Jacana à poitrine dorée Actophilornis africanus +

Plus loin sur le lac Nokoué, à Ganvié au Bénin  lors de notre visite à Ganvié, nous avons également aperçu un jacana à poitrine dorée (Actophilornis africanus), évoluant avec une grâce surprenante parmi les plantes aquatiques, dont le vert était ponctué de quelques fleurs violettes. Ce petit oiseau élégant, souvent surnommé « l’oiseau Jésus » en raison de sa capacité à marcher sur la végétation flottante, semblait glisser au-dessus de l’eau, ses longs doigts effleurant à peine la surface.

Le Jacana à poitrine dorée, ou Jacana africain, est une espèce d’oiseau élégante et distinctive que l’on peut observer dans plusieurs zones humides africaines. Avant notre rencontre avec lui à Ganvié, nous avions déjà eu l’occasion de l’observer lors d’une balade en barque dans le PARC NATIONAL DE DJOUDJ  au Sénégal, un autre sanctuaire majeur pour les oiseaux d’eau. De plus, il est également présent dans le Parc national du Niokolo Koba,, où il offre aux visiteurs une vue fascinante sur la faune aviaire de la région.

Observer un Jacana à poitrine dorée près de la rivière Noire à Porto-Novo au Bénin est une expérience fascinante, témoignant de la richesse ornithologique des zones humides béninoises.

Ce jacana se distingue par son plumage brillant, avec une poitrine dorée, des ailes noires et un dos vert olive. Son bec fin et pointu est adapté pour se nourrir de petits invertébrés et de graines qu’il trouve à la surface de l’eau. Ce qui le rend particulièrement remarquable, ce sont ses longues pattes et ses orteils élargis, lui permettant de se déplacer habilement sur les nénuphars et autres végétaux flottants sans s’enfoncer dans l’eau. Parmi les deux espèces de jacanas du genre Actophilornis, il est le plus grand. Il peut atteindre une trentaine de centimètres de long, avec une masse d’environ 135 g pour le mâle et 265 g pour la femelle, cette dernière étant plus imposante. Son bec et sa plaque frontale sont d’un gris bleu pâle, tout comme les zones nues de sa tête. Ses pattes sont bleu ardoise, ses yeux brun foncé, et son plumage présente un contraste saisissant : le dessus de la tête jusqu’au haut du dos est noir, s’étendant jusqu’à la poitrine, tandis que le cou et les joues sont blancs. Sa poitrine arbore une teinte jaune dorée à brune, et le reste du plumage est d’un brun homogène.

Le lac Nokoué constitue un habitat idéal pour cette espèce, tout comme les marais, étangs et cours d’eau du Niokolo Koba, où il trouve à la fois nourriture et protection contre les prédateurs. Nous l’avons observé scrutant la surface de l’eau avec attention, utilisant son bec pour capturer de petits insectes et invertébrés aquatiques cachés sous les feuilles flottantes. En plus des insectes et des graines, il peut aussi se nourrir de petits poissons. Son cri distinctif, un krreeeekk vibrant ou un kouuh répété rapidement, résonne à travers les zones humides et fait partie du paysage sonore de ces écosystèmes.

Ce qui nous a particulièrement frappés, c’est son comportement social unique. Contrairement à la plupart des oiseaux, chez les jacanas à poitrine dorée, ce sont les mâles qui s’occupent des œufs et des jeunes, tandis que les femelles, plus imposantes, défendent leur territoire et s’accouplent avec plusieurs partenaires. Pendant la saison de reproduction, ils construisent des nids flottants parmi la végétation aquatique dense. La femelle pond quatre œufs d’un ocre brun pâle, ornés de cercles plus foncés, et les confie au mâle, qui les incube seul pendant environ trois semaines. Lorsque les petits éclosent, déjà couverts d’un duvet noir et blanc, ils quittent rapidement le nid et suivent leur père, qui les guide et les protège avec attention.

Présent dans toute l’Afrique subsaharienne, le Jacana à poitrine dorée évite les forêts denses ininterrompues et les zones désertiques. Il affectionne particulièrement les zones humides d’eaux douces ou saumâtres peu profondes, où la végétation, comme les nénuphars et les jacinthes d’eau, émerge. Son rôle écologique est essentiel : en régulant les populations d’insectes et en dispersant les graines des plantes aquatiques, il contribue au bon équilibre de son habitat.

Son statut de conservation est actuellement classé en préoccupation mineure par l’UICN (2021), bien que la préservation des zones humides reste cruciale pour assurer sa pérennité. Sa présence dans le Parc national du Niokolo Koba témoigne de la diversité aviaire de cette région préservée et souligne l’importance de protéger ces écosystèmes aquatiques vitaux.

Observer ces oiseaux à Ganvié nous a offert une nouvelle perspective sur la richesse de cet environnement. Leur silhouette délicate se détachant sur le fond vert des nénuphars et des fleurs violettes du lac Nokoué ajoutait une dimension presque poétique à notre découverte de la cité lacustre. Aux côtés des cormorans, des guêpiers et des martins-pêcheurs, ils enrichissent le panorama ornithologique de ces lieux, transformant chaque excursion sur l’eau en une véritable immersion dans un monde vibrant de vie et de couleurs.