Agame d’Anchieta Agama anchietae

🦎 Agama anchietae à Ruacana : observation naturaliste d’un mâle reproducteur aux caractères chromatiques atypiques

L’observation d’un individu mâle adulte de Agame d’Anchieta Agama anchietae à Ruacana (région d’Omusati, nord-ouest de la Namibie) a permis de documenter un comportement reproductif marqué, associé à une expression chromatique particulièrement intense. Cette espèce, appartenant à la famille des Agamidae, est typique des zones semi-arides d’Afrique australe et s’étend du sud de l’Angola au nord du Botswana, avec une forte représentation dans le nord de la Namibie. Elle occupe préférentiellement les milieux ouverts et sablonneux, les affleurements rocheux, ainsi que les structures anthropiques telles que les murs de pierre ou les clôtures en bois, qui servent de perchoirs thermiques et d’observation territoriale.

Diurne et strictement héliophile, A. anchietae dépend étroitement de la température ambiante pour réguler son activité. Les mâles reproducteurs adoptent des comportements d’exposition conspicue : station debout sur substrat dégagé, mouvements de tête verticaux (head-bobbing) et battements de queue, signaux visuels servant à la fois à la défense du territoire et à l’attraction des femelles. Les femelles, plus discrètes et cryptiques, privilégient la dissimulation dans la végétation ou les interstices rocheux.

L’individu observé le 11 novembre 2025 à Ruacana se distingue par une livrée exceptionnellement contrastée. La tête, d’un bleu turquoise dominant, présentait des irisations vertes et jaunes selon l’angle d’incidence lumineuse, tandis que la gorge affichait une saturation chromatique intense, indicatrice d’un pic d’activité hormonale. Le dos, de teinte sable clair, était ponctué de taches rouge-orangées bien délimitées, disposées symétriquement de part et d’autre de la ligne médiane. La queue, longue, fine et presque uniforme, était portée droite et servait probablement de signal visuel complémentaire dans les interactions intra-spécifiques. L’animal se tenait sur un sol sablonneux adjacent à une structure en bois, exposé en pleine lumière, adoptant une posture d’alerte prolongée typique des mâles en phase de parade.

Les caractéristiques observées diffèrent sensiblement des descriptions classiques de A. anchietae issues des populations du centre-nord de la Namibie et du sud de l’Angola, généralement moins pigmentées. La polychromie marquée de la tête et la présence de taches dorsales rouges plus vives pourraient correspondre à une expression locale de plasticité phénotypique. Celle-ci pourrait résulter d’adaptations microécologiques : nature du substrat, intensité lumineuse, température de surface ou interactions sociales accrues au sein d’une population localement dense. Il est également possible que cette variation corresponde à un phénotype reproductif transitoire, où l’activité hormonale (notamment la testostérone) amplifie la pigmentation des chromatophores.

L’ensemble des caractères morphologiques (proportions corporelles, structure des écailles, pattern dorsal, comportement territorial) confirme l’appartenance de l’individu à Agama anchietae, excluant les espèces voisines telles que Agama planiceps ou Agama atra, respectivement plus uniformes ou plus sombres. Cette observation illustre la variabilité intra-spécifique notable de l’espèce et renforce l’intérêt de la documenter dans des contextes biogéographiques précis, en particulier le bassin du Kunene, zone de transition écologique encore sous-étudiée.

Ainsi, le mâle observé à Ruacana représente un exemple particulièrement expressif du dimorphisme sexuel et de la diversité chromatique propres au genre Agama. Il témoigne de la richesse adaptative de la faune herpétologique namibienne, où chaque variation de couleur raconte, à sa manière, une histoire d’évolution et de survie sous le soleil implacable du bush.

🦎 Tableau des agames africains : taxonomie, répartition, morphologie et observations