gonolek à poitrine écarlate Laniarius atrococcineus
🔴🖤 Le chanteur masqué du bush — Laniarius atrococcineus à Etosha
C’est d’abord une éclaboussure rouge dans les buissons secs du Pan d’Etosha. Un rouge incandescent, presque irréel sous la lumière blanche du midi. On lève les jumelles : bec noir légèrement crochu, œil vigilant, ailes bordées d’une fine bande blanche — aucun doute, nous venons de croiser le gonolek à poitrine écarlate, alias Laniarius atrococcineus, ce “chanteur masqué” emblématique des savanes d’Afrique australe.
🎭 Portrait d’un chanteur masqué
Ce passereau appartient à la famille des Malaconotidae, la grande lignée des gonoleks et boubous, virtuoses des duos vocaux parfaitement synchronisés. Chez lui, tout est contraste : un dessous rouge vif qui semble s’enflammer au soleil, un dessus noir satiné comme une robe de soirée, et ce chant en deux temps, mi-flûte, mi-grincement, que le mâle et la femelle entonnent ensemble, l’un répondant à l’autre dans une harmonie presque télépathique.
Mais à Etosha, notre artiste s’est montré plutôt réservé : quelques notes timides, puis plus rien. Sans doute la chaleur écrasante ou la saison sèche lui ont coupé l’envie de chanter. Ou alors, il nous a simplement snobés.
🌿 Le maître du camouflage flamboyant
Paradoxalement, malgré ses couleurs vives, le gonolek sait se fondre dans le bush. Son plumage rouge se confond avec les reflets ocre et roux des herbes brûlées, et sa discrétion contraste avec son allure de rockstar. Il se déplace par petits bonds nerveux, inspectant les buissons épineux à la recherche d’insectes distraits, toujours prêt à disparaître à la moindre alerte.
🔬 Quelques notes naturalistes
L’espèce nominale, Laniarius atrococcineus, est répandue du nord de la Namibie au Botswana et jusqu’en Afrique du Sud. Elle se distingue de ses cousins angolais, souvent plus sombres et moins contrastés, par son rouge plus vif et une bande alaire blanche plus marquée. Ces différences reflètent probablement des adaptations locales : lumière plus intense, végétation plus ouverte, et pressions de prédation variables selon les régions.
🌍 Une rencontre flamboyante
À Etosha, notre “chanteur masqué” incarne à merveille l’esprit du bush : beau mais discret, sonore mais silencieux, visible mais insaisissable. Et quand il daigne entonner quelques notes, c’est tout le paysage qui semble vibrer avec lui.
🐦 Mise à jour du tableau des espèces du genre Laniarius (gonoleks et boubous africains)
| Nom commun | Nom scientifique | Répartition principale | Traits distinctifs | Vos observations |
|---|---|---|---|---|
| Gonolek à poitrine écarlate | Laniarius atrococcineus | Afrique australe : Namibie, Botswana, Zimbabwe, Angola | Dessous rouge vif, dessus noir, bande alaire blanche, chant en duo, buissons secs | ✅ Etosha (secteur Namutoni) — individu perché dans les buissons secs, plumage éclatant, posture vigilante |
| Gonolek à ventre rouge | Laniarius erythrogaster | Afrique centrale et orientale : Ouganda, RDC, Kenya, Soudan | Tête noire, ventre rouge vif, chant en duo, comportement furtif mais vocal | ✅ Route Lake Albert → Kibale Forest (Ouganda) — individu dans les buissons humides <br> ✅ Parc Queen Elizabeth (lac Bunyapaka) — observation en zone salée semi-aride |
| Gonolek de Barbarie | Laniarius barbarus | Afrique de l’Ouest : Sénégal, Gambie, Guinée, Nigeria | Couronne jaune, dessous rouge, dessus noir, chant flûté et métallique | ✅ Niokolo Koba NP (Sénégal) — individu observé long des berges du fleuve Gambie, comportement vocal et territorial <br> ✅ cap Skirring (Casamance) — observation dans le jardin du Khelkom Lodge, chant audible au lever du jour |
| Gonolek de Fuelleborn | Laniarius fuelleborni | Malawi, Tanzanie, Zambie | Plumage sombre, chant puissant, habitat montagnard | ❌ Non observé |
| Gonolek ardoisé | Laniarius funebris | Afrique de l’Est : Éthiopie, Kenya, Tanzanie | Plumage gris foncé, chant en duo, zones semi-humides | ❌ Non observé |
| Gonolek noir | Laniarius nigerrimus | Nord du Kenya, Somalie | Plumage entièrement noir, comportement furtif | ❌ Non observé |
| Gonolek de Lühder | Laniarius luehderi | Afrique centrale et orientale | Plumage noir et rouge, chant en duo, zones boisées | ❌ Non observé |
🧭 Notes naturalistes :
- Le gonolek de Barbarie est l’un des plus colorés et vocaux du genre Laniarius, avec une couronne jaune, un dessous rouge écarlate, et un chant flûté souvent en duo.
- Il est fréquent dans les zones boisées humides, notamment le long des cours d’eau comme le fleuve Gambie, où il se nourrit d’insectes et de petits invertébrés.
- L’observation à Niokolo Koba confirme son attachement aux ripisylves denses, tandis que celle de Cap Skirring montre sa capacité à fréquenter des jardins semi-naturels, surtout au lever du jour.
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