Ouidah la Ville Historique Région Atlantique Bénin

Nous quittons Grand-Popo et la région de la Mono pour rejoindre la région de l’Atlantique et Ouidah. Ce trajet, d’environ 1h30 à 2h, nous permet de découvrir des paysages variés et de faire quelques haltes intéressantes avant d’arriver à notre hébergement, une villa que nous avons réservée à Hevié. Nous partons tôt le matin, après un dernier petit-déjeuner face à l’océan. La route qui mène à Ouidah traverse d’abord des zones côtières, où les cocotiers et les villages de pêcheurs dominent le paysage. Nous longeons la Route des Pêches, une voie goudronnée en bon état qui offre des vues magnifiques sur l’océan Atlantique. En passant par des villages comme Avlékété et Djègbadji, nous observons les pêcheurs préparer leurs pirogues pour la journée, un spectacle qui rappelle l’importance de la mer dans la vie des habitants.
En quittant la côte, nous entrons dans la région de la Mono, caractérisée par ses paysages verdoyants et ses champs cultivés. La route traverse des villages animés, où les marchés locaux regorgent de produits frais : ignames, maïs, fruits tropicaux et poissons séchés. Nous faisons une courte halte à Comè, une petite ville connue pour son marché artisanal. C’est l’occasion d’acheter quelques souvenirs, comme des paniers tressés ou des sculptures en bois, tout en échangeant avec les artisans locaux.
En approchant d’Ouidah, nous entrons dans la région de l’Atlantique, une zone plus urbanisée mais toujours riche en histoire et en culture. Ouidah, ancien port négrier et haut lieu du culte vaudou, est une ville chargée de symboles. Nous apercevons au loin la Porte du Non-Retour, un monument emblématique qui rappelle le passé douloureux de la traite des esclaves. La route devient plus animée, avec des motos-taxis, des vendeurs ambulants et des échoppes colorées.
Nous arrivons enfin à Hevié, une petite localité située à quelques kilomètres d’Ouidah. Notre hébergement, une villa avec trois chambres, piscine et jacuzzi, est un véritable havre de paix niché dans un cadre verdoyant. La villa, spacieuse et bien aménagée, offre tout le confort nécessaire pour un séjour agréable. Les chambres sont lumineuses et décorées avec goût, et la vue sur le jardin et la piscine est apaisante. Nous sommes accueillis chaleureusement par le propriétaire, qui nous offre une boisson rafraîchissante à base de fruits locaux et nous donne quelques conseils pour explorer les environs.
Après nous être installés, nous profitons immédiatement des installations de la villa. La piscine, entourée de palmiers et de fleurs tropicales, est un endroit idéal pour se rafraîchir après le voyage. Le jacuzzi, parfait pour se détendre, nous permet de relâcher les tensions accumulées pendant le trajet. Nous déjeunons sur la terrasse, où nous dégustons des plats locaux comme le poisson grillé et l’igname pilée, accompagnés de sauces épicées et de légumes frais, que nous avons préparés avec des ingrédients achetés au marché de Comè.
Le trajet de Grand-Popo à Ouidah a été une transition douce entre la tranquillité de la côte et l’effervescence culturelle de la région de l’Atlantique. La villa à Hevié, avec son cadre paisible, sa piscine et son jacuzzi, est le point de chute idéal pour explorer Ouidah et ses environs. Une nouvelle étape de notre voyage commence, pleine de promesses et de découvertes.
OUIDAH
Le lendemain, nous partons à la découverte d’Ouidah, une ville riche en histoire et en culture, en réservant la visite du temple des pythons pour une autre fois. Cette journée promet d’être riche en émotions et en découvertes, entre histoire, spiritualité et traditions locales. Ouidah, jadis port de premier plan sur la côte du golfe de Guinée, est aujourd’hui un centre historique dont le Fort portugais est la pièce maîtresse. Cette ville, qui fut l’un des principaux ports de la traite négrière en Afrique de l’Ouest, regorge de sites emblématiques et de témoignages de son passé colonial et afro-brésilien. En flânant dans ses rues, on peut tomber nez à nez avec un zangbéto (un revenant vaudou) ou un féticheur, rappelant que Ouidah est encore aujourd’hui l’un des foyers béninois du vaudun.
Ouidah, autrefois appelée Gléhué (« la maison des champs »), a été fondée au XVIe siècle par un souverain de Savé. Initialement un petit village de pêcheurs, elle s’est rapidement développée grâce au commerce des esclaves lorsque les Européens s’y sont établis. Les Portugais, les Anglais et les Français, attirés par les richesses du royaume des Huéda, ont transformé Ouidah en un centre névralgique de la traite négrière. Le nom « Ouidah » est d’ailleurs une déformation du mot « Huéda », prononcé différemment par les colonisateurs.
Au XVIIIe siècle, le roi d’Abomey, soucieux de contrôler ce commerce lucratif, conquiert Ouidah et y nomme un représentant, le yovogan, chargé de négocier avec les Européens. Cependant, après l’abolition de l’esclavage, Ouidah se reconvertit dans le commerce de l’huile de palme, introduite sous le règne du roi Ghézo (1818-1858). Le déclin de la ville commence avec la défaite du roi Béhanzin face aux Français en 1894 et s’accentue avec la construction du wharf de Cotonou, qui attire les navires de commerce. Aujourd’hui, Ouidah compte environ 60 000 habitants, principalement des Xweda, des Fon et des descendants de « Brésiliens », ces esclaves affranchis revenus d’Amérique au XVIIIe siècle.
La maison du Brésil CASA DO BRASIL
Nous pénétrons dans la Maison du Brésil, un lieu chargé d’histoire, niché au cœur de Ouidah, ville symbole des échanges tragiques et culturels entre l’Afrique et les Amériques. Ce bâtiment, aux murs ocre et aux volets bleus, incarne l’héritage des Afro-Brésiliens, ces descendants d’esclaves affranchis revenus au Bénin au XIXe siècle. Dès l’entrée, nous sommes saisis par l’atmosphère où se mêlent douleur et résilience.La Maison du Brésil abrite un musée dédié à la diaspora africaine, notamment celle liée au Brésil. Les pièces exposées racontent une histoire complexe : des chaînes d’esclaves aux objets rituels vaudou, en passant par des archives jaunies et des costumes traditionnels aux couleurs vives. Chaque vitrine est un témoignage. Nous remarquons des statuettes de divinités Yoruba, des instruments de musique utilisés lors des cérémonies de retour des âmes, et des cartes maritimes traçant les routes de la traite transatlantique.
Une salle est consacrée aux familles afro-brésiliennes, comme les Souza ou les Oliveira, dont les portraits et les lettres révèlent leur rôle dans la construction de Ouidah. Nous lisons des récits de retornados, ces hommes et femmes qui, après l’abolition, ont ramené avec eux l’architecture coloniale brésilienne, visible dans les maisons à étages de la ville.
Notre guide évoque avec passion les projets futurs. Le plus ambitieux est la reconstruction d’un navire négrier à l’échelle réelle, destiné à devenir un mémorial flottant. Ce navire, ancré près de la Porte du Non-Retour, servira de lieu pédagogique pour illustrer l’horreur des traversées, mais aussi les résistances qui ont jalonné cette histoire.
