Aigrette garzette (Egretta garzetta) +

Dans la lagune d’Oualidia, au Maroc lors d’une traversée en 4×4 sur la presqu’île, nous avons eu le plaisir d’observer de nombreuses Aigrettes garzettes (Egretta garzetta). Ces élégants oiseaux blancs, au plumage immaculé et à la silhouette élancée, ajoutaient une touche de grâce à ce paysage déjà spectaculaire. Leur présence, en groupes ou en individus isolés, attirait immanquablement le regard et a marqué cette escapade.

L’Aigrette garzette est l’une des espèces de hérons au plumage blanc éclatant que l’on peut observer à travers le monde. Chez elle, la morphologie sombre est extrêmement rare. Comme toutes les autres aigrettes, elle présente un corps élancé et gracieux. Son bec noir, long et fin, légèrement incurvé vers le bas, ressemble à une dague, parfaitement adaptée pour capturer ses proies. Les lores, situés à la base du bec, changent de couleur en fonction de la période. En dehors de la reproduction, ils sont jaunes à verdâtres, harmonisés avec l’iris jaune. Cependant, durant la période nuptiale, ils prennent des teintes rose bleuté ou violet, offrant un contraste saisissant. Les longues pattes noires, ornées de doigts jaunes, contribuent également à son élégance, bien que certaines sous-espèces en Océanie puissent présenter des variations telles que des tarses jaunes ou des pattes entièrement noires.

En période de reproduction, des plumes ornementales caractéristiques apparaissent : filiformes à l’arrière de la tête, plumeuses et duveteuses au bas du cou, à l’arrière des ailes et sur le dos. Ce sont ces plumes nuptiales qui ont inspiré le nom générique de l’espèce. Ces ornements, ajoutant à leur beauté, faisaient autrefois des aigrettes une cible privilégiée pour l’industrie de la mode, menaçant leur survie.

L’Aigrette garzette fréquente une grande variété d’habitats, mais toujours à proximité de plans d’eau douce ou saumâtre. Elle affectionne particulièrement les lagunes, estuaires, rizières, marais salants, et parfois les plans d’eau artificiels, tout en évitant le littoral ouvert. Elle se reproduit dans des boisements proches de l’eau, où elle forme des colonies arboricoles souvent mixtes, associées à d’autres espèces. Ces colonies peuvent être animées, les interactions entre les membres générant une cacophonie de cris rauques et répétitifs, particulièrement lors de conflits territoriaux.

En quête de nourriture, l’Aigrette garzette adopte des stratégies variées. Elle patrouille activement les eaux peu profondes, avançant d’un pas rapide ou remuant la vase avec ses pattes pour déloger ses proies. Contrairement à certaines espèces d’aigrettes, elle ne forme pas d’ombrelle avec ses ailes pour attirer les poissons, mais peut légèrement entrouvrir celles-ci pour réduire la réverbération du soleil. Elle est capable de poursuites rapides pour capturer des proies mobiles, sa précision et son agilité en font une redoutable chasseuse. Son régime alimentaire inclut principalement des petits poissons, des crustacés, des mollusques et des insectes aquatiques.

Lorsque nous les avons observées, elles parcouraient la lagune avec leur démarche caractéristique, tantôt solitaires, tantôt regroupées, leur blancheur éclatante contrastant magnifiquement avec le bleu des eaux et les teintes ocres des rivages. Parfois silencieuses, elles se laissent néanmoins entendre lorsqu’elles sont dérangées, émettant un cri râpeux « krah krah », typique des aigrettes agacées. Ces sons ajoutaient à l’animation de ce milieu riche en biodiversité.

Les déplacements de l’Aigrette garzette, qu’ils soient liés à la recherche de nourriture ou migratoires, s’effectuent en petits groupes. En vol, ses battements d’ailes lents et amples témoignent de sa puissance et de sa maîtrise. Elle planifie rarement, préférant des mouvements continus et gracieux.

Assister à leurs évolutions dans cet écrin naturel qu’est la lagune d’Oualidia nous a rappelé combien ces oiseaux incarnent à la fois la beauté et l’importance des zones humides pour la préservation de la biodiversité.