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Korhogo « La Cité du Poro » – Côte d’Ivoire

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Nous quittons Bouaké et poursuivons notre périple vers le nord, en direction de Korhogo, notre prochaine étape. La ville de Korhogo, dont le nom dérive du terme sénoufo « kor-go », signifiant « fortune et héritage », est imprégnée d’une riche histoire. Fondée au XIVe siècle par Nanguin Soro, un chef de tribu qui avait échappé à la captivité dans le royaume de Kong, Korhogo s’est rapidement imposée comme un centre de pouvoir sous son leadership, devenant la capitale et le siège de la plus importante chefferie sénoufo, protégée par les eaux du Bandama blanc.

Au XVIe siècle, alors que l’effondrement de l’empire du Mali entraînait des invasions mandés dans la région, Korhogo parvint à résister aux ambitions du royaume d’Odienné, fondé par Vakaba Touré. À la fin du XIXe siècle, les Sénoufos de Korhogo, sous la direction du charismatique Péléforo Gon Coulibaly, plus connu sous le nom de Péléforo Gbon Soro, firent preuve de diplomatie en se soumettant d’abord à Samory, puis aux Français après la défaite de l’Almamy en 1898.

Impressionnés par l’autorité et la sagesse de Coulibaly, les Français décidèrent de transférer le chef-lieu du cercle du Haut-Bandama de Longo à Korhogo en 1900. Depuis, la ville n’a cessé de croître en importance, devenant en 1969 le chef-lieu du département, et aujourd’hui, elle est le centre névralgique du District des Savanes et de la région du Poro. Korhogo, quatrième ville de Côte d’Ivoire en termes de population et d’importance économique, promet d’être une étape fascinante dans notre voyage, où histoire, culture et artisanat se rencontrent.

ITINERAIRE

LES VILLAGES ARTISANAUX

À proximité de Korhogo, dans la région du Poro en Côte d’Ivoire, nous avons eu l’occasion de visiter plusieurs villages artisanaux, véritables trésors du savoir-faire traditionnel sénoufo. Ces villages sont des centres vivants de créativité et de culture, où les artisans perpétuent avec passion des techniques ancestrales. En nous y rendant, nous avons découvert la richesse de l’artisanat local, un hommage aux traditions qui se transmettent de génération en génération.

L’un des arts les plus marquants est le tissage des tissus traditionnels. Les femmes, souvent à l’œuvre dans ces communautés, créent des étoffes colorées et ornées de motifs complexes. Les tissus « kente » et autres que nous avons pu admirer sont bien plus que de simples textiles : ils symbolisent des valeurs culturelles profondes et racontent des histoires à travers leurs motifs et leurs couleurs. Chaque pièce reflète un savoir-faire méticuleux, acquis et transmis à travers les âges.

Nous avons également été impressionnés par la tradition de sculpture sur bois. Dans ces villages, les sculpteurs créent des œuvres d’art fascinantes, allant de figures mythologiques à des représentations de la faune locale. Travaillant souvent en famille, les sculpteurs taillent chaque pièce dans du bois dur, ajoutant des détails minutieux qui évoquent des récits anciens et des croyances spirituelles. Leurs sculptures, pleines de vie et de sens, représentent une partie intégrante de l’identité sénoufo.

La poterie, un autre artisanat important de la région, a également retenu notre attention. Les potiers locaux fabriquent des récipients utilitaires et décoratifs en utilisant des techniques traditionnelles. Nous avons observé la précision et la créativité avec lesquelles ils façonnent des objets en argile, souvent ornés de motifs géométriques ou symboliques. Ces pièces, en plus d’être fonctionnelles, sont des œuvres d’art qui reflètent la culture et les traditions des villages.

L’expérience de voir ces artisans à l’œuvre a été inoubliable. Nous avons pu comprendre de près les techniques utilisées et même participer à des ateliers, ce qui nous a permis de mieux appréhender la richesse de cet héritage. Chaque geste, chaque création, nous a permis de nous immerger dans la culture vivante de la région tout en soutenant directement ces communautés.

Les villages artisanaux que nous avons visités sont bien plus que des lieux de production artistique. Ce sont des gardiens du patrimoine sénoufo, des espaces où traditions et modernité se rencontrent, offrant une expérience authentique et enrichissante. Cette immersion dans l’artisanat nous a permis de mieux comprendre et d’apprécier les valeurs et la culture qui façonnent cette région dynamique de la Côte d’Ivoire.

Près de Korhogo, en Côte d’Ivoire, à Fakaha, en parcourant la savane, nous avons eu l’opportunité d’observer des Euplectes ignicolores, petits oiseaux fascinants de la famille des Plocéidés qui ressemblent à des moineaux. Nous avons également eu la chance d’observer des tisserins à tête noire. Ces oiseaux, avec leur plumage jaune vif contrastant avec leur tête sombre, se démarquaient facilement dans le paysage aride.

FAKAHA ET SES PEINTURES SUR TOILE

Nous avons quitté Bouaké pour Korhogo en empruntant une nationale peu chargée qui serpentait à travers de nombreux villages. Chaque localité semblait vibrer de vie, avec ses scènes du quotidien qui nous captivait. En route, nous avons décidé de nous arrêter à Fakaha, un village célèbre pour ses peintres sur toile, offrant un aperçu fascinant de l’art traditionnel sénoufo.

Cette visite a été une véritable plongée dans l’héritage artistique du nord de la Côte d’Ivoire. Fakaha, situé à Waraniéné, est reconnu non seulement pour son coton local mais aussi pour son artisanat textile unique. Nous avons eu la chance de rencontrer Simue, un artiste respecté dans la communauté. Il nous a expliqué avec passion le processus méticuleux derrière chaque œuvre. Il commence par dessiner les contours des motifs à l’aide d’un couteau, puis applique une base de peinture marron, obtenue à partir d’une écorce d’arbre locale, sur le tissu tissé à la main dans le village. Cette base naturelle est essentielle pour que la couleur noire, produite à base de mil ou de maïs fermenté, adhère correctement et permette de révéler les détails distinctifs des motifs.

Ce qui rend l’art de Fakaha encore plus captivant, c’est son lien avec l’histoire. Simue nous a partagé une anecdote fascinante : Pablo Picasso lui-même aurait visité le village. Fasciné par l’art sénoufo, il leur aurait non seulement conseillé de dessiner des contours distincts autour de leurs motifs pour donner plus de profondeur et de définition à leurs toiles, mais aussi d’utiliser une brosse à dents pour appliquer la base de peinture marron à l’intérieur des contours. Simue nous a même montré un article de presse évoquant la visite de Picasso à Fakaha, précieusement conservé comme un témoignage de cette rencontre historique et de l’impact durable de l’art sénoufo sur la scène artistique mondiale. 