Un autre projet nous interpelle : le transfert des collections du musée vers le Fort portugais après sa restauration. Ce fort, situé en bord de mer, est un symbole paradoxal : ancien comptoir de commerce d’esclaves, il deviendra un espace muséal modernisé, avec des salles climatisées et des technologies interactives. L’objectif ? Préserver les artefacts fragiles et attirer un public international, tout en ancrant l’histoire dans le lieu même où elle s’est jouée.En sortant, nous marchons vers la plage, suivant le chemin des esclaves. La Maison du Brésil, bientôt relayée par le Fort portugais, nous rappelle que la mémoire est un chantier perpétuel. Ces projets ne sont pas que des hommages au passé : ils sont des ponts pour dialoguer avec le présent. Les objets, les navires reconstitués, les murs restaurés… chaque détail crie une vérité : l’histoire de Ouidah est vivante, et nous en sommes désormais les passeurs.
Et vous, quand irez-vous emprunter ces chemins de mémoire ?
Houenouho, l’Arbre Sculpté de Ouidah : Un Gardien de Mémoire
En nous approchant de Houenouho, un arbre majestueux aux racines noueuses et au tronc couvert de sculptures mystérieuses, nous ressentons une émotion presque sacrée. Situé non loin de la Route des Esclaves, ce figuier géant, transformé en œuvre d’art par des mains anonymes ou célèbres, incarne à lui seul la résilience et la spiritualité de Ouidah.Houenouho n’est pas qu’un arbre : c’est un lieu de mémoire collective. Son nom, en langue fon, évoquerait une « force ancrée » ou une « parole des esprits », selon les interprétations. Ses sculptures, gravées directement dans l’écorce, représentent des visages aux traits épurés, des symboles vaudou, et des scènes abstraites évoquant la traite transatlantique. Chaque entaille raconte une histoire : des larmes stylisées coulent le long du tronc, des mains s’élèvent vers le ciel comme pour invoquer les ancêtres, et des chaînes brisées s’enroulent autour des branches.
Notre guide nous explique que ces sculptures ont été ajoutées au fil des décennies, parfois par des artistes locaux, parfois lors de cérémonies rituelles. L’arbre lui-même serait âgé de plus de trois siècles, témoin silencieux des départs forcés vers les Amériques. Pour les communautés vaudou, il est un pont entre les mondes, un lieu où les Orishas (divinités) et les esprits des esclaves disparus dialoguent encore.Autour de Houenouho, des offrandes discrètes jonchent le sol : des cauris, des bougies éteintes, des morceaux de tissu rouge et noir. Ces dépôts, laissés par des visiteurs ou des adeptes du vaudou, rappellent que l’arbre est toujours vivant dans les pratiques spirituelles. Certains y viennent pour honorer les ancêtres, d’autres pour demander protection ou clairvoyance.
Nous apprenons que lors du festival des cultures vodun, célébré chaque janvier à Ouidah, Houenouho devient un lieu central. Des danses et des chants s’organisent à ses pieds, mêlant prières et revendications mémorielles. Des artistes contemporains, comme le sculpteur béninois Dominique Kouas, s’en inspirent pour créer des œuvres liées à l’identité afro-diasporique.Malgré son importance, Houenouho montre des signes de fragilité. Le temps, les intempéries et les termites menacent ses sculptures. Des projets de restauration et de mise en valeur ont été entamés par les autorités locales, en collaboration avec l’UNESCO afin de protéger l’arbre sans altérer son caractère sacré, notamment en installant une structure légère autour de lui ou en documentant numériquement ses gravures.
En quittant ce lieu, nous gardons en mémoire l’image de ces visages sculptés, miroirs d’une histoire douloureuse mais aussi d’une créativité indomptable. Houenouho n’est pas qu’un vestige du passé : c’est un manifeste artistique, une invitation à ne jamais séparer la mémoire de la beauté.
Et vous, oserez-vous toucher son écorce pour écouter les murmures du temps ?
Architecture coloniale et afro-brésilienne
En parcourant les rues de Ouidah, nous avons été frappés par l’empreinte laissée par le passé sur l’architecture de la ville. Ici, les bâtisses coloniales racontent sans mots l’histoire mouvementée de cette cité, ancien carrefour du commerce et de la traite négrière. Chaque façade érodée, chaque balcon en fer forgé, chaque mur de pierre ou de brique semble murmurer les récits d’une époque révolue, mais toujours présente dans l’atmosphère de la ville.
L’architecture de Ouidah est un fascinant mélange d’influences. Les constructions coloniales, bien que parfois délabrées, témoignent du passage des Portugais, des Français et surtout des Afro-Brésiliens revenus d’exil. Ces derniers ont insufflé à la ville une esthétique singulière : des maisons aux façades colorées, aux larges fenêtres encadrées de bois et aux toits de tuiles rouges qui rappellent les quartiers historiques de Bahia. Ces demeures, souvent ornées de motifs en stuc et de balcons travaillés, dégagent un charme suranné, un éclat nostalgique qui résiste au temps.
Les rues de Ouidah sont un musée à ciel ouvert. Nous avons arpenté des ruelles bordées de bâtisses imposantes, certaines restaurées, d’autres en train de se fondre dans la végétation qui tente de reprendre ses droits. Parfois, au détour d’un carrefour, un édifice à colonnades nous transportait en pleine époque coloniale, tandis qu’un peu plus loin, une maison créole aux couleurs fanées évoquait les échanges incessants entre l’Afrique et le Nouveau Monde.
Ce qui nous a particulièrement marqués, c’est l’ambiance qui se dégage de ces constructions. Ouidah n’a pas seulement conservé des bâtiments : elle a gardé une âme, celle d’une ville qui fut à la croisée des civilisations. L’usure du temps, loin d’effacer cette mémoire, lui donne une profondeur supplémentaire. Certains murs, fissurés par les années, semblent vouloir raconter ce qu’ils ont vu : les caravanes d’esclaves en partance, les riches marchands de retour du Brésil, les missionnaires européens venus implanter une nouvelle foi.
Ouidah est un livre d’histoire bâti en pierre, en bois et en argile. Mais c’est aussi une ville vivante, où ce patrimoine n’est pas figé dans le passé. Derrière ces façades, la vie continue : des enfants jouent devant d’anciennes résidences coloniales, des habitants s’affairent sur le pas de portes centenaires, des artisans travaillent sous les vérandas ombragées. Ce contraste entre l’ancien et le présent donne à Ouidah une atmosphère unique, un équilibre fragile entre la nostalgie et la modernité.
Nous avons quitté la ville avec l’impression d’avoir traversé le temps. Ouidah n’est pas seulement une destination : c’est une immersion dans une histoire encore palpable, une rencontre avec un patrimoine architectural qui, malgré les épreuves du passé, continue de se dresser fièrement sous le ciel béninois.
