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Réserve de Biosphère de la Bouche du Roy – Boca del Rio GRAND POPO REGION MONO BENIN

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Notre aventure commence au Village Vacances Awalé, où nous quittons notre hébergement peu après 9h30, les pieds encore humides de rosée en direction de la Bouche du Roy. Grand Popo s’éveille sous un ciel déjà ardent, et nous empruntons la route en direction de l’embarcadère d’Avloh, point de départ de notre exploration. Sur place, Charles nous attend, arborant son large sourire et sa casquette frappée du logo de Dahomey Tours. « Vous êtes à l’heure, comme la marée ! » lance-t-il avec malice, faisant allusion à cette ponctualité rare dans un pays où le temps suit le rythme du fô-fô, la cadence lente et apaisée du Bénin.

Avloh, ce petit coin de paradis coincé entre l’océan Atlantique et le fleuve Mono, déploie ses paysages grandioses et son atmosphère paisible, faisant de lui un écrin préservé où la nature règne en maître. Ses plages infinies, bordées de cocotiers et caressées par les vagues, offrent un cadre idyllique pour les voyageurs en quête d’évasion. Ici, le sable doré s’étire à perte de vue, tandis que l’eau du fleuve et celle de l’océan se rencontrent en un ballet perpétuel, façonnant la Réserve de Biosphère de la Bouche du Roy, un sanctuaire pour une biodiversité fascinante.

L’équipe de Dahomey Tours s’active autour des pirogues, incarnant cette hospitalité béninoise qui transforme chaque visiteur en invité d’honneur. Charles n’est pas un simple guide, il est un conteur dont la voix sculpte l’histoire à chaque phrase.

Nous renouvelons notre confiance en Dahomey Tours après une expérience inoubliable à Ganvié, et une fois encore, nous sommes conquis par la qualité de leur accompagnement. Dès notre arrivée à l’embarcadère, nous retrouvons cette même énergie bienveillante, cette passion communicative qui fait toute la différence.

Nos guides, toujours aussi chaleureux, nous accueillent avec des sourires sincères et cette aisance propre à ceux qui connaissent chaque recoin de leur terre. L’organisation impeccable, le souci du détail et la capacité de l’équipe à adapter l’excursion à nos envies transforment une simple balade en une véritable immersion.

Tout au long de la visite, nous nous laissons porter par leurs récits captivants, entre histoire et traditions locales. Ils ne se contentent pas de montrer, ils racontent, expliquent, éveillent la curiosité. Chaque instant passé en leur compagnie est une invitation à voir au-delà des paysages, à comprendre l’âme du lieu.

Nous quittons Avloh avec la même sensation qu’après notre périple à Ganvié : celle d’avoir vécu bien plus qu’une excursion. Dahomey Tours n’offre pas seulement un service, ils partagent un héritage, une passion, une manière unique de faire voyager. Une fois encore, nous sommes enchantés.

Réserve de Biosphère de la Bouche du Roy : entre histoire douloureuse et poésie linguistique

Boca Del Rio, littéralement « l’embouchure du fleuve » en portugais, fut rebaptisée  » La Bouche du Roy «  par les Français. Cette traduction, bien qu’approximative, révèle une réalité sombre : au XVIIIe siècle, cette passe stratégique du fleuve Mono servait de point de départ à la traite négrière orchestrée par le royaume de Dahomey, en collaboration avec des marchands européens.

 

Les esclaves, capturés lors de razzias, étaient acheminés vers des comptoirs côtiers comme Ouidah, puis embarqués vers le Ghana (alors Côte-de-l’Or) et les Amériques.

 

Le nom « Bouche du Roi » évoque métaphoriquement ce rôle macabre, où le fleuve « avalait » les vies humaines au profit du pouvoir royal et colonial.

Le fleuve Mono : artère vitale du Sud-Bénin et de la Réserve de Biosphère de la Bouche du Roy

Nous glissons sur les eaux brun-argent du Mono, guidés par les récits de Charles, dont la voix épouse le rythme des pagaies. Ce fleuve, long de 500 km, n’est pas qu’une frontière entre le Bénin et le Togo : c’est une mémoire liquide. Il nous raconte les pirogues chargées d’esclaves, jadis dirigées vers la Bouche du Roy, où le roi de Dahomey troquait des vies contre des armes et des miroirs. Les berges, aujourd’hui paisibles, résonnent encore de ces échos, mêlés aux chants vaudous dédiés à Hêviosso, le dieu-tonnerre qui habiterait les profondeurs. Nous imaginons les cérémonies nocturnes, les offrandes déposées sur l’eau, les flammes des torches dansant avec les étoiles.

