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Calao à casque noir Ceratogymna atrata +

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Alors que nous progressions lentement en pirogue sur le fleuve Lobé, au cœur de la forêt tropicale camerounaise, notre regard a été attiré par un grand oiseau noir planant au-dessus de la canopée. Il s’agissait du calao à casque noir (Ceratogymna atrata), l’un des plus grands calaos forestiers d’Afrique, parfaitement adapté aux forêts humides de basse altitude. L’individu que nous avons observé évoluait à une trentaine de mètres au-dessus du sol, dans un couloir ouvert entre les cimes des arbres, ce qui correspond à son mode de déplacement typique : de longues trajectoires de vol entre les grands arbres fruitiers de la canopée.

Le calao à casque noir est une espèce arboricole de la famille des Bucerotidae, mesurant entre 75 et 90 centimètres de long pour une envergure d’environ 1,2 mètre. Le mâle, comme celui que nous avons probablement vu, se distingue par un casque proéminent, de couleur crème à brun, qui s’étend sur le haut du bec et joue plusieurs rôles : il sert d’amplificateur sonore, de signal visuel pour la reconnaissance entre individus et possiblement de résonateur pour les appels territoriaux. Ce casque, bien que volumineux, est creux et ne pèse que quelques dizaines de grammes.

Son plumage est intégralement noir, avec un éclat métallique bleuâtre visible à la lumière du jour. Une large tache blanche au niveau de la base de la queue est visible en vol, facilitant l’identification de l’espèce. Le bec, incurvé et massif, est une adaptation à son régime frugivore, permettant de cueillir les fruits sans poser les pattes au sol. Il se nourrit principalement de fruits de figuiers (genre Ficus), de noix, de drupes forestières et de fruits oléagineux, mais consomme aussi des insectes, des escargots, de petits amphibiens et parfois même des œufs ou oisillons. Il participe activement à la dispersion des graines, jouant un rôle crucial dans la régénération des forêts tropicales.

Nous savons que l’espèce est strictement forestière, dépendante de la canopée continue des forêts primaires et secondaires anciennes. Elle évite les milieux ouverts, les zones dégradées ou les plantations. Elle niche dans des cavités naturelles de très grands arbres, souvent à plus de 20 mètres de hauteur. Le comportement de reproduction est particulièrement remarquable : la femelle s’enferme elle-même dans le trou de nidification en le murant avec un mélange de boue, de fientes et de pulpe de fruits, ne laissant qu’une étroite fente pour être nourrie par le mâle. Elle y reste plusieurs semaines, jusqu’à l’envol des jeunes, ce qui suppose une forte coopération parentale et une dépendance totale à la disponibilité en ressources alimentaires autour du site de nid.

Le calao à casque noir est classé LC (Least Concern) par l’UICN, mais cette classification cache une tendance négative dans certaines régions, notamment à cause de la perte de son habitat naturel, de la fragmentation des forêts et de la chasse. Bien qu’il soit protégé dans plusieurs aires protégées, son avenir dépend de la préservation des grands massifs forestiers continus, comme ceux encore présents dans le sud du Cameroun. Sa sensibilité à la déforestation en fait un excellent indicateur de la santé écologique des forêts tropicales.

Notre rencontre avec cet oiseau, dans un moment suspendu au-dessus du fleuve, nous a laissé une impression de puissance et de fragilité. La pureté de son vol, la résonance sourde de ses battements d’ailes et la silhouette caractéristique de son bec nous rappellent que certaines espèces, aussi majestueuses soient-elles, dépendent de conditions extrêmement précises pour survivre. Ce vol solitaire, observé au-dessus de la Lobé, résonne aujourd’hui comme un avertissement : tant que le calao survole les forêts camerounaises, un équilibre demeure ; mais ce fragile équilibre, déjà mis à l’épreuve, ne tient qu’à un fil.

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