Ajoutons que Simue est particulièrement attentionné avec ses visiteurs. Il a proposé aux enfants de s’installer devant une toile et d’exprimer à leur tour leur art, en utilisant les mêmes instruments que lui. Ce moment de partage et de créativité a ajouté une touche spéciale à notre visite.

Ce que nous avons trouvé particulièrement marquant, c’est que cette tradition de peinture est majoritairement réservée aux hommes, perpétuant ainsi des rôles culturels et artistiques bien établis dans la communauté. En quittant Fakaha, nous étions profondément impressionnés par la beauté et la complexité des œuvres. Elles incarnent un héritage culturel fort, non seulement pour Korhogo, mais aussi pour la Côte d’Ivoire et le monde.

Si vous souhaitez en savoir plus ou contacter Simue, voici son numéro : +225 0575614587.

En plus des magnifiques œuvres d’art et des traditions culturelles, nous avons également été frappés par la richesse de la flore environnante. Parmi les plantes que nous avons observées, de nombreuses Tectona, ou tecks, se distinguaient dans le paysage. Ces arbres majestueux, connus pour leur bois dur et résistant, sont une ressource précieuse dans la région.

LES TISSERANDS DE WARANIENE

Aujourd’hui, nous avons poursuivi notre aventure à travers les villages artisanaux autour de Korhogo. Chaque étape nous a permis de découvrir des savoir-faire ancestraux qui se transmettent de génération en génération.

Notre première halte a été à Waraniéné, le village des tisserands. La découverte du village des tisserands de Waraniéné fut un moment profondément enrichissant, marqué par la rencontre d’une tradition qui respire l’authenticité et la patience.

Dès notre arrivée, nous avons été accueillis par le doux cliquetis des métiers à tisser en bois, un son qui semblait appartenir à un autre temps. Le village de Waraniéné est célèbre pour ses étoffes en pagne tissé, un art que les habitants pratiquent depuis des générations. Ces tissus, à la fois robustes et élégants, sont utilisés pour de nombreuses occasions, des tenues de fête aux cérémonies plus solennelles.

L’organisation ici est plus complexe qu’à Man, où nous avions déjà observé les tisserands à l’œuvre. À Waraniéné, une vaste structure couverte permet à près d’une centaine de métiers à tisser de travailler ensemble à l’abri de la pluie, ce qui rend l’activité plus coordonnée et à plus grande échelle. Cette infrastructure favorise une production collective, mais aussi une certaine harmonie dans le travail quotidien des artisans.

Les couleurs et les motifs sont également beaucoup plus variés ici qu’à Man. Chaque étoffe semble unique, reflétant une richesse de combinaisons visuelles qui captivent immédiatement le regard. Nous avons observé une grande diversité de réalisations, allant bien au-delà du traditionnel pagne. Les artisans créent aussi des sacoches pour ordinateurs, des draps, des couvre-lits, voire des robes aux coupes modernes. Cette adaptation des savoir-faire anciens à des objets contemporains montre une capacité d’innovation tout en respectant la tradition.

Ce qui frappe immédiatement, c’est la dextérité des artisans, principalement des hommes, qui manipulent avec agilité le métier à tisser. Leurs mains dansent littéralement sur les fils, dans un mouvement aussi précis que fluide. Chaque motif, chaque couleur a une signification, et nous avons appris que les combinaisons de couleurs utilisées dans le tissage racontent souvent une histoire ou représentent des symboles spécifiques. Certains motifs sont uniques à des familles ou à des lignées, et leur savoir-faire est jalousement gardé et transmis au fil des générations.

Nous avons eu la chance de discuter avec un maître tisserand qui nous a expliqué les différentes étapes de la création du pagne. Tout commence par le fil de coton, qui est soigneusement préparé avant d’être teinté à l’aide de techniques traditionnelles. Le processus de tissage est ensuite très minutieux : il faut passer des heures, parfois des jours, pour réaliser une seule pièce. Pourtant, les artisans travaillent avec une patience inébranlable, presque en harmonie avec les sons répétitifs des métiers à tisser.

Ce qui nous a également touchés, c’est l’importance de la communauté dans cet art. Les tisserands ne travaillent pas isolément ; il s’agit d’un effort collectif, où chaque membre de la famille ou du village contribue d’une manière ou d’une autre. Les jeunes apprennent en observant les anciens, et ce lien entre les générations est ce qui permet à cet artisanat de perdurer.

Nous avons aussi pu admirer les résultats de ce travail acharné : des pagnes aux motifs géométriques complexes, des étoffes multicolores qui captent la lumière de manière unique, et des pièces ornées de symboles traditionnels. Certains pagnes étaient destinés à des cérémonies spéciales, tandis que d’autres étaient conçus pour être portés au quotidien, toujours avec cette même élégance et ce respect pour la tradition.

Cette visite nous a fait comprendre que le tissage n’est pas seulement un travail manuel ; c’est une véritable expression artistique, un langage visuel à part entière. Waraniéné nous a offert un regard sur une culture riche, où l’artisanat est bien plus qu’un métier : il est le cœur vivant du village.

KAPELE

Ensuite, direction Kapelé, un village réputé pour son artisanat de perles. Ici, le travail de patience et de précision est à l’honneur. Dès notre arrivée, nous avons été émerveillés par la délicatesse des gestes des artisans. La fabrication des colliers de perles à Kapelé est un processus artistique méticuleux, alliant habileté artisanale et ressources naturelles avec une précision presque magique. Les artisans, souvent aussi agriculteurs, incarnent parfaitement l’adage selon lequel « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». Leur savoir-faire reflète une profonde connexion avec la nature et une maîtrise technique exceptionnelle.

Tout commence par la collecte d’argile dans les rivières locales, soigneusement tamisée et mélangée avec du beurre de karité pour assurer une surface lisse et malléable. L’artisan utilise une tige de bambou, qu’il maintient entre ses orteils, pour façonner l’argile en petites perles. Une plume, semblable à un pinceau délicat, est employée pour créer des motifs détaillés sur chaque perle, un geste qui demande une incroyable précision.

