Aigrette (grande) Ardea alba +

À Moulay Bousselham, un village côtier entre Kenitra et Larache au Maroc , l’observation des oiseaux, en particulier la Grande Aigrette (Ardea alba), constitue une expérience fascinante. Ces majestueux oiseaux, au plumage d’un blanc éclatant, sont facilement repérables sur les rives du lagon ou dans les zones humides avoisinantes.

La Grande Aigrette, également connue sous son ancien nom Egretta alba, est la plus grande des espèces d’hérons et d’aigrettes en Europe. Elle peut mesurer entre 80 et 104 cm de long, avec une envergure de 140 à 170 cm, et un poids variant entre 700 grammes et 1,5 kg. Sa silhouette élancée, son long cou sinueux et ses longues plumes la rendent particulièrement impressionnante. Pendant la période nuptiale, l’oiseau développe de longues plumes, appelées aigrettes, sur le dos qui dépassent la queue, tandis que son bec devient orange à noir et ses lores prennent une teinte verte. En dehors de la période de reproduction, son bec est jaune et peut se foncer à son extrémité.

Autrefois, la Grande Aigrette faillit disparaître à cause de la chasse et du commerce de ses plumes, très prisées pour orner les chapeaux des dames au XIXe siècle et au début du XXe siècle. À cela s’ajoutaient la destruction des zones humides et l’utilisation de pesticides qui ont compliqué sa survie. Heureusement, l’espèce est aujourd’hui protégée et ses populations connaissent un lent mais constant rétablissement. Classée comme non préoccupante par l’UICN, la grande aigrette est désormais partiellement migratrice dans l’hémisphère nord.

Son habitat préféré inclut les zones humides boisées, les mangroves, ainsi que les étendues d’eau douce, saumâtre ou salée, comme les rizières et les champs inondés. La grande aigrette se nourrit principalement de poissons, mais elle peut également capturer des insectes, des petits mammifères, des reptiles, et même de petits oiseaux. Elle utilise diverses stratégies pour la pêche, comme la pêche aux aguets, la fouille de la vase avec ses pieds, ou encore la marche lente dans l’eau. Lorsqu’elle repère une proie, elle la transperce rapidement de son long bec.

Cette espèce est présente sur tous les continents, bien qu’elle soit plus fréquente dans l’hémisphère sud. En Europe, on la trouve principalement en Europe centrale, notamment en Autriche, Hongrie, et dans le delta du Danube en Roumanie, ainsi que sur les côtes françaises comme en Camargue, dans la Dombes et en Sologne. En Suisse, on trouve une population hivernante abondante au bord du lac de Neuchâtel.

Nous avons eu l’opportunité d’observer cette Grande Aigrette lors d’une balade en bateau sur le Kazinga Channel, dans le magnifique parc Queen Elizabeth, ainsi que lors d’une sortie en barque à la Lagune de la Somone, au Sénégal. Ces moments d’observation, où l’oiseau évolue dans un environnement paisible et naturel, sont toujours marqués par l’élégance et la grâce de cette espèce.

Notre rencontre avec la grande aigrette au Parc National du Conkouati-Douli au Congo fut un autre moment de grâce : immobile au bord de l’eau, sa silhouette élancée et son plumage d’un blanc éclatant se détachaient avec majesté sur le vert profond de la végétation riveraine, avant qu’elle ne s’envole lentement dans un battement d’ailes silencieux.

A Landana en Angola, de grandes aigrettes, majestueuses dans leur robe immaculée, se tiennent en équilibre sur des troncs d’arbres immergés, le cou légèrement courbé, le bec pointé vers l’eau comme une flèche prête à percer la surface. Leur allure aristocratique tranche avec la vivacité nerveuse des aigrettes garzettes, plus petites, plus vives, qui s’agitent d’un tronc à l’autre en poussant de petits cris aigus

Nous remarquons la Grande Aigrette au Foz do Rio Cunene avant tout pour sa taille et son port royal : la grande aigrette se tient droite, silhouette élancée, cou en S bien dessiné, tout de blanc vêtue. Le bec, long et jaune, et les longues pattes noires lui donnent une allure architecturale lorsqu’elle traverse une batture ou se tient immobile, guettant le mouvement d’un poisson. En vol, son envergure ample et ses battements réguliers la rendent immédiatement reconnaissable.

Cette expérience d’observation  nous ont permis de mieux apprécier la beauté et le comportement fascinant de la Grande Aigrette, un symbole de la biodiversité qui renaît lentement mais sûrement après une période de déclin.