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20240504 SNAKE FARM KARTONG GAMBIE (17) python royal

Lors de notre visite du temple des pythons à Ouidah, au Bénin nous avons eu l’opportunité d’observer de près le python royal (Python regius), une espèce fascinante tant par son comportement que par sa place dans les traditions et croyances locales.

Description et caractéristiques

Le python royal, également appelé python boule, est une espèce de serpent appartenant à la famille des Pythonidae. Il s’agit du plus petit des pythons africains, et aucune sous-espèce n’est reconnue à ce jour. C’est un serpent constricteur, ce qui signifie qu’il tue ses proies en les étouffant plutôt qu’en les mordant avec du venin. Son nom de python royal viendrait du fait que la reine Cléopâtre aurait eu pour habitude de porter ces serpents enroulés autour de ses poignets. Le nom de python boule, quant à lui, fait référence à son comportement défensif : lorsqu’il se sent menacé, il a tendance à se rouler en boule, en cachant sa tête sous son corps.

À l’âge adulte, un python royal mesure environ 120 cm, les femelles étant légèrement plus grandes que les mâles. Son corps est trapu et sa tête relativement petite. Sa coloration la plus courante est noire ou marron foncé avec des taches marron clair sur les côtés et le dos. Sa face ventrale est blanche ou crème, parfois parsemée de petites marques noires. En captivité, des élevages sélectifs ont conduit à l’apparition de nombreuses variations de couleurs et de motifs, appelées phases.

Nous avons également remarqué que les pythons royaux possèdent des éperons pelviens, vestiges de pattes arrières, situés de chaque côté du cloaque. Ces éperons seraient plus larges chez les mâles, mais la seule méthode fiable pour distinguer les sexes est l’éversion manuelle des hémipénis du mâle.

Écologie et comportement

Le python royal vit dans les prairies, les savanes et les régions peu boisées. C’est un serpent terrestre, bien qu’il puisse grimper aux arbres à l’occasion. Il est nocturne, ce qui signifie qu’il chasse principalement la nuit. Lorsqu’il est menacé, il s’enroule sur lui-même et cache sa tête, une stratégie qui lui vaut son surnom de « python boule ». Il peut aussi siffler bruyamment pour intimider un prédateur. Son habitat naturel inclut souvent les terriers de mammifères, où il peut se cacher et même entrer en estivation durant les périodes de sécheresse prolongées.

Ce serpent est réputé pour son tempérament calme et placide, ce qui le rend assez manipulable. Sa taille modeste et son caractère non agressif expliquent pourquoi il est souvent choisi comme animal de compagnie. Cependant, il est aussi connu pour être sujet au stress, ce qui peut entraîner des périodes de jeûne prolongées, notamment en hiver.

Alimentation et techniques de chasse

Dans la nature, le python royal se nourrit principalement de petits mammifères tels que des rats, des musaraignes et des souris. Les jeunes individus chassent également des oiseaux.

Comme tous les serpents constricteurs, il capture ses proies en les saisissant avec sa mâchoire puissante, puis il s’enroule autour d’elles et les étouffe en resserrant ses anneaux à chaque expiration de la proie. Une fois celle-ci morte, il l’avale entière grâce à sa mâchoire extrêmement flexible, qui peut s’élargir pour engloutir des proies bien plus larges que sa tête. Sa digestion est un processus long, qui peut durer plusieurs jours, voire semaines, selon la taille du repas.

En captivité, certains spécimens sont capables de jeûner plusieurs semaines, notamment en hiver.

Reproduction

Le python royal est une espèce ovipare. La maturité sexuelle est atteinte entre 6 et 18 mois chez les mâles et entre 12 et 36 mois chez les femelles. Cependant, le poids joue aussi un rôle important dans l’atteinte de la maturité sexuelle.

La femelle pond entre 3 et 11 œufs, qu’elle dépose sur le sol, à l’abri des intempéries. Contrairement à la majorité des reptiles, elle reste enroulée autour de ses œufs pour les protéger et maintenir une température adéquate grâce à des contractions musculaires. L’incubation dure environ 55 à 60 jours, après quoi les jeunes pythons éclosent et doivent immédiatement se débrouiller seuls.

Habitat et répartition géographique

Le python royal est originaire d’Afrique, où il est présent sur une large bande horizontale s’étendant du Sénégal jusqu’à l’ouest de l’Ouganda et au nord de la République démocratique du Congo. L’holotype de l’espèce n’a cependant pas été précisé dans la description originale.

Ce serpent est depuis longtemps considéré comme sacré dans plusieurs cultures africaines et a souvent été gardé comme animal de compagnie par la royauté africaine.

Le python royal dans les croyances et le folklore

Le python royal joue un rôle majeur dans les croyances traditionnelles africaines. Il est vénéré par les Igbos du sud-est du Nigeria, qui le considèrent comme un symbole de la terre. Même parmi les Igbos chrétiens, ce serpent est traité avec respect, et s’il est retrouvé dans un village, il est généralement déplacé avec précaution plutôt que tué. Si l’un d’eux est tué accidentellement, certaines communautés Igbo lui accordent même une sorte de funérailles, en construisant un cercueil pour lui.

Nous avons retrouvé cette vénération au Sud du Bénin, notamment à Ouidah, où se trouve le célèbre temple des pythons. Ce temple, que nous avons visité, abrite plusieurs dizaines de pythons royaux. Ces serpents sont associés à Dangbé, le dieu-serpent du vaudou, symbole de protection et de prospérité. Ils sont autorisés à circuler librement dans la ville, et si un python entre dans une maison, cela est perçu comme un signe de bénédiction.

Dans le temple, les pythons sont régulièrement manipulés par les prêtres et les visiteurs. Lors des cérémonies vaudou, certains sont enroulés autour du cou des fidèles, ou utilisés dans des danses rituelles.

Utilisation comme animal de compagnie

Le python royal est l’un des serpents les plus populaires en captivité, notamment en raison de sa petite taille et de son tempérament calme. Les juvéniles peuvent être un peu plus agressifs, mais les adultes mordent rarement.

Les spécimens capturés dans la nature sont souvent difficiles à adapter à la captivité, car ils refusent parfois de s’alimenter et peuvent être porteurs de parasites internes et externes. Cependant, les pythons élevés en captivité sont généralement plus faciles à apprivoiser. Certains spécimens ont vécu plus de 40 ans en captivité.

Menaces et conservation

Bien que le python royal ne soit pas en danger critique, il est menacé par la destruction de son habitat (agriculture, urbanisation) et par la chasse pour sa peau ou pour le commerce des animaux exotiques.

Le temple des pythons de Ouidah joue un rôle important dans sa préservation, en assurant une coexistence harmonieuse entre l’homme et cet animal sacré. Notre rencontre avec ces serpents nous a permis de mieux comprendre le lien profond qui unit cet animal à la culture et aux croyances locales, témoignant d’une coexistence unique entre traditions et biodiversité.

Il est intéressant de noter que cette espèce peut être observée à la fois dans des établissements de recherche comme lInstitut de Recherche en Biologie Appliquée de Guinée à Kindia, ainsi que dans des établissements comme la Snake Farm à Kartong en Gambie, où les visiteurs peuvent en apprendre davantage sur sa biologie et son importance écologique.