La Basilique Notre-Dame et la Maison de la Mémoire
La Basilique Notre-Dame de Ouidah, située dans l’ancien royaume de Dahomey (actuel Bénin), est un témoin de l’expansion catholique en Afrique de l’Ouest durant la période coloniale. Construite au début du XXᵉ siècle (vers 1909) par les missionnaires français de la Société des Missions Africaines (SMA), elle incarne l’effort d’évangélisation dans un territoire marqué par le commerce des esclaves et les cultes vodun. Ouidah, port négrier majeur jusqu’au XIXᵉ siècle, devient paradoxalement un foyer catholique sous l’impulsion coloniale. L’église fut érigée en basilique mineure en 1987 par le pape Jean-Paul II, soulignant son importance spirituelle et son rayonnement régional.
Nous franchissons le seuil de la basilique Notre-Dame de Ouidah, accompagnés par un guide passionné qui partage avec nous les secrets de ce lieu sacré. Dès l’entrée, un livret illustré nous est remis, détaillant l’histoire et les symboles de l’édifice.
L’édifice mêle style néo-roman européen et adaptations locales. Sa façade imposante, en briques rouges (matériau typique de la région), contraste avec des éléments classiques comme les arcades et les vitraux. La nef centrale, spacieuse et aérée, est conçue pour résister au climat tropical, avec des ouvertures favorisant la ventilation. Les vitraux, importés d’Europe, représentent des scènes bibliques, mais certains détails intègrent des motifs africains, comme des visages noirs pour les saints. Le clocher, séparé de l’édifice principal, rappelle les missions chrétiennes d’Afrique de l’Ouest.
À l’intérieur, une statue de la Vierge Marie, vénérée sous le nom de Notre-Dame de Ouidah, est habillée de pagnes africains lors des célébrations, symbole d’inculturation.La lumière filtrant par les vitraux aux teintes chaudes baigne la nef d’une aura apaisante, tandis que notre guide nous raconte comment les missionnaires français, au début du XXᵉ siècle, ont mêlé l’architecture néo-romane aux matériaux locaux. Il désigne les briques rouges, fabriquées à partir de la terre de Ouidah, et les arcades élancées conçues pour résister aux intempéries tropicales. Nous remarquons, émus, que les saints des vitraux ont des visages africains – une touche d’inculturation qui nous rappelle que cette foi s’est enracinée ici, malgré les déchirures de l’histoire.
Près de l’autel, une statue de la Vierge Marie drapée dans un pagne traditionnel attire notre regard. Le guide explique qu’elle est vénérée comme une figure maternelle protectrice, liée à la fois aux pèlerinages catholiques et aux récits locaux de guérisons. Dans un coin discret, une urne en bois invite à une donation volontaire, sans obligation, pour soutenir l’entretien des lieux. Nous glissons quelques billets, touchés par la simplicité du geste.
La visite se poursuit vers l’extérieur, où le guide nous mène vers une surprise : une grotte nichée dans un jardin ombragé, réplique de celle de Lourdes. Construite dans les années 1950 par des fidèles désireux de créer un espace de recueillement plus intime, elle abrite une statue de la Vierge entourée de bougies et d’offrandes – fleurs séchées, coquillages, et même des colliers vaudou déposés discrètement par des croyants en quête de double protection. Le guide sourit en évoquant ces syncrétismes discrets, tolérés malgré les tensions historiques. L’atmosphère y est mystique, presque surnaturelle : l’écho de nos pas résonne sous la voûte rocailleuse, et l’air humide porte l’odeur de la cire fondue et de la terre mouillée.
Alors que nous sortons de la grotte, le livret en main, nous lisons qu’une légende raconte que des murmures y seraient entendus à la tombée de la nuit, comme des prières venues du passé. Notre guide confirme, ajoutant que des pèlerins viennent parfois y passer des heures en silence, cherchant des réponses ou la paix. En repartant, nous croisons un groupe de femmes en tenue colorée qui déposent des paniers de fruits au pied de la Vierge – un mélange de dévotion chrétienne et de rites ancestraux, typique de Ouidah.
La basilique est un pilier du catholicisme béninois, attirant des pèlerins lors de fêtes mariales (comme l’Assomption) et servant de lieu de réconciliation entre l’histoire douloureuse de l’esclavage et la foi chrétienne. Cependant, Ouidah reste aussi la « capitale du vodun », reconnu officiellement au Bénin depuis les années 1990. Cette coexistence crée un paysage religieux unique : certains fidèles pratiquent à la fois le catholicisme et le vodun, bien que l’Église condamne officiellement ce syncrétisme. La basilique incarne ainsi un dialogue complexe entre traditions locales et universalisme chrétien.
Cette visite, entre pierres coloniales, spiritualités entrelacées et murmures de l’histoire, nous laisse avec un sentiment de profonde connexion. Ici, chaque mur, chaque offrande, chaque symbole raconte une histoire de résilience et de dialogue, où le sacré ne cesse de se réinventer.
Nous écoutons, captivés, les récits qui entourent la basilique, comme autant de fils tissant sa mémoire vivante. La cloche miraculeuse reste l’une des légendes les plus fascinantes : on nous explique que cette cloche, fondue en France au début du XXᵉ siècle, aurait mystérieusement retenti à plusieurs reprises pendant sa construction, sans qu’aucune main ne touche ses cordes. Selon les anciens du village, ces sonneries spectrales auraient averti les ouvriers d’un incendie menaçant le chantier, puis appelé les fidèles à la prière lors d’une épidémie de fièvre. Aujourd’hui encore, certains pèlerins jurent entendre son écho les nuits de grand vent, comme un murmure venu du passé.
Notre guide évoque ensuite la visite papale de 1993, un moment gravé dans les cœurs. Jean-Paul II, en s’agenouillant devant la statue de Notre-Dame, avait lancé un appel poignant à « la guérison des mémoires », reconnaissant l’horreur de l’esclavage qui marqua Ouidah. Il avait béni la « Porte du Non-Retour », symbole des déportations, transformant la basilique en un lieu de pardon et de réconciliation. Des photos exposées dans la sacristie montrent la foule en larmes ce jour-là, mêlant chants chrétiens et battements de tam-tams.
L’histoire de la basilique survivante des régimes marxistes nous glace le sang. Sous le régime marxiste-léniniste du Bénin (1975-1990), les églises furent fermées, les prêtres traqués. Pourtant, nous apprenons que des messes clandestines se tenaient ici, à la lueur des bougies, derrière des rideaux tirés. Des fidèles risquaient leur liberté pour y entrer, dissimulant des bibles sous des paniers de marché. Une vieille femme du quartier nous confie plus tard, les yeux brillants, comment elle transportait des hosties dans une boîte à bijoux, sous le regard méfiant des miliciens.
Enfin, la Fête de la Tabaski nous révèle une facette inattendue de la basilique. Chaque année, lors de cette célébration musulmane, des échanges ont lieu entre les paroissiens et les communautés musulmanes de Ouidah. Nous imaginons ces scènes : des enfants chrétiens offrant des dattes aux voisins en tenue de fête, des imams et des prêtres partageant un thé sous les manguiers. Le guide souligne que ces gestes, symboliques, rappellent que la ville, autrefois déchirée par les tragédies, cultive désormais un rare esprit de tolérance. Une affiche dans le hall montre d’ailleurs une photo récente de fidèles des deux religions nettoyant ensemble la place publique après les festivités.