Autour de nous, la vie palpite : des pêcheurs lancent leurs filets en arc de cercle, des enfants rient en plongeant depuis les troncs de fromagers, et les femmes, paniers sur la tête, remplissent des seaux d’eau saumâtre pour le sel de l’île voisine. Charles nous montre du doigt les racines des palétuviers où se cachent des crabes violonistes, agitant leurs pinces comme pour saluer notre passage. « Sans ce fleuve, pas de poissons, pas de sel, pas de légendes », murmure-t-il, tandis qu’un héron pourpré s’envole au-dessus de notre pirogue, traçant une ombre fugace sur l’histoire et le présent, indissociables ici.

Nous remontons le fil des siècles en écoutant Charles évoquer les barges d’autrefois, chargées de sacs de sel extrait des marais, d’amphores d’huile de palme luisante, et de ces cargaisons maudites que personne ne voulait nommer : des hommes, des femmes, enchaînés, échangés comme du bétail par le royaume de Dahomey contre des armes et des verroteries. Le Mono bruissait alors de ces transactions brutales, ses méandres dissimulant à la fois les richesses et les larmes. Les villages riverains gardent encore les traces de ces marchés oubliés, où les ancêtres négociaient sous l’œil des forts portugais ou français, leurs voix perdues dans le clapotis des vagues.

Puis le récit de Charles se fait plus grave lorsqu’il désigne un vieux fromager isolé sur la berge : « Là, on invoque Hêviosso quand la sécheresse menace. » Nous imaginons les nuits de pleine lune, où les vodunsi dansent avec des torches, où les libations de sodabi et le sang des poulets sacrifiés se mêlent aux eaux sombres. Le fleuve n’est pas qu’un dieu pour eux — il est un intermédiaire, un messager qui porte les prières jusqu’aux nuages d’orage. Une femme passe, un panier d’ignames sur la tête, et salue l’eau d’un geste rapide, comme une habitude millénaire.

Plus loin, le paysage s’anime de scènes quotidiennes : des pêcheurs ravaudent leurs filets troués, étalant au soleil des mailles fines où s’accrochent encore des écailles argentées. Des enfants courent vers des nasses tressées, remplies de tilapias frétillants, tandis que des pirogues aux couleurs éclatantes — jaune safran, bleu lagune — glissent vers l’aval. « Le Mono, c’est notre supermarché et notre route à la fois », lance un vieil homme en riant, son couteau écaillant un poisson-chat. Mais Charles nous chuchote que les prises diminuent, que le fleuve s’épuise doucement, comme fatigué de porter tant d’histoires et de survies.

Faune et flore de la Réserve de Biosphère de la Bouche du Roy : la mangrove, sanctuaire de biodiversité

Lors de notre visite de la Bouche du Roy à Grand-Popo, nous découvrons un écosystème fascinant où la nature s’épanouit dans une harmonie préservée entre terre et eau. La réserve de biosphère nous plonge immédiatement dans un décor où les palétuviers rouges (Rhizophora mangle) dominent le paysage. Leurs racines-échasses plongent dans l’eau saumâtre, formant un enchevêtrement végétal impressionnant qui sert d’abri à de nombreuses espèces animales.

En progressant au fil de l’eau, nous remarquons la diversité des palétuviers qui composent cette mangrove. Les palétuviers blancs (Avicennia germinans) et les palétuviers noirs (Laguncularia racemosa) complètent ce tableau végétal, chacun occupant une zone bien spécifique selon son degré de tolérance au sel. Dans les espaces moins inondés, les cocotiers dressent leurs longues silhouettes tandis que les imposants fromagers, reconnaissables à leurs contreforts caractéristiques, ajoutent une touche majestueuse au paysage.

L’ambiance sonore est dominée par le chant et les cris des oiseaux qui peuplent les lieux. Sur les rives, nous observons des aigrettes immobiles, attentives aux moindres mouvements de l’eau et des aigrettes à gorge blanche en vol.  Les martins-pêcheurs animent la scène de leurs plongeons rapides, disparaissant un instant sous la surface avant de réapparaître avec une proie dans le bec.

