Les Anses et Plages de Martinique FRANCE +

Nous parcourons les Anses et Plages de Martinique, mosaïque de criques et de plages où chaque anse raconte une histoire géologique et humaine. Au sud, Les Salines étirent leur sable blond sous les cocotiers, paradis familiale de la Caraïbe, tandis que Grande Anse du Diamant, face au rocher mythique, déploie son sable noir strié de pyrite, témoin des éruptions passées. À l’est, l’Anse Trabaud reste un sanctuaire sauvage, accessible par des sentiers secrets entre mangrove et savane aride, refuge des tortues imbriquées.
Plus intimistes, les Anses d’Arlet enchantent avec leurs villages de pêcheurs aux cases pastel et leurs eaux turquoise peuplées de poissons-papillons. Anse Noire et Anse Dufour, jumelles contrastées – l’une de sable volcanique, l’autre dorée – se partagent une baie préservée, royaume des plongeurs explorant les tombants coralliens. Au nord, Anse Céron mêle jungle et lagon, son sable gris perlé bordé de raisiniers séculaires.
Les amateurs d’histoire marcheront jusqu’à l’Anse Cafard, où les statues du Mémorial Cap 110 veillent sur la mémoire esclavagiste, ou découvriront Anse Couleuvre, sauvage et minérale, dominée par les pitons du nord et ses cascades secrètes. Les amoureux de solitude préféreront Anse à Prunes, crique de sable noir cachée derrière des falaises de tuf, ou l’Anse Genty, accessible uniquement par la mer, où les fonds marins dissimulent des épaves de goélettes.
Conseils d’initiés :
- Privilégiez l’aube pour les plages populaires (Les Salines, Diamant).
- Explorez les criques isolées en semaine, quand les pêcheurs sont vos seuls compagnons.
- Respectez les zones protégées (Tortues à Trabaud, coraux à Dufour).
Entre sable doré, noir ou ocre, falaises sculptées par les alizés et forêts tombant dans la mer, les anses martiniquaises tissent une toile où nature et mémoire créole s’entrelacent – chaque grain de sable, une page d’histoire, chaque vague, un appel à la contemplation.
GRANDE ANSE DU DIAMANT
Nous contournons les flancs verdoyants du Morne Larcher, ancien volcan endormi dont la silhouette veille sur la côte sauvage, quand se dévoile soudain Grande Anse du Diamant , une des plus belles anses de Martinique: une courbe de sable noir ourlée d’écume, face au célèbre Rocher du Diamant qui émerge des flots comme une sentinelle pétrifiée. Cette plage légendaire, née des colères de la Montagne Pelée il y a quatre siècles, doit son nom aux reflets cristallins que le basalte poli renvoie au zénith – illusion de gemmes éparpillées par quelque géant oublié. Nos pieds s’enfoncent dans un sable lourd, mélange de scories volcaniques et de corail broyé, où scintillent des paillettes de pyrite comme autant de poussières d’étoiles.
L’histoire murmure dans le ressac. En 1804, les Britanniques transformèrent le Rocher du Diamant en navire de guerre improvisé, hissant des canons à 175 mètres de hauteur pour contrôler le détroit. Pendant dix-huit mois, ce « HMS Diamond Rock » résista aux assauts français, jusqu’à ce que la soif ne force sa reddition – les citernes d’eau percées par les boulets creusant encore des stries dans la roche. Les pêcheurs du bourg voisin racontent que les fantômes de marins hantent les grottes sous-marines, leurs chants se mêlant au clapotis des vagues les nuits de pleine lune.
Une anecdote circule parmi les anciens : en 1974, un pêcheur aurait remonté dans ses filets une cloche de bronze gravée d’une fleur de lys, vestige d’un vaisseau coulé lors de la bataille navale de 1805. Elle sonnerait douze coups à chaque anniversaire de l’abolition de l’esclavage, le 22 mai.
Pour explorer ce lieu de mémoire et de nature, trois circuits s’imposent :
- La « Traverse des Abîmes », randonnée sous-marine le long de la faille volcanique où gisent des ancres du XVIIIe siècle, royaume des tortues vertes et des barracudas.
- L’ascension du Morne Larcher (478 m), sentier jalonné de pétroglyphes kalinagos menant à un panorama où le Rocher du Diamant semble voguer vers Sainte-Lucie.
- La route des « Savanes des Pétrifications », désert minéral ponctué de troncs d’arbres silicifiés, où les artistes locaux collectent l’ocre pour leurs fresques murales.