Après le façonnage, les perles sont percées, puis laissées à sécher avant d’être cuites dans un four rudimentaire, creusé dans la terre et recouvert de branchages pour une cuisson à l’étouffée. Cette méthode leur donne une teinte noire distinctive. Les perles, prêtes à être décorées, sont ensuite peintes avec des pigments naturels : le blanc provient du kaolin, le vert des feuilles broyées de kinkalba, et le rouge des jeunes pousses de teck. Chaque couleur, issue de la nature, symbolise l’harmonie entre les artisans et leur environnement.

Ce qui est fascinant, c’est la façon dont la peinture est appliquée. Les artisans utilisent des plumes de pintade fixées à une épine de porc-épic pour peindre les perles en rotation. Ce geste, précis et soigneux, transforme chaque perle en une véritable œuvre d’art, enrichie de motifs symboliques. Une fois décorées, les perles sont vernies, puis assemblées en colliers, bracelets ou autres objets décoratifs. Chaque pièce incarne non seulement un savoir-faire artisanal, mais aussi un lien profond avec la nature et la tradition sénoufo.

Kapelé nous a montré que ces colliers et bracelets, assemblés avec soin, sont bien plus que des bijoux. Ils sont des symboles puissants de culture, de beauté et d’identité. Les artisans de Kapelé, en fusionnant leur art avec les ressources naturelles, perpétuent des traditions ancestrales tout en créant des pièces uniques, porteuses d’histoires et de significations profondes.

L’ensemble de ce processus, de la collecte de l’argile à l’assemblage final des bijoux, illustre non seulement une compétence artistique exceptionnelle, mais aussi un respect profond pour l’environnement. Les colliers de perles de Kapelé deviennent ainsi des symboles tangibles de la culture sénoufo, portant en eux les histoires, les croyances et les valeurs d’une communauté qui continue de prospérer grâce à ses traditions ancestrales.

LES FORGERONS DE KONI

Pour terminer cette journée riche en découvertes, nous avons visité Koni, le célèbre village des forgerons. Dès notre arrivée, l’air était chargé de l’odeur du métal chauffé et du bruit des marteaux résonnant contre les enclumes. En observant ces maîtres du feu et du métal à l’œuvre, nous avons été immédiatement impressionnés par la force et la dextérité nécessaires pour façonner des objets à la fois utilitaires et décoratifs.

La partie la plus étonnante de l’exposé portait sur l’origine même du fer utilisé par les forgerons. À environ 4 kilomètres du village, des puits, creusés à la main, peuvent atteindre des profondeurs de 20 à 25 mètres. C’est au fond de ces puits que les artisans prélèvent un mélange de sable et de boue, dans lequel la teneur en fer est relativement faible. Ce précieux matériau est ensuite soigneusement nettoyé et formé en boules compactes, prêtes à être transformées.

Ces boules sont ensuite chauffées à environ 1000°C, à l’aide de charbon de bois. Après environ 24 heures de cuisson dans la chaleur intense de la forge, elles en ressortent sous forme de galettes très riches en fer. La preuve de cette forte concentration est apportée par l’utilisation d’un aimant qui attire immédiatement ces galettes. Une fois récupérées, elles sont brisées puis moulues pour séparer le fer pur. Ce processus méticuleux donne naissance à la paille de fer, un matériau brut qui sera ensuite fondu et transformé en divers objets.

Les forgerons de Koni, grâce à ce processus ancestral et laborieux, créent une large gamme d’outils, allant des lames tranchantes aux outils agricoles. Les étincelles volaient alors que les marteaux frappaient l’enclume, donnant vie à des objets solides et durables. Chaque coup semblait orchestré avec une précision ancestrale, témoignant d’un savoir-faire transmis de génération en génération.

Au-delà des outils agricoles ou des armes forgées, certains artisans créent également des pièces plus artistiques : des statues, des symboles décoratifs, destinés à embellir les maisons ou à être utilisés dans des rituels. Ces œuvres montrent que la forge à Koni est bien plus qu’un métier utilitaire ; c’est un art en soi, qui transforme la matière brute en objets porteurs de sens et de beauté.

En repartant de Koni, nous avons emporté avec nous une profonde admiration pour ces artisans qui perpétuent des techniques séculaires, utilisant les éléments naturels pour donner naissance à des objets qui traversent le temps. Leur maîtrise du feu et du métal, ainsi que leur capacité à extraire le fer de la terre, est un véritable témoignage de la résilience et de la créativité des communautés rurales de la région.

VISITE DE LA VILLE

ITINERAIRE

MONT KORHOGO

Le Mont Korhogo, un imposant massif granitique d’origine volcanique situé au cœur de la ville éponyme, est bien plus qu’une simple élévation de terrain. Véritable icône régionale, ce site incontournable s’inscrit comme un gardien tutélaire et un domaine mystique, profondément enraciné dans les traditions locales du Poro, un ordre initiatique sénoufo. Aborder ce mont, c’est entrer dans un lieu empreint de spiritualité et de respect, où la nature et la culture se rencontrent de manière harmonieuse.

Pour les visiteurs, l’ascension du Mont Korhogo est une aventure enrichissante qui offre une perspective unique sur la ville et ses environs. Un sentier, souvent emprunté par les jeunes du coin, serpente jusqu’au sommet, accessible en environ vingt minutes pour un marcheur moyen. Une fois au sommet, une vue panoramique époustouflante s’offre aux yeux, dévoilant la ville, son lac, ses quartiers animés, et la grande mosquée qui se dresse majestueusement en contrebas.

Le spectacle est particulièrement saisissant au coucher du soleil, lorsque les teintes ocre et vertes des environs se parent des couleurs chaudes de la lumière du soir. Le panorama s’étend sur les collines, les forêts clairsemées, et les vastes savanes, ponctuées ici et là de monts isolés et d’autres formations granitiques, créant un tableau naturel d’une beauté rare.

Au pied du mont, une carrière de gravier alimente les constructions locales, tandis que les tags et graffitis sur les rochers témoignent de la vitalité des habitants. Le Mont Korhogo est aussi un lieu où les Ivoiriens viennent simplement pour se ressourcer, contempler la vue imprenable, et se reconnecter avec la nature.

En somme, le Mont Korhogo n’est pas seulement un point culminant géographique, mais un véritable lieu de mémoire, de spiritualité, et de beauté naturelle. Il offre aux visiteurs une expérience mémorable et authentique, une immersion dans l’âme même de Korhogo, au cœur de la vibrante région des Savanes.

CENTRE ARTISTIQUE DE KORHOGO

Après notre visite enrichissante de l’usine de karité à Petit-Paris, nous terminons notre journée d’exploration à Korhogo par deux lieux emblématiques : le Centre Artistique et le Centre Artisanal. Ces espaces, véritables vitrines de la créativité et du savoir-faire local, nous plongent encore plus profondément dans l’âme culturelle de la région.