Sur la rivière Mono, lors d’une marée descendante qui a découvert des bancs de sable, nous avons eu la chance d’observer une importante population de courlis corlieu (Numenius phaeopus). Les oiseaux étaient regroupés sur les bancs de sable, profitant des zones découvertes pour se reposer et chercher leur nourriture.

Sur la plage, près de l’embouchure du fleuve Mono, nous faisons une rencontre inattendue : une barge rousse (Limosa lapponica). Fascinés, nous l’observons évoluer sur le sable, son long bec légèrement recourbé fouillant le sol à la recherche de nourriture.
Nous savons que cette espèce est un oiseau migrateur exceptionnel, capable de parcourir des milliers de kilomètres sans escale. Cette barge rousse, probablement en halte migratoire, profite de la richesse du littoral pour se nourrir avant de poursuivre son voyage. Nous remarquons qu’elle explore les vasières et les zones humides de l’embouchure, un habitat essentiel pour de nombreux oiseaux en migration.

Nous avons observeé également un chevalier guignette dans une grande variété de milieux humides. Sur les berges du fleuve Mono, il recherche de petits invertébrés dans la vase. À l’embouchure, il profite des zones sableuses et rocheuses pour se nourrir. Dans les mangroves et les lagunes avoisinantes, nous le trouvons souvent en compagnie d’autres limicoles, comme le chevalier gambette (Tringa totanus) ou le bécasseau variable (Calidris alpina).

Plus haut dans le ciel, des sternes d’Afrique royales planent au-dessus de l’estuaire, leurs silhouettes élégantes se découpant sur l’azur.

Sous la surface de l’eau et sur les bancs de vase, l’activité ne cesse jamais. Les crabes violonistes s’affairent, leurs petites pinces fouillant la boue tandis que leur pince surdimensionnée se lève et s’abaisse dans un curieux mouvement rythmique. A l’embouchure du fleuve  où les eaux douces du fleuve se mêlent aux vagues salées de l’océan Atlantique, zone de transition, classée Ramsar pour sa richesse écologique,  nous avons fait une rencontre fascinante : un crabe bleu africain (Callinectes amnicola), ses pinces et pattes arborant des reflets bleutés sous le soleil tropical.

En discutant avec les pêcheurs locaux de Grand-Popo, nous avons pris conscience de l’importance du Callinectes amnicola dans leur quotidien et leur économie.

Tout d’abord, ce crabe est une ressource vitale pour la pêche artisanale. Un vieux pêcheur nous a confié : « Sans le Tɔɖu, nos filets seraient vides. » En effet, comme en Côte d’Ivoire, ce crustacé représente ici jusqu’à 30 % des captures artisanales, ce qui en fait une espèce essentielle pour la subsistance des communautés locales.

Ensuite, nous avons compris son rôle crucial dans la chaîne alimentaire. Il régule les populations de gastéropodes et constitue une proie importante pour les oiseaux migrateurs. Son déclin, comme cela a été observé dans la lagune Ebrié, pourrait mettre en péril tout l’écosystème local, avec des répercussions en cascade sur la biodiversité.

Enfin, nous avons constaté les enjeux économiques liés à cette espèce. Sur les marchés de Cotonou, nous avons vu des femmes vendre des crabes séchés, une activité qui représente une source de revenus essentielle pour des centaines de familles. Ce commerce permet à de nombreux foyers de subvenir à leurs besoins et de maintenir un mode de vie lié aux ressources naturelles.

Ces échanges avec les pêcheurs nous ont permis de mieux comprendre l’importance du Tɔɖu non seulement pour l’environnement, mais aussi pour l’économie locale et la culture des communautés côtières.

Alors que nous explorions la zone intertidale près de l’estuaire du Mono, notre attention a été attirée par une forme discrète à moitié enfouie dans le sable. En creusant délicatement, nous avons découvert une étoile de mer aux bras courts et triangulaires, caractéristique de la famille des Astropectinidae. Cette espèce, connue sous le nom commun d’« étoile de mer des sables » (notamment la sous-espèce A. i. pontoporeus[1]), nous a fascinés par son adaptation à la vie enfouie.

En discutant avec des pêcheurs locaux, nous apprenons que ces eaux regorgent de crevettes et de poissons-chats, des ressources essentielles pour la vie et l’économie de la région.