Conseil des initiés : venez à l’aube en semaine pour partager la plage avec les « ti-chien-lanmè » (bernard-l’ermite) traçant leurs arabesques éphémères. Goûtez les « accras de morue » de Mamie Adèle, vendus sous son carbet de palmes tressées, avant de plonger dans les « bains des sirènes », bassins naturels abrités par la Pointe Borgnèse. Et surtout, respectez le silence au couchant : quand l’ombre du rocher s’étire jusqu’à la côte, certains jurent entendre les lamentations des esclaves marrons qui y trouvèrent refuge…
En quittant cette anse où chaque vague charrie un fragment d’histoire, nous comprenons pourquoi les conteurs créoles disent que le Diamant est « une larme de la terre devenue pierre, puis mémoire ». Ici, le passé et le présent dansent un quadrille éternel, guidés par le tambour des flots.
PETITE ANSE
Lors de notre visite à Petite Anse, un charmant village de pêcheurs situé sur la côte sud-ouest de la Martinique, nous avons été immédiatement séduits par l’authenticité et le calme qui y règnent. Ce hameau fait partie de la commune des Anses-d’Arlet, réputée pour ses plages pittoresques et son atmosphère paisible
La plage de Petite Anse, est une étendue de sable doré bordée de cocotiers, offrant une vue imprenable sur les eaux turquoise de la mer des Caraïbes. Moins fréquentée que certaines anses de Martinique voisines, elle est idéale pour ceux qui recherchent tranquillité et détente. Nous avons profité de ce cadre idyllique pour nous baigner et observer les pêcheurs locaux rentrer avec leurs prises du jour, perpétuant des traditions ancestrales.
Pour les amateurs de plongée et de snorkeling, les eaux claires de Petite Anse abritent une riche biodiversité marine. Nous avons eu l’occasion d’observer une variété de poissons tropicaux et de coraux colorés à quelques mètres du rivage, faisant de cette plage un lieu prisé des passionnés de vie sous-marine.
Les sources chaudes de Dlo Ferré, situées près de la plage de Petite Anse aux Anses-d’Arlet, offrent une expérience unique en Martinique. Ces bassins naturels, chauffés à environ 35°C par l’activité géothermique, permettent une baignade relaxante tout en profitant d’une vue imprenable sur la baie de Petite Anse.
L’accès à Dlo Ferré se fait par un sentier pédestre d’environ 2 kilomètres aller-retour, soit 45 minutes à une heure de marche. Le point de départ se situe au parking de Petite Anse, près du snack « Chez Frédo ».
De là, un panneau indicatif « Dlo Ferré » vous guidera sur un chemin traversant une savane, menant directement aux sources chaudes.
Les bassins, de petite taille, peuvent accueillir jusqu’à deux personnes à la fois. Il est donc recommandé de planifier votre visite en dehors des heures d’affluence pour profiter pleinement de ce havre de paix. De plus, il est conseillé de vérifier les conditions météorologiques avant de s’y rendre, car en cas de forte houle, l’accès peut être dangereux.
Lors de notre promenade au niveau des sources chaudes, nous avons eu la surprise de tomber nez à nez avec un Grapsus grapsus, parfois appelé Sally-pied-léger ou crabe rouge de rocher. Sur les rochers humides, entre deux vagues, ce crustacé décapode nous a immédiatement fascinés par ses couleurs vives et son agilité. Nous avons pu observer sa carapace plate, légèrement ronde, d’une taille d’environ huit centimètres, arborant un mélange marbré de verts, de jaunes et de rouges, tandis que ses pattes larges et plates se terminaient en pointes incurvées, idéales pour s’agripper aux surfaces les plus glissantes.
En somme, une visite à Dlo Ferré offre une occasion unique de se détendre dans un cadre naturel exceptionnel, tout en découvrant l’une des merveilles cachées de la Martinique.
LE CUL DE SAC DU MARIN
Le Cul-de-sac du Marin est une baie située au sud de la Martinique, formant une profonde échancrure de plus de quatre kilomètres dans la côte de l’île. Cette configuration naturelle offre un abri exceptionnel aux embarcations, ce qui en fait un lieu prisé pour la plaisance.
Les rives du Cul-de-sac du Marin accueillent deux communes principales :
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Le Marin : Cette ville abrite un port de plaisance majeur, considéré comme l’un des plus importants de la région, offrant des infrastructures modernes pour les navigateurs.
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Sainte-Anne : Située à l’entrée de la baie sur la côte sud, cette commune est réputée pour ses plages pittoresques et son ambiance paisible.
La baie est entourée de mornes boisés aux formes arrondies, contribuant à la beauté scénique du site. Cependant, ces collines connaissent une urbanisation croissante, modifiant progressivement le paysage traditionnel.
Pour les plaisanciers, le Cul-de-sac du Marin représente un havre sûr, protégé des vagues océaniques, avec des mouillages bien abrités, notamment sur le côté est, entre Sainte-Anne et Le Marin.