Le Centre Artistique de Korhogo est une halte fascinante, où l’art sénoufo est mis à l’honneur. Ici, nous avons l’occasion d’admirer de magnifiques toiles et fresques inspirées de la vie quotidienne, de la nature, et des traditions spirituelles du peuple sénoufo. Chaque œuvre raconte une histoire, souvent chargée de symboles et de mysticisme. Nous sommes particulièrement captivés par les tableaux réalisés à partir de tissus traditionnels teints à la main. Ces créations, élaborées avec des techniques ancestrales, illustrent la richesse et la profondeur de la culture locale. Le lieu regorge également de sculptures en bois finement travaillées, chacune illustrant le talent exceptionnel des artistes de la région.

Le Centre Artistique de Korhogo ne se limite pas aux œuvres textiles et aux sculptures en bois, il met également en lumière une autre forme d’art que nous avions déjà admirée à Grand-Bassam : la sculpture en bronze. Cet art, qui s’inscrit dans une longue tradition de la métallurgie ouest-africaine, est particulièrement impressionnant par sa précision et sa beauté intemporelle.

À Korhogo, les artistes maîtrisent cet art complexe avec une virtuosité remarquable. Les sculptures en bronze sont souvent réalisées selon la technique ancestrale de la cire perdue, un procédé exigeant qui permet de créer des pièces uniques et d’une grande finesse. Ce processus implique d’abord de sculpter un modèle en cire d’abeille, qui est ensuite recouvert d’argile pour former un moule. Une fois la cire fondue et évacuée, le métal en fusion est versé dans le moule. Une fois refroidie, la sculpture est polie, révélant toute la richesse des détails gravés dans le bronze.

Ces œuvres représentent souvent des figures symboliques ou mythologiques, des scènes de la vie quotidienne, ou encore des animaux totems qui occupent une place centrale dans la culture sénoufo. L’éléphant, par exemple, est un motif récurrent dans ces sculptures, symbolisant la force et la sagesse. Nous sommes également fascinés par les représentations humaines, souvent stylisées, qui incarnent la dignité et la spiritualité.

À Grand-Bassam, nous avions déjà pu apprécier cette même technique, notamment à travers des pièces plus contemporaines. Cependant, à Korhogo, ces sculptures en bronze prennent une dimension spirituelle et culturelle encore plus marquée, en résonance avec les traditions séculaires de la région. Ces œuvres ne sont pas seulement décoratives, elles racontent des histoires, incarnent des croyances et immortalisent des figures héroïques ou divines.

En découvrant ces sculptures en bronze à Korhogo, nous avons la sensation d’approfondir notre compréhension de cet art, qui allie à la fois technicité, symbolisme et esthétique, unissant ainsi deux villes emblématiques de la créativité ivoirienne : Grand-Bassam et Korhogo.

LE CENTRE ARTISANAL

Le Centre Artisanal de Korhogo etait précédemment une véritable caverne d’Ali Baba. Autrefois un lieu florissant où une multitude de métiers artisanaux se côtoyaient – de la sculpture sur bois à la poterie en passant par la fabrication de bijoux et de textiles – le centre a, au fil des ans, vu son activité se restreindre. Aujourd’hui, il se résume principalement à la peinture sur toile, un changement qui reflète les évolutions économiques et culturelles de la région. Au travail artisanal présenté sur place s’ajoute néanmoins des étals de vente de tissus et de vetements traditionnels fruits du travail des tisserants d’un village voisin

En parcourant les étals, nous sommes immédiatement attirés par les textiles tissés à la main, notamment les pagnes traditionnels qui sont à la fois élégants et symboliques. Les couleurs et les motifs géométriques de ces tissus sont autant de messages codés qui racontent des histoires liées aux croyances et aux coutumes sénoufo.

Les échanges avec les artisans nous permettent de mieux comprendre l’importance de leur travail et les défis qu’ils rencontrent pour préserver ces techniques traditionnelles face à la modernisation. Le Centre Artisanal est non seulement un lieu de commerce, mais aussi un lieu de partage où l’on ressent la passion des créateurs pour leur métier. Nous repartons avec quelques souvenirs, non pas comme de simples objets, mais comme des pièces d’art empreintes d’histoire et de signification.

Cette visite du Centre Artisanal, combinée à celle du Centre Artistique plus tôt dans la journée, complète notre immersion dans la richesse culturelle de Korhogo. Elle nous permet d’apprécier à la fois l’importance de l’artisanat pour l’économie locale et son rôle dans la préservation de l’identité culturelle de la région. C’est une conclusion parfaite à une journée riche en découvertes et en échanges, où la créativité et l’histoire se sont rencontrées pour nous offrir une expérience inoubliable.

LES SCULPTEURS DU QUARTIER KOKO

Ce matin, nous partons à la découverte du quartier Koko, à Korhogo, où vivent les sculpteurs de bois, perpétuant une tradition artisanale de renom. Le quartier Koko est le cœur battant de cet art, où ces artisans talentueux exercent leur métier avec une passion et un savoir-faire transmis de génération en génération. Bien que souvent associé à Bouaké, le quartier Koko à Korhogo, lui aussi, incarne l’excellence dans l’art de la sculpture sur bois, avec une réputation qui rayonne bien au-delà des frontières de la Côte d’Ivoire.

À notre arrivée, nous sommes rapidement immergés dans l’atmosphère créative de ces ateliers en plein air. Nous observons les sculpteurs, des maîtres dans l’art de transformer le bois en œuvres d’art détaillées et expressives, inspirées par la culture sénoufo. Les artisans sélectionnent avec soin des essences de bois locales, comme l’acajou ou le teck, qui confèrent à leurs œuvres une beauté naturelle et une durabilité remarquable.

Les sculptures, qu’il s’agisse de masques mythologiques, de figures animales symboliques ou de scènes de la vie quotidienne, racontent chacune une histoire profondément enracinée dans le patrimoine culturel sénoufo. Chaque coup de ciseau semble animé par une intention précise, un lien intime avec les traditions et croyances ancestrales.

Nous avons la chance de pénétrer dans les ateliers, d’observer le processus de création et d’échanger avec les artisans. Ils nous parlent avec fierté de leur travail et de l’importance de préserver cet héritage culturel vivant. Ce que nous ressentons en les écoutant, c’est bien plus qu’une simple admiration pour leurs œuvres : c’est la reconnaissance d’une transmission d’un savoir-faire ancestral qui, malgré les modernités, continue d’être vivante et vibrante dans ce coin de Korhogo.

