Babouin Chacma Papio ursinus ruacana +

🐾 Dans l’œil du chacma : rencontre avec Papio ursinus ruacana dans les reliefs angolais

Entre les roches rouges et le silence du désert, nous avançons lentement, guettant les mouvements sur les crêtes brûlées par le soleil. Là, une silhouette se détache : massive, puissante, parfaitement immobile. Le babouin chacma. Dans cette lumière sèche et mordante, il règne sur un monde minéral, attentif à chaque bruit, chaque souffle du vent.

Nous observons d’abord la forme, majestueuse et ancrée dans le paysage. Les mâles peuvent dépasser les 30 kg ; leur museau allongé, leurs canines impressionnantes et leur crâne robuste évoquent autant la force que la prudence. Leur pelage, d’un brun-gris tirant parfois vers le noir, se fond dans les teintes de pierre et de poussière. La queue, portée en demi-cercle, accompagne chacun de leurs déplacements souples et mesurés.

Le babouin chacma, Papio ursinus ursinus, règne sur les savanes ouvertes et les zones rocheuses d’Afrique australe — du Cap oriental au KwaZulu-Natal, jusqu’au sud du Botswana. Mais ici, au sud-ouest de l’Angola, c’est une autre histoire. La sous-espèce Papio ursinus ruacana, adaptée aux marges désertiques de Namibe et aux montagnes de Lucira, vit au seuil de l’impossible. Son pelage est plus clair, presque sableux, parfois grisé ; son corps, légèrement plus élancé, semble taillé pour grimper sur la roche brûlante.

Nous en croisons un premier, isolé, puis deux autres, perchés sur une arrête. Ils ne fuient pas. Ils observent, vigilants. Pas un cri, pas un aboiement : seulement ce silence tendu qui dit la méfiance et la maîtrise. Ces babouins, à la différence de leurs cousins plus méridionaux, vivent souvent en petits groupes de deux à cinq individus. Ils se déplacent de rocher en rocher, cherchant l’ombre, les rares points d’eau ou les fruits des acacias qui bordent les oueds éphémères.

Ce primate est l’un des maîtres de l’adaptation. Dans cet environnement rude, presque lunaire, il trouve dans les falaises et les gorges abritées la fraîcheur nécessaire à sa survie. Il partage son territoire avec les damans du Cap, les mangoustes rayées et, parfois, quelques rapaces qui planent dans les ascendances thermiques. Sa présence ici témoigne d’une étonnante plasticité écologique — celle d’un animal capable de vivre aussi bien dans les forêts riveraines que sur les confins désertiques.

Lorsque nos regards se croisent, le temps semble suspendu. Son œil sombre, brillant, semble contenir toute la mémoire du relief : celle des siècles d’adaptation, des sécheresses et des crues, des vents et des pierres. Ce n’est pas une rencontre furtive ; c’est une leçon de résilience. Entre désert et mer, le chacma nous rappelle que la vie trouve toujours un chemin, même sur les terres les plus arides.

Tableau complet des espèces et sous‑espèces de babouins (genre Papio)

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