Notre exploration de ce site remarquable nous laisse une impression forte. Si nous n’avons pas eu la chance d’apercevoir certains des mammifères emblématiques de la mangrove, nous restons émerveillés par la richesse et la quiétude du lieu. Entre les entrelacs des racines, le ballet des oiseaux et la vie aquatique discrète mais foisonnante, la Bouche du Roy nous apparaît comme un sanctuaire naturel à préserver, un écosystème fragile où chaque élément joue un rôle essentiel dans l’équilibre global.

Les palétuviers rouges de la Bouche du Roy : boucliers écologiques à préserver

Les palétuviers rouges jouent un rôle fondamental dans les écosystèmes côtiers, où leurs racines aériennes stabilisent les sols en freinant l’érosion et en filtrant les polluants. Ces formations végétales agissent comme des barrières naturelles contre les tempêtes et les marées, protégeant ainsi les littoraux et les habitats environnants. Leur importance ne s’arrête pas là : ils constituent de véritables nurseries pour la faune marine. Leurs labyrinthes de racines immergées offrent un abri sécurisé aux alevins et à de nombreuses espèces aquatiques, favorisant leur croissance avant qu’ils ne rejoignent les eaux libres. Cette fonction de refuge est cruciale pour la biodiversité et la régénération des ressources halieutiques, essentielles aux communautés locales qui en dépendent pour leur alimentation et leur économie. En parallèle, ces arbres jouent un rôle de premier plan dans la lutte contre le changement climatique grâce à leur capacité exceptionnelle à stocker le carbone. En effet, ils emmagasinent jusqu’à quatre fois plus de dioxyde de carbone que les forêts tropicales, contribuant ainsi significativement à l’atténuation du réchauffement climatique. Malgré leur importance écologique, les mangroves, et notamment les palétuviers rouges, subissent une pression croissante liée à la déforestation pour le bois de chauffe et à l’urbanisation galopante. La disparition progressive de ces écosystèmes menace non seulement l’équilibre environnemental, mais aussi les populations locales qui en tirent des ressources vitales. Conscientes de cet enjeu, des organisations non gouvernementales et des communautés locales s’associent pour restaurer ces forêts littorales. À travers des programmes de replantation, elles combinent savoir-faire traditionnel et sensibilisation écologique, cherchant à impliquer les populations dans une gestion durable de leur environnement. La préservation des palétuviers rouges apparaît ainsi comme une nécessité pour protéger la biodiversité, garantir la sécurité alimentaire et atténuer les effets du changement climatique.Puits de carbone : Ils stockent 4 fois plus de CO₂ que les forêts tropicales.
Malgré cela, les mangroves reculent sous la pression du défrichement (bois de chauffe) et de l’urbanisation. Des ONG et villages coopèrent pour les replanter, mêlant savoir-faire traditionnel et sensibilisation écologique.

Le tunnel de palétuviers : une cathédrale verte

Le tunnel de palétuviers offre une immersion unique au cœur d’un écosystème luxuriant où la nature déploie toute sa majesté. En glissant silencieusement sur l’eau à bord d’une pirogue, le visiteur se retrouve enveloppé dans un écrin végétal où les racines aériennes entrelacées des palétuviers tissent une voûte naturelle, semblable à une cathédrale verte. L’ombre dense créée par ce feuillage protecteur atténue la chaleur écrasante des tropiques, offrant un instant de répit et de fraîcheur au fil de la traversée.

L’atmosphère y est chargée d’humidité, un voile invisible qui donne au lieu une aura presque irréelle. L’air vibre du bourdonnement incessant des moustiques, ces insectes omniprésents qui, malgré leur nuisance, jouent un rôle fondamental dans l’équilibre fragile de cet écosystème. Ils nourrissent les libellules qui virevoltent dans les rais de lumière filtrant à travers les feuillages, ainsi que les chauves-souris qui, une fois la nuit tombée, prennent le relais pour réguler leur population.

Tout au long de cette navigation paisible, la mangrove révèle sa richesse sonore. Les cris des oiseaux, tantôt stridents, tantôt mélodieux, résonnent entre les troncs noueux, tandis que le clapotis de l’eau contre la coque de la pirogue rythme l’avancée du voyageur. Parfois, un poisson surgit en surface, rompant l’instant fugace de silence et rappelant la vie foisonnante qui se cache sous les eaux troubles de la mangrove. Chaque bruit, chaque mouvement semble raconter l’histoire ancestrale de ces forêts amphibies, témoins silencieux des cycles naturels et des liens invisibles qui unissent chaque être vivant.