L’expérience est enrichissante à tous points de vue. Au-delà de la beauté de ces œuvres, notre visite nous fait comprendre combien ces sculpteurs jouent un rôle essentiel dans la préservation et la promotion de la culture sénoufo. Leur art ne se contente pas de captiver les visiteurs de passage ; il célèbre un héritage séculaire, offrant une véritable immersion dans l’âme et les traditions du nord ivoirien.

Nous avons non seulement découvert l’incroyable savoir-faire des sculpteurs de bois, mais aussi vécu un moment inoubliable : nous avons eu l’opportunité unique de porter l’un des masques sénoufo les plus emblématiques, la tête du wambélé.

Le masque du wambélé, utilisé dans les cérémonies et rites initiatiques sénoufos, est bien plus qu’une simple pièce d’art. Il incarne la force, le pouvoir spirituel et l’autorité des ancêtres. Le porter représente une immense symbolique, et c’est avec un mélange de respect et de curiosité que nous avons accepté cette invitation des artisans.

Le masque, imposant, est sculpté dans un bois noble et orné de motifs finement travaillés. La sensation de le porter sur nos épaules nous a immédiatement plongés dans une atmosphère presque mystique. Le poids du bois et l’aura dégagée par cette pièce impressionnante nous ont fait réaliser l’importance de cette tradition millénaire. Ce masque est conçu pour être porté lors de danses rituelles où les initiés, parés de ces figures animales ou humaines, se connectent aux esprits et aux ancêtres.

Les artisans nous ont expliqué que le wambélé symbolise souvent des animaux puissants, comme le buffle ou l’antilope, chacun ayant une signification particulière dans la culture sénoufo. En le portant, on se sent transporté dans un autre temps, un autre monde, celui des croyances profondes et des mythes qui façonnent cette région.

Ce moment privilégié nous a permis de ressentir physiquement ce que représente cet art sacré pour les Sénoufos. Plus qu’une simple expérience, c’était une immersion dans le cœur des traditions vivantes de Korhogo. Le masque du wambélé, à la fois intimidant et majestueux, nous a donné un aperçu du rôle central que ces sculptures jouent dans la vie communautaire et spirituelle des Sénoufos.

En le retirant, nous avons ressenti une profonde gratitude envers les artisans, non seulement pour leur savoir-faire, mais aussi pour nous avoir permis de toucher d’aussi près à leur patrimoine culturel.

FABRIQUE DE BEURRE DE KARITE – QUARTIER PETIT PARIS

Après avoir exploré le bouillonnant Grand Marché de Korhogo, nous nous dirigeons vers le quartier Petit-Paris pour une nouvelle découverte : une visite d’une usine de beurre de karité. Situé dans cette partie de la ville, l’atelier que nous visitons est le reflet du lien étroit entre l’économie locale et les traditions artisanales.

Ici, nous plongeons dans un univers où tradition et savoir-faire ancestral se rencontrent, et où le rôle des femmes dans cette production est essentiel.

Le beurre de karité de Korhogo est bien plus qu’un simple produit cosmétique ou alimentaire. C’est le fruit d’une tradition séculaire, transmise de génération en génération. Ce sont principalement les femmes qui, avec passion et expertise, perpétuent ce savoir-faire dans une véritable chaîne de solidarité. En visitant la coopérative, nous avons l’opportunité de rencontrer ces mères de famille dévouées, qui réalisent chaque étape de la fabrication avec une minutie remarquable. Leur travail est un témoignage de la fierté et de l’importance de ce produit dans la culture locale.

Le guide nous explique chaque étape de la transformation du beurre de karité, depuis la collecte des graines jusqu’à l’obtention du beurre prêt à l’emploi. Ce processus, exigeant et laborieux, demande non seulement du temps, mais aussi une grande énergie. Les noix de karité sont d’abord lavées, torréfiées, puis écrasées pour en extraire une pâte qui sera ensuite chauffée, malaxée, et transformée en beurre. Nous apprenons également qu’une des particularités de cette production est qu’elle ne laisse rien au hasard : chaque partie de la graine est utilisée, dans une démarche durable et respectueuse de l’environnement.

En observant les femmes travailler, nous sommes impressionnés par leur patience et leur détermination. Leurs gestes précis témoignent de l’importance qu’elles accordent à la qualité de chaque lot de beurre produit. Rien n’est gaspillé, tout est valorisé, ce qui confère au beurre de karité de Korhogo une valeur à la fois écologique et culturelle.

La visite se termine par une dégustation et une présentation des produits finis, et nous ne pouvons résister à l’envie de toucher et tester le beurre de karité, encore chaud et onctueux, sur nos mains. Sa texture douce et hydratante est une véritable révélation, et nous décidons d’en ramener quelques pots comme souvenir de cette rencontre enrichissante.

Ce passage à l’usine de karité nous permet de comprendre que le beurre de karité de Korhogo n’est pas seulement un produit naturel aux nombreux bienfaits. C’est également un héritage vivant, une source de fierté pour les communautés locales, où chaque étape du processus est une célébration de la culture et des traditions ivoiriennes.

GRAND MARCHÉ DE KORHOGO

Après notre immersion dans le quartier Koko, où nous avons découvert le savoir-faire des sculpteurs de bois, nous poursuivons notre exploration de Korhogo en nous rendant au Grand Marché, véritable carrefour de la vie quotidienne dans cette ville historique du nord de la Côte d’Ivoire. Ce lieu vibrant nous plonge immédiatement dans une effervescence fascinante, où se rencontrent habitants locaux et visiteurs. Ici, la vie urbaine africaine se déploie dans toute sa splendeur, et chaque recoin du marché offre une mosaïque de découvertes.

Dès notre entrée, nous sommes accueillis par une explosion de couleurs et de sons. Les étals débordent de fruits frais aux teintes vives, de légumes colorés, de viandes, de poissons, et d’un vaste assortiment de produits artisanaux. Les tissus sénoufo, magnifiquement tissés, côtoient les poteries locales et les sculptures en bois, rappelant les créations que nous avions admirées à Koko. Chaque stand semble raconter sa propre histoire, formant un tableau vivant de la richesse culturelle et économique de Korhogo.

Ce marché ne se contente pas d’être un lieu de commerce ; il est aussi un espace de rencontres sociales et culturelles. Nous nous perdons avec plaisir dans cette ambiance animée, où les interactions sont chaleureuses et conviviales.