En somme, le Cul-de-sac du Marin est une zone maritime d’une grande qualité, combinant des atouts naturels et des infrastructures adaptées, ce qui en fait une destination de choix pour les amateurs de navigation et de paysages côtiers.
GRANDE ANSE DES SALINES
Nous avançons sur une langue de sable immaculé longue de 1,3 km, où les cocotiers penchés dessinent une voûte naturelle au-dessus des eaux turquoise. Les Salines, joyau du sud martiniquais, doit son nom aux marais salants aménagés ici dès 1638 par les colons – vestiges encore visibles derrière les filaos, leurs bassins géométriques envahis par les crabes violonistes. Ce site, classé depuis 1976, incarne le paradoxe d’une nature à la fois domptée et sauvage : à l’ouest, les étals de baignoires colorées et les grillades de lambi ; à l’est, la Savane des Pétrifications où gisent des troncs silicifiés vieux de 2 000 ans, témoins d’une éruption volcanique qui calcina la forêt.
Nos pas suivent les traces des « sauniers » d’antan, ces esclaves chargés de récolter l’or blanc sous un soleil de plomb. Leur histoire survit dans les toponymes : la « Pointe Baham », où les navires négriers débarquaient les captifs en contrebande ; le « Trou Cochon », fosse où l’on jetait les révoltés. L’architecture discrète rappelle ce passé : les ruines du four à chaux de 1745, les cases en pierre sèche des pêcheurs kalinagos transformées en snacks, et le phare de la Jetée, érigé en 1860 avec les pierres tombales de planteurs hollandais.
Une anecdote circule parmi les vendeuses de « sorbet coco » : en 1943, un hydravion américain se serait posé en urgence sur la lagune – son équipage aurait dansé le béguine avec les villageoises avant de repartir vers l’Europe. Les matins de semaine, on croise encore Ti-Marcel, 92 ans, qui raconte comment son père extrayait le sel avec une planche de tamarinier, tandis que les enfants glanaient les cristaux pour troquer contre du sucre à Fort-de-France.
Pour explorer ce sanctuaire, deux circuits s’imposent : la « Trace des Sauniers » (4 km entre plage et savane, avec pause baignade à l’Anse Michel), et la route en kayak jusqu’aux « Grottes de l’Enfer », où les vagues sculptent des arches basaltiques. Les amateurs de fonds marins opteront pour le sentier sous-marin de la Pointe Borgnesse, royaume des tortues imbriquées et des coraux cerveaux vieux de cinq siècles.
Conseil des initiés : arrivez à l’aube pour voir les pêcheurs de « z’habitants » (langoustes) plonger depuis leurs « gommiers », pirogues traditionnelles taillées dans des troncs de courbaril. Goûtez les « accras de morue » de Mama Léna, préparés dans sa case bleue perdue entre les cocotiers. Et surtout, restez au crépuscule : quand les derniers touristes quittent le parking, la plage retrouve son âme créole – celle où les étoiles se reflètent dans les anciens bassins de saumure, et où le vent porte encore les murmures des femmes qui, jadis, chantaient en pilant le sel pour conjurer la douleur.
LA SAVANE DES PETRIFICATIONS
En explorant Saint Anne nous découvrons un lieu unique et surprenant : la Savane des Pétrifications. Située à l’extrémité sud de la presqu’île de Sainte-Anne, cette étendue aride contraste fortement avec la végétation luxuriante typique de l’île.
Autrefois, des bois fossilisés jonchaient le sol de cette savane, témoignant d’une activité hydrothermale passée. Malheureusement, l’échantillonnage excessif a épuisé ces précieuses reliques, et aujourd’hui, la collecte de tout échantillon est strictement interdite.
En parcourant ce paysage quasi lunaire, nous marchons sur un sol caillouteux, parsemé de cactus et de rares herbes folles. Le sentier, débutant près de la plage des Salines, nous conduit à travers des anses isolées comme l’Anse à Prunes, l’Anse Écluse et l’Anse Braham. Ces criques sauvages offrent des panoramas époustouflants sur l’océan Atlantique, avec en toile de fond la Table du Diable, un rocher battu par les vagues.
Notre randonnée nous mène ensuite vers l’Anse Trabaud, une plage isolée aux eaux turquoise, accessible principalement à pied. Cette portion du sentier fait partie intégrante de la Trace des Caps, un itinéraire de randonnée réputé de la Martinique.
En chemin, nous traversons un petit pont en bois enjambant la rivière de l’Étang des Salines, ajoutant une touche pittoresque à notre aventure. Le contraste entre le bleu intense de la mer, le blanc éclatant des plages et le sol aride de la savane crée un tableau saisissant, nous offrant une expérience inoubliable au cœur de la Martinique.
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