Plus qu’une simple balade, la traversée d’un tunnel de palétuviers est une véritable connexion avec l’âme sauvage de la mangrove. Elle invite à l’émerveillement, à la contemplation et au respect de cet environnement si précieux, dont la survie dépend de l’équilibre délicat entre les éléments et les espèces qui l’habitent.

Île au Sel : un savoir-faire ancestral au féminin

Nous posons le pied sur l’Île au Sel sous un soleil implacable, où des femmes courbées creusent déjà la boue grise des bassins à marée basse. Leurs mains, calleuses et rapides, raclent la vase saline accumulée entre les racines des palétuviers, remplissant des seaux qu’elles portent sur la tête avec une grâce fatiguée. « C’est ici que la terre pleure du sel », nous confie l’une d’elles, son visage luisant sous un foulard coloré. Nous les suivons jusqu’à des étendues de boue étalées en couches minces sur des bâches, où le mélange sèche au soleil, craquelé comme une peau ancienne.

Plus tard, elles versent cette boue desséchée dans des cuvettes tapissées de moustiquaires, et nous aidons à arroser le tout avec de l’eau douce. Le liquide trouble s’écoule lentement, charriant des brindilles et des coquillages brisés, tandis que le sel se dissout dans l’eau filtrée. Pour vérifier sa force, une femme plonge un fruit de palmier ridé dans le seau : il danse à la surface, preuve que la mer a légué assez de son souffle salé.

« Si ça coule, c’est qu’on a raté le cœur de la mangrove »,

explique-t-elle en riant, avant de diriger le mélange vers d’énormes chaudrons noircis.

Autour des feux à trois foyers — un pour la terre, un pour l’eau, un pour le ciel —, nous observons l’eau frémir jusqu’à ce qu’une écume blanchâtre nappe la surface.

Les femmes écument cette mousse avec des louches rouillées, geste précis hérité de leurs mères. « C’est ça qui donne au sel sa couleur de lune », murmure une doyenne, ses yeux plissés fixant les flammes.

Une fois l’évaporation achevée, elles grattent les cristaux restants, qu’elles étalent sur des nattes en fibres de coco. Le sel final, granuleux et légèrement gris, sent l’iode et la sueur, empreinte indélébile de ce labeur.

Nous repartons avec la peau picotée par le sel et le vent, emportant dans nos paumes quelques grains offerts.

Ces femmes, dos au monde moderne, ont fait de la mangrove leur alliée intime.

Leurs rires crépitent comme le feu sous les chaudrons, tandis que la marée montante efface nos traces, prête à redonner demain, et après-demain, ce sel qui unit les vivants et les morts dans chaque plat partagé.

Conclusion : un voyage entre mémoire et nature au oceur de la Réserve de Biosphère de la Bouche du Roy

De la Bouche du Roy à l’Île au Sel, cette excursion révèle comment histoire, écologie et culture s’entremêlent sur le Mono. Les palétuviers, gardiens silencieux du passé et garants de l’avenir, rappellent l’urgence de protéger ces paysages où chaque racine, chaque goutte d’eau, raconte une histoire.

FAUNE ET FLORE

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La Cuisine au Bénin

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RESTAURANT DU VILLAGE DE VACANCES AWALE

Pour le déjeuner de notre arrivée, nous nous sommes installés au restaurant de notre hôtel, le Village Vacances Awalé, nommé « La Taverne des Pirates »

La carte, riche et alléchante, nous a agréablement surpris par la disponibilité de tous les plats proposés, une rareté appréciable. Nous avons savouré de délicieuses brochettes de bœuf, accompagnées pour certains de riz, pour d’autres de spaghettis ou encore de légumes sautés. Pour ma part, j’ai opté pour une spécialité béninoise : le Dakouin au poisson, en l’occurrence un bar tacheté.

Le Dakouin est un plat traditionnel béninois préparé avec du poisson frais, une sauce tomate épicée et du gari (farine de manioc)

Ce mets, originaire des communautés de pêcheurs, consiste en un bouillon bien assaisonné dans lequel est incorporée la farine de manioc, donnant une texture pâteuse et savoureuse. Le bar tacheté, poisson à la chair tendre et délicate, sublimait ce plat par ses saveurs marines.

TARTARE DE POISSON

Le service, efficace et cordial, a contribué à notre satisfaction. Les plats, joliment présentés, ont conquis nos papilles et nos yeux. Conquis par cette première expérience culinaire, nous avons décidé que « La Taverne des Pirates » serait notre cantine attitrée durant notre séjour à Grand-Popo.