Ces anecdotes, entre mystère, résistance et fraternité, donnent à la basilique une âme bien plus vaste que ses murs. Chaque pierre semble chuchoter ces histoires, reliant le sacré à l’humain, le passé au présent.La Basilique Notre-Dame de Ouidah est bien plus qu’un lieu de culte : elle incarne les paradoxes d’une ville à la fois sanctuaire de mémoire douloureuse et carrefour de spiritualités. Son architecture hybride, son histoire coloniale et son rôle actuel en font un symbole de résilience et de dialogue interculturel, essentiel pour comprendre le Bénin contemporain.
Le Fort portugais
Après notre visite de la Casa do Brasil à Ouidah, où nous avons pu découvrir une partie du patrimoine culturel et historique du Bénin, nous prenons la route en direction du fort portugais, futur écrin pour l’ensemble des pièces du musée. Construit en 1721 par Joseph de Torres, un capitaine de vaisseau originaire de Bahia, ce fort de forme trapézoïdale s’étend sur près d’un hectare et abritait à l’origine des cuisines, un four à pain, un poulailler ainsi qu’un verger, assurant une quasi-autonomie à ses occupants. Après avoir servi de lieu de résistance pendant la colonisation, il a été transformé en musée en 1967.
Les travaux en cours laissent entrevoir une métamorphose ambitieuse : les murs extérieurs, fraîchement restaurés, arborent des couleurs lumineuses qui mettent en valeur l’architecture d’origine. L’agitation des ouvriers, s’affairant autour des échafaudages et du matériel de chantier, témoigne de l’avancement rapide du projet. Les extérieurs, déjà dégagés et agrémentés d’aménagements paysagers, offrent un espace de promenade agréable, où l’équilibre entre la végétation locale et les bâtiments historiques crée une atmosphère paisible, propice à la contemplation et à la découverte.
Une fois la rénovation achevée, ce lieu emblématique regroupera toutes les collections du musée, permettant de retracer l’histoire de Ouidah et de la traite des esclaves. Des reproductions de gravures d’époque illustrent le quotidien des captifs, montrant combien la traversée et l’arrivée étaient redoutées. Certains, persuadés qu’ils seraient mangés à leur arrivée, préféraient se suicider en avalant de la terre ou en se jetant à la mer. Nous imaginons déjà les salles d’exposition, qui mettront en lumière ces récits douloureux tout en soulignant les liens commerciaux et culturels que la ville a entretenus avec le Brésil et l’Europe.
En quittant les lieux, nous sommes impressionnés par l’ampleur du travail accompli et la perspective de ce que deviendra le fort portugais : un lieu de mémoire, de transmission et de fierté pour la population locale, mais aussi un incontournable pour quiconque souhaite saisir l’âme de Ouidah. L’ouverture du fort semble désormais imminente, et nous repartons avec la certitude que, bientôt, ce monument retrouvera toute sa grandeur, devenant un symbole fort du renouveau culturel béninois.
La Route des Esclaves
Après la visite du Fort Portugais, nous prenons la direction de la Porte du Non-Retour en empruntant la Route des Esclaves, un parcours chargé d’histoire et d’émotion. Ce chemin d’environ quatre kilomètres relie la ville de Ouidah à la plage et fut autrefois emprunté par des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants réduits en esclavage avant d’être embarqués de force vers les Amériques. À mesure que nous avançons, nous découvrons plusieurs stations commémoratives, chacune marquant une étape cruciale du terrible parcours des captifs.
Parmi ces arrêts, l’Arbre de l’Oubli occupe une place particulière dans notre mémoire. Cet arbre sacré, autrefois utilisé pour forcer les esclaves à effectuer neuf tours pour les hommes et sept tours pour les femmes, dans le but de leur faire perdre la mémoire de leurs origines et de briser leur lien avec leur passé, a été malheureusement déraciné par une violente tempête. Heureusement, il a été soigneusement conservé pour être replanté d’ici la fin de 2025, avant les prochaines cérémonies vodoun, afin de perpétuer ce symbole puissant de la mémoire et de la résilience.
Nous poursuivons ensuite notre route vers le Mémorial de Zoungbodji, un espace poignant rendant hommage aux esclaves morts avant même d’atteindre la mer, où des fosses communes témoignent de l’horreur vécue par ces hommes et femmes arrachés à leur terre natale. Plus loin, nous découvrons l’Arbre du Retour, symbole d’espoir. Cet arbre, un arbre à saucisses, au-delà de son apparence atypique, porte une forte symbolique pour les populations locales et, plus particulièrement, pour les esclaves africains arrachés à leur terre natale. Sur la route du non-retour, qui menait aux navires négriers, cet arbre représentait un dernier espoir. La croyance voulait que faire le tour de cet arbre permette à l’âme du captif de revenir au Bénin après sa mort, traversant les océans pour retrouver sa terre d’origine. Ce rituel, profondément ancré dans les traditions et la spiritualité locales, conférait à l’arbre un statut sacré, une connexion entre les vivants et les ancêtres déportés.
Tout au long de ce chemin, les statues et bas-reliefs illustrant la tragédie de la traite négrière nous rappellent l’épreuve inimaginable endurée par ceux qui furent victimes de ce commerce barbare. Marchant le regard tourné vers l’horizon, nous imaginons les souffrances et les espoirs qui ont animé ces passages, faisant de la Route des Esclaves bien plus qu’un simple itinéraire touristique, mais un lieu de mémoire et de réflexion sur une page sombre de l’histoire.
À la fin de notre périple, la Porte du Non-Retour se dresse fièrement face à l’océan, dernier vestige du Bénin que les captifs apercevaient avant d’être embarqués sur les navires négriers, et nous repartons le cœur lourd mais emplis d’une détermination à ne jamais oublier ce passé pour mieux construire l’avenir.
La Porte du Non-Retour
Histoire, Signification et Émotion
Après avoir exploré le Fort portugais, aujourd’hui transformé en musée retraçant l’histoire sombre de la traite transatlantique, et parcouru la route des esclaves — ce chemin de terre ocre où des milliers d’Africains furent contraints de marcher vers les navires négriers —, nous nous sommes dirigés vers la Porte du non-retour. Ce lieu, à la fois épuré et bouleversant, se dresse face à l’océan Atlantique, comme un dernier témoin des drames humains qui ont marqué cette région du Bénin.
Histoire et signification : un symbole de mémoire
Érigée en 1995 sous l’impulsion de l’UNESCO et du gouvernement béninois, la Porte du non-retour incarne un mémorial dédié aux victimes de l’esclavage. Ouidah fut l’un des principaux ports de départ des esclaves entre les XVIIe et XIXe siècles : près d’un million de personnes y furent embarquées de force, arrachées à leur terre pour ne jamais y revenir. Le nom même de la Porte rappelle cet adieu définitif, cette rupture géographique et identitaire.
