’herbes sèches et de toiles d’araignée, suspendu moins d’un mètre au-dessus du sol, avec une porte latérale soigneusement dissimulée. Ici, à la Mantché, de fins amas de brins tressés entre deux branches laissent deviner que la femelle s’apprête à pondre ses trois à six œufs : pendant dix à quatorze jours, les parents se relaieront pour couver, avant que les oisillons, aux premières lueurs de leur plumage bleu terne, n’émergent au bout de vingt-et-un jours.
Cette espèce, classée « préoccupation mineure » par l’UICN, vit généralement de trois à cinq ans à l’état sauvage mais reste vulnérable à la destruction des buissons et à l’usage d’insecticides. Partout où nous l’avons retrouvée – que ce soit dans les broussements clairsemés de Podor ou sur les terrasses détrempées de la Mantché – elle porte la délicatesse et la résilience d’un oiseau au plus près de la terre, dont la présence discrète mais mélodieuse rythme le paysage africain.
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