Nous ne pouvions faire autrement que de retourner, pour le dîner du premier soir, au restaurant du village vacances Aalé, où nous logeons à Grand Popo. Après l’excellente expérience de notre repas du midi, il nous semblait évident de renouveler l’expérience. Comment résister à une cuisine aussi savoureuse, préparée avec soin et passion ? Dès notre arrivée, nous retrouvons cette atmosphère chaleureuse et détendue qui nous avait tant plu.

Ce soir, les adolescents se laissent tenter par les acras de poisson blanc, et quelle merveille ! Leur texture est parfaite, dorée à souhait, légèrement croustillante à l’extérieur, tandis que l’intérieur révèle un moelleux irrésistible, sublimé par le goût délicat du poisson. Et surtout, aucun excès d’huile, ce qui les rend encore plus appréciables. Chaque bouchée est un pur délice, un équilibre subtil entre croustillant et fondant, relevé par une pointe d’épices qui vient éveiller les papilles sans masquer la fraîcheur du poisson.

GBECUI

Ils enchaînent ensuite avec un tartare de poisson blanc, une assiette aussi élégante que savoureuse. Servi généreusement, le poisson, coupé avec précision, fond littéralement en bouche. Agrémenté d’un assaisonnement maîtrisé, où se mêlent citron vert, coriandre et une pointe de piment subtil, ce plat se révèle aussi raffiné que léger. Idéal pour un repas équilibré, il incarne à merveille la fraîcheur des produits locaux et la finesse du savoir-faire du chef.

De son côté, Nadège opte pour une pizza, qui malheureusement ne tient pas toutes ses promesses. Si la pâte est bien cuite et la garniture copieuse, il manque ce petit quelque chose qui aurait pu en faire un plat mémorable. Une légère déception qui n’entame cependant en rien notre enthousiasme général.

Mais l’apothéose de ce repas, l’incontournable, la révélation culinaire de la soirée, c’est sans conteste cette extraordinaire sauce Gbecui. Dès la première cuillère, elle nous transporte dans un tourbillon de saveurs puissantes et envoûtantes. Épaisse et onctueuse, elle exhale des arômes profonds de tomates confites, relevées par une pointe d’ail et d’oignons parfaitement caramélisés. L’équilibre entre l’acidité et la douceur est absolument magistral. Puis viennent les épices, savamment dosées, qui apportent cette touche d’exotisme envoûtante sans jamais écraser les autres saveurs. Le piment, discret mais présent, éveille les papilles et prolonge en bouche cette sensation de chaleur et de réconfort. Une sauce qui accompagne à merveille aussi bien les poissons que les viandes, et qui, à elle seule, pourrait justifier notre retour ici encore et encore. Un pur bijou de la gastronomie locale qui mérite d’être savouré avec toute l’attention qu’elle requiert.

Comblés par ce festin, nous quittons la table avec une satisfaction évidente. Ce dîner a confirmé tout le bien que nous pensions de la cuisine du restaurant Aalé. Nous savons d’ores et déjà que ce ne sera pas notre dernier repas ici. Demain est un autre jour, et qui sait quelles autres merveilles gustatives nous attendent encore ?

Après cette visite très enrichissante du refuge dédié aux tortues marines le lendemain, où nous avons pu en apprendre davantage sur ces fascinants reptiles et les efforts de conservation déployés pour les protéger, nous reprenons la route en direction de notre hôtel. Le trajet, bercé par la douce brise côtière et les paysages apaisants du Bénin, nous permet de repenser aux magnifiques moments passés auprès de ces animaux emblématiques.

Une fois arrivés à l’hôtel, nous nous installons pour le déjeuner, impatients de savourer les spécialités locales. Au menu, de délicieuses brochettes de bœuf et de poulet, accompagnées d’un assortiment de garnitures : du riz parfumé, des frites croustillantes et une salade fraîche, relevée d’une touche de citron vert. Le mélange des saveurs, entre les épices locales et la tendreté de la viande, fait l’unanimité autour de la table.

L’après-midi est placé sous le signe de la détente. Nous profitons de la piscine de l’hôtel, dont l’eau claire scintille sous le soleil ardent. Certains se prélassent sur des transats, un livre à la main, tandis que d’autres s’offrent une baignade rafraîchissante pour échapper à la chaleur tropicale. Le chant des oiseaux et le bruissement des palmiers créent une atmosphère paisible, idéale pour un moment de repos bien mérité.