Pour nous, marcher jusqu’à ce monument après avoir suivi la route des esclaves (4 km reliant l’ancien marché aux enchères du Fort portugais à la plage) a rendu palpable l’horreur de ce parcours. Chaque pas évoquait la souffrance de ceux qui, enchaînés, apercevaient l’océan sans comprendre qu’il les mènerait vers l’exil ou la mort.

Architecture et description : entre symbolisme et sobriété
La Porte se présente comme une grande structure blanche en forme d’arche, orientée vers la mer. Son architecture minimaliste contraste avec la charge émotionnelle du site. Sur ses piliers, des bas-reliefs représentent des silhouettes d’hommes, de femmes et d’enfants enchaînés, les corps courbés sous le poids de l’oppression. Au sommet, une frise évoque les vagues de l’Atlantique, rappelant le Middle Passage, ce voyage mortel à travers l’océan.
Autour de la Porte, des statues de bronze et des stèles commémoratives honorent les ancêtres disparus. L’une d’elles, figurant une famille brisée par les chaînes, nous a particulièrement émus. Face à l’immensité bleue de l’océan, nous avons ressenti un mélange de colère et de recueillement : ce paysage paisible aujourd’hui fut le théâtre d’une des plus grandes tragédies de l’humanité.
Les statues et les œuvres sculpturales présentes autour de la Porte du non-retour à Ouidah sont chargées de symboles et contribuent à ancrer la mémoire collective dans l’espace. Voici une description détaillée de ces éléments artistiques, souvent méconnus mais essentiels pour comprendre la portée du lieu :
1. La statue de la « Chaîne de l’Esclave » (Dominique Kouas)
Située à proximité immédiate de la Porte, cette œuvre en bronze représente une famille africaine enchaînée, les corps entrelacés dans une posture de résistance et de douleur. Les visages, sculptés avec une expressivité poignante, reflètent à la fois la détresse et la dignité. Les chaînes, qui semblent à la fois les ligoter et les unir, symbolisent l’oppression mais aussi la persistance des liens familiaux et culturels malgré la violence de l’esclavage.
Artiste : Réalisée par le sculpteur béninois Dominique Kouas, cette statue est un hommage aux victimes anonymes, rappelant que chaque individu déporté avait une histoire, une famille, un foyer.
2. La statue de l’« Esprit des Ancêtres » (Yves Apollinaire Pèdé)

Plus abstraite, cette sculpture en pierre et métal représente une figure humanoïde stylisée, les bras levés vers le ciel. Son corps est strié de motifs géométriques évoquant les scarifications traditionnelles des ethnies locales (Fon, Yoruba). Les yeux clos et la bouche entrouverte suggèrent une invocation spirituelle, comme un appel aux ancêtres pour qu’ils veillent sur les âmes perdues.
Signification : Elle incarne la connexion entre le monde des vivants et celui des esprits, centrale dans les cultes vaudou de la région. Pour les visiteurs, elle rappelle que la mémoire de l’esclavage reste vivante à travers les rites et les croyances.
3. Les statues du « Mémorial de la Réconciliation »
Le long du chemin menant à la Porte, une série de statues en terre cuite représente des silhouettes anonymes, certaines portant des fers aux pieds, d’autres les mains jointes en signe de prière. Ces œuvres, volontairement dépourvues de détails faciaux, symbolisent l’universalité de la souffrance et l’effacement identitaire imposé aux esclaves.
Particularité : Certaines statues sont partiellement enterrées ou brisées, évoquant la disparition physique et culturelle de millions d’individus.
4. Le « Mémorial du Repentir » (stèle commémorative)
Bien que ce ne soit pas une statue à proprement parler, cette stèle en granit noir porte des inscriptions en plusieurs langues (fon, français, anglais, portugais) listant les noms des principaux ports négriers (Ouidah, Lagos, Luanda) et rendant hommage aux résistants africains. Elle est entourée d’offrandes symboliques (coquillages, bougies) déposées par les visiteurs, témoignant d’une mémoire toujours active.
5. La statue de la « Porteuse d’Eau »
Plus discrète, cette statue en bronze représente une femme portant une jarre sur la tête, un motif récurrent dans l’art ouest-africain. Bien qu’elle ne soit pas directement liée à l’esclavage, elle rappelle les cultures et les traditions quotidiennes qui ont survécu malgré la traite. Pour certains guides locaux, elle symbolise la résilience des femmes, souvent laissées seules dans les villages après les rafles.
6. Le « Mémorial des Martyrs » (Zomai)
À quelques mètres de la Porte, dans le quartier de Zomai, se dresse un ensemble de statues en bois sculpté représentant des figures historiques de la résistance anti-esclavagiste. Parmi elles, une œuvre impressionnante montre un guerrier fon brandissant un couteau cérémoniel, en référence aux révoltes organisées contre les marchands européens et leurs complices locaux.
Contexte : Ces statues rendent hommage à des héros méconnus, comme Kpasse, roi de Ouidah, qui aurait tenté de s’opposer aux razzias avant d’être contraint à la collaboration.
Symbolisme global des statues
Chaque sculpture, qu’elle soit figurative ou abstraite, dialogue avec l’histoire du lieu :
- Les chaînes rappellent l’asservissement physique.
- Les silhouettes anonymes incarnent l’effacement des identités.
- Les postures de prière ou de résistance évoquent l’espoir et la lutte.
- Les matériaux (bronze, terre cuite, bois) renvoient aux ressources locales et à l’artisanat africain, réaffirmant une continuité culturelle malgré la violence coloniale.
En les observant, on réalise que la Porte du non-retour n’est pas seulement un monument historique, mais un espace de dialogue artistique. Les artistes béninois, comme Dominique Kouas, ont choisi de mêler esthétique traditionnelle (symboles vaudou, motifs adinkra) et langage contemporain pour rendre hommage à leurs ancêtres. Ces statues ne figent pas le passé : elles invitent à une réflexion active sur la mémoire, la réparation et l’héritage partagé entre l’Afrique et sa diaspora.
En quittant les lieux, leurs silhouettes semblent nous suivre du regard, rappelant que chaque visiteur devient, à son tour, un passeur de cette histoire.
Une rencontre inattendue, un lien précieux
Alors que nous contemplions ce lieu empreint de mémoire, une surprise nous attendait : nous y avons croisé Olivier G., l’un de nos fidèles followers, qui parcourt actuellement l’Ouest africain en s’appuyant sur nos articles pour enrichir son voyage. Cette rencontre fortuite, empreinte de chaleur et de complicité, a illuminé notre visite. Olivier nous a confié à quel point nos récits l’accompagnent dans sa découverte des cultures et des histoires locales. Un grand merci à lui pour l’intérêt fidèle qu’il porte à notre travail — c’est une joie profonde de savoir que nos mots résonnent ainsi, sur le terrain même où l’Histoire s’est écrite.
Un lieu de réconciliation et d’espoir
Si la Porte symbolise la douleur, elle est aussi un lieu de résilience. Des festivals comme le Ouidah 92, organisé pour honorer les cultures afro-descendantes, y célèbrent la renaissance des liens entre l’Afrique et sa diaspora. En posant la main sur la pierre chaude de la Porte, nous avons pensé à tous ceux qui, de l’autre côté de l’Atlantique, cherchent leurs racines à travers des lieux comme celui-ci.