Les pratiques commerciales reflètent les traditions locales, ajoutant une dimension culturelle à chaque échange. Les commerçants partagent avec nous leurs histoires, expliquant l’origine et la signification des objets qu’ils vendent, notamment les tissus sénoufo, les poteries façonnées à la main, et les sculptures.

Pour nous, ce marché est bien plus qu’un simple lieu d’achats. C’est une véritable immersion dans la culture sénoufo, où chaque échange nous permet de mieux comprendre l’âme de Korhogo. Nous touchons du doigt le quotidien des habitants, ressentons la vitalité des échanges et nous imprégnons de l’atmosphère unique qui règne ici. En parcourant les allées, nous avons l’impression de connecter avec l’essence même de la ville, tout en ramenant avec nous des souvenirs matériels et immatériels qui marqueront à jamais notre passage dans ce lieu si emblématique.

LES VISITES ANIMISTES

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En explorant les environs de Korhogo, nous avons l’opportunité de plonger dans les traditions animistes qui imprègnent profondément la région. Ce matin, nous décidons de commencer par la visite de sanctuaires sacrés où les rites sont encore pratiqués avec une ferveur intacte. Ces lieux, souvent nichés au cœur de la nature, dans des forêts ou sur des montagnes, dégagent une énergie spirituelle palpable. Les sculptures en bois, les masques et les objets rituels que nous observons sont chargés de significations symboliques. Les sages nous expliquent que ces sanctuaires sont des points de communication entre le monde des vivants et celui des esprits.

Nous faisons un arrêt dans un village traditionnel , Niofoin, pour découvrir comment ces croyances influencent la vie quotidienne des habitants. Ils nous accueillent chaleureusement et nous expliquent comment les rites de passage, les pratiques agricoles, et même les soins médicaux traditionnels sont imprégnés de spiritualité animiste.

C’est fascinant de voir à quel point ces croyances régissent leur quotidien.

Puis sur la route du retour nous explorerons un site sacré : le rocher de Shien Lô où chaque jour des rituels sont encore réalisés

Cette immersion dans les traditions animistes nous offre un regard précieux sur la spiritualité locale.

Nous repartons avec un respect renouvelé pour ces pratiques ancestrales qui continuent d’être une force vitale pour la communauté.

VILLAGE DE NIOFOIN

Notre journée commence avec une certaine excitation, car nous avons décidé de nous rendre à Niofoin, un village réputé pour la richesse de ses traditions animistes. Il est situé à environ une heure de route de Korhogo, mais le trajet n’est pas des plus faciles. Nous quittons Korhogo en suivant une route goudronnée, qui, bien que praticable, montre rapidement des signes d’usure. Les nids-de-poule et les fissures nous obligent à ralentir par moments, mais cela ne fait qu’augmenter notre anticipation de ce qui nous attend.

Après environ une heure, nous arrivons à la jonction menant à Niofoin. Là, la route goudronnée cède la place à une piste de terre, longue de 12 kilomètres. La piste, bien que pittoresque, est assez accidentée, et nous nous rendons compte rapidement qu’un véhicule tout-terrain est indispensable pour avancer. Nous sommes entourés de paysages magnifiques, avec des villages épars, des champs et quelques forêts en arrière-plan. Le silence est seulement interrompu par le bruit du moteur et les quelques véhicules locaux que nous croisons, principalement des motos ou des camions transportant des produits agricoles.

La difficulté du chemin semble renforcer notre sentiment d’aventure, et bientôt, le village de Niofoin apparaît devant nous. Les premières maisons en terre battue, les sourires des villageois et l’atmosphère paisible nous donnent un premier aperçu de ce lieu imprégné de spiritualité. Nous savons que nous sommes sur le point de découvrir quelque chose d’exceptionnel, une immersion totale dans les pratiques animistes de cette communauté, où les croyances ancestrales dictent encore la vie quotidienne.

À mesure que nous avançons, nous sentons que nous entrons dans un monde régi par les traditions ancestrales et les croyances animistes.

Niofoin, niché dans un cadre naturel pittoresque, nous plonge dans une communauté où l’harmonie avec les esprits et les forces de la nature dicte le quotidien. Ce qui frappe immédiatement, c’est l’architecture unique des habitations. Les cases en terre battue ou en brique ocre sont entourées de greniers à céréales en terre battue, de forme conique, surmontés d’un toit de paille en forme de chapeau. Ces greniers, légèrement surélevés, protègent les récoltes des inondations et ajoutent une dimension esthétique et symbolique à ce paysage empreint de spiritualité.

Au cœur du village de Niofoin, nous découvrons les deux cases à fétiches, lieux essentiels de la vie spirituelle de la communauté. La plus grande, ornée de symboles et de sculptures rituelles, est le centre principal où les villageois se réunissent pour réaliser les sacrifices. C’est ici que les rites animistes se déroulent, où les offrandes aux esprits prennent toute leur signification. Le sacrifice de poulets, de porcs ou même de bœufs y est pratiqué avec ferveur, les animaux étant saignés devant les statues fétiches pour honorer les esprits et espérer que leurs vœux soient exaucés.

Ces statues sacrées, souvent en bois, sont imprégnées de la force spirituelle des ancêtres et des esprits. Le sang versé sur elles est considéré comme un geste sacré, scellant la communion entre les vivants et le monde spirituel. Après les sacrifices, les animaux sont soigneusement cuisinés, puis partagés entre les membres de la communauté, un acte qui symbolise non seulement l’unité mais aussi la bienveillance des esprits qui veillent sur le village.

Nous sommes témoins de cette tradition millénaire, où chaque geste est empreint de respect et de spiritualité. Ces rituels, exécutés avec dévotion, renforcent les liens entre les habitants et les forces invisibles qui régissent leur monde.

L’organisation sociale du village est tout aussi fascinante. Chaque homme dispose de sa propre case, tandis que les femmes et les enfants vivent dans des habitations collectives. Ces structures, bâties selon des méthodes traditionnelles, témoignent d’un lien profond entre la communauté et son environnement naturel.

Visiter Niofoin, c’est plonger dans une culture animiste authentique, où chaque élément du quotidien est influencé par les croyances spirituelles. Nous repartons avec une admiration renouvelée pour cette architecture en harmonie avec la nature, et une compréhension plus profonde des rituels qui continuent de rythmer la vie des habitants.