Lorsque le soir tombe, nous nous retrouvons pour le dîner, chacun optant pour un plat selon ses envies du moment. Nadège choisit la dakoin, une spécialité béninoise qu’elle avait déjà repérée la veille et dont la préparation est, cette fois encore, exécutée à la perfection. Il s’agit d’un plat à la fois savoureux et généreux, mettant en valeur les produits locaux. De son côté, Bastien se laisse tenter par une omelette accompagnée de spaghettis, un choix simple mais réconfortant après cette journée bien remplie. Margot, séduite par la qualité des brochettes dégustées à midi, renouvelle son choix en commandant à nouveau des brochettes de bœuf, tandis que je décide de savourer un bar grillé, délicatement assaisonné et servi avec une sauce légèrement épicée qui exalte les saveurs du poisson.

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Le repas se déroule dans une ambiance conviviale, ponctuée d’échanges sur les moments forts de la journée et les découvertes faites au refuge. Entre éclats de rire et discussions animées, nous profitons de cette belle soirée sous les étoiles, savourant chaque instant de ce voyage au cœur du Bénin.

BAR A LA TAHITIENNE

Après notre visite du Lac Ahémé, pour le déjeuner , nous retournons au restaurant du village vacances Awalé. Au menu ce soir, Margot reprend le tartare de poisson blanc qu’elle avait déjà apprécié, tout comme Bastien reprend les acras de poisson. Nadège opte pour un plat de bar à la tahitienne, de fines lamelles de bar marinées dans l’huile d’olive et le citron, agrémentées de câpres et accompagnées de tomates.

Pour ma part, je choisis une spécialité locale : le poisson Fon. Ce plat, typique du Bénin, met en valeur un poisson entier, souvent du capitaine ou du tilapia, soigneusement mariné avec des épices locales, du gingembre et du citron vert. Grillé à la perfection, sa peau croustille sous la fourchette tandis que sa chair, tendre et juteuse, révèle toutes les saveurs subtiles de la marinade. Il est servi avec une sauce relevée à base de tomates, d’oignons, d’ail et d’un soupçon de piment, qui vient parfaire l’ensemble et exalter chaque bouchée. L’accompagnement traditionnel de ce mets ? Une portion de pâte de maïs ou de manioc, qui permet d’en absorber chaque goutte de sauce, transformant ce repas en une véritable immersion dans la gastronomie béninoise. Une découverte culinaire aussi authentique qu’inoubliable.

Le soir brochettes de poulet et gambas grillées au menu !

RESTAURANT BOCA DEL RIO GRAND POPO

Nous ne pensions pas tomber sur une telle pépite en arrivant à Grand Popo… Mais dès notre premier pas dans le Restaurant Boca Del Rio, nous avons su que cette adresse allait marquer notre voyage. L’endroit, niché près de l’eau, respirait la sérénité : entre les palmiers qui dansaient doucement, le murmure de l’océan en fond sonore et les tables disposées avec simplicité mais élégance, l’atmosphère était déjà une promesse de bonheur.

C’est le propriétaire, un Français au sourire chaleureux et aux anecdotes passionnantes sur ses années en Afrique de l’Ouest, qui nous a accueillis. Son amour pour la région et la gastronomie transpirait dans chaque mot. Il nous a guidés avec passion à travers la carte, nous expliquant les plats « préparés avec ce qu’il y a de plus frais aujourd’hui ». Nous avons opté pour des brochettes de bœuf et des brochettes de poisson, intrigués par ses descriptions, et ajouté des tagliatelles aux crevettes par curiosité.

L’attente, courte et agrémentée de chips maison et d’un bred moelleux à tomber, nous a permis de savourer l’instant. Puis sont arrivés les plats… Un festival de saveurs ! Les brochettes de bœuf, grillées à perfection, étaient d’une tendreté rare, mariées à des épices subtiles qui réveillaient le palais sans l’agresser. Celles au poisson, enrobées d’une marinade légèrement citronnée, fondaient littéralement en bouche. Quant aux tagliatelles, elles étaient une surprise : des crevettes généreuses, une sauce crémeuse relevée d’herbes fraîches, et des pâtes al dente comme on les aime.

