Ibis sacré Threskiornis aethiopicus – African Sacred Ibis *
L’Ibis sacré est un oiseau de taille moyenne à l’aspect robuste. Le plumage du corps est blanc alors que la tête et le cou sont noirs et dénudés (la couleur noire est celle de la peau). Le bout des ailes et le bas du dos sont également noirs. Le bec très caractéristique est épais et recourbé. Les sexes sont semblables bien que certains auteurs rapportent que le bec de la femelle est moins grand que celui du mâle. Les juvéniles se distinguent facilement : ils ont la tête et le cou emplumés. Ils ne perdent progressivement ces plumes qu’entre l’âge de deux à trois ans. En vol, le dessous des ailes présente une teinte blanche mais avec une bande brune sur les couvertures inférieures. L’extrémité des rémiges est noire.
L’Ibis sacré est peu expressif en dehors de la nidification.
L’Ibis sacré se reproduit aujourd’hui dans pratiquement toute l’Afrique subsaharienne, l’ouest de Madagascar, l’île d’Aldabra ainsi que dans le sud-est de l’Iraq, région d’Amara. Anciennement, cet oiseau a niché en Egypte où il a sans doute été commun mais d’où il a disparu dépuis le milieu du XIXème siècle. En dehors de son habitat d’origine, en France métropolitaine des populations, échappées de captivité, se sont installées en milieu naturel sur la facade Atlantique, de la Bretagne à la Gironde, depuis les années 80, et près des côtes méditerranéennes, du Roussillon à la Camargue, depuis les années 90.
Ces populations, issues de parcs zoologiques, ont alors grossi jusqu’à atteindre 400 couples nicheurs dans l’ouest de la France et 75 couples dans le midi. Les Ibis sont presque tous des oiseaux d’espaces ouverts fréquentant particulièrement les zones humides. Les grands types de milieux utilisés par l’Ibis sacré concernent essentiellement les zones agricoles, les zones humides et les décharges de déchets alimentaires. L’analyse de la répartition de cette espèce dans son milieu d’origine en Afrique du Sud montre que l’Ibis sacré est dépendant des milieux prairiaux et herbeux à plus de 80%, le reste étant constitué surtout d’habitats d’eau douce, en particulier les marais peu profonds, mais aussi les zones intertidales dans les estuaires. Il s’est adapté à une grande variété d’habitats artificiels comme les réservoirs de ferme, les égouts, les réservoirs de lisiers et les champs labourés. En France, sur la façade Atlantique, son habitat n’est guère différent. À cet endroit, les ibis fréquentent les prairies plus ou moins humides avec présence de bétail qui n’est pas constante, les décharges d’ordures ménagères ainsi que les prés-marais ou les roselières inondées.
Les Ibis sacrés se regroupent en dortoirs nocturnes pouvant atteindre plusieurs centaines d’oiseaux.
Ces dortoirs sont souvent plurispécifiques. Ils se situent sur des îles dans des rivières ou près du littoral, en général sur des arbres. Ils s’installent parfois dans des villages. Les sites des dortoirs changent souvent, seuls quelques sites sont utilisés tout au long de l’année. Selon les espèces, les ibis sont migrateurs ou sédentaires mais, dans de nombreux cas, leur tendance est au nomadisme. L’erratisme des oiseaux de cette famille est plus fort dans les zones subtropicales et tempérées que dans les zones tropicales. En France, l’espèce ne déroge pas à la règle. Dans les trois départements où ils sont relativement nombreux (Morbihan, Loire-Atlantique, Vendée), les Ibis sacrés se montrent très mobiles tout en restant cantonnés aux zones humides proches du littoral et des estuaires.
La silhouette de l’Ibis sacré est typique en vol : corps paraissant presque entièrement blanc, longues pattes et cou allongés, long bec recourbé, larges ailes. Les battements d’ailes sont amples, rapides et effectués en alternance avec des planés.
Les Ibis sacrés recherchent leurs proies à vue en piquant les insectes et autres animaux à la surface de l’eau ou sur les terrains secs
Ils se nourrissent essentiellement en groupes, souvent en compagnie d’autres espèces comme les cigognes, les spatules blanches et les aigrettes garzettes qu’ils suivent pour se saisir des insectes que ces oiseaux dérangent. Les Ibis sacrés mangent principalement des sauterelles, des criquets et des coléoptères aquatiques. Ils capturent également des vers de terre, des mollusques, des crustacés, des poissons, des amphibiens, des lézards. On rapporte des prédations sur les œufs de Pélican blanc et de crocodile du Nil, sur les poussins de cormorans du Cap et de poules domestiques et aussi, en France, sur des nids de guifettes et de sternes. Le reste de leur menu est constitué de charognes, de déchets mais aussi de graines. Reproduction nidification En Afrique du Sud, la période de reproduction correspond avec les pics de pluie. Bien qu’il niche la plupart du temps en colonies monospécifiques, il se reproduit parfois en colonies mixtes avec des cigognes, hérons, spatules, aigrettes et cormorans. Dans ce dernier cas, il ne semble pas y avoir de compétition entre les espèces qui nichent dans un espace proche, cependant les nids d’ibis sont resserrés en groupes compacts et séparés des autres catégories d’oiseaux. Les sites de nidification sont réutilisés année après année et les nids, constitués principalement de branches, sont placés à peu de distance les uns des autres.
La femelle pond de deux à quatre œufs dont l’incubation moyenne est de 28 jours. Les petits quittent le nid entre 14 et 21 jours et s’envolent de la colonie après quarante jours. Le succès de la reproduction est très variable selon les colonies mais la moyenne est en général de moins d’un petit par couple. Les Ibis sacrés peuvent entreprendre une seconde nichée si la première échoue.
En France où elle a été observée, la reproduction s’étale d’avril à juin avec une moyenne de 2,85 œufs par nid. Environ 50% des œufs éclosent et le nombre des jeunes à l’envol correspond à peu près à 25% des œufs pondus. En milieu naturel dans l’Ouest de la France, les Ibis sacrés font preuve d’une grande adaptation et utilisent une grande variété d’habitats pour installer les colonies : plantations de cyprès dans des îlots, saulaies au milieu d’immenses roselières, débris d’arbres échoués sur des îlots sableux et même terre ferme en milieu semi-urbain. Distribution Peu commun. Espèce d’Afrique tropicale et australe. L’Ibis sacré nichait par le passé en Egypte. La population férale française est bretonne. Elle comptait plus de 300 individus au début des années 90. L’introduction de cette espèce africaine dans un parc animalier est d’ordre esthétique. Cet ibis étant un prédateur redoutable, cette introduction pose maintenant de réels problèmes en France.
Nous avons observé l’ibis sacré lors d’une balade en charrette dans les îles du Delta du Saloum à Ndangane, au Sénégal.
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