LE ROCHER SACRÉ de Shien Lô

Après notre immersion dans la spiritualité du village de Niofoin, nous poursuivons notre exploration des hauts lieux animistes de la région en nous dirigeant vers le rocher sacré de Shien Lô. Ce site, majestueusement perché au milieu de la nature, est un autre centre spirituel important pour les communautés locales. Le rocher sacré est considéré comme un point de connexion entre le monde des vivants et celui des esprits.

En arrivant sur place, nous ressentons immédiatement l’énergie mystique qui émane de cet endroit. Le rocher, imposant et vénéré depuis des siècles, est un lieu où les ancêtres sont honorés à travers des rituels et des prières. Les villageois se rendent ici pour communier avec les esprits, souvent dans l’espoir de recevoir des bénédictions, de la protection, ou de l’aide pour surmonter les défis de la vie.

Le paysage autour de Shien Lô est magnifique, empreint de calme et de sérénité, renforçant la sensation de sacré qui émane du site. Nous observons que des offrandes — généralement des aliments, de l’alcool ou de petites sculptures — sont placées au pied du rocher. C’est un acte de dévotion, destiné à apaiser les esprits qui, selon les croyances, habitent ce lieu.

 

Les guides locaux nous expliquent que des cérémonies importantes y ont lieu lors de certaines périodes de l’année, lorsque les anciens de la communauté se rassemblent pour invoquer les esprits et demander leur guidance. Le son des tambours, les chants et les danses accompagnent ces rituels, et toute la communauté participe pour maintenir l’équilibre entre les mondes visible et invisible.

Le rocher sacré de Shien Lô revêt une importance spirituelle cruciale dans la région, et le rôle du Shaman, souvent désigné comme « l’homme du rocher », est central dans ce lieu sacré. Ce médiateur spirituel, véritable lien entre le monde des vivants et celui des esprits, communique directement avec le génie du rocher grâce à sa profonde connaissance des rituels et de la langue locale. C’est lui qui orchestre les sacrifices, lesquels prennent souvent la forme de poulets ou d’autres offrandes significatives, dans le but de solliciter les faveurs du génie et de garantir la réalisation des vœux formulés par les visiteurs.

Les rituels débutent par des prières et des incantations dans la langue locale, prononcées par le Shaman avec une solennité palpable. Ces invocations sont suivies de gestes symboliques : la coupe du cou du poulet, puis l’application de son sang sur des marques rituelles gravées dans le rocher sacré. Ce sang est répandu pour établir une connexion directe avec l’esprit du lieu, tandis que les plumes de l’animal sacrifié sont soigneusement collées sur la surface du rocher. Ces gestes sont essentiels pour honorer le génie et renforcer le lien spirituel entre le demandeur et les esprits. L’histoire veut que, si le vœu est exaucé, la personne revienne sur le site pour offrir une nouvelle prière de gratitude.

Cependant, pour ceux qui préfèrent éviter les sacrifices d’animaux, des alternatives existent. Les féticheuses locales proposent parfois des noix de cola en guise d’offrande, une option plus légère mais tout aussi respectée dans les pratiques rituelles. Ces alternatives permettent d’attirer les bénédictions du génie sans nécessairement passer par les sacrifices traditionnels, offrant ainsi une flexibilité dans la manière de demander la protection ou la faveur des esprits.

Le Shaman, lui, n’est pas choisi par les hommes, mais par le génie lui-même. Ce dernier le désigne souvent à travers un rêve ou une vision, signe irréfutable de son engagement à servir la communauté. Ce processus de désignation renforce encore davantage le statut spirituel du Shaman, qui consacre alors sa vie à servir d’intercesseur entre la communauté et l’esprit du rocher.

Le Rocher Sacré de Shien Lô se révèle donc être bien plus qu’un site naturel impressionnant. C’est un véritable sanctuaire où les traditions ancestrales continuent de prospérer, où chaque rituel, chaque sacrifice, et chaque prière est empreint de spiritualité. Ce lieu incarne le point de rencontre entre le sacré et le quotidien, un espace où les croyances anciennes façonnent la vie des habitants et enrichissent notre expérience en tant que visiteurs, nous offrant un aperçu unique des dimensions spirituelles qui imprègnent le quotidien des communautés locales.

LES LIENS VERS LES PHOTOS de la Côte d’Ivoire et de ses environs

J 818 LES PEINTRES SUR TOILE DE FAKAHA – KORHOGO COTE D’IVOIRE

J 819 LES SCULPTEURS SUR BOIS DU QUARTIER KOKO- KORHOGO COTE D’IVOIRE

J 819 LE GRAND MARCHE DE KORHOGO COTE D’IVOIRE

J 819 USINE DE FABRICATION DE BEURRE DE KARITE KORHOGO COTE D’IVOIRE

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La Cuisine Ivoirienne

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RESTAURANT LE SAVANNA

Après notre visite culturelle à Fakaha, nous gagnons Korhogo pour une pause déjeuner bien méritée. En entrant dans la ville, l’ambiance vibrante de Korhogo nous enveloppe. Nous avons hâte de nous arrêter au restaurant Savanna, un endroit réputé pour sa cuisine locale savoureuse et son atmosphère conviviale.

À notre arrivée, nous sommes accueillis par un personnel souriant, qui nous guide vers une table confortable, agrémentée de décorations typiques de la région. Les murs sont ornés de peintures et de sculptures représentant des scènes de la vie quotidienne, créant une ambiance chaleureuse et accueillante.

En parcourant le menu, nous décidons de tester du Saint-Pierre, un plat que nous ne nous attendions pas à trouver ici. Cependant, à notre grande déception, le serveur nous informe qu’il n’y en a pas aujourd’hui. Nous réfléchissons alors à nos options et nous nous rabattons sur des brochettes de bœuf, qui s’avèrent être un excellent choix.

Lorsqu’elles arrivent à notre table, nous constatons qu’elles sont tendres, copieuses et délicieusement goûteuses. Les brochettes sont servies avec une sauce au poivre et une autre aux oignons confits, qui ajoutent une profondeur de saveur irrésistible. Chaque bouchée est un vrai régal, et nous ne pouvons nous empêcher d’apprécier la générosité des portions.

Pendant que nous dégustons nos brochettes, l’atmosphère du restaurant est également apaisante. Nous écoutons des mélodies locales en arrière-plan, créant une ambiance parfaite pour se détendre après une matinée riche en découvertes. Les échanges avec le personnel, toujours aussi chaleureux, rendent notre repas encore plus agréable.