Nous avons même osé comparer avec les classiques locaux (que nous adorons par ailleurs !) : le contraste était frappant. Ici, pas de poulet bicyclette ou de poisson braisé traditionnel, mais une créativité culinaire qui respecte les produits du terroir. Le propriétaire est venu discuter avec nous entre deux services, partageant l’histoire de ses recettes et de son parcours. Un échange aussi riche que le repas !

Nous y sommes retournés deux jours plus tard, incapables de résister. Cette fois, nous avons testé le poisson du jour en sauce, accompagné de légumes grillés… Encore un coup de cœur. Et pour finir, un café serré, comme une madeleine de Proust pour ce Français expatrié, qui nous a fait sourire.

A noter dans les arbres entourant le restaurant la présence d’irrisors moqueurs. Facilement reconnaissables à leur plumage d’un vert métallique aux reflets bleuâtres, ils arborent un long bec recourbé, idéal pour extraire insectes et larves cachés dans l’écorce des arbres.
Ces oiseaux, souvent en petits groupes bruyants, sont connus pour leur comportement social très développé. Ils émettent des cris caractéristiques, semblables à des rires moqueurs, ce qui leur vaut leur nom. Leur alimentation se compose principalement d’insectes, de larves et de petits invertébrés qu’ils capturent en fouillant les fissures des troncs et sous les feuilles. Contrairement aux irrisors moqueurs, beaucoup plus bruyants et actifs, la tourterelle maillée que nous avons aussi observée adopte un comportement plus calme et posé. Nous l’avons observée perchée sur une branche, profitant du soleil du matin, avant de descendre au sol pour chercher de petites graines et insectes, qui complètent son alimentation.

En quittant Boca Del Rio pour la deuxième fois, nous étions convaincus : cette adresse est bien plus qu’un restaurant. C’est une rencontre, un voyage sensoriel, et une preuve que l’on peut innover tout en honorant les racines. Si vous passez par Grand Popo, allez-y les yeux fermés… et dites-leur que vous venez de notre part ! 🌊🍴✨

LES LOGEMENTS

HOTEL VILLAGE VACANCES AWALE

Durant notre séjour, nous avons le plaisir de résider au Village Vacances d’Awalé à Grand Popo, un véritable havre de paix où confort et nature se rencontrent harmonieusement. Dès notre arrivée, nous sommes séduits par l’atmosphère paisible qui règne sur les lieux, entre les brises marines caressant les palmiers et le doux chant des vagues en arrière-plan.

Les bungalows, spacieux et soigneusement aménagés, offrent un cadre de séjour des plus agréables. Chaque détail a été pensé pour assurer notre confort : un mobilier élégant, une literie accueillante, et surtout une salle de bains moderne intégrant à la fois douche, baignoire et double vasque. Un luxe appréciable après une journée d’excursion ou de baignade. La petite terrasse attenante, avec ses fauteuils confortables et sa table en bois, constitue un véritable coin de détente où nous prenons plaisir à nous poser, écoutant les embruns et laissant le temps s’étirer en douceur.

Le complexe met à disposition une belle piscine, toujours propre et bien entretenue, où il fait bon se rafraîchir sous le soleil béninois. C’est le lieu idéal pour rencontrer quelques compagnons AGAMIDAE  ou encore le vol de cratéropes bruns

Autour, quelques huttes couvertes permettent de se relaxer à l’ombre tout en profitant du cadre enchanteur. Nous sommes également ravis de découvrir les installations ludiques mises à disposition des visiteurs : un jeu de dames géant et un jeu d’échecs géant, parfaits pour se divertir entre amis ou en famille.

La plage, à quelques pas seulement, est tout simplement magnifique : large, préservée et baignée par les eaux scintillantes de l’Atlantique. Son bar de plage, idéalement situé, nous invite à des pauses gourmandes avec un cocktail rafraîchissant à la main, les pieds dans le sable.

Côté restauration, nous avons testé à plusieurs reprises le restaurant du complexe, et chaque expérience a été globalement satisfaisante. Les plats, bien présentés et savoureux, mettent en valeur des produits frais et de qualité. Une adresse que nous recommandons avec plaisir ! (Retrouvez d’ailleurs nos avis détaillés sur notre page Facebook UN PLAT UN JOUR).

En somme, le Village Vacances d’Awalé est une véritable réussite, alliant confort, détente et services de qualité. Nous nous y sentons bien, et chaque instant passé ici enrichit notre séjour d’une touche de douceur supplémentaire.