Colobe guereza matschiei C. g. matschiei +

Nos marches naturalistes à Bigodi Swamp, aux abords de la forêt de Kibale, nous ont offert l’occasion privilégiée d’observer le colobe guéréza (Colobus guereza matschiei), l’un des primates les plus emblématiques de l’Afrique de l’Est. Nichés dans la canopée, leurs silhouettes noires et blanches se détachaient avec éclat sur le feuillage tropical, se déplaçant avec une aisance aérienne entre les arbres qui bordent les marais.
Une esthétique contrastée
Le guéréza est reconnaissable entre tous par son pelage noir profond, encadré de longues franges blanches le long des flancs et d’une queue terminée par un pinceau immaculé. La sous-espèce matschiei, propre au sud-est de l’Ouganda, à l’ouest du Kenya et au nord-ouest de la Tanzanie, se distingue par :
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un manteau blanc plus court que chez d’autres formes,
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une queue uniformément blanche, contrastant fortement avec le corps sombre,
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une silhouette plus trapue et massive que celle du guéréza du Kilimandjaro (C. g. caudatus).
Habitat et mode de vie
La forêt de Kibale constitue l’un des hauts lieux de biodiversité d’Afrique, réputée pour sa densité en primates. Les guérézas y trouvent un habitat idéal :
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ils exploitent la canopée forestière et les galeries boisées qui bordent les marécages,
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ils se nourrissent principalement de jeunes feuilles, mais consomment aussi des fruits, des fleurs et parfois des graines,
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leur système digestif spécialisé — avec un estomac compartimenté rappelant celui des ruminants — leur permet de tirer profit d’une alimentation folivore que peu d’autres singes tolèrent.
Sociabilité et observations
Lors de nos balades naturalistes à Bigodi Swamp 1 et 2, nous avons observé des troupes de plusieurs individus, souvent perchés à grande hauteur. Leur comportement contrastait avec celui des cercopithèques voisins :
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les guérézas, plus silencieux et réservés, se laissent rarement approcher,
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ils émettent cependant des vocalisations profondes et gutturales, audibles au lever du jour, qui servent à marquer leur territoire et à maintenir la cohésion du groupe.
Parfois, ils partagent l’espace avec d’autres primates, comme les cercopithèques à diadème ou les singes rouges de Kibale, formant un mosaïque comportementale unique.
Importance écologique
En se nourrissant d’une grande variété de feuilles, le guéréza contribue à :
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réguler la croissance des arbres, en limitant certaines espèces dominantes,
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favoriser la diversité végétale,
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et participer indirectement à la dispersion des graines via leur consommation de fruits.
Statut et conservation
Le colobe guéréza, bien qu’encore largement répandu, fait face à des menaces croissantes :
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déforestation et fragmentation des forêts,
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pression de chasse pour sa viande ou sa fourrure, utilisée autrefois pour des parures traditionnelles.
La protection de la forêt de Kibale et de ses zones marécageuses, ainsi que l’écotourisme responsable développé autour du Bigodi Swamp, jouent un rôle clé dans le maintien de ces populations.
Une rencontre mémorable
Le spectacle de ces singes aux livrées contrastées, bondissant dans la lumière diffuse des marais, reste un souvenir marquant de Kibale. Leur élégance, alliée à leur discrétion, incarne la beauté fragile des forêts ougandaises, où chaque observation se vit comme un privilège.
Voici les huit sous-espèces généralement admises du colobe guéréza :
Sous‑espèce (Colobus guereza …) | Aire de répartition principale | Particularités | Vos observations |
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C. g. guereza | Hauts‑plateaux éthiopiens (ouest du Rift), vallées de l’Awash et de l’Omo, gorge du Nil Bleu | Manteau blanc long, queue blanche touffue | (Pas d’observation) |
C. g. caudatus | Sud du Kenya et nord de la Tanzanie (monts Kilimandjaro et Meru, Parc national d’Arusha) | Queue très longue et blanche, franges latérales abondantes | Parc national Arusha (Tanzanie) – individus observés en lisière de forêt et près des lacs Momella |
C. g. occidentalis | Est du Nigeria, Cameroun, Gabon → sud‑ouest du Soudan et ouest de l’Ouganda (à l’ouest du Nil) | Pelage noir profond, manteau blanc moins développé | Sur la piste entre Murchison Falls NP et Lake Albert (Ouganda) – groupes arboricoles en bord de route |
C. g. matschiei | Sud‑est de l’Ouganda (Mont Elgon) → ouest du Kenya et nord‑ouest de la Tanzanie (Ngorongoro, Grumeti) | Manteau blanc plus court, queue blanche | Forêt de Kibale (Ouganda) – troupes observées dans la canopée, souvent avec des cercopithèques lors de sorties pédestres Bigodi Swamp 1 et 2 |
C. g. gallarum | Hauts‑plateaux éthiopiens à l’est du Rift | Aire restreinte, peu de données | (Pas d’observation) |
C. g. kikuyuensis | Kenya central (région des Kikuyu) | Taille moyenne, manteau blanc fourni | (Pas d’observation) |
C. g. dodingae | Collines de Didinga, Soudan du Sud | Rare, peu observé depuis les années 1960 | (Pas d’observation) |
C. g. percivali | Kenya (région de Mathews Range) | Population isolée, manteau blanc réduit | (Pas d’observation) |
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