Goéland leucophée Larus michahellis +
Lors d’une balade sur les côtes méditerranéennes, il est presque impossible de ne pas croiser un goéland leucophée (Larus michahellis), cet oiseau majestueux souvent surnommé « gabian » dans le Sud de la France. Avec son manteau gris perle, ses pattes jaunes éclatantes et son regard perçant auréolé d’un anneau rouge, il est une figure familière des rivages et des ciels marins. nous l’avons notamment observé à Al Hoceima au Maroc
Une histoire d’identité
Longtemps confondu avec le Goéland argenté (Larus argentatus) ou encore le Goéland pontique (Larus cachinnans), le goéland leucophée a désormais affirmé sa propre identité. Bien qu’il soit surtout méditerranéen, il a étendu son territoire à l’Atlantique et même à certaines îles comme les Açores, Madère ou les Canaries. Il privilégie les îles rocheuses et les falaises pour nidifier, mais, face à l’explosion de sa population, il a conquis de nouveaux espaces, allant jusqu’à coloniser nos villes et campagnes.
Une expansion spectaculaire
Au début du XXe siècle, cet oiseau était presque en voie de disparition. Aujourd’hui, il est partout ! Les changements environnementaux et ses talents d’adaptation ont permis une progression fulgurante de sa population. Incapable de se contenter du littoral, le goéland leucophée a appris à vivre parmi nous, nichant sur les toits, explorant les abords des fleuves et se nourrissant dans les décharges ou grâce aux rejets de bateaux de pêche.
Un régime alimentaire opportuniste
Bien qu’il soit un redoutable prédateur, capturant des petits poissons, des oisillons et même des pigeons ou des rats, le goéland leucophée est aussi un opportuniste hors pair. Les décharges modernes et les déchets humains ont modifié ses habitudes alimentaires, l’aidant à prospérer et à devenir parfois envahissant. Cependant, son puissant bec crochu, véritable arme naturelle, reste l’outil principal de ses prouesses de chasseur.
Un parent vigilant
La saison de reproduction, entre mars et avril, révèle une autre facette de cet oiseau. En vastes colonies, les couples construisent des nids rudimentaires au sol, faits de brindilles, d’algues et de débris divers, dans des creux rocheux ou des corniches de bâtiments. La femelle pond deux ou trois œufs beiges tachetés, et les deux parents se relaient pour l’incubation durant 25 jours.
À cette période, gare à celui qui s’approche trop près des nids ! Les goélands leucophées deviennent extrêmement agressifs, survolant les intrus en criant ou les attaquant à coups de bec pour défendre leurs œufs et poussins.
Une jeunesse chaotique
Les jeunes poussins, semi-nidifuges, volent après environ 40 jours, mais il leur faudra attendre leur quatrième année pour revêtir le plumage immaculé des adultes. En attendant, leur plumage tacheté leur confère une allure hésitante, presque maladroite, bien loin de l’élégance de leurs parents.
Une coexistence complexe
Si le goéland leucophée émerveille par son adaptabilité et sa prestance, sa présence massive soulève aussi des questions. Espèce jadis en difficulté, il est aujourd’hui au cœur des débats sur les espèces envahissantes, notamment en milieu urbain.
Ainsi, que ce soit sur une plage méditerranéenne, une falaise battue par les vents ou un toit de bâtiment en pleine ville, le goéland leucophée s’impose comme une figure à la fois fascinante et complexe de notre environnement.
Le Goéland leucophée juvénile (Larus michahellis). À ce stade de développement, son plumage est encore moucheté, et le bec peut apparaître sombre ou presque entièrement noir, ce qui est caractéristique des individus immatures. Avec le temps, le bec deviendra jaune avec une tache rouge à sa base, et le plumage évoluera pour devenir uniformément gris clair sur le dos et les ailes.
Caractéristiques confirmant cette identification :
Localisation : Le Goéland leucophée est courant sur les côtes méditerranéennes, y compris au Maroc, particulièrement à Al Hoceïma.
Plumage juvénile : Aspect moucheté brun/gris, typique des jeunes individus.
Bec sombre : Les juvéniles ont souvent un bec noir ou sombre avant de développer les caractéristiques des adultes.
Lors d’une promenade sur la plage de Taghazout, au Maroc nous avons eu la chance d’assister à une scène fascinante de la vie sauvage. Un jeune goéland, encore reconnaissable à son plumage brun tacheté, avait attrapé un poisson échoué sur le sable. Déterminé, il s’activait pour en profiter pleinement, ignorant totalement les vagues et les curieux qui l’entouraient.
Ce moment capturait à la fois la beauté et la simplicité du lien entre la faune et la nature environnante. Les goélands, avec leur comportement opportuniste, savent exploiter chaque opportunité qu’offre l’océan. La plage, encore baignée de lumière en ce début d’année, ajoutait une atmosphère paisible à cette observation.
Taghazout, avec son cadre unique et sa biodiversité, offre toujours des surprises à ceux qui prennent le temps d’observer. Nous avons quitté cette scène avec un sourire, heureux d’avoir partagé un instant de la vie quotidienne de cet habitant du rivage.
Lors de notre promenade sur la plage de Tafedna, au Maroc, nous avons été captivés par une scène typique mais fascinante : un groupe de goélands leucophées se tenait tranquillement sur le sable humide, probablement à marée basse. Nous avons pris un instant pour observer leur comportement. Les oiseaux, majestueux dans leur simplicité, semblaient parfaitement à l’aise dans cet environnement côtier. Certains marchaient lentement, leurs pattes laissant de petites empreintes éphémères sur le sable, tandis que d’autres restaient immobiles, scrutant l’horizon ou ajustant doucement leurs ailes.
Lors de notre visite au port d’Essaouira, au MAROC nous avons eu l’occasion d’observer un grand nombre de goélands leucophées, mêlant individus juvéniles et adultes. Cette scène, animée par leur présence, donnait vie à ce lieu chargé d’histoire et d’activités humaines. Les goélands semblaient parfaitement chez eux dans cet environnement portuaire, évoluant entre les quais, les bateaux de pêche colorés et les eaux agitées par les allées et venues des embarcations.