En quittant la plage, le vent portait le murmure des vagues, comme une prière pour les âmes perdues. La Porte du non-retour n’est pas qu’un monument : c’est un devoir de mémoire, un appel à ne jamais oublier. Et pour nous, visiteurs, c’est devenu une leçon d’humanité, fragile et essentielle, renforcée par ces rencontres qui tissent des ponts entre passé et présent.
LA ROUTE DES PÊCHES
Nous prenons donc ce matin la direction de Grand Popo en empruntant la mythique route des Pêches, cette bande côtière légendaire qui longe l’Atlantique et qui a vu passer des générations de pêcheurs, de marchands et de voyageurs en quête d’aventure et de découvertes.
LA FORÊT SACRÉE DE KPASSÈ
Le lendemain, nous décidons de visiter la Forêt Sacrée de Kpassè, un lieu emblématique d’Ouidah, chargé de spiritualité et d’histoire. Cette forêt, également connue sous le nom de Kpassèzoun, est un îlot forestier situé à l’est de la commune de Ouidah, dans l’arrondissement de Tovè II et le quartier de Tovè. C’est un site sacré où se mêlent traditions vaudou, légendes locales et nature préservée. Un endroit fascinant pour découvrir la culture vaudou, encore très vivante dans cette région du Bénin. Ouverte aux non-initiés depuis le festival du Vodun en 1992, la forêt est devenue un lieu de visite incontournable pour ceux qui souhaitent comprendre l’histoire et les croyances locales.
La Forêt Sacrée de Kpassè tire son nom du roi Kpassè, fondateur de la ville d’Ouidah. Selon la légende, au XIVe siècle, le roi aurait miraculeusement disparu et se serait transformé en un iroko (Milicia excelsa) au cœur de la forêt. Cette transformation symbolise la connexion entre les ancêtres et le monde des esprits, faisant de la forêt un lieu de culte et de recueillement.
Nous partons tôt le matin, après un petit-déjeuner léger à notre villa. La route qui mène à la forêt traverse des quartiers résidentiels et des zones verdoyantes, où l’on aperçoit des maisons traditionnelles et des marchés locaux animés. En chemin, notre guide nous raconte l’histoire de la forêt et son importance dans la culture vaudou. À l’origine, la forêt s’étendait sur 30 hectares, mais avec l’expansion urbaine, elle ne compte plus que 4 hectares. Malgré cette réduction, elle reste un lieu de grande importance spirituelle et écologique.
À notre arrivée, nous sommes immédiatement frappés par l’atmosphère mystique qui règne dans la forêt. Les arbres centenaires, aux branches entrelacées, créent une ambiance à la fois paisible et mystérieuse. Nous sommes accueillis par Anicet, le responsable des visites et guide intarissable du lieu, accompagné de son grand frère Rémi. Ils nous expliquent les rituels et les croyances associés à ce lieu sacré. La forêt abrite plusieurs divinités vaudou, et chaque statue, chaque arbre, chaque rocher a une signification particulière. Nous sommes prévenus : il ne faut pas désobéir au guide. On ne plaisante pas avec le vodun.
Nous commençons notre exploration par un sentier ombragé qui serpente à travers la forêt. Le guide nous explique que chaque élément de la forêt est sacré. Nous passons devant des statues représentant des divinités comme Legba, le gardien des portes, Mami Wata, la déesse des eaux, Gu, le dieu de la guerre, Ogoun Zobla, le dieu du fer, Sakpata, le dieu de la terre, et Hêbiosso, le dieu du tonnerre. Ces statues, souvent recouvertes de poudre rouge et blanche, symbolisent la présence des esprits dans la forêt.
Au cœur de la forêt, nous découvrons un grand iroko, considéré comme l’incarnation du roi Kpassè. Selon la légende, cet arbre aurait poussé à l’endroit où le roi s’est transformé pour échapper à ses poursuivants. Les fidèles viennent ici pour prier et demander la protection des ancêtres. Le guide nous invite à observer les offrandes déposées au pied de l’arbre : des coquillages, des morceaux de tissu et des aliments, témoignant de la ferveur des croyants.
La Forêt Sacrée de Kpassè est un écosystème riche et diversifié, abritant 36 espèces végétales réparties dans 20 familles, dont les plus représentées sont les Leguminosae, Moraceae, Apocynaceae et Rubiaceae. Parmi ces espèces, on trouve des plantes médicinales comme Newbouldia laevis, utilisée par les tradipraticiens pour soigner diverses maladies. Nous observons également plusieurs espèces d’oiseaux, dont des perroquets et des calaos, ainsi que des papillons colorés qui volent entre les arbres. La végétation est luxuriante, avec des lianes, des fougères et des arbres majestueux qui créent une canopée dense.
Notre guide nous explique que la Forêt Sacrée de Kpassè est un lieu où se déroulent régulièrement des cérémonies rituelles. Ces rituels, souvent accompagnés de danses, de chants et de tambours, visent à honorer les esprits et à demander leur bénédiction. Bien que nous n’assistions pas à une cérémonie ce jour-là, le guide nous décrit les différentes étapes : l’invocation des esprits, les offrandes, et la transe des initiés, qui entrent en communication avec les divinités.
Au fond de la forêt se trouve un espace sacré et interdit, qui protège l’entrée du temple – une sorte de « couvent » vodun où les jeunes initiés sont en apprentissage auprès des vieux sorciers. Il n’y a là aucune frontière matérielle, si ce n’est celle de la croyance. Nous respectons scrupuleusement les consignes du guide et ne franchissons pas cette limite invisible mais puissante.
La Forêt Sacrée de Kpassè est également un musée à ciel ouvert, où l’on trouve des statues symbolisant des divinités vaudou. Ces œuvres d’art contemporain, intégrées harmonieusement dans le paysage, ajoutent une dimension culturelle et artistique à la visite. Nous prenons le temps d’admirer ces statues, qui racontent l’histoire et les croyances du peuple vaudou.
TEMPLE DES PYTHONS
Nous découvrons le Temple des Pythons, un lieu sacré du Vodun niché au cœur d’Ouidah. Notre guide nous raconte son origine légendaire : au XVIIIᵉ siècle, le roi Kpassè, fuyant une attaque, aurait été guidé par des pythons à travers la forêt. En signe de gratitude, ces serpents furent sanctifiés comme incarnations de Dangbé, divinité protectrice. Le temple actuel, érigé près du sanctuaire ancestral, incarne cette alliance spirituelle. Ouidah, marquée par son passé de port négrier, intègre ce lieu dans son identité, mêlant mémoire collective et foi vivante.
Avant d’approcher les pythons, nous participons à un rituel de purification. Un prêtre verse sur nos mains une eau sacrée, mélangée à des herbes et chargée de prières. Cette eau, puisée dans une cruche sacrée en terre cuite ornée de symboles vodun, est conservée dans le temple. Nous remarquons la cruche, posée près de l’autel, symbole de lien entre les mondes visible et invisible. Le guide nous explique que cette eau lave autant les impuretés physiques que les tensions spirituelles, préparant notre rencontre avec les esprits.
