Cormoran africain Microcarbo africanus – Reed Cormorant +

Sur le lac à Ganvié, au Bénin de nombreux cormorans africains sont posés sur les pieux à proximité des champs de poisson, formant un spectacle saisissant au cœur de cet écosystème unique. Ces oiseaux, reconnaissables à leur plumage sombre et à leur silhouette élancée, semblent parfaitement adaptés à cet environnement où l’eau et la pêche rythment la vie quotidienne.
Le cormoran africain est l’équivalent africain du cormoran pygmée, mais la confusion entre ces deux espèces est hautement improbable en raison de la stricte limitation géographique de ce dernier au banc d’Arguin, en Mauritanie. En revanche, une confusion est possible avec l’anhinga roux, notamment sur des critères comportementaux, surtout lorsqu’il nage bas sur l’eau, son corps immergé, ne laissant apparaître que sa tête et son cou.
L’adulte nuptial se distingue du cormoran pygmée par une tête et un cou entièrement noirs, ornés d’une touffe de plumes sur le front. Ses scapulaires et ses couvertures alaires sont encore plus pâles, d’un gris argenté ponctué de noir. Le bec et la peau faciale sont jaunes. Chez les adultes non nicheurs, la différenciation est plus délicate, mais les cormorans africains présentent une poitrine et un ventre blanchâtres, contrairement au brun ou chamois de leurs cousins. Le bec et la peau faciale restent jaunes, tandis que chez le cormoran pygmée, ces éléments sont respectivement brunâtres et noirs.
Deux sous-espèces de cormorans africains existent. L’oiseau est connu sous différents noms à travers le monde : Reed Cormorant en anglais, Cormorán africano en espagnol, corvo-marinho-africano en portugais, Riedscharbe en allemand, långstjärtad skarv en suédois, kormorán dlouhoocasý en tchèque, カワウ en japonais, et 长尾鸬鹚 en chinois.
Le cormoran africain est généralement silencieux, bien qu’il puisse émettre des chuintements occasionnels et un « hahhahahaha » caquetant, notamment lorsqu’il se trouve en colonie.
Il fréquente principalement les lacs, les étangs, les rivières et les lagunes d’eau douce, mais il s’observe aussi dans les estuaires, les baies abritées et les mangroves. Fidèle à ses habitats, il adapte cependant sa présence en fonction des saisons : il reste près des grandes rivières pendant la saison sèche et migre vers des plans d’eau dès l’arrivée des pluies.
Moins sociable que d’autres cormorans, il vit souvent seul ou en petits groupes en dehors de la période de reproduction. Lorsqu’il est perché sur une branche au-dessus de l’eau, il adopte fréquemment la posture caractéristique des cormorans, ailes déployées, pour sécher son plumage après la pêche ou se réchauffer après un plongeon. Cette posture sert aussi à signaler une bonne zone de pêche à ses congénères. Les dortoirs, souvent composés de quelques arbres entourés d’eau, sont parfois partagés avec des cigognes, des hérons, des ibis ou d’autres cormorans. L’oiseau quitte son dortoir juste après l’aube pour se rendre sur un reposoir diurne avant d’aller chasser.
Il consacre environ un quart de sa journée à la recherche de nourriture, particulièrement actif à l’aube et au crépuscule. Il nage très bas sur l’eau, laissant souvent dépasser uniquement sa tête et son bec. Son plumage n’étant pas imperméable, l’eau pénètre facilement, lui permettant de s’immerger rapidement et d’atteindre le fond en nageant sous l’eau, ailes fermées, propulsé par ses larges pattes palmées.
Son régime alimentaire repose essentiellement sur les poissons, qu’il capture grâce à son bec crochu avant de les ramener à la surface pour les avaler tête la première. Il consomme également des grenouilles, des insectes aquatiques et des crustacés, notamment des écrevisses d’eau douce. Il lui arrive même de se nourrir d’oisillons. Les jeunes sont exclusivement nourris de poissons régurgités.
La reproduction du cormoran africain intervient à divers moments de l’année et s’effectue en colonie. Il atteint sa maturité sexuelle entre trois et quatre ans. Lors de la parade nuptiale, le mâle et la femelle s’agitent énergiquement la tête, se toilettent mutuellement, se palpent du bec et entrelacent leur cou.
Le nid, construit en hauteur sur un arbre partiellement immergé, est une plateforme de branches et de végétation d’environ 25 cm de diamètre et 2 à 4 cm d’épaisseur. La femelle pond entre 2 et 6 œufs, teintés de bleu ou de vert pâle. Les deux parents assurent l’incubation durant 23 à 25 jours. À l’éclosion, les poussins sont nus et aveugles, mais se couvrent rapidement d’un duvet noir. D’abord nourris de poissons pré-digérés régurgités directement dans leur bec, ils apprennent rapidement à plonger leur tête dans la gorge des parents pour récupérer eux-mêmes la nourriture.
L’image de ces cormorans africains perchés sur les pieux de Ganvié, ailes étendues sous le soleil ou plongeant à la recherche de poisson, illustre la cohabitation entre la faune sauvage et les pêcheurs du lac. Si leur présence peut être perçue comme une concurrence, ils jouent néanmoins un rôle dans l’équilibre écologique de cet écosystème, contribuant à la régulation des populations de poissons.
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