Buffle nain Syncerus caffer nanus *

Lors de notre passage dans le Parc de Sarakawa, au Togo nous avons eu la chance d’assister à une scène impressionnante : un troupeau de buffles de forêt (Syncerus caffer nanus), également connu sous le nom de buffle nain, rassemblé dans une clairière ombragée. Ces animaux imposants, pourtant plus petits que leurs cousins des savanes, dégagent une aura de puissance et de calme. Leur robe brun-rougeâtre se fond parfaitement dans les teintes de la végétation dense, et leurs cornes, plus courtes et moins recourbées, renforcent leur aspect robuste, parfaitement adapté à leur environnement forestier.

Malgré leur différence avec le buffle du Cap (Syncerus caffer caffer), les buffles nains font eux aussi partie des célèbres Big 5 africains, cette classification historique des animaux les plus redoutables à chasser, établie par les anciens chasseurs coloniaux. Physiquement, bien qu’ils puissent ressembler légèrement au bétail domestique, ils n’en demeurent pas moins extrêmement dangereux. Leur comportement territorial ne laisse aucune place à l’intrusion.

Comparé au buffle du Cap, qui peut peser entre 400 et 800 kg, le buffle nain ne dépasse pas les 320 kg. Outre son poids, il se distingue par un pelage brun rougeâtre, un visage plus sombre, et des cornes moins développées qui ne fusionnent pas au niveau du front, contrairement à d’autres sous-espèces.

On trouve le buffle nain principalement dans les forêts tropicales d’Afrique occidentale et centrale. Bien qu’il évolue volontiers dans les savanes herbeuses, il dépend également des marais pour se vautrer dans la boue, et des lisières forestières pour se protéger des prédateurs. Son régime alimentaire se compose essentiellement d’herbe et de plantes variées présentes dans ces habitats.

Contrairement à d’autres sous-espèces de buffles africains, les buffles nains vivent en petits troupeaux comptant de 3 à 30 individus au maximum. Ces groupes comprennent généralement un mâle dominant, un groupe de femelles, et des jeunes veaux. Contrairement au buffle du Cap, le mâle nain reste avec le troupeau en permanence, jouant un rôle clé dans la protection du groupe contre les prédateurs. Malgré cela, les jeunes veaux demeurent vulnérables, notamment aux attaques des léopards.

Dans la clairière, les buffles que nous avons observés broutaient paisiblement, avançant lentement en groupe compact. Parmi eux, plusieurs jeunes bufflons trottinaient près de leurs mères, offrant une scène attendrissante qui contrastait avec l’aura de puissance du troupeau.

Ce spectacle devenait encore plus fascinant grâce à la présence des hérons garde-bœufs et des pique-bœufs, qui accompagnaient le troupeau dans une parfaite harmonie. Les hérons garde-bœufs, reconnaissables à leur plumage blanc éclatant, se perchaient sur les dos des buffles ou restaient à proximité, profitant de chaque mouvement du troupeau pour capturer les insectes dérangés. Les pique-bœufs, plus audacieux, s’accrochaient directement aux flancs des buffles, picorant tiques et autres parasites incrustés dans leur peau.

Cette scène de cohabitation entre les espèces formait un tableau vivant de l’écosystème en action. Les buffles, avec leur démarche lourde, soulevaient des nuages de poussière et faisaient émerger une foule d’insectes, que les oiseaux s’empressaient de capturer. Ce ballet naturel, où chaque espèce semblait jouer un rôle bien défini, nous a captivés.

Nous avons eu l’occasion d’observer des troupeaux similaires lors de game-drives dans la réserve de faune de Fathala dans le delta du Saloum, ainsi qu’à la réserve de faune de Bandia, au Sénégal lors d’un game-drive. Dans ces écosystèmes riches et variés, la majesté des buffles nains et l’harmonie de leur interaction avec leur environnement restent gravées dans nos mémoires.