Un prêtre dépose délicatement un python royal sur nos épaules. L’animal, froid et lisse, semble apaisé par l’ambiance du lieu. Bien qu’impressionnés, nous retenons la leçon du guide : ces serpents, inoffensifs et vénérés, ne mordent que si l’on manque de respect. Leur présence physique, presque enveloppante, devient un moment de communion avec Dangbé. Nous ressentons une étrange sérénité, comme si le temps ralentissait.
Nous pénétrons ensuite dans une case sombre et fraîche, où une centaine de pythons s’entrelacent au sol. Le guide précise qu’ils sont nourris d’œufs et de petits animaux, et que leur regroupement symbolise l’unité de la communauté sous l’œil de Dangbé. Malgré leur nombre, l’atmosphère est paisible. Certains serpents se lovent dans des recoins, d’autres glissent lentement près de nos pieds. Nous comprenons alors pourquoi ils sont considérés comme des gardiens : leur immobilité méditative évoque une sagesse ancestrale.
Notre guide attire notre attention sur une grande cuve en argile au centre du temple. Tous les sept ans, nous apprend-il, une procession solennelle a lieu : des femmes, vêtues de pagnes blancs, parcourent des kilomètres pour rapporter sur leur tête l’eau destinée à remplir cette cuve. Cette eau, puisée à une source sacrée près de la forêt de Kpassè, est bénie par les prêtresses avant d’être versée dans le temple. Le rite, appelé « Adjinakou » (l’eau de la longue vie), célèbre le renouveau de l’alliance entre les humains et Dangbé. Les femmes marchent en chantant des hymnes vodun, leurs pas rythmés par des clochettes. Ce pèlerinage, épuisant physiquement, est vu comme une épreuve de dévotion. L’eau, ensuite utilisée pendant sept ans pour les purifications, devient un symbole de pérennité spirituelle.
Pour nous, ce temple résume l’équilibre entre respect de la nature et sacré. Les pythons, libres d’errer dans Ouidah, reviennent toujours ici, comme attirés par une force invisible. On nous raconte qu’en 2020, l’un d’eux s’était glissé dans une école voisine, déclenchant une liesse générale plutôt que de la peur.
En quittant le temple, nous emportons l’image de la cruche sacrée, de la cuve ancestrale et des femmes portant l’eau avec grâce. Ce lieu, bien plus qu’un spectacle, nous a immergés dans une spiritualité vivante, où chaque geste—des serpents aux processions—raconte une histoire de résilience et de dialogue avec l’invisible. Le Vodun, souvent mal compris, se révèle ici dans sa profondeur : une philosophie du lien, incarnée par le souffle des pythons et le chant de l’eau.
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FAUNE ET FLORE
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LA MANNE PLUS OUIDAH
Après avoir parcouru la Route des Esclaves à Ouidah, nous avons fait une pause rafraîchissante au bar restaurant La Manne Plus, un petit établissement en bord de route qui nous a immédiatement charmés par son atmosphère paisible.
Installés confortablement, les pieds dans le sable, nous avons commandé des boissons fraîches pour nous désaltérer. L’endroit respirait la tranquillité, avec une légère brise rendant l’atmosphère encore plus agréable. Quelques autres clients profitaient aussi du moment, créant une ambiance détendue et conviviale.
En attendant nos rafraîchissements, nous avons pris le temps de parcourir le menu, qui mettait en avant les gambas et les produits locaux africains. On y retrouvait une belle sélection de plats à base de fruits de mer, du poisson grillé, des accompagnements traditionnels comme l’attiéké, le riz ou encore des sauces épicées typiques de la région. Une cuisine authentique qui promettait de belles découvertes gustatives.
Même si nous ne sommes restés que le temps d’une pause, l’accueil chaleureux et l’ambiance sereine du restaurant nous ont marqué. Une halte simple mais agréable, parfaite pour reprendre des forces avant de poursuivre notre découverte de la Porte du Non-Retour.
RESTAURANT AKUNA MATATA OUIDAH
Après notre exploration immersive de la forêt sacrée de Kpassé, nous prenons la route en quête d’un bon repas bien mérité. Notre destination ? Le restaurant Akuna Matata, une adresse dont nous avons entendu beaucoup de bien. Cependant, le trouver n’est pas chose aisée ! Niché dans un coin discret de Ouidah, l’établissement se mérite… et l’effort en vaut largement la peine.
Dès notre arrivée, nous sommes conquis par le cadre idyllique qui nous entoure. Un espace verdoyant, une ambiance paisible et un décor soigné qui invite à la détente. Le personnel, d’une grande gentillesse, nous accueille avec chaleur et courtoisie, nous mettant immédiatement à l’aise.

Mais ce qui fait réellement la renommée du Akuna Matata, c’est sa carte. Contrairement à de nombreux établissements de la région, où les ruptures de stock sont fréquentes, ici tout est disponible, du début à la fin du service. Un véritable atout qui renforce notre plaisir de choisir librement parmi une sélection variée de plats savoureux.
Nous décidons de tester plusieurs spécialités : une pizza bien garnie, un cheeseburger généreux, et surtout un chououya de pintade qui attire immédiatement notre attention. Ce plat emblématique, apprécié pour sa viande grillée savoureuse, se démarque ici par une quantité de chair bien plus importante que celle des os, un détail qui change tout pour les amateurs de bonnes grillades. L’assaisonnement est parfaitement équilibré, la viande tendre et parfumée, offrant une explosion de saveurs à chaque bouchée.
En résumé, le Akuna Matata s’impose comme une adresse incontournable à Ouidah. Entre son cadre enchanteur, son service irréprochable et la qualité de sa cuisine, c’est une expérience culinaire que nous recommandons vivement à tous les visiteurs de passage dans la région.
LES LOGEMENTS
VILLA 3 CHAMBRES AVEC PISCINE ET JACUZZI CHEZ MARCEL – AIRBNB
Après Grand-Popo, nous nous installons à Hévier, près d’Abomey-Calavi, un emplacement stratégique qui nous permet de rejoindre facilement Ouidah, la route des plages ou encore le centre de Cotonou.
Nous logeons dans la villa de Marcel, une petite maison confortable et bien pensée. Elle dispose de trois chambres, dont une suite parentale, ainsi qu’un grand espace de vie ouvert sur une cuisine très bien équipée : four, micro-ondes, plaques de cuisson et même un lave-vaisselle, un vrai plus ! Toutes les pièces sont climatisées et ventilées, offrant un bon confort malgré la chaleur ambiante.
L’extérieur est plutôt petit, mais il a l’avantage de comporter une petite piscine agréable, parfaite pour se rafraîchir après une journée d’exploration. Niveau budget, il faut compter un peu moins de 50 € la nuit, auxquels s’ajoutent les frais d’électricité.
Un bon pied-à-terre pour rayonner dans la région !
