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20161220 MURCHISON NATIONAL PARK MURCHISON RIVER LODGE AGAME DES COLONS OUGANDA (1)

Sur la terrasse de la Villa Karo à Grand Popo, au Bénin  alors que le soleil plongeait dans l’océan, teintant l’horizon de pourpre et d’or, nous avons retrouvé nos compagnons les plus insolites : les agames, ces lézards-sentinelles aux couleurs de feu et de mer. Ces reptiles, appartenant à la famille des Agamidae — définie par Johann Baptist von Spix en 1825 et regroupant plus de 400 espèces —, semblaient incarner l’âme vibrante de l’Afrique. Celui qui nous attendait ce soir-là était une véritable œuvre d’art vivante. Sa tête arborait un orange flamboyant, comme éclaboussée de la pulpe d’une mangue mûre, tandis que son avant-corps se parait d’un bleu électrique, évoquant les profondeurs mystérieuses de l’Atlantique tout proche. Il se tenait immobile sur un mur de terre ocre, tel un bijou égaré entre ciel et terre, surveillant notre arrivée d’un œil doré à la pupille fendue, aussi impassible qu’un gardien du palais de Mami Wata.

Nous l’avons surnommé « Kpodji » — « celui qui brille » en langue fon —, en référence à ses écailles qui capturaient les derniers rayons du jour. Les agames de la Villa Karo, appartenant probablement au genre Agama, sont des habitués des lieux : ils se faufilent entre les pieds des sculpteurs, grimpent aux manguiers en quête de fruits, et se réchauffent au petit matin sur les toits de tôle, transformant la terrasse en théâtre sauvage. Ces reptiles, présents en Afrique (sauf à Madagascar), en Australie, en Asie du Sud et jusqu’en Europe du Sud-Est, sont des survivants d’une histoire ancienne : leurs ancêtres parcouraient l’Europe du Tertiaire et l’Amérique du Nord, bien avant que les continents ne se figent.

Kpodji, avec sa silhouette massive typique des Agamidae — tête triangulaire bien marquée, membres robustes aux griffes acérées, queue traînante —, incarnait à lui seul l’adaptation de sa famille. Bien que la plupart des espèces mesurent moins de 20 cm, certaines approchent le mètre, mais notre compagnon, lui, ne dépassait pas 30 cm, queue incluse. Comme tous ses congénères, il arborait cinq doigts à chaque patte, une caractéristique quasi universelle dans cette famille, à l’exception de Sitana ponticeriana, espèce asiatique aux orteils réduits. Son dimorphisme sexuel trahissait un mâle dominant : crêtes discrètes, couleurs vives, avant-corps imposant — autant de signes de puissance face aux rivaux.

Un artiste béninois nous a raconté, amusé, que ces lézards étaient les « griots du désert » pour les résidents. Leur présence serait un signe : lorsque leur tête vire au rouge intense, c’est que la pluie arrive. Lorsqu’ils disparaissent, mieux vaut vérifier ses affaires — « ils chassent les mauvais esprits en emportant les petits objets », a-t-il ajouté en riant. Kpodji, lui, n’a pas bougé de la soirée. Il a assisté à nos discussions sur le Vodun, clignant lentement des paupières, comme s’il décryptait chaque mot. À un moment, un vent violent a fait voler nos carnets… et l’agame a soudain détalé, son orange incandescent traçant une étoile filante entre les bougainvilliers.

Ces créatures, adaptées à des habitats aussi variés que les savanes arides, les forêts tropicales ou les berges de fleuves, sont aussi à l’aise à Grand Popo que dans le parc national du fleuve Gambie, au Sénégal, ou sur les rives du lac Albert en Ouganda, où nous en avions croisé des colonies entières lors de précédents voyages. Même à l’Hôtel du Lac d’Agbodrafo, au Togo, des Agama agama — ou lézards-arc-en-ciel — avaient dansé entre nos assiettes, leurs écailles changeantes rivalisant avec les reflets de l’eau.

Au crépuscule, alors que les lampes solaires de la Villa s’allumaient en chœur, nous avons compris pourquoi ces reptiles semblaient si chez eux ici. Leur palette de couleurs — feu et océan, sable et ciel — est un écho parfait à l’âme de Grand Popo : un lieu où les éléments, les mythes et les vivants dansent sans cesse, indifférents à la frontière entre sacré et quotidien. Et Kpodji, quelque part dans la nuit, veille peut-être encore, caméléon des émotions, gardien coloré d’un territoire où même les lézards portent des histoires en guise d’écailles.

Note scientifique :
Les Agamidae, cousins des Iguanidae mais distingués par leur dentition acrodonte (dents fixées au sommet des mâchoires) et leur répartition géographique, comptent des espèces aussi fascinantes que Draco, capable de planer entre les arbres grâce à des membranes latérales. Bien que majoritairement muets et insectivores, certains se nourrissent de végétaux ou de petites proies. Ovipares, ils pondent des œufs dont éclosent des petits déjà armés pour la survie — une résilience qui, comme le Vodun, traverse les âges.

Nous avons rencontré rencontré lAgame des colons au Murchison River lodge dans le MURCHISON NATIONAL PARK mais également à notre arrivée au Lake Albert Lodge dans la région du LAC ALBERT

Il est très présent aussi au Sénégal et en Gambie, et notamment au Parc National du Fleuve Gambie, aux abords du fleuve

Lors de notre pause déjeuner à l’Hôtel du Lac à Agbodrafo, entre deux bouchées de nos délicieux plats, nos regards ont été attirés par de petits habitants familiers des lieux : les **Agama agama**, aussi connus sous le nom de lézards-arc-en-ciel. Ces reptiles, omniprésents en Afrique subsaharienne, semblaient parfaitement à l’aise dans cet environnement, se déplaçant avec agilité sur les murs et les arbres autour de nous.