PEPE SOUPE DE POISSON

En profitant de ce moment, nous discutons de la visite de Fakaha et des merveilles de l’art sénoufo. Les anecdotes de Simue et l’histoire de la rencontre de Picasso avec les artistes du village résonnent encore dans nos esprits, rendant notre repas d’autant plus mémorable.

Après avoir terminé notre déjeuner, nous nous sentons revigorés et prêts à poursuivre notre exploration de Korhogo. Nous prenons un moment pour discuter avec le personnel, leur posant des questions sur les spécialités de la région et les attractions à ne pas manquer. C’est une belle manière de conclure notre pause déjeuner avant de repartir à l’aventure.

Après notre immersion dans les traditions animistes de la région, nous prenons la décision de retourner au restaurant Savanna, où nous avons déjeuné l’avant-veille. L’ambiance y est agréable, et nous avons hâte de goûter à nouveau les plats proposés.
Nadège choisit un hamburger garni d’effiloché de poulet, d’avocat, de cornichons et de tomates, une option alléchante qui promet d’être savoureuse. De son côté, Bastien opte pour une pizza, toujours un classique apprécié. Margot, quant à elle, commande une brochette de bœuf accompagnée d’une délicieuse sauce au poivre et de ratatouille, ce qui lui semble idéal pour satisfaire son appétit. Pour ma part, je craque pour une Pépé soupe au poisson, une spécialité qui s’annonce comme un véritable régal.
Nous savourons nos plats tout en échangeant nos impressions sur la journée. Chaque bouchée nous rappelle la richesse des découvertes que nous avons faites, ajoutant une touche de réconfort et de satisfaction à notre expérience culinaire.

RESTAURANT DE L’HÖTEL PRINTEMPS MONT KORHOGO

Après une matinée bien remplie à explorer Korhogo, nous avons choisi de nous accorder une pause bien méritée en déjeunant au restaurant de l’hôtel Printemps Mont Korhogo. À notre arrivée, nous avons remarqué un grand nombre de personnes, sorties d’un colloque, qui attendaient pour se servir au buffet. Mais nous avons préféré la tranquillité de la salle climatisée, où le service à la carte nous a attirés.

Installés confortablement, nous avons parcouru la carte et opté pour des plats qui promettaient de belles découvertes culinaires. Nous avons commandé des brochettes de mérou et un filet de mérou aux épices de kankankan. Le poisson, tendre et savoureux, était parfaitement relevé par les épices locales, apportant une touche chaude et parfumée à chaque bouchée. Le mérou fondait littéralement en bouche, et les épices ajoutaient une profondeur que nous avons vraiment appréciée.

Bastien, lui, a choisi les calmars à la provençale. Même si la portion de calmars était plutôt congrue, elle était généreusement accompagnée d’une grande portion d’alloco, ces bananes plantains frites si populaires et délicieuses. L’équilibre entre les saveurs légèrement acidulées de la sauce provençale et la douceur des plantains a bien compensé la quantité plus modeste de calmars.

Margot, de son côté, s’est laissée tenter par un classique : les spaghettis à la carbonara. Si le plat était réconfortant, il s’éloignait un peu de la version traditionnelle. Pas de lardons croustillants ici, mais des dés de jambon un peu plus tendres. Malgré cette petite différence, elle a tout de même apprécié la sauce crémeuse qui liait parfaitement le tout.

Le repas dans son ensemble a été une belle parenthèse gourmande, idéale pour nous ressourcer avant de poursuivre nos visites. Le prix final, de 34 000 FCFA, nous a semblé tout à fait raisonnable pour la qualité des plats et le cadre agréable. Nous sommes repartis, le ventre plein et prêts à affronter la suite de la journée avec enthousiasme

RESTAURANT LE CALAO – HOTEL DES SAVANES KORHOGO

Concernant le restaurant de l’hôtel, notre avis est un peu plus mitigé. Si la qualité des plats est globalement bonne, les portions, en revanche, ne sont pas toujours à la hauteur des prix pratiqués. Le service peut parfois être long, et il est nécessaire de passer commande pour une heure précise afin de limiter l’attente. Malheureusement, tous les plats à la carte ne sont pas toujours disponibles, ce qui peut être frustrant lorsque l’on souhaite essayer des spécialités locales ou d’autres options proposées.

Quant au petit-déjeuner, facturé à 5 000 FCFA, il s’est révélé assez basique pour ce tarif. La sélection est limitée et manque de diversité, surtout pour ceux qui s’attendent à un buffet plus fourni ou à des options plus élaborées. Cela dit, malgré ces bémols, le cadre agréable du restaurant et la gentillesse du personnel adoucissent quelque peu ces désagréments.

LES LOGEMENTS

HOTEL LES SAVANES

À notre arrivée à Korhogo, nous étions impatients de découvrir la villa que nous avions réservée via Airbnb. Sur le papier, elle semblait parfaite, un lieu magnifique, idéal pour notre séjour. Cependant, dès les premiers instants, un problème technique avec le compteur électrique est survenu. Après plusieurs tentatives infructueuses pour le résoudre, nous avons dû accepter que ce logement ne serait pas une option cette fois-ci.

Face à ce contretemps, et avec peu de choix disponibles à la dernière minute, nous nous sommes rapidement tournés vers une alternative : l’Hôtel des Savanes. Bien que ce ne fût pas notre premier choix, cette décision nous a permis de rebondir et de poursuivre sereinement notre aventure à Korhogo.

L’Hôtel des Savanes, moderne et récemment construit, a dépassé nos attentes grâce à ses infrastructures de qualité et son confort comparable à celui des meilleurs établissements. Nous avons séjourné dans une chambre premium, spacieuse et élégamment aménagée. Elle offrait un espace généreux, comprenant un petit salon cosy, parfait pour se détendre après une journée d’exploration, ainsi qu’un très grand lit au confort exceptionnel. La literie douce et les équipements haut de gamme assuraient un repos optimal, tandis que la climatisation et le Wi-Fi haut débit ajoutaient une touche de modernité appréciable.

Outre la qualité des chambres, l’hôtel se distingue par sa belle piscine, idéale pour se rafraîchir sous le soleil de Korhogo. Un espace de baignade sécurisé est également dédié aux enfants, offrant ainsi une expérience agréable pour toute la famille. Pour les amateurs de sport, une salle de fitness moderne et bien équipée permet de rester actif pendant le séjour.

Malgré sa récente construction, l’hôtel connaît quelques problèmes de fuites d’eau par temps pluvieux. Heureusement, ces désagréments ne nous ont pas affectés, les travaux de réparation étant immédiatement entrepris.

 

LES LIENS

 

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