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Vautour charognard Necrosyrtes monachus – Hooded Vulture +

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Nous levons les yeux vers le ciel clair de Kissama en Angola. Sur les branches nues d’un baobab, immobiles comme des sentinelles, se tiennent plusieurs vautours charognards. Leur silhouette sombre, un peu ébouriffée, contraste avec l’éclat cru de la lumière. De temps à autre, l’un d’eux déploie ses ailes larges et puissantes, laissant apparaître un plumage aux nuances de brun foncé et de noir, avant de reprendre sa posture hiératique. Dans ce décor, leur présence impose à la fois respect et une certaine inquiétude : celle de la mort dont ils se nourrissent, mais aussi celle de la vie qu’ils préservent en nettoyant la savane.

🪶 Morphologie et plumage

Le vautour charognard est probablement le plus petit de tous les nécrophages d’Afrique. Son allure peu soignée et son bec long, fin et recourbé en font un spécialiste des chairs les plus inaccessibles, qu’il prélève avec précision.
Les adultes arborent un plumage brun foncé, avec des rémiges et rectrices plus noires. Leur collerette est noirâtre, le jabot chamois-crème pouvant montrer des taches blanches sur les côtés, tout comme les cuisses. L’arrière du cou est recouvert d’un duvet chamois argenté, plus blanchâtre sur les côtés. Durant la reproduction, la peau nue de la face vire au rose, tandis que l’avant du cou prend une coloration rouge-pourpre lorsqu’ils manifestent excitation ou domination près d’une carcasse.

Les juvéniles ressemblent aux adultes mais leurs parties supérieures sont plus écailleuses, chamoisées. Le blanc des cuisses et du jabot est absent, et leur face nue ainsi que l’avant du cou arborent une teinte grisâtre couverte de fines vibrisses noires.

Leurs iris vont du brun foncé au bleu-noir. La cire du bec est blanc rosâtre, tandis que les pattes varient entre gris-bleu pâle, bleu rosâtre ou blanc verdâtre. Généralement silencieux, l’espèce n’émet que de faibles grincements au nid ou lorsqu’elle se nourrit.

🌍 Habitat et répartition

Ce vautour s’adapte à une grande diversité de milieux : prairies ouvertes, savanes arborées, zones semi-désertiques, plaines littorales ou encore lisières forestières. On le retrouve de l’Afrique occidentale à l’Éthiopie, parfois jusque dans les grandes villes. Opportuniste, il fréquente abattoirs, marchés, dépôts d’ordures, ou encore villages et enclos de bétail.

Dans l’ouest et le nord du continent, il est très répandu et tolère la proximité humaine, allant jusqu’à se poser au sol dans les quartiers animés. Dans le sud de l’Afrique, en revanche, ses effectifs sont moindres et il se montre plus discret. Au Kenya et en Tanzanie, il parcourt aussi les zones boisées, en quête de restes de viande.

👀 Nos observations personnelles

Notre rencontre à Kissama ne fut pas la première. Nous l’avions déjà observé le vautour charognard  à Brufut, en Gambie, près d’une mare d’eau sur la plage où il venait s’abreuver. Plus étonnant encore fut la scène en Casamance, sur la route de Ziguinchor au Sénégal : des vautours charognards, posés au sol devant des habitations, semblant à peine se soucier des humains. À Cap Skirring, au Sénégal nous avons retrouvés les vautours charognars à proximité du marché municipal, partageant les restes d’abattage avec des cochons. Enfin, à Boucotte, toujours au Sénégal, c’est sur le sable que les vautours charognards  profitaient d’un poisson mort rejeté par la mer.
Ces visions, parfois incongrues, rappellent leur incroyable faculté d’adaptation et leur rôle de nettoyeurs infatigables, même au contact direct des sociétés humaines.

🐣 Reproduction et comportement

Le vautour charognard est tantôt solitaire, tantôt grégaire, selon les régions. Au sud de l’équateur, il se rencontre surtout isolé, tandis qu’en Afrique de l’Ouest et au nord-est, il forme d’immenses rassemblements, parfois plusieurs centaines d’individus, nichant en colonies et établissant de vastes dortoirs.

La reproduction peut avoir lieu toute l’année en Afrique de l’Ouest et au Kenya, avec un pic de novembre à juillet. Chaque couple pond un seul œuf, couvé durant 46 à 54 jours. Le jeune quitte le nid entre 80 et 130 jours, déjà prêt à prendre son envol dans une vie de charognard itinérant.

⚖️ Statut et conservation

Malgré sa large distribution, le vautour charognard subit un déclin local, notamment au Soudan et en Éthiopie, en raison de l’empoisonnement et de la chasse. Néanmoins, ses populations restent stables en Afrique de l’Ouest et l’espèce est actuellement classée “de préoccupation mineure” (LC) par l’IUCN.
Espèce discrète mais omniprésente, elle demeure un maillon indispensable de l’équilibre écologique africain.