APPARTEMENT EN RESIDENCE CHEZ GABIN
Pour notre séjour à Abomey-Calavi, nous avons opté pour un appartement en résidence, un choix qui s’est avéré parfait pour nos besoins en famille. Comme nous en avions déjà discuté, ce type d’hébergement offre tellement d’avantages par rapport aux hôtels. Nous avons enfin trouvé un espace où nous pouvons vivre ensemble sans être entassés dans des chambres souvent trop petites et mal adaptées à notre quotidien. Ici, nous avons de la place pour respirer, pour travailler, et surtout pour partager des moments en famille sans contraintes.
L’appartement est situé au deuxième étage d’une résidence calme et bien entretenue. Dès notre arrivée, nous avons été séduits par son emplacement stratégique, à proximité des commodités tout en restant dans un cadre paisible. Mais ce qui nous a vraiment conquis, c’est la piscine sur le toit, entièrement à notre disposition. Imaginez : un espace rien que pour nous, où nous pouvons nous détendre, prendre un bain de soleil ou simplement profiter de la vue en fin de journée. C’est un luxe que nous n’aurions pas eu dans un hôtel classique.
À l’intérieur, l’appartement est spacieux et bien aménagé. Le grand salon est un vrai cocon de confort, avec un canapé moelleux où nous aimons nous installer pour regarder des films grâce à l’abonnement Canal+. La cuisine est équipée de l’essentiel, ce qui nous permet de préparer nos propres repas. Cuisiner ensemble est devenu un vrai plaisir, une façon de retrouver des habitudes que nous avions un peu perdues. Le matin, nous prenons notre petit-déjeuner sur la terrasse, profitant de la fraîcheur relative avant que la chaleur ne s’installe. C’est un moment de calme et de complicité que nous apprécions particulièrement.
Les deux chambres sont spacieuses et bien agencées, même si nous aurions aimé des lits un peu plus larges pour encore plus de confort. Les deux salles de bains sont fonctionnelles, avec de l’eau chaude et une pression correcte, ce qui rend les douches agréables et pratiques au quotidien. La climatisation, quant à elle, est un vrai atout, surtout pendant les heures les plus chaudes de la journée. Elle nous permet de maintenir une température agréable à l’intérieur, que ce soit pour travailler, se reposer ou simplement passer du temps ensemble.
Il y a tout de même quelques petits détails qui pourraient être améliorés. Par exemple, la cuisine manque un peu de vaisselle, ce qui nous oblige à faire preuve d’ingéniosité pour préparer et servir nos repas. Nous avons aussi remarqué que les lits, bien que confortables, pourraient être plus larges pour un sommeil encore plus reposant. Mais ce ne sont que des détails mineurs dans l’ensemble, car le confort et la fonctionnalité de l’appartement répondent largement à nos attentes.
Ce qui nous plaît surtout, c’est la liberté que cet hébergement nous offre. Nous ne sommes plus contraints par les horaires des restaurants d’hôtel ou par l’espace limité d’une chambre. Ici, nous pouvons vivre à notre rythme, cuisiner ce que nous voulons, et surtout, passer du temps ensemble sans être gênés par le manque d’intimité. C’est un vrai bonheur de se réunir autour d’un bon repas préparé maison, de discuter, de rire, et de créer des souvenirs en famille.
En résumé, cet appartement en résidence est bien plus qu’un simple lieu de séjour : c’est un espace de vie qui nous ressemble. Il nous permet de concilier confort, convivialité et liberté, tout en nous offrant des petits luxes comme la piscine privative ou la terrasse avec vue. Nous nous sentons chez nous ici, et c’est exactement ce que nous recherchions pour ce séjour à Abomey-Calavi.
HOTEL RESIDENCE MARYHOUSE
Pour notre dernière nuit à Cotonou avant de prendre la route vers Grand-Popo, nous avons choisi de séjourner à la Résidence MaryHouse, une adresse recommandée pour son ambiance chaleureuse, son cadre agréable et ses équipements pratiques. Située dans une petite rue à proximité de l’aéroport, l’ensemble est sécurisé, et le personnel s’est montré accueillant dès notre arrivée. Les prix sont abordables, avec un appartement de deux chambres, climatisé et équipé d’une télévision avec chaînes internationales et d’une cuisine, proposé à 23 500 FCFA, petit-déjeuner inclus. Bien que les chambres soient simples, elles sont suffisantes pour une nuit avant de rejoindre Grand-Popo.
Dès notre arrivée, nous avons été frappés par l’accueil convivial et personnalisé du personnel. La résidence, de taille modeste, dégage une atmosphère intimiste et familiale, loin des grands complexes impersonnels. La décoration, soignée et élégante, mêle des touches modernes à des éléments traditionnels béninois, créant un équilibre harmonieux entre confort et authenticité.
Nous avons réservé un appartement une chambre avec salon, parfait pour nous reposer avant notre départ. L’appartement était spacieux, lumineux et entièrement équipé pour un séjour confortable. La cuisine entièrement équipée nous a permis de préparer nos petits plats, tandis que le salon avec sa télévision par satellite à écran plat était un espace idéal pour se détendre. La connexion Wi-Fi gratuite, plutot efficace et fiable, a été un vrai plus pour rester connectés. La chambre, avec son lit confortable et ses draps frais, promettait une nuit de sommeil réparateur, et la salle de bains moderne, équipée d’une douche spacieuse, a complété notre confort.
Le petit-déjeuner continental, servi chaque matin, était un vrai régal. Entre les fruits frais, les pâtisseries maison et les spécialités locales, nous avons été comblés. Le restaurant sur place propose également une cuisine africaine savoureuse, parfaite pour ceux qui souhaitent découvrir les saveurs du Bénin sans quitter l’établissement.
Ce lieu est également un point de rencontre pour les grands voyageurs. Nous avons eu le plaisir d’échanger avec des motards allemands, partageant nos parcours et projets. Ces discussions ont été l’occasion d’aborder des sujets essentiels, notamment la traversée du Nigéria et le passage de la frontière camerounaise, des préoccupations majeures pour nous. Les conseils recueillis ont été précieux, notamment sur les itinéraires à privilégier et les zones à éviter. Par exemple, il est souvent recommandé de passer par le nord du Nigéria, où les routes sont sécurisées et en bon état, plutôt que par le sud, qui peut être plus problématique, surtout en saison des pluies.
Ces échanges ont renforcé notre préparation et notre confiance pour la suite de notre voyage, en nous permettant d’anticiper les défis potentiels liés à ces traversées.
En résumé, la Résidence MaryHouse a été une excellente étape pour clôturer notre séjour à Cotonou. Avec ses appartements bien équipés, son emplacement pratique, ses équipements de qualité et son personnel attentionné, nous nous sommes sentis comme à la maison. Les clients sur Booking.com lui donnent une note de 8,5 sur 10, et nous comprenons pourquoi : propreté, confort et gentillesse sont au rendez-vous.
Si vous cherchez une adresse cosy et authentique pour un séjour à Cotonou, que ce soit pour affaires ou pour le plaisir, n’hésitez pas à réserver à la Résidence MaryHouse. Une belle découverte qui nous a donné envie de revenir !
Coordonnées :
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Adresse : Rue 12.320, Aïbatin, Cotonou, Bénin
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Téléphone : +229 57-57-57-44
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Site officiel :
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